- Tu est bien la fille de mon père ? je la coupe sur la défensive.
Elle se remet à rire. J'ai pas envie de comprendre là, pas du tout.
- Bien sûr que non ! Je t'ai fais marché seulement pour avoir ce que je voulais c'est tout ! Ha ha ha tu es tellement drôle mon cher Morgan ! Est-ce que tu comprends maintenant ? Aucune info et aucune fille de ton papa mais un simple piège dont le naïf que tu es est tombé dedans. Tu t'es soumis et tu m'as baisé 5 bonnes fois alors que c'était du faux.
___________
PDV Laure
Ça fait en tout quatre jours que Morgan n'est pas rentré à l'appartement. Il n'est pas non plus revenu à l'université. Personne ne l'a vu et ça depuis qu'il est parti le lendemain soir que l'on s'est embrassé. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi mais ce que je sais c'est que personne n'a l'air au courant pour moi.
- Eh oh ! Laure t'es avec nous ? me rammène Owen à la réalité.
Il me fait un baiser rapide au bord des lèvres.
- Ah euh oui oui.
Pourquoi je sors encore avec Owen alors que j'ai embrassé Morgan et que j'ai dormi avec lui ? Je ne devrais plus... Enfin si, je dois tomber amoureuse de quelqu'un. C'est bien partie pourtant... Mais je n'aime pas Morgan, on s'est juste embrassé parce qu'on en avait envie. Justement, l'envie, les battements de cœur et les frissons ne font-ils pas partis des sentiments amoureux ?
- Tu es sûr que ça va ? T'as l'air dans la lune depuis que...
- Je te dis que ça va ok ?!
Il ouvre grands les yeux.
- Ouais c'est bon, calme-toi. T'es tout le temps sur les nerfs en ce moment, faut se détendre.
Celui qui m'aidait à me détendre n'est plus là.
- Je suis calme ! j'affirme en lui lançant un regard noir.
Ouaw je crois que c'est la première fois que je le regarde comme ça. Je préfère m'en aller, c'est vrai que je ne suis plus calme.
Je sors du skate parc avec mon sac sur le dos et je décide de rentrer. Et à ma plus grande surprise, Morgan est revenu puisqu'il y a sa voiture garée sur le parking.
Lorsque j'entre dans l'apartement, je le vois. Il a la main à travers la plaque en verre qui n'est autre que la table basse. Sa main est en sang avec quelques bouts de verre accrochés à sa peau et plusieurs morceaux de verre sont aussi au sol. Il est mi-dos à moi ce qui fait en sorte que je ne puisse pas voir son visage. Je lache mon sac et accourre vers lui pour le tirer de là.
- Mais pourquoi tu as fais...
Quand je me mets face à lui, je remarque tout de suite dans ses yeux noirs de la colère, de la haine et de la rage. Ce qui me fait ne plus dire un mot.
Je prends délicatement son bras et le remonte puis je l'entraîne dans la salle de bain. Je place sa main au dessus de l'évier et je laisse couler l'eau froide dessus tout en enlevant doucement les bouts de verre. Il contracte sa machoire. Okkkk je vais essayer de lui faire moins mal...
- Qu'est-ce qui t'as pris Morgan ? j'ose lui demander.
Il ne me réponds pas. Ok je ferai mieux de fermer ma gueule parce que je le sens mal. Il finit par entrouvir légèrement la bouche comme s'il hésitait à dire quelque chose mais il se ravise en la refermant. Mais je l'entends murmurer au plus bas :
- Je te demande pardon...
Pardon pourquoi ? Je lui lance un regard interrogateur mais il secoue la tête pour regarder ailleurs. Super. Une fois terminée, je lui trouve un bandage que j'enroule autour de son poignet en remontant jusqu'au bout de ses doigts. Il me demande de le laisser ce que je fais aussitôt.
Le soir je vais au restau avec Pauline. On passe une assez bonne soirée. J'oublie un peu les tracas de ces derniers jours.
Une fois rentrée, je m'appraîte à me coucher lorsque je traverse le couloir pour rejoindre ma chambre mais quand je passe devant celle de Morgan qui est entrouverte, je peux l'apercevoir de dos, sans t-shirt. Ce que je vois m'horrifie. Qu'est-ce qu'il a bien pu faire durant ces quatres jours ?! Tout le long de sa colonne vertébral, des traces, des blessures et des bleus. Je ne vois plus que ça. On pourrait croire qu'on lui a donné des coups de ceinture ou tout simplement des coups. Si je devais décrire la principale couleur de son dos en ce moment ce serait du rouge...et du violet. Je n'ose pas lui faire part de ma présence, il le prendrait mal.
