19/04/23
Maxine – Chris... Debout...
Je chuchote en laissant une traîne de baisers sur son bras. Il est 6h30, il va faire une syncope si je le réveille avec un peu trop d'enthousiasme. Mon américain râle avant de s'étirer et d'afficher un petit sourire.
Christian – Quelle heure il est ?
Maxine – Très tôt...
Christian – Tu veux me tuer, pas vrai ?
Maxine – Non pas du tout...
Peut-être a-t-il envie de rester tranquille aujourd'hui. Après tout c'est une journée off pour lui, il veut peut-être en profiter pour se reposer... Ou faire des trucs qu'il n'a pas eu le temps de faire jusqu'ici... Pas passer sa journée à explorer l'Angleterre en bus avec moi.
Maxine – Si-si tu préfères te reposer... On peut rester ici...
Je dis faiblement. Mais Chris ouvre grand les yeux et secoue la tête.
Christian – Non, tes surprises sont toujours géniales, j'ai envie de voir ce que tu as préparé !
Et il embrasse mon épaule avant de me demander à quelle heure on devait partir.
Maxine – On doit être à Londres à 8h30, aller Chris !
Je tape sur ses fesses en sortant du lit et cela le fait rire.
Chris me rejoint rapidement dans la salle de bain et on se prépare en musique. Chris lance une playlist sur son téléphone et se déhanche devant moi alors qu'on se lave les dents. Quel petit-ami extraordinaire. Sur ses jours off, Chris semble vraiment laisser Chelsea de côté, au début de notre relation il continuait à parler football, à penser football... A présent il laisse ça de côté, pour se concentrer uniquement sur nous. Chris n'était pas très drôle non plus au début de notre relation, il n'osait pas faire de blagues et se comportait toujours de façon très sérieuse, ce n'est plus le cas maintenant.
Christian – Qu'est-ce que je dois porter au juste ?
Maxine – Des trucs confortables !
Christian – Elle va me faire faire plus de kilomètres que sur un terrain de foot cette folle.
Maxine – Je t'ai entendu !
Je réponds à Chris en riant depuis la salle de bain alors qu'il est dans le dressing. On va peut-être faire beaucoup de kilomètres aujourd'hui, il a raison. Il y a de fortes chances qu'il me déteste à la fin de cette journée.
Christian – Ça ira comme ça ? Ou je dois faire un effort ?
Un jogging noir, un tee-shirt blanc et un sweat noir... Je suppose que pour une « sortie pédagogique » c'est amplement suffisant.
Maxine – Bien sûr que ça va... Et j'adore ce jogging.
Christian – Ah oui ?
Il grimace un peu avant de baisser la tête pour se regarder. Je chuchote à son oreille que j'aime vraiment ce jogging avant de lui pincer la fesse et de me diriger à mon tour vers le dressing. Je regarde chaque étagère à la recherche d'une tenue qui pourrait convenir pour cette expédition, je n'ai clairement pas la foi de me sentir étriquer dans un jeans ou un chemisier toute la journée. On va opté pour un legging noir et un sweat-shirt blanc, ça fera l'affaire.
Maxine – Je te plais comme ça ?
Chris grimace, assis sur le lit alors que je place une casquette sur ma tête.
Maxine – Quoi ?
Christian – Je te préfère toute nue.
Maxine – T'es lourd...
Je souffle en basculant la tête en arrière et cela fait rire mon footballeur qui se précipite pour me prendre dans ses bras. Il couvre mon cou de baisers tandis que je me tortille entre ses bras pour lui échapper. Même ça, ça a changé, Chris n'était pas aussi passionné et fougueux au début.
Christian – Allons-y. Ma prof n'aime pas quand je suis en retard.
Dit-il en déposant un baiser sur mes lèvres.
_____
Christian – Premier arrêt Oxford donc...
Chris murmure en descendant du bus derrière moi.
Maxine – Oxford...
Est-ce que ça lui plait ?
Christian – Cool !
La façon dont il sourit... Ça lui plaît.
Christian – On commence par quoi ?
Maxine – L'université... C'est la meilleure du pays, une des meilleurs du monde... Nos enfants étudieront ici.
Christian – Pour ça il va falloir que ces gosses héritent de ton intelligence.
