— Monsieur Madeira, bonjour ! Ça faisait longtemps ! lui sourit une belle jeune femme d'à peu près mon âge.
— Bonjour ! Je désirais aller voir ma mère !
— Elle est dans la grande salle face au jardin qu'elle adore admirer.
— Bien merci ! la remercie t-il tout en se dirigeant vers un immense couloir.
Ne me dites pas qu'il va en rester là ! Il ne va même pas lui demander comment elle va ? Si depuis sa dernière visite il y a eu des changements ? Mais quel genre de fils est-il ?
— Attendez ! je cherche à avoir l'attention de l'infirmière.
— Oui !
— Comment va madame Madeira ?
— Bien ! Mais je ne suis pas habilitée à en parler avec vous ! Désolée !
— Qu'est ce que tu fais ? me déshabille du regard mon homme.
— Rien ! Je me renseigne, c'est tout ! C'est toi qui devrais poser ce type de questions à la demoiselle ?
— Ma mère va bien ! On y va ! me tire t-il par la main qu'il me serre un peu trop fort.
— Eh ! Tu me fais mal ! je grogne mon mécontentement.
— Toutes les semaines j'ai droit à un mail de l'établissement m'avertissant des changements de santé de ma mère. Ne crois pas que je ne m'inquiète pas pour elle ! commence t-il par me dire tout en relâchant la pression sur mes doigts.
Ce qui me rassure un peu. Il n'est pas si remonté contre elle en fin de compte. Il me semble un peu stressé tout comme moi.
— Je l'ignorais !
— Poses moi d'abord la question avant de te lancer à cœur perdu dans quelque chose !
Bon ok, je m'emporte facilement ! Mais là, je n'ai rien fait de mal. J'ai juste posé une question, où est le mal ? Mais ne voulant pas que cette journée se termine en pugilat. Je décide de calmer le jeu.
— Je suis désolée !
Il me fixe de son regard vert intense et je sens nettement qu'il est un peu plus serein. Je crois que cette visite l'inquiète plus qu'il ne veut le faire paraître !
Nous entrons dans une pièce spacieuse avec plein d'assises en tout genre. De nombreux résidents jouent aux cartes ou à des jeux de sociétés, d'autres se trouvent à l'extérieur dans un magnifique jardin arboré profitant du soleil mais ma future belle-mère, si je peux l'appeler ainsi, je ne la vois pas.
— Venez, elle est par ici ! nous demande Julio de le suivre.
Et quelques pas, plus loin, je l'aperçois près de la grande vitrée. Elle regarde ses mains. J'ignore ce qu'elle fait.
— Attendez ici ! nous impose t-il avant d'aller la rejoindre.
Et quelques secondes plus tard, il nous fait signe de nous approcher. Ce que nous faisons mais non sans appréhension en ce qui me concerne.
— Bonjour grand-mère ! la saluent en chœur les enfants.
Nina se jette dans ses bras tandis que Ronaldo reste en retrait. Cet enfant à vraiment du mal à aller vers les autres. Julio devrait peut-être l'envoyer dans un collège au lieu de le garder à la maison à l'abri des regards.
Ces deux enfants reçoivent une éducation à domicile. Un instructeur se déplace tous les jours sauf le dimanche et le samedi pour leur enseigner ce dont il doivent savoir à leur âge et en fin d'année ils passent tous les deux leurs examens de compétences comme tous les jeunes de leur âge.
— Oh ! Bonjour les enfants ! Je suis heureuse de vous rencontrer !
Tu m'étonnes ! Je me demande comment Julio a pu passer autant de temps sans venir voir sa mère et sans ses enfants ? Elle a l'air ravie de faire enfin leurs connaissances. Elle a le sourire jusqu'aux oreilles. Cette femme est rayonnante ! Je me demande même ce qu'elle fait dans cet endroit ?
— Vous devez être Mariana ? me regarde t-elle toujours aussi enjouée.
— Mariana Pinto ! je lui tends ma main. Enchantée de faire votre connaissance Madame Madeira !
— Le plaisir est pour moi belle demoiselle ! Mais appelez moi Madalena ? me serre t-elle dans ses bras. Merci ! me souffle t-elle dans un petit murmure.
Je ne sais pas vraiment de quoi elle me remercie, ou peut-être pour la venue des enfants... Elle devait avoir une folle envie de les rencontrer. J'espère qu'elle n'est pas trop déçue par le comportement de l'aîné, qui n'en fait qu'à sa tête.
Il se met à l'écart alors que tout le monde est réuni auprès de sa grand mère. Cet enfant a vraiment besoin qu'on lui apprenne comment se comporter en société.
