Chapitre 26

3.2K 367 46
                                    

La soirée se termina rapidement. Après avoir débarrassé la table et fait la vaisselle, Nahl et Miléna s'étaient installés dans le salon pour discuter autour d'une tasse de thé. J'avais été invitée à me joindre à eux mais je n'avais pas participé. J'avais à peine écouté. J'avais la tête ailleurs. Sans compter que j'étais épuisée.

Je me sentais m'endormir, la tête appuyée contre la fenêtre. La vitre était fraîche. C'était agréable, ce contraste avec la chaleur qui régnait à l'intérieur. Ça me donnait encore plus envie de dormir. Je laissai mes yeux se fermer, faisant de mon mieux pour ne pas céder. J'avais l'estomac tellement plein que ce n'était pas facile.

- Elle va s'endormir, souffla Miléna.

- J'irai la mettre au lit, c'est rien.

Il y eut un soupir. Un silence.

- Elle ne nous croit toujours pas.

- Il fallait t'y attendre, maman. Ça fait beaucoup à avaler en une seule soirée. Vraiment beaucoup.

- Tu crois qu'elle finira par accepter que l'on dit la vérité ?

- Son sang ne pourra jamais mentir. Elle finira par l'accepter. De toute façon, un jour viendra où ni elle ni moi ne pourrons fuir. Je ne fais pas d'illusions, tu sais. Il finira par le savoir. Il finira par comprendre que Sixtine est sa fille aînée, que c'est elle qui le mènera à sa mort.

L'un des deux posa sa tasse sur une table. Il y eut du mouvement.

- Tu ne devrais pas y retourner. Pas maintenant que Sixtine est parmi nous. C'est dangereux.

- Je n'ai pas le choix. Je dois y retourner. Je dois le surveiller, faire de mon mieux pour qu'il ne comprenne pas qui est réellement Sixtine. Si je peux brouiller les pistes, il faut que j'essaie. Tant qu'elle n'aura pas accepté qui elle est vraiment, elle ne saura pas se protéger correctement.

J'entrouvris les yeux très légèrement. Miléna avait un bras autour des épaules de son fils et lui frottait le bras.

- Si tu sens qu'il y a le moindre soucis, tu t'en vas. Tu ne cherches pas, tu t'en vas. Compris ? Tu ne réfléchis pas, tu viens ici. Il ne pourra pas te retrouver.

- Oui, maman.

- Et si tu sens qu'il a le moindre soupçon à propos de Sixtine...

- Je vais la chercher et je la ramène ici.

- Bien. C'est... Bien.

Elle eut un nouveau soupir.

- Ça va aller, maman. Il va bien falloir. Autant que je préférerais éviter de l'admettre, Sixtine est douée. Elle sait se battre, plutôt bien pour une fille, d'ailleurs, et elle n'a pas son pareil pour se faufiler hors de tes pattes. Elle sait y faire. Elle devrait réussir à s'en sortir si jamais elle venait à tomber sur un ennemi. Et si besoin est, je peux la rejoindre et la sortir du pétrin.

Sa mère ne répondit pas. Le silence s'étira. Je me redressai brusquement, secouant la tête. J'allais vraiment finir par m'endormir.

- Tu devrais aller te coucher, Sixtine. Viens, je vais te montrer ta chambre.

Miléna se leva et me tendit la main. Je descendis de mon siège improvisé et ignorai sa main. Elle la laissa retomber et baissa un peu la tête. Je la suivis jusqu'à l'étage sans prononcer un mot, la fatigue pesant de tout son poids sur mes paupières. J'avais vraiment besoin de me coucher et de dormir.

Miléna poussa une porte et s'effaça pour que je puisse entrer. Tout ce que j'en vis, ce fut le lit. Je fonçai droit vers ce matelas qui me paraissait moelleux et chaud et doux et confortable. J'en oubliai toute prudence.

L'Arme du Roi (Le Grand Royaume #2)Where stories live. Discover now