L'Arme du Roi (Le Grand Royau...

By Csfantasy

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Le Roi est mort ! Vive le Roi ! Du moins, c'était ce qu'aurait espéré pouvoir dire Sixtine. Prisonnière du Ro... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
...
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Tome 3 bis
Tome 3 bis UPDATE

Chapitre 12

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By Csfantasy

NDLA : Idiote, idiote, idiote que je suis ! Je me suis trompée de chapitre quand j'ai posté hier ! En même temps, j'ai deux chapitres 12 sur mon fichier... Complètement à l'ouest, la fille ! Mais bon, je vous mets le bon chapitre 12, cette fois ! Désolée !

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- Où est-elle ?

Je clignai des yeux, perdue. De quoi parlait-il ? Comment avait-il fait fuir les chiens ? Pourquoi ne les avait-il pas regardés me dévorer ? Comment m'avait-il retrouvée ? Avait-il été envoyé aussi ?

Il me saisit par le bras et me fit descendre de mon tonneau sans ménagement. Il me secoua, répétant sa question. La voix de la femme fut un répit bienvenu puisqu'elle l'obligea à forcer les portes de l'étable. Il me traîna jusqu'au grenier à foin et me jeta sur une botte à peine défaite. Il croisa les bras, me toisant de toute sa hauteur.

Il était proprement terrifiant. Sur mon échelle personnelle, il était juste en dessous de Nahl mais au-dessus des autres Faes que j'avais croisés. Le summum demeurait le Roi Noir bien que son Chasseur ne soit pas loin derrière.

- Où est-elle ?

- Q-Qui ?

Je m'en voulus de bégayer mais il était si massif, si menaçant que je n'avais pas les nerfs de jouer les bravaches.

- Addy.

Il avait un ton étrange en prononçant le prénom de la jeune princesse. Un ton forcé, raide, retenu. Un ton qui tentait de dissimuler tout ce qu'il ressentait. Malgré tout, je perçus la tendresse et l'attachement qui le liait à Addy.

- Je ne sais pas. Nous avons été séparées.

Il me fixa, ses épais sourcils formant une ligne droite au-dessus de ses yeux noirs. Il me sondait, cherchant à savoir si je disais la vérité. Dommage pour lui, c'était le cas. Je n'avais aucune idée d'où pouvait être Addy. J'ignorais de quel côté ils étaient partis, par où Miach avait décidé de les faire passer. Je n'avais aucun doute sur le fait que le Demi-Sang prendrait les décisions concernant les directions. Il leur ferait croire qu'il savait où il allait, rappelant qu'il avait vécu dans la Faerie.

- Où ?

- La rivière.

- Où ?

Déconcertée, je ne sus que répondre. Je lui avais déjà dit où. Quelles précisions attendaient-ils de moi ?

- Où ?

- J'en sais rien, elle est montée alors que je suis tombée avec Nahl dans l'eau.

Je vis le très léger frémissement de Ghur à la mention du nom du Chasseur. Ses yeux fouillèrent les environs avant de revenir sur moi. Sa posture était un peu plus raide encore qu'au début. Je retins que la mention de ce nom avait un pouvoir encore incompréhensible.

Il tourna les talons et descendit les marches menant au grenier à foin. Il ne tarda pas à disparaître en me laissant seule. Stupéfaite, je restai assise dans la paille sèche qui me piquait à travers le tissu Fae.

Je relâchai un souffle et m'affalai dans mon siège improvisé. Sans le vouloir, Ghur m'avait donné exactement ce que je voulais. J'étais dans l'étable, protégée et il me restait plus qu'à attendre la nuit pour pouvoir aller faire mes provisions dans la maison. Et ensuite, je volerai un cheval et je partirai au plus vite le plus loin possible.

Je me créai un cocon dissimulé au maximum et je m'y blottis pour dormir quelques heures. J'en avais bien trop besoin pour résister. Quel que soit le risque de me faire découvrir, je le prenais.

