Kléa était plus qu'agacée d'avoir du se confier à Avan. Enfin, ce n'était pas vraiment une confession de la plus haute importance mais quand même, elle n'appréciait pas qu'il connaisse ses faiblesses et Cameron en faisait parti. Si elle avait parlé, c'est seulement parce qu'il lui avait dit qu'il la laisserait tranquille. Suite à la réponse qu'Avan venait de lui fournir, elle ne savait plus vraiment si elle avait envie qu'il s'en aille. Elle avait la sensation qu'il ne mentait pas et puis, pourquoi l'aurait-il fait ? Kléa était méfiante à son égard. Elle ignorait si ça pourrait s'améliorer un jour mais elle pouvait peut-être lui laisser une chance. Le matin même, il avait eu l'air si surpris de voir qu'elle connaissait Cameron... Il n'avait peut-être rien à voir avec tout ça. Il fallait qu'elle arrête un peu avec sa théorie du complot. Tout le monde n'était pas là pour lui pourrir la vie. Oui, elle devait se protéger, mais il y avait une limite et elle l'avait clairement dépassée avec Avan. Elle soupira et fit une petite moue boudeuse.
- D'accord... Ramène moi chez toi.
Elle se mordilla l'intérieur de la lèvre pour ne pas éclater de rire face à l'air surpris d'Avan. Elle devait avoir l'air d'une vraie girouette. Elle lui disait de partir, et l'instant d'après, elle lui ordonnait de se faire ramener chez lui. D'ordinaire, elle n'était pas aussi chiante. Cependant, Avan lui avait fait changé d'avis grâce à sa réponse. Ça l'avait rassuré de savoir qu'il n'était en rien mêlé aux âneries de Cameron. Il avait raison, elle s'amusait avec lui et elle n'était pas encore prête à renoncer à cela alors qu'ils venaient juste de faire connaissance. Il avait su trouver les mots pour l'apaiser. Elle avait envie d'être seule et en même, elle ne pensait pas que cela soit une bonne idée. Elle ne voulait pas repenser à l'histoire avec son ex meilleur ami, et elle savait qu'Avan pouvait la divertir, la faire penser à autre chose et la faire rire. C'était fascinant. Elle ne l'appréciait pas et pourtant, il était le seul homme qui était parvenu à s'approcher suffisamment d'elle pour la comprendre. Ça lui faisait peur et en même temps, elle était contente de l'avoir rencontré. Ils ne passeraient pas toute leur vie ensemble et Kléa finirait par se lasser de lui et tirer une croix sur lui très rapidement, mais ils pouvaient faire un bout de chemin ensemble. Ça ne serait pas une relation amoureuse, ni même une relation amicale, mais juste un compromis entre deux êtres que l'ennui rapprochait.
Avan ne lui posa pas de question sur ce brusque revirement. Kléa lui en était reconnaissante. Elle n'aurait pas pu lui fournir de réponse de toute manière. Il paraissait comprendre plus ou moins l'état dans lequel elle se trouvait. Il lui tendit une main qu'elle prit sans rechigner et il se mit à avancer en direction de chez lui. Kléa repensa à ses paroles et quelque chose lui vint à l'esprit. Elle se tourna brusquement vers lui.
- Est-ce que tu viens de dire que tu ne voulais pas me faire souffrir ? l'interrogea-t-elle.
- Euh... Oui... C'est ce que j'ai dit... bafouilla-t-il gêné.
Elle ne savait pas si elle devait rire ou s'enfuir en courant. Est-ce qu'il pensait qu'ils étaient amis ? Non, parce que ce n'était absolument pas le cas. Kléa le supprimerait de sa vie à l'instant où elle n'aurait plus besoin de lui, sans aucun remord. Elle n'aurait aucun scrupule à le faire souffrir, elle s'en foutait de lui en fait. Il n'était qu'un jeu. Alors, c'était adorable qu'il envisage les choses sous cet angle, mais c'était aussi vraiment stupide de sa part. Enfin, c'était un grand garçon, il pouvait se protéger des méchantes filles comme elle tout seul. De plus, elle l'avait déjà mis au courant de sa conception de la vie, elle estimait donc qu'il devait savoir à quoi s'en tenir. Elle décida de ne rien répondre, car sa réponse ne serait certainement pas très agréable à entendre. Elle se contenta de suivre Avan, silencieuse et perdue dans ses pensées.
