Je n'ai pas envie de rentrer chez moi. Personne ne m'y attend. Tout le monde travaille. Alors je décide de faire une petite balade près du port pour essayer de remettre mon esprit au clair. Mais c'est peine perdue ! Plus les minutes défilent et plus je me sens complètement déboussolée !
Après plus d'une heure à vagabonder sur le quai, je décide d'aller voir une personne qui pourra peut-être m'aider voire me comprendre...
Je monte dans un taxi et l'instant d'après me voici face au magnifique petit hôtel dans lequel je me suis très vite sentie chez moi à mon arrivée dans la région.
J'entre et attends avec impatience que quelqu'un vienne m'accueillir.
— Mariana ! Que fais tu ici ? Tu ne devrais pas être en train de travailler ?
— Je viens de démissionner ! je lui annonce et mes yeux commencent à être humides.
Je ne comprends décidément pas ce qui m'arrive.
Assise sur le canapé de l'entrée de l'hôtel, je pleure comme une madeleine dans les bras de Ana depuis près de dix minutes sans pouvoir m'arrêter. Elle essaye du mieux qu'elle peut de me réconforter, mais sans succès ! Je n'arrive pas à me calmer. Je ne cesse de pleurnicher. C'est affreux !
— Ma jolie, qu'est ce qui te met dans cet état ?
Je hoche les épaules pour seule réponse.
— Tu l'aimes, n'est ce pas ?
Je réponds oui de la tête. Aucun son ne sort de ma bouche. Les mots restent coincés au fond de ma gorge.
— Qu'est ce qui te fait peur, ma belle ?
Si seulement je le savais... Je sais que je ne suis pas la femme idéale pour Madeira mais je ne veux pas le voir au bras d'une autre. C'est plus fort que moi ! Qu'est ce qui me prend ? Je secoue ma tête en espérant d'arriver à comprendre quelque chose mais rien !
— Je crois que tu as seulement peur de ne pas être à sa hauteur... pensent Ana avoir découvert ce qui me tourmente.
— Non ! je crie finalement sans réellement savoir ce qui est vrai. Oui ! je me reprends avant de finir par : Je ne sais pas...
Je suis complètement perdue !
— Tiens ! Bois ça ? Ça va te faire le plus grand bien ! me tend t-elle une tasse bien chaude.
J'approche de mes lèvres la boisson chaude mais pas sans trembler, heureusement que la tasse n'est pas pleine sinon j'aurais déjà renversé le moitié sur moi.
— Maintenant que tu es un peu plus calme, dis moi ce qui s'est passé ? s'inquiète mon amie, qui pourrait être ma mère, de me voir dans un état pareil.
— J'ai quitté mon boulot pensant que c'était le mieux pour moi... je finis par lui avouer.
— Et ce n'est pas le cas ?
— Je ne sais pas... Je ne sais plus rien... Tout est confus dans ma tête !
— Pourquoi as tu pensé que c'était la meilleure solution de partir ?
— Car je n'aimais pas ce travail !
— Tu es allé en parler à la personne concernée ?
— Oui !
— Et que t'a t-il dit ?
— Qu'il ne pouvait pas me donner le poste que je désirais !
— Pourquoi ?
— Car c'est un idiot !
— Madeira ?
Le seul et l'unique ! Celui qui a prit mon cœur pour le bousiller de plus belle ! Je lui en veux, en tout cas c'est ce que j'aimerais. Mais je n'y arrive pas !
— Oui ! Qui d'autre ?
— Il devait avoir ses raisons ?
— Non !
— Bon, je m'aperçois que tu es très remontée contre lui !
— Même pas ! Je le devrais pourtant ?
Elle sourit à mon annonce.
— Ce n'est pas drôle ! je proteste. Je devrais le haïr mais je n'y parviens pas !
— Et tu n'y arriveras pas ! Pas tant que tu l'aimeras...
— Alors je suis foutue !
— Non ! Mariana, tu es amoureuse d'un homme qui t'aime plus que tout, crois moi !
M'aimer ? Ok ! Je le sais ! Mais plus que tout ? Non ! Elle se trompe !
— Il était désemparé quand tu as décidé de partir en Inde sans lui dire un mot... poursuit-elle alors que je reste silencieuse.
Comment peut-elle savoir ça ? Est-il venu la voir ?
— Il est venu te chercher ici pensant que tu t'étais cachée dans votre chambre d'amoureux, continue t-elle. Et quand je lui ai avoué que tu étais loin, il a fondu en larme. Je n'ai pas pu retenir les miennes tellement il était triste. Il m'a avoué les raisons de ton départ ainsi que celles pour lesquelles il t'avait menti. Il est persuadé que tu l'aurais quitté à la minute que tu aurais su qui il était, malgré l'amour qui vous unissait.