Je dormis jusqu'au soir, lorsque le soleil commença à tomber sur l'horizon. Ce furent les jappements et les aboiements joyeux des trois monstres qui me sortirent de mon sommeil, me forçant à réagir. Les portes de l'étable ne tardèrent pas à s'ouvrir et j'entendis les lourds sabots d'un cheval entrer. Une voix fluette, le cliquetis du loquet d'un box que l'on ferme et les portes se refermèrent. Ils ne prenaient pas grand soin de leurs chevaux, ici...

Je patientai, n'ayant plus qu'à attendre la nuit. Je regardai par l'ouverture du grenier et vit un Fae bronzé et aux traits burinés enfermer les chiens avant de rentrer dans la maison. Les lumières ne tardèrent pas à s'éteindre. Je descendis prudemment et passai en revue les chevaux qu'ils possédaient. Trois chevaux de trait à l'œil morne, deux poneys râbles et à la robe terne, deux vieilles carnes de promenade. Et le joyau au milieu de cette écurie misérable : un jeune étalon à l'œil vif et aux muscles frémissants. C'était celui-là qu'il me fallait. En espérant qu'il ait été débourré et qu'il supporte une selle.

Je tendis la main à travers les barreaux de son box et il vint renifler prudemment, son antérieur frappant le sol nerveusement. Il détestait être enfermé. Il avait besoin de se défouler, de galoper. Que des fermiers possèdent une telle monture n'avait aucun sens. Il n'avait rien à faire ici.

Je passai une bonne heure avec lui, jusqu'à ce que toute activité ait cessé et que seuls les animaux nocturnes se fassent entendre. Je connaissais la nuit, je me souvenais du terrain où j'allais devoir m'aventurer. Je ne redoutais pas la maison non plus. Je savais où se trouvait la cuisine.

Je trouvai un sac en jute dans un coin de l'étable et je le pris avec moi. Ce n'était pas l'idéal mais je n'avais rien de mieux pour transporter quelques provisions. J'entrouvris à peine les portes pour me faufiler dehors. L'air était frais et avait une odeur lourde et humide. Il avait plu. J'avançai doucement, prudemment, pour ne pas réveiller les chiens. La porte était verrouillée mais rien de bien complexe. Les fermiers avaient toujours tendance à croire qu'être au milieu de nulle partl es protégeait des pilleurs. Ils avaient tort.

Je ne mis pas longtemps à ouvrir le loquet qui bloquait le battant et je me retrouvai prise dans le reste de chaleur de la cheminée. Les braises jetaient une faible lueur rougeâtre dans la pièce à vivre ouverte et rustique. Je slalomai entre une vieille chaise à bascule et un guéridon laqué pour me frayer un chemin jusqu'à la cuisine.

Je fouillai les placards, remplissant mon sac de fruits, de fromage, de viande séchée. Ils en avaient une quantité incroyable. Je pris aussi une gourde que je remplis dans le baquet abandonné sur le comptoir pour le lendemain matin. Une fois mon marché terminé, je ressortis et retournai dans l'étable.

Je posai mon sac à côté du box de l'étalon pour aller chercher sa selle et sa bride. Dans le noir, j'eus du mal à savoir ce que je prenais et je dus sortir de la sellerie pour utiliser le peu de lumière nocturne que je pus avoir par la fenêtre. Je finis toutefois par trouver une selle correcte et une bride et j'allai harnacher l'étalon. Par bonheur, il se laissa faire même si j'eus un peu de mal à me souvenir de comment il fallait faire. Je m'étais bien trop habituée à avoir des palefreniers pour le faire à ma place.

Je fis sortir l'étalon et je me hissai en selle. Je calai mon sac de provisions devant moi alors que les chiens s'étaient remis à hurler et à aboyer et à se jeter contre leurs barreaux. Je ne donnai pas le temps aux propriétaires de sortir de leur maison. Je donnai un coup de talons dans le flanc de ma monture qui s'élança au grand galop. J'entendis les hurlements du fermier derrière moi mais il était trop loin pour faire quoi que ce soit.

