Le silence s'étira quelques secondes pendant que les deux hommes me fixaient. Je me sentis obligée de rectifier ses dires.
- Déjà, je n'ai tué qu'un roi. Et que je sache, on devrait me remercier vu le personnage. J'ai fait le sale boulot que tout le monde tentait de faire sans réussir.
Naseok se releva, ses membres se dépliant avec une lenteur irréelle. Il s'avança vers moi et ne s'arrêta qu'à quelques millimètres. Je sentais son souffle sur mon visage. Il sentait quelque chose d'étrange, comme un mélange de feu et de soufre et de fruits. Quelque chose de vraiment bizarre, d'inexplicable.
- Alors, ça serait toi, la tueuse de rois ? Une gamine à peine sortie de l'œuf ?
- Une gamine qui t'a battue à plates coutures pour jongler avec une simple dague, répliquai-je.
La pointe des oreilles de Naseok se mit à rougir. Il me fusilla du regard sans répondre. Je le regardai, narquoise.
- Je ne te crois pas, s'obstina-t-il.
- Et ton ami, là, tu ne le crois pas non plus ? le provoquai-je.
- Son frère, intervint le concerné dans un souffle difficile, je suis son frère.
Naseok lui jeta un coup d'œil assassin avant de ramener son attention sur moi.
- Je ne te fais pas confiance, qui que tu sois.
- C'est ton problème. Tu ne pourras pas dire qu'on ne t'as pas prévenu.
Son frère se redressa prudemment, grimaçant et soufflant.
- Je suis sérieux, Naseok, haleta-t-il. C'est la tueuse de rois. Il y a un prix sur sa tête dans le Grand Royaume et chez leurs alliés. Et dans la Faerie, tout le monde sait qu'elle s'est échappée des cachots de la Cour Noire alors ils sont à sa recherche aussi. Cette fille... (il pointa le doigt vers moi) est recherchée absolument partout.
- Toi, tu aurais tué Quinten Madsen, le roi sadique ?
- J'ai été élevée pour ça. Je l'ai fait.
- Élevée pour tuer le roi sadique ? C'est une histoire que je veux entendre.
- Tant mieux pour toi.
- Tu n'es pas prête de partir d'ici avant que je ne sache tout sur toi.
- On verra ça.
Nous nous défiâmes du regard pendant un moment, le silence devenant pesant, tendu. Je sentais sa colère pulser contre ma peau. Je tentai de ne pas reculer, de ne pas me laisser influencer. Il faisait comme la plupart des Faes : il laissait ses émotions déborder pour influer sur son adversaire, pour le provoquer, le menacer, l'effrayer en silence.
Sauf que ça n'avait aucun effet sur moi.
Jon avait pensé à cet aspect sous-jacent des combats. Cette influence parfois volontaire parfois involontaire. Se laisser biaiser par les émotions de son adversaires était le meilleur moyen de courir à sa perte. Aussi ne bronchai-je pas, loin d'être perturbée.
- Qui es-tu, exactement ?
- Il te l'a dit. Sixtine Aderleen, la tueuse de rois Mets-toi au fait.
- Qui t'a élevée ?
- Le petit vieux de la montagne enchantée.
Sa main jaillit et me saisit à la gorge. Je fis quelques pas en arrière jusqu'à heurter un des piquets de la tente. Il enfonça ses ongles dans ma gorge, presque jusqu'au sang. Je relevai le menton, le défiant du regard.
- Réponds-moi. Qui t'a élevée ?
- Je te l'ai dit, articulai-je difficilement contre sa poigne.
Il serra encore plus fort, bloquant totalement l'arrivée d'air dans mes poumons. Je n'eus d'autre choix que d'économiser ce qu'il me restait comme oxygène jusqu'à ce qu'il se décide à me relâcher. Je me doutais qu'il voulait tout savoir sur moi pour avoir l'ascendant. Ce que je ne comptais pas lui donner facilement. Je ne le laisserais pas compenser le peu d'avance que j'avais depuis que son frère avait trop parlé.
