Une larme de souffrance éternelle qui, j'espère, s'atténuera le jour où son père sera sous les bareaux. Secrêtement, je rêve que mon père le soit aussi pour qu'il paye tout ce qu'il nous a fait à ma mère et moi mais je n'aurai jamais je courage de le faire moi-même. C'est bien le problème.
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PDV Léonie
Je postule pour un nouveau boulot, pour être serveuse au café du coin. J'ai vraiment envie de trouver du travail, ça fait trop longtemps que je ne faisais plus rien.
Je signe des papiers en tout genre dans le bureau : propectus, pub, facture, contrat, ... Soudain je tombe sur une enveloppe qui m'intrigue, elle est dédiée à John. C'est étrange car depuis qu'il est revenu il n'a jamais rien reçu et puis apparemment il ne connaît personne d'autre en dehors de la famille il m'a dit l'autre jour. Je ferais mieux de ne pas y toucher mais il faut que je le fasse sinon c'est comme si il me cachait quelque chose...sauf qu'il n'a aucune raison de le faire vu que l'on est ensemble. Bref.
Je l'ouvre et j'en retire une carte blanche. La seule chose qu'il y a dessus c'est cette inscription :《 Ça fait longtemps frangin ! Comment tu vas ? Je suis content que tu l'es retrouvé, on est pas demi-frère pour rien, à croire que c'est de famille ! Bref elle se trouve en ce moment à Lyon et je connais l'endroit où elle loge, je t'envoie mon numéro et l'adresse 》; accompagnée d'un numéro : +336********; et de l'adresse : 34 Allée Des ****.
C'est quoi ces conneries ? Il a un demi-frère ? Depuis quand ?
J'enregistre le numéro et lui écris en me faisant passer pour son "frangin" :
Moi _ Merci pour l'adresse et le numéro. Moi je vais bien, j'ai retrouvé Léonie. Sinon quoi de neuf ?
14h16
Voilà, il n'y a plus qu'à attendre. Cette histoire me semble louche mais pourquoi elle le serait ? John est digne de confiance. Enfin s'il ne m'a pas parlé d'un demi-frère c'est qu'il a des choses à cacher et ça ça ne me plait pas.
+336******** _ Oh tu es de retour chez toi ? Tu lui as dit pour... Ah bien sûr que non ! Excuse je suis un peu fatigué, j'ai les flics sur le dos en ce moment et je suis crevée. Quelqu'un m'a dénoncé je pense.
14h18
Moi _ Ah bon ?
14h18
+336******** _ Ça doit être ta fille.
14h19
Moi _ Pourquoi ?
14h19
+336******** _ Mon fils n'en serait pas capable. Il ne l'a jamais été et il ne le fera jamais. Alors que ta fille même si tu l'as violée elle peut me dénoncer parce que je ne suis pas son père, toi elle ne te dénoncera jamais car tu es le sien.
14h20
Quoi ? Qu'est-ce qu'il raconte ce type ? C'est quoi ce bordel ? Je commence à avoir des sueurs froides. Il paraît trop sincère pour ne pas le croire. Je fais un cauchemar c'est ça ? Ma fille ne s'est jamais faite violée ! Elle me l'aurait dit sinon !
Je commence à voir trouble et me retiens de tomber en m'accrochant au meuble.
PDV Laure
- Excuse je passais un appel, me dit Morgan.
- Je t'ai quand même attendu un quart d'heure. Ça devait être important non ?
- Euh ouais.
Il se gratte la nuque gêné.
D'accorrrrd...
- On va à la crêperie ? On a pas mangé ce midi, j'ai trop faim, dit-il pour changer de sujet.
J'acquiesce. On y mange tous les deux pendant notre heure libre et on retourne à l'université. En classe je suis à côté de lui désormais et le prof a accepté surtout parce que je suis une élève《 sage et disciplinée 》contrairement au badboy à ma gauche. Je rends ma disserte qui m'a déprimé et le prof commence à nous faire un cour sur la phylosophie. J'adore ça (et c'est pas ironique) sauf quand on a un mec relou à côté de soi qui vous lance des gommes dans la gueule. Commence par l'ignorer Laure ! Vite avant qu'il ne soit trop tard ! Du coin de l'œil, il prend sa règle pour faire catapulte avec la gomme et je me la ressois sur la joue. D'un coup je lui prends la règle et lui donne un coup avec. Il en rigole vu que j'ai pas de force. Pfff...
La sonnerie retentit.
Tout le mond se lève, range ses affaires et se cassent. Fin des cours pour nous.