Je fonçai à travers champ sans chercher à diriger ma monture. Qu'elle aille où bon lui semblait. Pour l'instant, ça n'avait pas d'importance. Tout ce qui comptait, c'était que je m'éloigne de cette ferme.

Au bout d'un moment, l'étalon ralentit de lui-même. Il continua au pas, me laissant réfléchir. J'avais un cheval et des provisions. Je n'avais cependant aucune idée d'où j'étais. Je n'étais même pas armée. C'était mon plus gros soucis. J'avais besoin d'une arme. Si je venais à faire face à un adversaire, je n'avais pas énormément de chances de m'en sortir. Je n'étais pas en état d'exceller dans un corps à corps.

Pour ne rien arranger, je ne savais pas du tout où étaient Ryker, Addy et le Demi-Sang. Ghur les avait peut-être rattrapés et j'ignorais ce qu'il allait faire si c'était le cas. Toutefois, je doutais qu'il soit assez futé pour retrouver leur trace avec le peu d'indications que j'avais su lui donner. Il y avait très peu de chance qu'il les retrouve.

Et si lui en était incapable, il en allait de même pour moi.

Que devais-je faire ? Continuer jusqu'à ce que je trouve la moindre indication d'où je me trouvais dans la Faerie ? Devais-je tenter ma chance et chercher après eux ? Je n'avais jamais été une traqueuse très douée. Je savais chasser mais je n'y excellais pas. J'étais plus douée pour tuer mes adversaires sans faire de vagues.

L'apprentissage de Jon Marchetta m'avait préparée à tuer un roi, pas à en traquer un. Je n'avais aucune idée de la façon de faire, par où commencer. Aussi le meilleur moyen était de trouver un endroit où me cacher. Un village serait parfait mais comment réussir à entrer dans une communauté Fae sans qu'ils comprennent tout de suite que j'étais une prisonnière en fuite ? Ça serait risqué mais il allait falloir que je prie pour qu'ils ne sachent pas que les prisonniers du Roi Noir s'étaient échappés. Avec un peu de chance, ils me penseraient Seelie. Rares étaient les Faes Seelies blonds comme moi mais j'en avais vu un ou deux.

Au final, la question ne se posa pas. Mon étalon m'avait emmenée droit vers un tout petit village niché au creux d'une vallée, longé par un bras de rivière. Il avait l'air cosy et accueillant. Il me faisait penser à Pit's End, là où j'avais toujours vécu avant d'aller au château. C'était tout petit et ça cachait bien son jeu.

Je descendis un sentier rocailleux droit vers l'entrée du village. Je n'étais toujours pas sûre de moi mais j'avais besoin d'une arme et de directions. Je ne savais pas du tout où j'allais et je ne pouvais pas continuer à l'aveugle. Avec un peu de chance, quelqu'un aurait une carte à me fournir.

Les chaumières commençaient seulement à s'éveiller lorsque j'arrivai. Je descendis de cheval au niveau d'une petite taverne. Elle n'était pas encore ouverte mais il y avait un anneau où attacher mon cheval et un banc où m'asseoir pour grignoter ce que j'avais dans mon sac. J'avalai une pomme et un morceau de viande séchée. Ce n'était pas ce dont je raffolai. Ces lanières sèches et difficiles à mâcher n'avaient aucun goût si ce n'était celui du sel.

La porte à côté du banc s'ouvrit et je relevai la tête. Une femme sortit, ses épaules si larges qu'elle passait à peine dans l'entrée. Ses cheveux bleu ciel et vert pomme étaient retenus par une tresse qui coulait dans son dos, épaisse et emmêlée. Elle baissa des iris translucides vers moi, une expression étonnée sur le visage. Elle prononça quelques mots en ancien langage et je me contentai de la regarder. C'était suffisant pour lui faire comprendre que je ne parlais pas l'ancien langage. Un air de réalisation passa sur ses traits tirés et fatigués.

- Oh ! J'oublie toujours que vous, les jeunes, ne parlez que cette langue bizarre des humains.

- Il faudrait vraiment que je prenne le temps d'apprendre, répondis-je avec un sourire contrit.