Après les présentations, qui je dois dire, ont été très chaleureuses. Je me retrouve seule avec Madalena. Les enfants étant sortis jouer dehors et Julio les ayant suivi pour répondre à un appel téléphonique.
— Il travaille toujours autant ? s'inquiète t-elle visiblement de l'état de santé de son fils.
Il faut dire qu'il n'est pas en grande forme. Sa sieste d'hier soir n'a pas servi à grand chose. Il paraît encore plus fatigué que la veille. Moi même, je suis inquiète ! J'ai beau lui dire de lever le pied, il ne m'écoute pas !
— Malheureusement !
— Vous êtes la seule à pouvoir faire en sorte que cela change, vous en êtes consciente j'espère ?
Moi ? Elle m'a pris pour Dieu ? Je n'ai aucun pouvoir sur son fils ! Elle doit me prendre pour quelqu'un d'autre...
— Mariana ! Julio ressemble énormément à son père. J'étais la seule personne qu'il écoutait ! J'ose espérer que c'est de même pour vous et mon enfant ?
— Je suis désolé mais Julio n'écoute personne, pas même moi !
— Pourtant... dit-elle en n'allant pas plus loin dans sa réflexion.
Donc je le fais pour elle.
— Car j'ai réussi à le faire venir ici, vous pensez que j'ai de l'emprise sur lui, c'est ça ?
— Oui, j'espérais...
— Votre fils est très énigmatique ! Je n'arrive pas à le cerner ! je lui avoue.
Peut-être a t-elle un moyen ou une solution que j'ignore pour le percer à jour...
— Tout comme son père ! Il se mette une sorte d'armure invisible mais qui est là en permanence. J'avais dans l'espoir que mon fils change en vous rencontrant...
— Je suis désolée de vous décevoir !
— Vous n'y êtes pour rien, bien au contraire ! Les hommes de la famille n'aiment pas montrer leurs faiblesses, ils veulent qu'on les voit forts, robustes à toutes épreuves mais ils en oublient qu'ils ne sont pas seuls pour affronter leurs démons.
— Oui ! Julio est toujours perturbé par ce que vous refusez de lui révéler...
— Je vous rassure qu'il vaut mieux qu'il l'ignore ! Moins de personnes seront au courant et plus il a de chance que cela ne revienne pas lui gâcher la vie. Il ne serait pas là où il est, si ça s'était ébruité !
— Je n'y comprends rien !
— Il n'y a rien à comprendre ma jolie ! Dites à mon fils d'arrêter de se torturer avec ça !
— Mais il croit que vous n'êtes pas sa vraie...
Et là je m'arrête pensant que je vais peut-être un peu trop loin. Je ne devrais pas avoir ce genre de conversation avec elle. Julio va me tuer, si il le sait !
— Je peux vous assurez que je suis bien sa mère biologique ! Et mon fils le sait au plus profond de lui, mais il a besoin d'une explication donc il s'enterre à croire n'importe quoi !
— Pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Oui, je sais ! Vous dites que c'est pour son bien, mais pensez vous réellement qu'il est heureux ?
— Il est plus serein depuis qu'il est avec vous ! Plus calme aussi ! Je crois que vous pouvez le rendre heureux !
— Et si j'échoue ?
— Pourquoi partez vous du faite que vous allez échouer ?
— Je ne sais pas... Car c'est dans ma nature !
— Je vois ! Alors oubliez vos doutes, je vous affirme que si il y a une femme qui peut faire de mon fils un homme épanoui, c'est vous !
J'aimerais bien la croire mais ce n'est pas aussi simple ! Si seulement, elle avait la formule magique : Comment rendre Madeira fou de bonheur ? Alors là je pense que j'aurais toutes mes chances !
— Maman ? Revient mon homme à notre table avec un air très anxieux. Je suis désolée mais on va devoir te laisser ! J'essayerais de repasser dans quelques jours...
Non ! Pourquoi veut-il partir aussi vite ?
— Avec les enfants ? demande sa mère.
— Peut-être !
— Ils viendront ! je lui en fait la promesse.
Même si je sais que Julio va me fusiller. C'est déjà fait d'ailleurs, son regard devient sombre et ne me quitte pas des yeux. Mais j'assume ! Et ne me laisse pas intimidé !
N'ayant pas eu gain de cause, il appelle ses enfants et nous quittons les lieux. Lui, furax comme à son habitude, moi paniquée par ce qui m'attend une fois à la maison et les enfants joyeux d'avoir enfin connu leur grand-mère.
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Et voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ?
La suite lundi !
Bon week-end à tous !