Ici, je n'avais pas de cartes à jouer, pas de moyen de pression. Il fallait que je garde le peu que j'avais contre lui. Surtout si j'étais vraiment coincée sous cette tente avec lui jusqu'à la fin de l'orage. Il était armé, pas moi. Il n'arborait pas la moindre égratignure, j'étais couverte de blessures plus ou moins guéries. Si un affrontement venait à survenir, j'étais certaine de perdre. Plus que jamais, il me fallait une arme.
Enfin, il fallait surtout qu'il me laisse respirer.
La toile de la tente se souleva brutalement et Brycen entra, suivi par l'une des Seelies aux cheveux bleus. Il attrapa Naseok par l'épaule et le força à reculer et à me relâcher. Mes jambes cédèrent sous moi, la tête tournant un peu trop à mon goût. Je fis de mon mieux pour garder ma respiration laborieuse aussi discrète que possible. Je ne tenais pas à donner à Naseok la satisfaction de savoir qu'il m'avait presque étouffée.
- Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? tonna-t-il. J'exige des explications, Naseok ! Raneok ? Quand es-tu arrivé ?
- Je viens d'arriver, répondit le frère de l'Unseelie.
Brycen fit signe à la Seelie qui hocha la tête et alla s'agenouiller près de Raneok. Elle passa ses mains sur ses bras, fredonnant une mélodie qui sonnait comme le murmure de l'eau, réparant la peau boursouflée de ses bras.
Je regardai Brycen faire face à Naseok, les bras croisés. L'Unseelie serrait les poings, me fixant avec colère. Il semblait m'accuser de la tournure des événements. Comme si je l'avais forcé à m'agripper la gorge presque jusqu'à l'étouffement...
- Tu vas me répondre, Naseok ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- C'est la tueuse de rois, cracha-t-il. Cette Demi-Sang de Sixtine Aderleen que le Roi Noir cherche si ardemment. Celle qui sera pendue dès qu'elle mettra un pied sur le territoire du Grand Royaume ou chez l'un de leurs alliés.
- Comment sais-tu cela ?
- Raneok est arrivé en le criant. Et elle a avoué être la tueuse de rois.
Brycen secoua la tête, des mèches humides venant se coller à son front. Comment avait-il pu traverser l'orage sans être brûlé alors que Raneok était en train de souffrir de ses brûlures ? Était-ce grâce à la Seelie ? Malgré moi, je ne pouvais qu'être intéressée par ce qui se passait en arrière. Je ne connaissais pas grand-chose de la magie et absolument rien de la magie Seelie.
- Est-ce vrai ? me demanda soudain Brycen, orienté vers moi.
Je cillai, ramenant mon attention sur lui et Naseok. Ce dernier me jetait un regard meurtrier bourré d'éclairs. Je l'ignorai, m'attardant sur le visage sévère et sombre, sérieux. Ses yeux étaient calmes mais il surveillait la moindre de mes expressions, le moindre de mes mouvements.
- Quoi ? Que j'ai assassiné Quinten Madsen, le roi du Grand Royaume ? Oui. C'est vrai. Le Roi Noir était là. Le propre héritier du roi était là.
J'eus du mal à dissimuler l'amertume dans ma voix. Heureusement, elle perça très peu, à peine perceptible pour quiconque ignorait tout de ma relation avec Ryker. Malgré tout, j'étais certaine que Naseok avait saisi quelque chose. Avec de la chance, il penserait que j'étais amère à l'idée d'avoir été surprise pendant mon régicide par l'héritier de la couronne, ce qui me valait un aller simple pour l'échafaud.
- J'ai du mal à y croire avoua Brycen. Tu as l'air à peine majeure, toute frêle et faible. Trop faible pour assassiner un roi si bien gardé que tant de mercenaires et d'assassins surentraînés n'ont pas pu éliminer.
- Ce n'est qu'une apparence. Il ne faut pas croire que je sois l'une de ces fleurs douces et délicates qui parsèment les Cours de tout royaume. Je ne suis pas née avec de l'or dans la bouche mais avec de la sciure et de la sueur. Alors vous feriez mieux de ne pas vous fier à... ça.