- En effet. Mais entre donc au lieu de rester ici. Il fait encore frais. Je suppose que c'est ce que tu attends ?

Je hochai la tête alors qu'elle m'enjoignait à pénétrer dans sa taverne. Je m'assis à une table, gardant mon sac à côté de moi. Elle me ramena une assiette débordant de pâtisseries et une corbeille de fruits. Et elle s'assit en face de moi. Elle me parut encore plus massive. Sa lourde poitrine vint reposer sur la table. Elle ne pouvait même pas faire autrement que de laisser ses seins là.

- Qu'est-ce qui t'amène ici, seule ?

- J'étais avec des amis, mentis-je, la bouche à moitié pleine. Nous avons été séparés. Je n'arrive pas à les retrouver et je me suis un peu perdue. Je n'ai aucune idée d'où je suis.

- Tu es à...

Le nom du village m'échappa totalement. Ce qu'elle prononça ne ressemblait même pas à de l'ancien langage. C'était quelque chose d'autre. Peut-être quelque chose de purement Fae. J'ignorais si la Faerie avait sa langue propre, en dehors de l'ancien langage.

- Nous sommes à l'est de Ciaothlaun.

- Je ne connais pas. J'ai toujours vécu près des Cours. C'est la première fois que je m'en éloigne. Ici, tout est... différent. Et tout se ressemble. De l'herbe, des arbres... Encore et encore.

- Quelle était ta destination ?

- Si je me souviens de ce que m'a dit mon frère, c'est une ville au sud de Blue Lake.

J'étais heureuse de me souvenir de la traduction en ancien langage du Lac Bleu. J'aurais été incapable de dire d'où je tirais ça mais ça me rendit un peu plus crédible aux yeux de la tenancière. Elle m'offrit un sourire et vint poser sa main sur mon bras, le tapotant avec compassion.

- Tu es à l'opposé, ma petite. Blue Lake est au nord de la Faerie, ici, tu es tout au sud. Tu dois remonter.

- Vraiment ? J'ai autant dévié ?

Elle acquiesça de la tête, poussant le plateau de fruits vers moi. Je pris un fruit qui ressemblait à un abricot mais avait un goût entre celui de l'ananas et celui d'un pamplemousse. Ce n'était pas désagréable bien qu'assez étrange. Au bout du troisième, je trouvais même ça plutôt addictif.

- J'ai un marchand dans l'une des chambres. Je verrai avec lui s'il n'a pas une carte pour toi quand il sera réveillé.

- Ça serait vraiment gentil de votre part. Je n'aime vraiment pas devoir faire la route toute seule. J'aimerais retrouver mes amis au plus vite.

- Je ferais tout ce que je peux pour t'aider. Pour le moment, mange encore un peu. Je vais envoyer mon garçon d'écurie s'occuper de ton cheval. Lui aussi a besoin d'un peu de repos et d'attention.

Je la remerciai à nouveau avec un sourire. Je repris un fruit dans lequel je mordis à pleines dents. Elle sourit et s'éloigna, me laissant seule dans la salle. Je jetai un regard alentour. Je ne lui faisais pas entièrement confiance. C'était trop beau pour être vrai. Qu'elle m'accueille ainsi à bras ouverts, qu'elle m'offre un repas, de s'occuper de mon cheval... Il y avait anguille sous roche. Forcément.

S'il y avait une chose que Jon m'avait inculqué dès mon plus jeune âge qui s'était toujours avérée vraie, c'était que si quelque chose me paraissait trop beau, ça l'était. Si quelque chose me paraissait trop facile, trop bien goupillé, c'était que j'étais dans les ennuis jusqu'au cou. Et c'était exactement ce que je ressentais.

Je glissai quelques fruits dans mon sac, vidai mon verre d'eau et me levai. Je me dégageai discrètement du banc pour me glisser hors de la taverne, mon sac pendant contre ma jambe. Mon étalon n'était plus attaché à l'anneau sur la façade, aussi contournai-je le bâtiment pour me glisser dans les écuries qui se tenaient derrière. J'entendis un homme siffloter et la porte d'un box claquer.