Je vais dans ma chambre et m'allonge en serrant mon oreiller fort contre moi. Je ne comprends rien et ça me fait peur.
PDV Morgan
J'ai terriblement mal, c'est horrible. Après avoir retiré mon t-shirt, je me regarde dans la glace, le mirroir addosé au mur. Putain il m'a pas raté. J'ai toujours cette putain de douleur dans le dos aussi, je pourrais perdre l'équilibre à tout instant. Il me faut quelque chose pour atténuer la douleur. De la crème. Je crois que Laure en a.
Avant de sortir de ma chambre pour aller dans la salle de bain je vérifie que Laure n'est pas dans le coin, si elle voit ça...elle va vouloir comprendre et dans ce cas je serais obligé de tout lui raconter. Ensuite je cherche dans la salle de bain un sac, une boîte ou quelque chose pour ranger de la crème. Je remarque une petite boîte dans un tiroir en dessous du lavabo, elle est toute noir avec les inscriptions "Utilités Selon Maman". Je ris à ce titre et je retire son couvercle, il y a toutes sortes de choses : des produits anti-moustique, de la crème hydratante, du baume à lèvre et pleins de conneries en tout genre. Il doit bien y avoir un truc pour me soulager ! MERDE j'en ai marre ! Je trouve pas ! Je fouille encore et encore jusqu'à, enfin, trouver de l'Arnica (crème contre la douleur) au fond. Je la sors à une vitesse affolante et je m'en applique partout sauf dans le dos, je ne peux pas et puis j'ai pas la force de me plier en quatre pour y arriver. Faut que Laure m'en mette, j'ai pas le choix. Je peux pas rester comme ça.
Je vais dans sa chambre en espérant qu'elle y soit si elle est rentrée, elle est allongée. Je ne sais pas si elle est réveillée ou pas mais ça ne doit pas faire longtemps qu'elle est rentrée de sa soirée, j'ai peut-être une chance (enfin si on peut appeler ça une chance).
- Laure ? je murmurre à l'encadrement de la porte coulissante.
Elle sursaute. Bon...elle était réveillée. Elle se redresse et se retourne pour me faire face, quand elle voit mon torse douloureux, un cri lui échappe.
- Mais qu'est-ce que tu as fait ? me demande-t-elle avec effroie.
J'ai l'étrange sensation que ce n'est pas la première fois qu'elle se pose cette question. Je baisse les yeux sans répondre.
- Morgan ?
- J'ai juste besoin que tu me passes de la crème dans le dos, j'y arrive pas.
Elle reste interdite quelques secondes. Je serre un peu plus le tube d'Arnica dans ma main, je me demande comment elle me regarde et j'en ai peur, c'est pour ça que je n'ose pas relever mon regard de lâche.
- Approche, me dit-elle finalement.
Mes pas se dirigent vers le lit où je m'assis dos à elle, elle se place dans mon dos et me prend la crème des mains pour ensuite poser ses mains sur mon dos meurtrit. À chaque passage où elle me met de la crème, je suis prèt à arracher un cri de douleur. Je sens qu'à chaque fois qu'elle m'en met, elle hésite, elle tate doucement sans me brusquer, elle regarde le massacre avec intérêt. Ses doigts retracent la colonne vertébrale où je ne peux m'empêcher de me tendre, de retenir mon souffle et de grogner légèrement. J'ai beaucoup trop mal. En attendant trois jours avant de revenir, j'espérais que ces blessures s'atténueraient ou qu'elles ne se verraient plus mais c'est faux, je pense même que le résultat est pire, qu'il s'est agravé.
Une fois mon dos passé à la crème, je m'attends à ce qu'elle se retire mais elle reste là, à toucher les moindres plaies qui m'hornent. Elle retrace chaque muscle endolori ainsi que mes omoplates pour finir par mon cou, elle me le caresse doucement et cela longtemps. Ça m'appaise. Inconsciemment, ma tête bascule vers l'avant pour l'encourager à continuer. Il ne faut pas qu'elle s'arrête, jamais...
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Je serre les dents et ferme les yeux.
- Je suis parti régler un problème pour un pote, je me suis battu. J'ai pas beaucoup gérer t'as vu, je ris nerveusement.