— Il n'a pas confiance en moi, voilà tout !
— Et toi ?
— Quoi moi ?
— As tu confiance en lui ?
C'est n'ai pas moi qui ait menti sur mon identité. J'ai toujours été honnête avec lui ! Même quand je ne le voulais pas, c'était bien plus fort que moi !
— Attention ma belle, je ne te fais aucun reproche ! Mais la vie qu'on mène nous fait parfois avoir des doutes et ça malgré tout l'amour qu'on porte à cette personne...
— Oui, j'ai eu des craintes, énormément ! j'admets.
— C'est humain !
— Mais ça ne règle en aucun cas mon problème ! Pourquoi quand j'ai quitté son hôtel je me suis sentie soulagée et triste en même temps ?
— Racontes moi ce qui s'est réellement passé ? Connaissant l'homme que tu aimes, il a du avoir une bonne raison pour ne pas accepter de te donner l'emploi que tu demandais...
Je lui narre toute l'histoire, ma venue dans sa suite, passant par la discussion avec Gil puis Julio. Et voilà ce qu'elle en conclue :
— Ce boulot n'était décidément pas fait pour toi ! Et Madeira ne t'a pas offert le poste que tu désirais car pour lui tu mérites bien mieux que ça. Et toi tu es simplement amoureuse et tu ne sais pas comment affronter l'homme que tu aimes, car selon toi il mérite bien mieux qu'une simple femme de chambre... Mais tu oublies que tu n'es pas cette fille à ses yeux ! Pour lui tu es une femme qui doit vivre d'aventures, de passion et d'écriture et je crois réellement qu'il n'a pas tort ! Il te connaît très bien, bien mieux que toi apparemment...
— Oui ! Et c'est ce qui me fait peur !
— Mais l'amour est ainsi ma jolie !
— Non ! Moi je n'arrive pas à savoir ce qu'il veut !
— Car tu es avec un homme qui ne cherche rien, il sait qui il est et ce qu'il veut ! Il est la personne que tu vois ! Ne cherches pas à deviner ce qui se trame dans sa tête, profites simplement de la vie à ses côtés ! La vie est bien meilleur auprès de la personne qu'on aime ! Poses toi cette question : Suis-je plus heureuse sans lui ou avec lui ? Si la réponse est sans lui, alors laisse le partir, mais si c'est avec lui, rattrapes le et ne le laisse pas filer.
— Et si je ne sais pas ?
— Mariana ? Tu le sais mais tu refuses de te l'avouer...
— Non ! je la coupe dans sa phrase.
— Si ! Comment te dire ? Tu es persuadée que son monde n'est pas fait pour toi que tu ne lui rendras pas service en étant avec lui que tu t'interdis de l'aimer... Tu n'as pas fuit car il t'a menti mais belle et bien car tu ne te vois pas vivre dans un autre monde que le tien... Il faut lui en parler ! Il peut te comprendre tu sais ?
— J'en doute ! Les hommes comme lui veulent une ravissante compagne afin de pouvoir l'afficher en toutes circonstances... Je ne suis pas une potiche !
— Mais pour qui tu le prends ? Il t'aime ! Tu n'es pas un simple jouet pour lui, tu es la femme qu'il désire à ses côtés pour les bons et les mauvais moments... Tout comme toi, j'espère ?
— Je l'aime oui ! Mais sincèrement je ne pense pas en être...
— Mariana ? Pourquoi te dévalorises tu ? Tu es une femme magnifique, intelligente, passionnée et drôle...
— Et stupide par moment, maladroite et nerveuse... je complète sa description de moi.
Elle sourit de nouveau. Décidément tout ce que je dis, ça la fait rire.
— On ne peut pas être parfaite ! Personne ne l'est !
— Si ! Lui !
Son visage se réjouit encore.
— Parles une femme amoureuse ! Car si tu lui demandes il te sortira beaucoup de ses défauts, tu peux me croire ! Personne n'est parfait et Julio Madeira n'est pas une exception ! Parles lui ! m'incite t-elle à faire.
Je regarde ma montre et je m'aperçois qu'il se fait tard. Il faut que je rentre, Silvia va m'arracher la tête quand elle va apprendre que j'ai quitter mon travail sur un coup de tête. Mais je compte sur son indulgence... A tort peut-être !
— Je dois y aller ! Je t'appelle pour te dire ce que j'ai choisi de faire ! je l'embrasse et me dirige vers la sortie.
— Mariana ? N'oublies pas qu'un amour mérite d'être vécu quelles qu'en soient les circonstances !
Et sur ses derniers mots je m'en vais toujours aussi perdue !