Je retrouvai enfin mes marques. S'il me fallait me battre pour récupérer mon cheval, je ne serais pas aussi perdue que je l'étais pour la traque. J'avais beau être désarmée et dans un sale état, une écurie regorgeait d'armes aussi inattendues qu'utiles.

- C'est pour quoi ? m'apostropha le palefrenier, massacrant la langue nationale.

- Je voudrais récupérer mon cheval.

Il haussa un sourcil. Ses yeux gris passèrent par-dessus mon épaule et je me retins de me retourner. Je gardai mon air ouvert et naïf.

- Oh, tu pars déjà ?

La tenancière. Évidemment. Je n'étais même pas surprise. Mon instinct ne m'avait pas trompée. Elle avait planifié quelque chose, quoi que ce soit.

- Ce n'est pas poli de partir comme ça, dans le dos de tout le monde. Surtout sans payer.

Je me tournai vers elle, gardant mon dos en direction du mur. Ça ne serait pas si facile de me maîtriser. La tenancière arborait un sourire qui n'annonçait rien de bon et j'eus envie de rouler des yeux en soupirant.

- Mais je... Je n'ai pas d'argent, dis-je, feignant l'angoisse.

- Ce n'est pas grave, petite. On peut tout à fait s'arranger.

- C-Comment ?

- Il va falloir payer ta dette. Comme toutes mes filles.

Je compris tout de suite à quoi elle faisait référence. J'en avais seulement entendu parler et aperçu de loin les rares filles de joie qu'il était possible de trouver à Pit's End. À Phyre, il devait y en avoir beaucoup plus mais je n'avais pas eu à croiser leur route. Me retrouver face à la femme qui forçait ces jeunes filles, souvent sans familles, à se prostituer, me mit en rage. Comment pouvait-elle forcer des enfants à vendre leur corps pour empocher de l'argent ? Elle me dégoûtait profondément.

- Certains de mes clients t'adoreront, continua-t-elle en s'approchant de moi. C'est rare de trouver des Demi-Sangs. Il paraît qu'il n'y a rien de plus fougueux. Je sais déjà qui paiera le plus pour être le premier.

Le palefrenier se mit à rire de ce rire gras et pervers qui me fit me sentir encore plus sale. Je ne m'étais pas lavée depuis le jour où je m'étais retrouvé enfermée dans la grotte et ça se sentait mais là, c'était pire.

- Oh oui, il va l'adorer, gouailla-t-il.

- Attrape-la. Il va falloir un moment pour qu'elle soit présentable.

Le palefrenier tenta de me saisir le bras ; je l'esquivai avec une facilité qui le surprit. J'en profitai pour lui balancer mon sac au visage, l'envoyant valser dans la porte d'un box. Le cheval à l'intérieur hennit furieusement, frappant des sabots sur le sol à peine recouvert de paille. Je tournai sur moi-même pour éviter la main que la tenancière lançait vers moi. Ce qui sortit de sa bouche ne devait pas être un compliment.

J'utilisai mon sac pour faire reculer mes deux adversaires. Ils n'eurent pas d'autre choix que de faire quelques pas en arrière s'ils ne voulaient pas se prendre un coup en pleine face. J'utilisai cette occasion pour me rapprocher du box de mon cheval. Ils marchèrent dans mon plan comme deux idiots, se rapprochant de moi en formation. Je n'eus aucun mal à me jeter sur la tenancière pour la pousser sur le palefrenier. Tous deux tombèrent au sol. Du pied, je frappai le crâne de la femme qui alla claquer contre celui de son sous-fifre. Si lui perdit connaissance, elle gronda simplement de douleur quand son nez explosa.

Je ne lui donnai pas le temps de se relever. Je lui renvoyai un coup en pleine tête qui, cette fois, lui régla son compte. Je m'appuyai contre la porte du box avec un soupir. Je poussai les corps pour pouvoir ouvrir la porte et récupérer mon étalon. Cette fois, je fus plus rapide pour le harnacher. Je le sortis de l'étable et montai en selle.