Je passai ma main devant mon visage, fis un vague signe pour désigner le reste de ma personne. Je ne pus retenir un léger rictus narquois en voyant leur échange de regards. Ils semblaient commencer à douter, à sentir que je ne mentais pas.
Ils n'avaient pas besoin de savoir que j'avais perdu mes forces et mes muscles durant ma captivité. Je n'avais pas besoin de me battre pour savoir que je n'étais plus au même niveau qu'avant d'être enlevée. Je doutais de pouvoir survivre à une attaque de Naseok. Je n'avais plus ce qu'il fallait en moi pour ça. J'étais devenue bien trop faible et il fallait que je règle ça. Mais pour ça, il fallait que je mange et que je m'entraîne. Ce que je ne pouvais pas faire pour le moment.
Brycen s'approcha de moi, l'air songeur, me considérant avec curiosité. Il tourna autour de moi et je le laissai faire, plus amusée qu'inquiète. Je savais ce qu'il faisait. Il me jaugeait, tentait de prouver que je mentais. D'un instant à l'autre, l'un d'eux allait attaquer et il faudrait que je survive.
Au moment même où l'air changea, la toile de tente s'ouvrit. La Seelie se figea en plein mouvement et tout le monde virevolta pour faire face aux nouveaux arrivants. Leurs vêtements fumaient légèrement à cause d'un reste de pluie brûlante. Je reconnus l'un des Demi-Sangs et l'autre Seelie aux cheveux bleus.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda sèchement Brycen, la voix claquant comme un fouet.
Mon attention revint sur lui. Il était évident qu'il était le chef des rebelles. C'était un fait établi. J'avais cru en le personnage affable et cordial qui m'avait accueillie au camp. Il n'y avait pas eu de faille visible dans ce masque, aucun mot qui aurait pu montrer ce côté plus sombre de l'hybride. Parce qu'il était évident que ce n'était pas un Fae de sang pur à cause de ses cheveux d'une terne couleur rouille qu'il serait impossible de trouver sur un Fae Seelie ou Unseelie. Ses yeux, par contre, étaient Faes, à n'en pas douter. Aucun humain ne pourrait arborer des yeux d'un bleu aussi saisissant. Et puis, il ne pouvait pas régner sur un groupe aussi disparate sans être un peu Fae et un peu humain.
Mais au delà de sa simple nature, il était désormais clair que faire confiance à Brycen était une erreur que j'avais bien fait de ne pas commettre. Pour une fois, l'éternelle méfiance que m'avait enseignée Jon servait à quelque chose. Derrière le chaleureux visage de chef se cachait une bête pire qu'un serpent, qu'un chacal ou même qu'un sermal. J'étais bien tenté de le pousser à bout pour révéler son vrai visage...
- On a capturé un rôdeur. Un Demi-Sang. Il essayait de voler nos vivres.
- Allons voir ça.
Il y avait une froideur dans le ton de Brycen qui me fit hausser un sourcil. Était-ce ainsi qu'il avait réagi lorsqu'il avait su que je débarquais dans son campement ? Bien que la situation n'ait pas été similaire puisque je n'avais pas tenté de les voler.
Brycen me jeta un regard.
- On terminera notre conversation tout à l'heure. Il semblerait que ce voleur t'ait fait gagner un peu de temps.
Je ne répondis pas, me contentant de le suivre à l'extérieur de la tente. Naseok et la Seelie me suivirent aussi, la main sur leurs armes. Près du feu de camp, maintenu à genoux par deux Faes aux bras massifs, se tenait Miach. Il avait la lèvre fendue, du sang sur le menton et une marque rouge fleurissait sur sa pommette. Il avait l'air de s'être pris quelques coups avant de se retrouver soumis par les gardes rebelles.
Mon estomac se serra sous la puissance d'un étau glacé. Si Miach était là... Ryker et Addy ne devaient pas être loin. Ils devaient l'attendre dans les environs. Et connaissant Ryker, s'il apprenait que son guide et ami avait été capturé, il viendrait à sa rescousse. Je ne pouvais pas le permettre. Je ne pouvais pas laisser Ryker être capturé par des rebelles qui ne devaient pas chercher la paix tant que ça.