À la sortie de l'université, Morgan allume une clope et regarde l'horizon. Le ciel est magnifique, bleu avec des nuages à forme. Quand je dis "nuages à forme" c'est que je fais référence à mon enfance. Quand j'étais petite (et je m'en souviens encore), mon père et moi on s'installait sur un carré d'herbe dans le jardin en début d'après-midi et on regardait les nuages. On leur trouvait des formes délirantes, fantastiques voire féérique. Ça à toujours été mon moment préféré...enfin avant que je sache qui est vraiment mon père. Donc certe le ciel est beau mais j'en ai presque le tourni. Je fais signe de la tête à Morgan que je ne peux pas rester ici plus longtemps et il jette sa cigarette pour me suivre.
- Laure ?
Je me retourne vers lui. Il a arrêté de marcher et il regarde sa montre (oui il a une montre). Je m'arrête.
- Quoi ?
- J'ai un rendez-vous dans 20 minutes.
Je hausse un sourcil, depuis quand il a des rendez-vous ?
- En gros tu dois me laisser ? C'est un rendez-vous avec qui ?
La jalousie monte tout doucement, vraiment tout doucement...
- Quelqu'un, bref j'y vais, salut, finit-il comme ça.
Comme ça. Pas de bisou. Ok il se passe quoi là ? J'ai la terrible envie de le suivre mais je ne peux pas. Ça ne se fait pas. Mes jambes ont l'air de penser le contraire.
Une fois qu'il a passé le coin de la rue, je m'avance plus vite en restant un minimum cachée. Il finit par arriver devant le café de notre rencontre. Là où tout à commencé et le seul endroit où je pense que tout peut se finir. Il entre et je me cache derrière un mur pour voir ce qu'il trafique. Il s'assied à un table et attend. Attendre qui ? Sérieux ça commence à me mettre le stress. Je ne vois pas avec qui il pourrait avoir un rendez-vous, ça ne peut pas être avec Lisa, ni Clem.
Dix minutes plus tard, à l'heure de son "rendez-vous", pile poil à l'heure, une personne entre. Une fille de notre âge qui est à l'université mais pas dans la même section. Il... Il attend vraiment cette fille ? J'ose même pas regarder si elle s'approche de cette table ou non que je me barre de cet endroit. J'ai les larmes aux yeux. Comme d'habitude... TU VAS TE LA FERMER QUAND TOI ?! Je les ravales pour plus tard, c'est pas le moment ni le lieu pour se laisser aller. Ça se trouve je me trompe, il ne l'attendait peut-être pas. Ou alors j'ai raison et il attendait cette bombasse à talons aiguilles roses bonbons. Je suis tellement naïve ! Comment j'ai pu croire qu'il m'aimait alors qu'il s'est toujours fait le premier choix. Non. Des putes.
PDV Morgan
Il est l'heure. Une fille vient d'entrer dans le café et va s'assoir à une table. Une pute. Elle me dégoûte. 5 minutes plus tard, c'est la bonne. Il est là. Il passe la porte dans un petit dring et s'avance jusqu'à ma table. Je me lève.
- Bonjour monsieur.
On se serre la main.
- Bonjour.
On s'assoit et il commande un café. Je ne prends rien, bien trop stressé de la situation.
- Donc si je me rappelle bien, vous m'avez fait venir pour la simple et bonne raison que vous deviez m'en dire plus sur ce que vous m'avez dit ce matin, c'est ça ?
- Exact, dis-je en hochant la tête. Pour tout vous dire, c'est plus grave qu'il n'y paraît. Ce matin je ne vous ai dit qu'un détail, que ma colocataire s'était faite violée. Depuis que je l'ai rencontrée, elle fait des cauchemars à répètition. Toutes les nuits, elle crie et pleure dans son sommeil car elle revit à chaque fois son viol. Elle s'est fait violée alors qu'elle n'était qu'en 5ème.
Il prend note sur un carnet.
- Continuez, je vous en prie.
- Quand nous sommes arrivés à Lyon, à peine un mois plus tard il me semble enfin je ne sais plus mais elle a failli se faire violé une nouvelle fois, mais j'étais là heureusement pour l'arrêter.
- Vous saviez de qui il s'agissait ?
- Pas à ce moment là, il fesait trop sombre. Ni elle ni moi ne connaissait son identité. On pensait juste que c'était un mec qui avait cédé à ses pulsions.
- Mais ce n'était pas le cas n'est-ce pas ?
- Effectivement, nous avons appris bien plus tard que c'était le père de ma colocataire, Johnathan Newman. Il porte un nom de famille différent parce qu'il ne s'est pas marié.
Il fronce les sourcils.
- Comment avez-vous su ?
