08/08/23
Jules – Ça veut dire quoi ce qu'ils chantent ?
Maxine – Je parle italien aussi bien que toi... J'en ai aucune idée.
Un groupe de mecs habillés tout en noirs chantent dans le rond central du stade de Monza. J'ai embarqué mes quatre neveux pour le premier match officiel de Chris sous les couleurs du Milan. La finale de la première édition du trophée Silvio Berlusconi. Chris est titulaire et meurt d'envie de monter de quoi il est capable, avec une petite pression supplémentaire, ce soir, il ne joue pas que pour moi.
Jules – Et ça, ça veut dire quoi ?
Je tape la phrase écrite sur la banderole présentée par les enfants de Milan sur le terrain pour en avoir la traduction.
Maxine – Ça veut dire : deux équipes, un président, pour toujours dans le cœur.
Ambre – Il est mort ?
Maxine – On ne va pas se lancer dans un cours d'histoire maintenant, regarde. Ils arrivent !
Chris trépigne. Je le vois secouer ses jambes et faire des petits sauts comme si elles le démangeaient. Il a hâte. Il me l'a répété toute la matinée, il veut prouver ce qu'il vaut. Et je sais qu'il en ait capable.
Le coup d'envoi est donné et mes 4 petits accompagnateurs tentent de contenir leur excitation comme ils le peuvent. C'est le premier match de Chris en tant que Rossoneri, mais pour eux, c'est leur premier vrai match de football en tribune.
A la minute de jeu un long ballon de Ruben en direction de Chris, mais malgré sa vitesse mon américain est trop court pour reprendre ce ballon. Et moins d'une minute plus tard il a de nouveau le ballon dans les pieds, il dribble, et prend de vitesse le défenseur, mais ça ne passe par pour ce premier essai.
Ambre – Je peux te dire un secret ?
Maxine – Dis moi...
Je chuchote dans sa direction pour l'imiter, elle tortille timidement ses mains entre ses cuisses en regardant le terrain, puis pointe tonton Chris du doigt.
Ambre – Tonton il m'a promis de mettre un but.
Maxine – Il a dit ça ?
Du bout de son index, elle touche mon front, puis mon menton et finit par mon nez. Et automatiquement mon cœur se serre et les larmes me montent.
Maxine – Chris a juré comme ça ?
Ambre – C'est moi qui lui ai appris.
Elle a appris à Chris à jurer comme mon père... Quand il nous faisait des promesses importantes, il embrassait toujours notre front, puis notre menton et finissait par notre nez.
Neuf minutes de jeu, Chris a le ballon mais ne se précipite pas, il prend le temps de s'appliquer sur son centre. La retournée acrobatique de Giroud n'est pas assez précise pour marquer mais permet à mon numéro onze de récupérer le ballon et finalement d'obtenir la faute à quelques mètres de la surface.
La première grosse frayeur pour les joueurs de Monce intervient à la onzième minutes de jeu, sur un boulet de canon de Leao, tout juste détourné par le gardien.
Mike Maignan doit intervenir en trois fois au quart d'heure de jeu pour arrêter trois grosses frappes, chacune de ces frappes semblent couper la respiration du stade entier. Monziens et Milanais serrent les dents.
Juste avant la pause fraicheur, Chris sprinte, feinte et sèche le défenseur qui se jette au sol pour rien puis centre. Mais Giroud est une nouvelle fois trop court. Et l'arbitre siffle la pause...
Ambre – Tonton est vraiment le meilleur. Pas vrai ?
Maxine – Évidemment.
Objectivement non, Chris joue bien, mais c'est Ruben qui est en vue ce soir. L'anglais réussi absolument tout ce qu'il entreprend.
Le match a à peine repris que Chris est fauché par un défenseur dans la surface de réparation juste après une nouvelle passe de Giroud. Sans appel, l'arbitre siffle et tend le bras en désignant le point de pénalty.
Mon américain reste au sol alors que Théo Hernandez et Giroud lui tapent le dos et lui frottent la tête. On est assez loin du terrain, mais je jurerais que Chris sourit. Et je comprends pourquoi quand il se relève, c'est lui qui s'avance pour tirer le pénalty qu'il vient d'obtenir. C'est la politique des français à Milan, celui qui obtient le pénalty se charge de le transformer ? Ou alors c'est une idée d'un français... Je sais qu'Olivier Giroud tient à ce que Chris regagne la confiance qu'il avait en signant à Chelsea et qu'il a perdu au fil des années. Alors il veut faire en sorte que Chris brille.
Mon petit-ami ne fait pas de chichis, pas de longues inspirations en regardant le but puis le ballon, pas de feinte. Trois pas et il frappe, mais le ballon est repoussé par le gardien adverse.
Jules – Non !
Mais Chris fait sauter de joie tout le stade, repoussé une fois peut-être, mais pas la seconde fois. Et le ballon entre dans le but. Mon petit américain n'a pas le temps de sauter de joie, il est rapidement entouré par ses nouveaux coéquipiers... Ce sourire... Le même qu'à la CONCACAF... Chris est fier et heureux, et c'est la plus belle vue du monde.