Je croisai le regard de Miach et je vis son visage changer. Le mépris fit brièvement place à la surprise. Qui le céda à la colère.
- Voyez-vous ça. Miach, chantonna Brycen avec une victoire pernicieuse dans la voix. Notre élément prodigue. Comme on se retrouve.
Miach était un rebelle ?!
- Tu comptais nous voler une seconde fois sans te faire prendre ? Tu croyais vraiment en être capable ? Toi, entre tous ?
- Va te faire foutre, Brycen, cracha simplement le concerné.
Un filet de sang mêlé de salive tomba au sol. Il y avait quelque chose qui se jouait entre ces deux-là et j'ignorais quoi. Naseok bougea, apparaissant juste à côté de moi, raide et tendu comme jamais. Sans la main sur son épée.
- Tu sais quel sort est réservé aux voleurs et aux déserteurs, Miach, et pourtant, tu as osé revenir ici.
- Déserteur ? Parce que tu as une armée, maintenant ? Tu n'es pas censé être la vague pacifique qui empêchera la guerre ? À moins que ça n'ait été que des mensonges...
Miach savait. Il savait que Brycen n'était pas ce qu'il voulait faire croire qu'il était. J'ignorais encore ce qu'il voulait réellement former en unissant des Faes, des Demi-Sangs et des humains dans BarrenLand mais je doutais que ça soit pour la paix, contrairement à ce qu'il prétendait. Il devait vouloir tout autre chose et les préparait pour ça. Et Miach savait quel était le véritable plan de Brycen.
- Ne joue pas avec moi, Miach. Tu es un traître et en plus, tu as cherché à nous voler. Tu sais quel est le sort réservé aux traîtres, aux voleurs et aux menteurs ici.
Tous les membres du groupe de Brycen se mirent à scander les deux mêmes mots :
- La mort ! La mort ! La mort !
Ils allaient exécuter Miach. Ils n'allaient pas seulement lui couper des doigts ou une main, ils allaient carrément l'assassiner, froidement. Même Quinten Madsen ne tuait pas les voleurs. Il leur coupait la main et les exilait. Rien de plus. Au lieu de ça, Brycen, le soi-disant pacifiste, comptait l'assassiner... Il manquait une grande part de logique dans tout ça. Depuis quand les pacifistes étaient-ils plus violents que le roi sadique en personne ?
Si je n'intercédais pas, ils allaient se débarrasser de Miach et je perdrais mes chances de retrouver Ryker et Addy. Ce que je ne pouvais pas permettre. Il fallait que je les retrouve et Miach était un chemin direct vers eux. Il savait où ils se cachaient et s'il mourait, le secret mourrait avec lui. Et il n'y aurait personne pour empêcher Ryker de débarquer ici en furie pour tenter de récupérer son ami, de le sauver.
- Pour des pacifistes, vous êtes sacrément barbares, lâchai-je, l'air de rien. Encore plus que le roi sadique. Même lui n'exécuterait pas quelqu'un pour un simple vol.
Brycen se tourna vers moi, les yeux noirs de colère. Je lui envoyai un sourire innocent et léger.
- Quoi ? La punition la plus commune pour un voleur, c'est de se voir couper une main, pas la tête.
- Miach n'est pas qu'un voleur. Il nous a volé une fois, nous a abandonnés en pleine bataille, a laissé cinq des nôtres mourir ! Il nous a déserté comme un vaurien. Comme un misérable.
- MENTEUR ! hurla Miach en se débattant contre les deux qui le maintenaient à terre. MENTEUR !!
L'un des deux, celui avec les cheveux d'un vert menthe plutôt unique, lui donna un coup dans le genou si violent que j'entendis l'os craquer. Il n'y eut que les humains pour avoir un haut-le-corps. En dehors d'eux, personne ne réagit. Miach étouffa son gémissement, ravalant sa douleur avec un brio que je ne pouvais que saluer.
- Je crois que tu as un petit problème de mémoire, Miach.
