Chapitre 27

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Trouver un cheval était ma priorité. Je ne pouvais pas imaginer rattraper Ryker, Naseok et les autres sans un cheval. Il me fallait de quoi avaler les kilomètres en arrière que j'avais fait à cause de Nahl et ceux qu'ils avaient parcourus pendant mon absence. Parce qu'ils ne m'avaient pas attendue. De ça, au moins, j'étais sûre.

Je m'aventurai dans le village, prudente, me méfiant de chaque personne que je croisais. Cependant, personne ne m'adressa le moindre regard. Comme si je me fondais dans le décor. Ce qui n'aurait pas dû tant m'étonner, en vérité.

Au milieu des maisons de toutes formes et de toutes couleurs, les Faes se mêlaient aux Demi-Sangs comme si c'était naturel. Je ne vis pas beaucoup de Seelies, comme d'habitude. Le retrait de leur Roi en faveur de son frère devait les inciter à hiberner ou simplement à faire profil bas. Cependant, des Demi-Sangs ayant probablement des origines Seelies se baladaient dans les rues sans paraître aussi à l'aise que les autres.

WreitheKeep était une ville bien plus grande que je ne l'aurais cru au premier abord. Elle s'étirait dans tout un tissu de ruelles étroites, de long couloirs et de places sombres. Je remarquai vite que les Seelies étaient souvent des marchands de rue, ceux-là même qui excitaient la foule avec des produits miracles à Phyre. Ici, ils ne vendaient pas de la crème rajeunissante ou des pilules d'attraction ou autres inventions toxiques. Ils vendaient des sorts, des ingrédients improbables, des livres au contenu dangereux. Les Faes passaient devant eux sans les regarder, habitués, tandis que les Demi-Sangs, eux, leur jetaient des regards intéressés ou curieux. Le plaisir coupable de tout à chacun ayant vécu plus ou moins longtemps dans une ville humaine.

Je trouvai rapidement des écuries. L'odeur ne trompait pas, où que l'on se trouve. Y entrer ne fut pas compliqué. La rue était pleine d'activité et personne ne fit attention à moi lorsque je poussai les portes et me faufilai à l'intérieur. Dans les écuries,personne. Il y faisait sombre et le peu de lumière qui traversait les fenêtres crasseuses me permettait à peine de distinguer la forme des boxes. Je regardai par les portes et ne trouvai aucun cheval.

Un hennissement résonna dans le fond. Je me collai contre le mur, me fondant au mieux dans le décor. Je m'avançai doucement vers le bruit, ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Pourquoi n'y avait-il aucun cheval dans les boxes ? Ça n'annonçait rien de bon.

J'arrivai au bout du couloir principal et jetai un coup d'œil sur ma droite. Un grand rai de soleil pénétrait par une porte ouverte. Deux hommes se tenaient debout en plein milieu et discutaient à voix basse. Ils étaient massifs, les bras comme des troncs d'arbres, les cheveux si longs que, même tressés, ils leur tombaient jusque sous les genoux. Ils n'avaient vraiment pas l'air bons et je n'étais pas enthousiaste à l'idée de les affronter. Surtout pas pour un cheval.

Je demeurai tapie dans mon coin, patientant. Toutefois, ils ne semblaient pas près de partir. Leur conversation avait l'air sérieuse. L'un d'eux bougea et ouvrit la porte d'un boxe. Il en fit sortir une jeune fille du boxe en la traînant par les cheveux. La petite n'émit aucun son alors que le Fae la lâchait aux pieds de l'autre. Elle releva la tête avec fierté. Cela lui valut un coup si violent que ses os durent être réduits en miettes. Elle cria, le son se répercutant sur tous les murs. Je pinçai les lèvres, luttant contre moi-même. Je ne pouvais pas intervenir. Ils me tueraient avant que j'aie pu faire quoi que ce soit.

Le ton monta entre les deux Faes. Celui qui gardait la fillette poussa l'autre, ils serrèrent les poings, grondant comme des animaux. Ils n'allaient pas tarder à se taper dessus. Je pourrais saisir l'occasion pour laisser la gamine s'enfuir et récupérer un cheval.

Je sursautai lorsque la porte s'ouvrit brutalement, allant claquer contre le mur. J'eus à peine le temps de me dissimuler derrière un tonneau pour que l'on ne me voit ni d'un côté ni de l'autre. Trois Faes entrèrent et rejoignirent les deux autres. La bataille explosa, les faisant grogner et crier et – sûrement – s'insulter en ancien langage. Langage qu'il allait vraiment falloir que j'apprenne aussi.

L'Arme du Roi (Le Grand Royaume #2)Where stories live. Discover now