Le village s'était réveillé et j'attirai les regards. Je n'y fis pas attention, guidant ma monture sur la route qui traversait le village. Les murmures couraient. J'avais beau ne pas comprendre le langage, je comprenais parfaitement les regards et le mouvement des corps. Ils savaient. Intimement, ils savaient que je n'étais pas leur amie, que je n'annonçais rien de bon.

La foule s'écarta pour laisser passer trois hommes massifs armés d'épées massives et grossières. Je n'avais pas besoin de regarder derrière moi pour savoir qu'il y en avait d'autres. Ils comptaient me bloquer toutes les issues, me prendre en tenaille pour que je n'ai aucune chance de leur échapper.

Ils ne me connaissaient vraiment pas.

Je serrai les cuisses, retenant mon cheval sur place. Il piaffait et s'impatientait. Son énergie nerveuse était à mon avantage. Dès que je le laisserai faire, il foncerait comme une flèche et rien ni personne ne pourrait l'arrêter. Pas même les trois Faes armés.

La tenancière débarqua en titubant, le nez dégoulinant de sang. Elle se mit à crier en me pointant du doigt et les gardes hochèrent la tête en dégainant. Ils n'étaient pas encore assez près. Que ce soit devant ou derrière, il leur fallait parcourir encore quelques mètres avant que je puisse relâcher toute la puissance de mon étalon. Mais la foule se resserrait, tentait de me piéger. Si je ne réagissais pas, j'allais être prise et je ne pourrais pas fuir comme prévu.

Je donnai un grand coup de talon dans les flancs de mon cheval qui hennit et s'élança, soulevant de la poussière. Les paysans les plus proches de moi reculèrent en se protégeant les yeux. Je le laissai foncer droit sur les trois Faes qui attendaient. Ils pensaient certainement que j'allais m'arrêter. Au lieu de ça, mon étalon sauta par-dessus eux, les forçant à se baisser s'ils ne voulaient pas se prendre ses sabots en pleine face.

L'étalon atterrit derrière eux et détala à toute vitesse. Je m'agrippai à ses rênes, les cuisses serrées pour ne pas glisser tant il allait vite. Jamais je n'avais eu une monture aussi rapide. J'arrivais à peine à respirer, l'air chassé de mes poumons par la vitesse.

J'étais libre, j'avais des provisions. Mais je n'avais toujours pas d'armes ni de carte. Je n'étais même pas certaine de pouvoir faire confiance à ce que m'avait dit la tenancière. Étais-je vraiment tout au sud de la Faerie ? Le mieux que je pouvais faire, c'était d'aller vers le nord. Même si elle m'avait menti, je finirais par trouver le Royaume des Tempêtes. Ils étaient peut-être en guerre avec le Grand Royaume mais ça serait toujours plus sûr pour moi que la Faerie.

Je laissai mon cheval galoper jusqu'à ce qu'il s'épuise. Seulement alors je tentai de discerner où était le nord. Ce n'était pas quelque chose que Jon m'avait appris. Je n'en avais pas besoin. Il m'avait appris et montré le chemin pour aller jusqu'à Phyre et ça avait été amplement suffisant pour lui. Il ne m'avait élevée que pour assassiner Quinten Madsen, pas pour réussir à me débrouiller par moi-même en pleine nature.

Sachant que le soleil se levait à l'est et se couchait à l'ouest, je pouvais à peu près me diriger. Il n'était pas encore à son zénith donc si je le gardais à ma droite, je devrais aller quelque part vers le nord. Jusqu'à ce qu'il passe son zénith. Il me faudrait alors faire une pause jusqu'à ce qu'il commence à descendre à l'ouest pour que je puisse le garder à ma gauche. Ça serait très approximatif mais ce n'était pas comme si je pouvais faire mieux.

J'orientai mon cheval vers un nord qui n'en était peut-être pas un et je le lançai au trot. Je n'avais plus de temps à perdre.


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