Lorsqu'ils arrivèrent devant chez Avan, Kléa ne fut plus tout à fait sûre que venir était une bonne idée. Elle changeait rapidement d'avis surtout parce qu'elle se lassait vite. La chose dont elle avait besoin pour l'instant était de solitude. Après la journée qu'elle avait eu... Elle voulait profiter de quelques jours seule pour pouvoir réfléchir mais en même temps... Être avec Avan n'était pas une si mauvaise chose. Elle jeta un coup d'œil à Avan et soupira. Peut-être qu'elle avait eu tort, peut-être que non. Elle avait autant besoin de solitude que de divertissement et Avan lui apportait les deux. Il ne s'immisçait pas, ou pas souvent, dans sa vie privée. Il ne lui posait pas de question sur elle, ce qu'elle appréciait. Il respectait son désir d'être seule et lui laissait tout l'espace qu'elle voulait. En tout cas, elle était maintenant ici, il était tard et elle avait la flemme de repartir chez elle. Ça faisait une bonne trotte entre leur deux demeures. Elle entra chez Avan sans lui demander son avis. Elle agissait comme s'il s'agissait de sa propre maison, sans se soucier de l'avis de son réel propriétaire. Elle se tourna vers Avan dès qu'il la rejoignit.
- Est-ce que je pourrais prendre une douche ? demanda-t-elle.
- Bien sûr, accepta-t-il en haussant un sourcil, surpris. Mais à une seule condition.
Kléa fit une petite moue amusée, se demandant ce qu'il lui passait par la tête. Connaissant l'homme, sa « condition » allait être inhabituelle. Elle pencha la tête sur le coté et l'encouragea à poursuivre.
- Je t'accompagne... ?
Bien que sa réponse se veuille affirmative, elle sonnait plus comme une question. Kléa était étonnée de cette soudaine requête. Avan faisait quelquefois des sous-entendus, et il la taquinait mais jamais il n'avait manifesté le désir de la côtoyer... Plus en profondeur. Ou alors, elle n'y avait pas fait attention, ce qui était très probable. Elle fixa Avan pendant de longues minutes. L'homme finit par se mettre à se balancer d'un pied sur l'autre, attendant sa réponse avec un air gêné. Kléa esquissa un sourire. Décidément, il était bien mal à l'aise ce soir, en sa présence. Elle trouvait ça divertissant, et elle aimait bien l'embêter. Le voir perdre sa confiance en soi était quelque chose de réjouissant. Elle ne savait pas trop quoi penser de la demande d'Avan. Ça lui paraissait bizarre mais elle n'était pas du genre à se prendre la tête, elle se fichait pas mal du pourquoi. Et puis, l'idée de prendre une douche avec lui était assez alléchante. Bel homme comme il était, il méritait d'être vu nu.
- Si tu veux, dit-elle en montant à l'étage.
Elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'il la suivait. Elle ne se posa pas plus de questions sur les intentions d'Avan et puis de toute façon, comme leur accord le certifiait, il pouvait faire ce qu'il voulait d'elle la nuit. Donc prendre une douche avec elle était dans son droit. Elle se rappela avoir dit un peu plus tôt qu'elle voulait rompre cet accord. Ce n'était pas vrai. Ce pseudo pacte lui convenait parfaitement. Ce que Avan devait savoir, malin comme il était. Sachant où se situait la salle de bain, Kléa s'y engouffra, Avan à sa suite. Elle se retourna face à lui et vit qu'il fermait la porte. Il voulait l'accompagner et prendre une douche avec elle ? Très bien. Kléa était d'humeur joueuse, ça tombait bien.
Elle retira son tee shirt, faisant face à Avan. En aucun cas Kléa était une femme pudique. Elle n'était pas exhibitionniste mais elle ne répugnait pas à se montrer nue. C'était normal. Tous les humains étaient pareils et au final, la nudité était quelque chose qu'ils partageaient tous. Elle continua à se dévêtir, se débarrassant de son jean. Avan restait contre la porte, complètement figé. Son regard sur elle ne la dérangeait pas, c'était elle qui le cherchait. Il se semblait pas gêné, ( pour une fois ) mais n'avait pas l'air très à l'aise non plus. Kléa sourit et s'approcha de lui.
- Ne fais pas cette tête... Je suis si repoussante que ça ?
- Non ce n'est pas ça... Tu es loin d'être repoussante, murmura-t-il en baissant le regard sur elle.
Il sourit à son tour lorsqu'il comprit qu'elle se payait sa tête. Kléa rit et tira sur le tee shirt d'Avan pour qu'il le retire. Voyant qu'il ne réagissait pas, elle se recula.
- Attention, cette offre va expirer d'ici une minute, lança-t-elle.
La jeune femme enleva son soutien-gorge en dentelle noire et lui lança au visage en un geste de provocation. Elle se débarrassa du dernier vêtement qui lui restait, gardant simplement son pendentif en forme de pivoine autour du cou et se plaça dans la douche. Elle alluma l'eau, régla la température puis se plaça sous le jet.