Elle aussi rit nerveusement, sûrement tombée dans mon piège. Elle avale ce qu'elle entend et ça me suffit. Elle n'a pas besoin de savoir la vérité. J'ai réussi à faire en sorte que son secret ne soit pas révélé alors c'est bon, je suppose.
- Tu mens comme tu respires Morgan.
Son ton est sec lorsqu'elle prononce cette phrase. Je me fige mais elle continue ce qu'elle me fait autour de ma nuque. Au final, elle retire sa main tout comme sa présence derrière moi. Elle se lève pour se mettre face à moi tandis que je laisse ma tête dirigé vers le bas.
- Fais-moi voir ce qui reste de ton corps.
Je me mords la lèvre inférieur.
- Les jambes n'ont rien, juste la partie supérieur a été touchée.
Pas convaincue, elle me répond assez fermement :
- Laisse-moi regarder.
Je m'exécute sans me relever, je retire mon pantalon, tremblant. Des marques font leur apparition. Cette fois j'ose relever les yeux dans sa direction, elle croise les miens et je sais que je ne peux plus faire retour en arrière.
- J'ai dû prendre une décision, je marque une pause. Lorsque je suis partie l'autre soir, je me suis rendue chez Lisa. Selon ce que mon père m'avait dit, c'était sa fille et elle allait tout révéler. Pour qu'elle ne révèle rien, j'ai dû être à sa mercie pendant un nuit...
Elle hoque de surprise.
- ...je ne pouvais pas t'infliger des jugements tous les jours alors je l'ai baisé. Fallait que je fasse un choix. Le lendemain matin, quand je me suis réveillée, j'ai voulu partir au plus vite. J'ai honte encore maintenant de ce que j'ai fait. Je me suis assurée qu'elle ne dirait rien sur ce qu'elle savait de toi et je n'ai jamais dit à voix haute ce qu'elle était censé savoir vraiment puis...
- Attends, elle était censé ?
- J'y arrive. Donc je me suis rendu compte que cette salope m'a trompé jusqu'au bout, elle n'était ni la fille de mon père et elle ne savait rien sur toi. Elle m'a mentie et moi j'ai plongé con comme je suis. Mon père m'a mentie à son sujet mais je l'ai cru.
- Comment il pouvait la connaître alors ?
- D'après ce qu'il m'a dit, il avait pris un nom au hasard en espérant que ça tombe sur quelqu'un que je ne connaissais pour que je le crois et que je ne change pas ses intentions. Bref j'ai pêté un câble, je suis parti sous les rires qui m'ont achevé de Lisa et j'ai pris la route. Je suis allé chez mon père. Là-bas j'ai mis les choses au clair et ça c'est mal passé comme tu t'en doutes mais au moins j'ai eu le silence de ton viol, il ne dira rien donc pour que j'arrive à ce résultat je l'ai laissé...
- ...te battre, finit-elle.
- ...après je me suis en allé et j'ai pris une chambre dans un hôtel. Mon but était que tu ne vois pas dans l'état dans lequel j'étais, mon visage était aussi légèrement touché et j'ai décidé de revenir qu'une fois qu'il n'y avait plus aucune trace sur celui-ci. Quand je suis arrivé tout à l'heure, j'ai repensé à mon père et à Lisa alors j'ai frappé dans le premier truc à porté de main. La table basse y est passé. Voilà tu sais tout, je finis enfin en la regardant toujours dans le blanc des yeux.
Elle ne montre aucun sentiment, elle ne trahit rien. Je ne sais pas ce qu'elle pense. C'est juste calme, un peu trop et c'est ce qui fait que la tension est toujours palpable.
Elle bouge enfin, elle s'avance vers moi et se penche assez pour me prendre dans ses bras. Je suis choqué, tellement que je n'ose pas passer mes mains dans son dos pour la serrer contre moi. Je pensais qu'elle allait me rejeter mais c'est tout le contraire, elle m'accueille à bras ouverts. Plus ça va plus je me rends compte que je tiens à elle comme à ma propre vie, j'ai envie de la protéger autant que je le faisais avec ma mère. Je repense à cette phrase que j'avais pensé auparavant : Si un jour quelqu'un arrive à faire battre mon cœur et arrive à me changer alors là, peut-être, je l'aimerais parce que pour me changer, faut vraiment être exceptionnel. Elle a réussi à faire battre mon cœur, à me changer. Ce jour est arrivé et je le sais dans la façon dont je la laisse me prendre comme ça. Elle est exceptionnelle. Elle est devenue mon oxygène.