Les quatre mini-supporters qui m'accompagnent ce soir sautent partout eux aussi, sur eux même ou debout sur leur siège. Tonton Chris est encore une fois le meilleur à leur yeux ce soir.
Ambre – Il avait promis...
Dit-elle en s'accrochant à mon cou quand on se rassoit à nos places.
Maxine – Chris tient toujours ses promesses.
A la demi-heure de jeu, Milan mène un-zéro grâce à Chris. La reprise de confiance en soi commence parfaitement bien... En seulement cinq matchs, Chris a déjà inscrit un but et délivré trois passes décisives.
Reste calme, reste calme... C'est tout ce que j'arrive à me dire tout au long de la première mi-temps, un arbitre très laxiste, et une équipe adverse qui aime commettre des fautes. Les joueurs ne se gênent pas pour tacler comme des bouchers, pour tirer les maillots, et même carrément sauter sur le dos. Cela fait deux fois que Chris est propulsé au sol et que l'arbitre ne siffle pas, je ne sais pas ce qui lui faut de plus.
Ambre – On peut aller le voir ?
Elle demande quand la mi-temps est sifflée et que tous les joueurs s'avancent vers le tunnel.
Maxine – Non chérie... C'est que les joueurs.
Ambre – Après il revient ?
Maxine – Oui, il va juste aller boire un coup et changer de maillot et il revient.
La mi-temps reprend et pour le moment il est en faveur des rouges. D'abord une faute, qui force Chris et Leao à se mettre dans le mur pour le coup franc. Coup franc dévié en corner et cette fois c'est Chris qui dégage loin devant après un contrôle de la poitrine. Les deux premières minutes sont étouffantes pour les supporters des Rossonneri.
Les coéquipiers de mon petit-ami reprennent rapidement le dessus. Ils combinent, ils essayent, un coup à gauche, un coup à droite. Leao pour Chris, Chris pour Giroud, Giroud pour Ruben... mais cela ne leur réussi pas pour l'instant.
Avant l'heure de jeu, j'ai un constat à faire, dont il faudra que je parle à Chris. C'est qu'il est au moins le seul à se relever tout de suite et à ne pas chercher le pénalty à la moindre occasion.
Jules – Oh oh...
Oh oh... Je n'aurais pas mieux dit, une faute non sifflée sur Théo, une seconde sur Leao, et les esprits s'échauffent. Je souris timidement, un sourire un peu moqueur je le reconnais, quand Chris s'approche pour écarter tout le monde. Il doit être le seul à ne rien comprendre de ce qui se dit, et cela me fait rire.
Il ne se passe pas grand chose jusqu'à la pause fraîcheur de la seconde mi-temps à la soixante-dixième. Mais à la reprise une belle action collective fait se lever le stade. Théo pour Ruben, qui centre pour Leao, qui la remet à Giroud, qui la remet à Chris, qui la redonne au français. D'une fluidité impressionnante, mais avec un peu trop de collectif. Ils avaient tous l'occasion de tirer au but mais ont préféré passer à leur coéquipier... Et au final cela ne donne rien.
Chris sort 10 minutes avant la fin du temps réglementaire, accompagné de Théo et Leao. Et je crois qu'une de mes minis n'a pas encore compris les règles du football, ou plutôt n'en a rien à faire.
Ambre – On y va ? C'est bon ?
Maxine – Non il reste encore dix grosses minutes...
Ambre – Mais...
Mais tonton Chris ne joue plus. Et c'est bien la preuve qu'elle admire Chris plus que moi, elle n'a voulu venir au match que pour lui, pas pour le jeu.
Le match se termine à un but partout et je crois que la déception s'empare d'un peu tout le monde...
Ambre – Tonton n'a pas gagné...
Maxine – Il va y avoir les tirs au but... L'équipe a encore une chance.
Tous les joueurs s'alignent sur la ligne médiane alors que les gardiens prennent place dans la surface de réparation. Reijnders, Okafor, Tomori, Ruben, Colombo, Thiaw... Chacun leur tour, tous les joueurs milanais et monziens réussissent leur pénaly. Jusqu'au sixième joueur de Monce... Il s'avance, tir, et la balle rebondie sur la transversale.
Chris a gagné. Son premier trophée. Unique buteur de son équipe, joueur en vue ce soir... Il a réussi.
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09/08/23
Je descends dans le salon en plein milieu de la nuit, Chris devait rentrer pourtant il n'est pas dans le lit... Et comme la télévision est allumée au rez-de-chaussée, je suppose qu'il s'est endormi sur le canapé.
Christian – Chut...
Maxine – Comment tu sais que c'est moi ?
Il pointe du doigt la fenêtre à coté de la télévision dans laquelle il y a mon reflet. Je glisse une main dans ses cheveux quand il balance la tête en arrière pour me voir arriver.
Maxine – Qu'est-ce que tu
Je comprends pourquoi il n'est pas monté se coucher. Il a dû s'installer sur le canapé, allonger ses jambes et mettre ses bottes de récupération... Et être rejoint par sa plus grande fan, qui a fini par s'endormir sur lui...