- C'est elle qui l'a découvert. Elle m'a raconté qu'elle avait retrouvé son violeur dans la rue, dôté d'une cagoule comme à son premier viol. Elle a vu que c'était la même personne. Mais elle a aussi remarqué que ses yeux lui disaient quelque chose de particulier. Comme si elle les connaissait alors ensuite elle a regardé dans ses photos de famille et le père avait apparemment les mêmes yeux.
- D'accord, cette histoire me semble plausible mais j'ai besoin de preuve. En avez-vous ?
Je fouille dans la poche de jean et, ma clef USB à la main, je lui donne. Il sort son ordi d'une malette qui sert à le transporter et le pose sur la table. Il insère la clef et j'attends ce qu'il va me dire après ça. C'est pas une grosse preuve mais bon, j'espère que cela ira.
Il regarde la vidéo puis l'enregistre dans un nouveau dossier : Laure Cross. Ok...au moins il l'a pris en compte.
- Cette information est précieuse mais en avez-vous d'autres ?
Ah...
- Pas vraiment, je peux juste vous dire que ma colocataire à une cicatrice sur un de ses avants-bras. C'est une cicatrice que lui a fait son violeur, en 5ème. Vous pourrez vérifier si vous le voulez.
- Bien. Je pense que c'est suffisant pour démarrer une enquête. Sinon est-ce que vous avez autre chose à me dire ?
- Oui, son père est revenu à la maison.
Sinon ça sera tout.
- D'accord, merci beaucoup.
- Merci à vous.
On se lève, se serre la main une nouvelle fois et il s'en va. J'aurai pu lui parler de mon père aussi mais j'ai bien trop peur des représailles. J'ai déjà pu parlé à un policier, c'est pas mal. Quand je rentre, je remarque que Laure n'est pas là. Bizarre.
Moi _ Pourquoi tu n'es pas à l'appartement ? T'es où ?
16h02
Elle ne peut pas être allée en course vu que l'on a déjà acheté quelques trucs récemment. Elle pourrait être au skate parc avec les autres mais j'en doute. Ou alors elle est chez Pauline. Non, Pauline est encore cours. Mon portable vibre. Génial elle me répond !
Léonie _ Bonjour Morgan, je ne te dérange pas ? Il faut qu'on parle.
16h04
Raté. Elle m'a jamais parlé par téléphone, c'est étrange ça aussi. J'ai eu son numéro pendant notre séjour là-bas, elle a tellement insisté pour avoir le mien...
Moi _ Bonjour Madame Cross, non vous ne me dérangez pas. Il y a un problème quelconque ?
16h05
Léonie _ En quelque sorte. Tu connais assez Laure, n'est-ce pas ?
16h05
Moi _ Oui, même beaucoup. Pourquoi ?
16h05
Léonie _ Est-ce que tu es au courant qu'elle s'est faite violée ?
16h05
Mon cœur rate un battement. Comment elle sait ? C'est pas possible... Je réponds ou pas ? Merde.
Léonie _ Qui plus est, par John.
16h07
Ça craint. J'ai plus le choix là.
Moi _ Oui. Comment vous l'avez su ?
16h08
J'attends quelques minutes mais aucune réponse. Rien ne me parvient. J'espère qu'elle ne compte pas faire de gaffe.
Léonie _ On peut se voir ? Je dois te montrer.
16h15
Moi _ Si vous voulez, par contre je ne peux pas venir, Laure se douterait de quelque chose.
16h15
Léonie _ Bien sûr, demain, à la même heure, on se donne rendez-vous au café où vous vous êtes rencontrés. Je prendrai le train puis le taxi pour te rejoindre.
16h16
Moi _ Pas de soucis. À demain.
16h16
La porte claque derrière moi, laissant apparaître Laure qui a les yeux gonflés et plutôt rouges. Elle a pleuré ?
- Ça va pas ? je demande inquiet.
Elle me bouscule sans me répondre et se casse dans la cuisine.
Ouh là...
Je la suis.
- Eh c'est quoi ton problème ? Tu étais où d'ailleurs ? j'ajoute.
Elle ouvre le frigo et en sort un pot de glace de la marque Ben & Jerry's à la vanille et aux cookies. L'image du cliché de la fille triste qui veut oublier ses chagrins d'amour en mangeant de la glace fait irruption dans mon esprit. Elle va s'assoir sur le canapé et allume la télé. Je la regarde sans rien faire. Qu'est-ce qui lui prend soudain ? Elle met un film disney évidemment, encore plus cliché et le pire c'est qu'elle prend le plus triste : Les Nouveaux Héros. Putain. Enfin je me bouge et je débranche la télé. Son regard se pose sur moi, ouais ! Première fois ! Bravo Laure ! Son regard est plus rouge que noir mais bon. Revenons aux choses sérieuses.
