— Ça ne vous plaît pas ? je demande à mon client qui à l'air complètement à l'ouest aujourd'hui.
Il me semble préoccupé. Ce n'est pas dans ses habitudes. J'espère seulement que les amuse-bouches que le chef nous a préparé lui plaisent. Je ne me vois pas courir chez tous les traiteurs et restaurants du coin car monsieur est mal luné aujourd'hui. Tout ce que je viens de manger m'a beaucoup plu, c'est d'un raffinement et d'une élégance rare. Cela a réveillé mes papilles ! Je n'avais jamais mangé de tels mets. Une gastronomie d'exception !
— C'est divin ! me confirme t-il ce que je savais déjà.
— Il y a quelque chose qui vous chagrine ? j'ose l'interroger.
— Non ! Oui ! Rien à voir avec vous, ni avec ses bouchées... Votre chef est parfait !
Je suis ravie de l'entendre. Je comprends maintenant pourquoi le restaurant est plein malgré les chambres de l'hôtel désertent. La cuisine de ce palace mérite d'être affichée comme l'une des meilleures de sa catégorie. En tout cas, moi je m'y régale !
— Alors ? Je vois que vous avez apprécié ? s'exclame le serveur.
— C'était délicieux ! Pouvez vous m'appeler le chef ? lui demande Madeira.
Mais celui-ci a du mettre un micro sur la table car il se dirige vers nous sans prêter attention à son employé.
— Monsieur Madeira ! Comment avez vous trouvé mes différents plats ?
— Un délice ! Pouvez vous en réaliser pour une centaine de personnes pour ce dimanche soir ?
— Avec grand plaisir !
Après que les deux hommes se soient entretenus sur le nombre exact de verrines, toasts, de petites bouchées et autres... et de l'heure à laquelle le buffet devait être mis en place dans la suite Grande. Le chef retourne dans sa cuisine mais Madeira n'a pas l'air pour autant satisfait. Que se passe t-il avec lui aujourd'hui ?
Ce n'est peut-être pas le moment de lui montrer mes histoires... Il ne me semble pas très engageant en ce début de semaine, je devrais attendre un peu.
Le serveur nous serre le café, gentiment offert par l'établissement de prestige. Et miracle, mon client me fait un sourire, le premier de la journée. Il devait avoir besoin de sa dose de caféine ! Je rigole intérieurement.
— Je suis désolé. Je ne suis pas de très bonne compagnie aujourd'hui. J'ai eu un problème de dernière minute hier soir et j'ai passé ma nuit dessus, je me suis couché qu'au petit matin !
Je comprends mieux son état. Il est simplement fatigué !
— Ce n'est pas grave ! Vous avez pu tout arranger ?
— Oui ! Difficilement mais nous y sommes arrivés !
— Nous ?
Il paraît interpellé par ma question. Pourtant il est seul ici...
— Oui ! Mon équipe et moi ! J'ai beau être seul au Portugal, mes collaborateurs sont à ma disposition matin, midi et soir !
J'oubliai qu'il était l'un des plus riches hommes d'affaires du monde. Bien sûr qu'il a une armée prête à venir à son secours. Que je suis bête !
— Désolée ! Je suis bien trop curieuse ! je m'excuse de mon ingénuité.
— Rien d'anormal pour une auteure ! me stipule t-il.
— Je ne suis pas une romancière, juste une conteuse pour enfant, non, je suis une simple rêveuse... C'est tout !
Et en parlant de ça, il serait temps de lui montrer mes livres... Quoi que ?
— Mariana ? Vous êtes une écrivaine et à en juger par les propos de Silvia une excellente dessinatrice aussi.
J'ose finalement sortir de sa cachette mes histoires et les lui tends.
— Ah enfin ! Je vais pouvoir juger si votre talent est à la hauteur de ce que proclame votre amie à l'égard de votre travail.
— Ce sont des recueils pour enfants, je tente afin qu'il soit indulgent.
Ce n'est pas de la grande littérature, seulement une petite évasion dans un monde passé qui selon moi où les enfants étaient bien plus heureux...
— Mais je suis resté un grand enfant ma jolie !
— On ne le dirait pas, en vous voyant ! j'éclate de rire.
— Ne vous moquez pas ! Mes amis ne cessent de prôner que je suis un vrai gamin par moment.
Comment un homme de sa carrure et de sa stature peut être vu comme un bambin ? Impossible ! Il a bien trop d'engagements sérieux pour se comporter de la sorte. Il plaisante ?
— Je prends ceux-ci pour les lire et je vous en dirait ce que j'en pense. Maintenant, je vais aller faire une petite sieste, à tout à l'heure ! me salue t-il avant de reprendre. Ah ! J'allais oublier, vous faites quoi ce soir ?
— Je dîne avec des amis pourquoi ?
Vous allez voir qu'il va encore changer mes projets... Mais une soirée tranquille ça m'aurait pourtant plu, surtout que moi aussi j'ai peu dormi la nuit dernière mais malheureusement pour moi je ne peux pas aller faire une sieste. Grrr...
— Dînez avec eux puis je passe vous chercher vers 21h ! Vous êtes toujours à l'hôtel ?
Ça sonne comme un ordre, donc je n'ai pas le choix ! Où veut-il m'emmener ?
— Non ! J'ai emménagé dans un charmant petit appartement avec d'autres collègues de travail.
— Donnez moi votre adresse, je viendrais vous chercher !
Encore un ordre ! Il me demande même pas si je veux l'accompagner, seul ce qu'il veut importe ! Mais malheureusement pour lui je n'ai pas l'adresse, j'ai toujours eu une mauvaise mémoire. Bon pour ce que je veux, répondrait ma mère ! Car je suis le genre à me souvenir seulement de ce qui n'est pas vraiment important. Mes factures, mes mauvaises notes ou bien mes colères injustifiées disparaissent aussi vite de mon esprit qu'elle n'y entre alors que les promesses et les sales coups qu'on me fait restent gravés en moi pour toujours ! Je suis comme ça et je ne m'en plains pas !
— Je ne peux pas !
— Quoi ? Vous devez venir !
— Non !
Ses yeux se noircissent pourtant je n'ai pas fini ma phrase. Je poursuis avant qu'il s'énerve contre moi devant tout le personnel et les clients du restaurant.
— Je n'ai pas retenu mon adresse, je dois la demander à Patricio puis je vous la communiquerai, j'espère l'avoir apaisé.
J'avais raison, c'était bien un ordre ! Je ne peux pas y échapper !
— Pas la peine, je vais m'en charger ! Je vais moi même la demander à votre collègue, m'annonce t-il en quittant la table et me laissant seule en train de finir mon café.
— Quel abruti ! je me souffle à moi même.
Il n'a aucune confiance en moi. Les hommes riches sont ils tous pareils ? Des mecs sans cœur qui ne s'intéresse qu'à leur personne... Moi qui commençais à l'apprécier, je suis écœurée !
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Et voilà j'espère que ce chapitre vous a plu ?
Le prochain chapitre est pour Lundi !
Je vous souhaite à tous un bon et excellent week-end !
Bisous !