Maxine – Tu ne me laisses jamais dormir comme ça !
Chris rigole et me tire vers lui pour m'embrasser.
Maxine – Félicitations mon amour... T'as été génial ce soir.
Christian – Vraiment ?
Maxine – Extraordinaire.
Christian – J'ai raté mon pénalty.
Maxine – Mais tu as marqué dix secondes plus tard. C'était toi l'homme de ce match... Je peux la voir cette médaille ?
Il pointe du doigt ma nièce endormie contre son torse et je me penche au dessus de lui pour la regarder. Ambre porte déjà la médaille autour de son cou.
J'enjambe le canapé pour m'asseoir à côté de lui et reposer ma tête contre son épaule.
Maxine – Tu lui avais promis de marquer.
Christian – Il paraît que pour être un tonton cool il faut tenir ses promesses.
Chris caresse mon dos du bout des doigts et me réclame un baiser.
Cette vue me procure une drôle de sensation... La même que quand je vois Avery dans les bras de Chris... Ma nièce endormie dans ses bras, une médaille autour du cou... Je veux cette vie... Jamais je n'aurais cru vouloir ça il y a encore un an en arrière. Je voulais juste quitter ma vie, vivre mon rêve d'habiter en Angleterre, profiter de ma vie. Et rencontrer ce petit américain m'a fait faire un virage à 180 degrés... A présent je vis en Italie, à attendre que mon petit-ami rentre de ses entraînements de football, et pourtant... Cette vie est un rêve.
Christian – Tu veux bien m'enlever mes bottes que j'aille la mettre au lit ?
Je m'exécute sans discuter, ouvre la fermeture de chacune de ses bottes de récupération pour qu'il puisse en sortir. Et Chris se relève, toujours en tenant la petite fille dans ses bras.
Christian – Je reviens...
Maxine – Je range ça, et quand tu redescends il faut qu'on parle d'un truc.
Christian – Tu vas me taper avec des coussins ?
Maxine – Non ! Pas du tout !
Un baiser sur sa joue et une tape sur ses fesses puis il s'éloigne en direction des escaliers avec Ambre. Le temps pour moi de ranger ses bottes dans le coffre sous la télévision et de replier le plaid avec lequel il s'était recouvert lui et ma nièce, que Chris revient vers moi. Un pistolet Nerf dans les mains.
Christian – Si tu me frappes, je te descends.
Maxine – Fais moi un bébé.
Christian – Quoi ?
Maxine – Quoi ?
Je couvre ma bouche avec ma main alors que Chris fait les gros yeux. Il voulait me taquiner, ma demande à quitter ma bouche sans transition. Et ce n'était pas exactement de cette façon que je voulais lui dire.
Christian – Qu'est-ce que tu viens de dire ?
Maxine – Je-je ne sais pas.
Christian – Tu viens de me demander de te faire un bébé. Un vrai, ou juste un entraînement comme on fait depuis presqu'un an ?
Maxine – Ça dépend de ce que tu en penses...
Chris grimace de manière rigolote. Ouvre grand les yeux et la bouche en posant son regard partout entre nous.
Christian – Je vais me faire sauter la cervelle avec ce flingue en plastique.
Il lève les bras en l'air en disant cela et finalement se gratte la tête avec son jouet.
Christian – Je vais te dire, je ne peux pas croire que tu me demandes ça comme ça. Il est trois heures du matin, il y a un documentaire sur la migration de gnous à la télévision, et tu n'as même pas de pantalon.
Maxine – Pourquoi ? Il faut une ambiance particulière pour parler de ça ?
Christian – J'en sais rien, mais certainement pas comme ça !
Maxine – Mais pourquoi ?
Christian – Parce que. Parce qu'il se pourrait bien que je dise oui.
Quoi ?
On se toise, Chris son pistolet en plastique le long du bras, moi les mains sur la taille. Qui va craquer le premier ?
Christian – Un bébé ?
Maxine – Arrête d'avoir l'air si terrifié.
Christian – Évidemment que je suis terrifié Maxine.
Maxine... Je ne peux pas croire qu'on ait cette conversation comme ça. En plein milieu de la nuit, Chris en tenue du club, moi avec seulement un haut de pyjama. J'imaginais cette conversation d'une autre manière, mais finalement, elle nous ressemble bien.
Chris prend une profonde inspiration avant de me tirer dans l'épaule avec une munition en mousse.
Maxine – Eh !
Christian – D'accord.
Maxine – D'accord quoi ?
Christian – Faisons un bébé.
Maxine – Un vrai ?
Christian – Un vrai.
Maxine – Très bien.
Christian – Parfait.
On continue de se regarder, d'un bout à l'autre du salon, les yeux grands écarquillés. Comme si la situation n'était pas réelle.
Maxine – On va faire un bébé. Très bien.
Christian – Cette nuit ?
Maxine – Cela peut attendre demain non ?
Christian – Oui, je crois-je crois qu'on a encore besoin de s'entraîner pour ce soir.
Maxine – Je suis d'accord !
Christian – Baisse ta culotte.
Maxine – Chris !
Et je reçois une nouvelle munition, dans le ventre cette fois.