- Il s'est passé quoi ? je demande un peu plus durement.
Elle éclatte de rire. Hein ? Son rire résonne faussement dans mes oreilles. Il est trop faux et trop nerveux.
- Tu es sérieux ? C'est plutôt à moi de te demander ce qu'il s'est passé !
Ton accusateur employé. Okkkkk...
- Je ne comprends pas. Tu parles du rendez-vous ?
- Tu as bien profité de Jennyfer ! Pas vrai ?! T'es qu'un connard, tu l'as toujours été et tu changeras jamais.
...
- C'est qui ça ? Jennyfer ?
- Te fous pas de ma gueule ! Je l'ai bien vu rentré dans le café à l'heure de ton fichu rendez-vous. Vous avez parlé de quoi ? De sexe évidemment ! elle renchérit.
- Tu deviens complêtement débile ma pauvre. De 1, j'étais pas avec cette nana que je ne connais même pas. De 2, tu m'as suivi et je considère que tu n'as pas confiance en moi. Et de 3, je doute que tu m'es espionné assez longtemps pour savoir ce qu'il s'est passé.
Elle souffle. On est bien partie pour une soirée étrangement glaciale, je le sens.
Le lendemain, elle est toujours aussi froide avec moi. Ça ressemble un peu à notre situation il y a longtemps, c'est amusant quand on y repense. Moi je vais bientôt y aller, au café. J'ai hâte de savoir ce que sa mère a à me dire.
Je prends mon portable et lorsque j'allais passer le palier, Laure me rattrape. Elle commence à me faire chier depuis hier.
- Qu'est-ce que tu veux encore ? je demande à la limite de l'énervement.
- Tu vas où ? me répond-t-elle méfiante.
- Pourquoi je te le dirais ? On est pas dans un interrogatoire à ce que je sache.
- Pourquoi tu réponds pas ?
- Parce que tu me saoules à ne pas me faire confiance ! Depuis hier tu fais l'idiote !
- PARDON ?! L'idiote ? C'est pas moi qui va partir baiser l'autre !
- MAIS QU'EST-CE QUE TU RACONTES ?! T'es parano ma parole. Tu fais chier Laure. Vraiment. Aller salut.
- Ouais c'est ça ! VA BIEN TE LA FAIRE TA PUTE !
Je serre les poings et me casse. J'en ai marre.
Peu de temps après, je retrouve Léonie au café. Elle est déjà là. On se fait la bise et je m'assois en face d'elle. Elle a l'air hyper déprimé, je peux comprendre.
- Je vous écoute Léonie.
Elle met son portable et une enveloppe sur la table. J'ouvre l'enveloppe et je découvre avec stupeur le contenu. Ce numéro... Il me dit quelque chose (j'ai jamais retenu les numéros pour tout vous dire). Ensuite, je regarde les messages.
...
...
...
Est-ce que j'ai bien lu ? Comme si la mère de Laure lisait dans mes pensées, elle répond :
- Ton père et le père de ma fille sont demi-frère.
Je hoque de stupéfaction et ma main vient instinctivement se placer sur ma bouche. Le choc.
- Avant de vouloir connaître les détails, je vais te poser une question indiscrète. Tu veux bien ? me demande-t-elle.
Je hoche la tête lentement.
- Que t'as fait ton père ?
Je frissone en repensant à lui.
- Je suis obliger de répondre ?
- Tu as le choix.
- Ai-je vraiment le choix ?
- En fait pas vraiment.
Le silence s'installe et puis je lui explique, elle en a les larmes aux yeux.
- Je suis tellement désolée mon garçon.
- C'est rien, vous n'y êtes pour rien.
- Tu comptes le dénoncer ? Je veux dire...ton père.
Je repose le portable, j'étais toujours figé par ces messages. Et je la regarde cette fois dans les yeux.
- J'en suis incapable.
- D'accord, je comprends. Tu aimerais que quelqu'un le fasse pour toi ?
Je réfléchie deux minutes. Je ne sais pas vraiment, y ai-je vraiment réfléchie ? Je hausse les épaules.
- Je vais le faire.
Je ne réponds pas. Je prends mon portable et appelle la police. Je tombe sur le même policier qu'hier. C'est cool. Je lui demande de venir au plus vite.
10 minutes après, il est bien là. Il s'installe à la troisième chaise présente à cette table et Léonie lui explique l'enveloppe et les messages. C'est les preuves qui feront qu'il sera arrêté, les preuves qui vont finir l'enquête. La mère de Laure en profite pour parler de mon père et je réussis à montrer mes cicatrices. Lui aussi va être arrêté. Il a assez de preuves maintenant. C'est la fin. Tout est enfin fini.