Son ton était insidieux, comme s'il faisait référence à quelque chose que seuls Miach et lui savaient. Comme s'il parlait d'un secret entre eux, quelque chose de sombre qui était censé faire tenir Miach en place. Mais qui ne fit que l'énerver et l'agiter davantage.
- Oh, non ! Ma mémoire est en parfait état. Ce sont les mensonges que tu débites à la seconde qui ont dû ravager la tienne.
- De quoi parles-tu ? explosa Naseok, les poings serrés et tremblants. Quels mensonges ?! Laisse-le parler. Tu lui dois ça, Brycen. Alors laisse-le parler !
Brycen hésita. C'était visible, sur son visage. Toutefois, il fit un pas sur le côté pour laisser Naseok s'avancer vers Miach. Ce dernier le fit, avançant lentement vers le Demi-Sang. Il s'accroupit face à lui, forçant son regard dans le sien.
- De quoi est-ce que tu parles, Miach ? Quel mensonge ?
- Brycen te ment. Ils te mentent tous. Ils sont en train de faire de toi un petit soldat.
- Quoi ?
- Ne les crois pas. Pas un seul mot. Ils ne veulent pas la paix. Ils veulent la guerre. Brycen veut un t...
Sa voix s'interrompit brutalement. Sous l'impulsion de Brycen, le Fae aux cheveux verts avait frappé Miach à l'arrière de la tête, l'assommant à moitié. Il tomba droit dans les bras de Naseok qui le rattrapa maladroitement, échouant sur les fesses.
Toutes les armes à portée jaillirent soudainement et se pointèrent vers Miach et Naseok. Si je devais agir, c'était maintenant.
Je donnai un coup de coude dans le ventre du Demi-Sang à côté de moi qui, pris par surprise, en lâcha son épée. Je la ramassai aussitôt. Elle était plus lourde que ce à quoi j'avais l'habitude mais je me forçai à lutter pour la soulever et pour me battre avec.
Étrangement, je me sentis plus vivante que je ne l'avais été depuis un moment. Même une fois libre, en train de galoper dans les champs, je ne m'étais pas sentie comme ça. Et là, à me battre avec mes dernières forces, je me sentais vivante comme jamais. Je virevoltai, frappai, dansai au milieu de mes ennemis, semant la zizanie avec l'aide de Naseok. Ce dernier se battait avec férocité, la mort dans les yeux, de la musique sur les lèvres.
Miach se leva et se traîna à l'écart. D'instinct, Naseok et moi suivîmes le mouvement en continuant de repousser nos trop nombreux adversaires.
Et puis, ça recommença. Ce bourdonnement sourd dans l'air. Cette tension, cette brûlure. Cette menace.
- Nahl... soufflai-je malgré moi.
Très vite, tout le monde se figea. L'excitation du conflit s'étouffa et tous les Faes et Demi-Sangs guettèrent ce qui arrivait. Ils n'en avaient pas la moindre idée.
Je me tournai vers Naseok et Miach qui cherchaient aussi.
- Partons. Vite. Tant qu'on le peut. Laissons-les se débrouiller avec ce qui arrive.
- Elle a raison, allons-y, souffla Miach.
Il savait, lui aussi. Il savait que Nahl approchait. Naseok nous regarda tour à tour avant de hocher la tête et de nous suivre hors de BarrenLand, droit dans la forêt. Naseok dut porter Miach en travers de son dos et courir jusqu'à couvert. Je sentais toujours Nahl. Il était là, quelque part. Pas loin. C'était mauvais, très mauvais.
- Le Chasseur, souffla Miach, le front couvert de sueur. Il nous a retrouvés... Il faut... Il faut prévenir les autres...
- Où sont-ils ? demandai-je. Dis-moi, où sont-ils ?
- Il y a un sentier... là-bas. Ils sont en bas. Près de la rivière.
Je n'attendis pas et je détalai, dévalant le sentier, utilisant mes dernières forces pour gagner la rivière. Et ils étaient là, tous les deux, appuyés contre un arbre dont l'épais feuillage les gardait dans l'ombre.
Et dans la lueur intense d'un arc-en-ciel qui se réverbérait sur l'eau se tenait Nahl.