Chris fait les gros yeux alors que je rigole, il est intelligent, il doute juste de cela. Pour lui, le fait que j'ai fait des études me rend plus intelligente que lui, mais ce n'est pas le cas.
Chris se fascine devant l'architecture de la ville, ses grands jardins, ses immenses clochers... Tandis que je me fascine de lui. C'est une sortie différente de celles qu'on a l'habitude de faire, mais il adore.
Christian – Putain...
Souffle-t-il en français quand nous arrivons devant l'université, je me pince les lèvres pour ne pas lui faire remarquer qu'il ne retient vraiment que les gros mots que je lui apprends. On croirait se trouver devant Poudlard, en fan d'Harry Potter qu'il est, j'étais sûre que ça lui plairait.
Christian – Ok... On fera de nos enfants des intellos, juste pour ça.
Je souris contre son épaule en regardant le bâtiment.
Maxine – Allons voir la bibliothèque, c'est exactement la même que dans les films.
Chris saisit ma main dans la sienne et dépose un chaste baiser sur mes lèvres avant d'avancer doucement en direction du Christ Church College.
Maxine – Tu te rends compte que ça a été fondé au seizième siècle.
Christian – Ca fait beaucoup ?
Maxine – Cette école a plus de 400 ans...
Christian – Comment tu crois qu'ils ont fabriqué ça avec les moyens de l'époque ? Je veux dire il n'y avait pas de grue, ni rien... Regardes la taille des pierres !
Une vraie sortie pédagogique... Chris s'approche des panneaux pour lire les informations, il me répète les points qu'il trouve intéressants et les pointes parfois même du doigt sur les affiches. On peut même lire la stupéfaction dans ses yeux quand on entre dans la bibliothèque. C'est gigantesque.
Christian – Qu'est-ce que ça veut dire « Bodléienne » ?
Maxine – Eum, je crois que c'est du fondateur de la bibliothèque. C'était un collectionneur de livre, il était bibliothécaire à l'université, ou un truc du genre.
Je me souviens d'avoir eu un cours à ce sujet lors de mes études, mais je ne me souviens plus exactement des détails.
Christian – Ah oui, là, regarde. Thomas Bodley. Il était bibliothécaire au Merton College.
J'y étais presque. Chris pointe du doigt une affiche.
Christian – Douze millions de livres sur l'ensemble des sites. Ça a été fondé en 1602.
Chris hausse les épaules et grimace.
Christian – En vrai... 12 millions de livres, sur 400 ans... Ca fait à peine quoi... 300 et quelques livres par ans... Pas si impressionnant que ça.
Douze millions... Divisé par quatre cent... Trois cents et quelques... Nos enfants ne finiront pas à Oxford... Je me pince les lèvres pour ne pas rire, mais ma réaction le fait rire.
Christian – Quoi ? C'est faux ?
Maxine – Bien sûr que c'est faux, il manque au moins deux zéros à ton calcul !
Christian – Je suis sûr que non.
Il sort son téléphone de la poche de son jeans et tape sur sa calculatrice, il a l'air tellement sûr de lui.
Christian – 12 millions, divisé par 1602 date de fondation. Ah si... 7 490.
Maxine – Mais tu le fais exprès ou quoi ? Ce n'est pas du tout ça. C'est 12 millions divisé par le nombre d'année que la collection existe. Donc...
Je me tais un instant le temps de faire le calcul dans ma tête... T'es une littéraire Max, pas une matheuse.
Maxine – 421. Fais, 12 millions, divisé par 421.
Chris s'exécute et me montre son téléphone... Qu'est-ce que je disais ? 28 500 livres par an.
Christian – Une école publique... Pour nos enfants... Ça sera bien aussi non.
J'adore la façon dont il rigole ensuite. J'embrasse sa gorge quand Chris me serre dans ses bras en se tournant vers l'immense bibliothèque.
Christian – Est-ce qu'on peut dire qu'on est complémentaire ? Je suis les muscles, toi le cerveau.
C'est un bon deal.
Nous parcourons la bibliothèque dans le silence, comme le veut le règlement. Chris marche parfois devant moi, se tourne vers moi en faisant les gros yeux quand il trouve des livres à connotation sexuelles et parfois je marche devant lui. Des millions de livres... Je pourrais vivre ici sans problème.
_____
Christian – Deuxième arrêt... On est où exactement ?
Chris pose la question alors que j'avance vers lui sur le trottoir en descendant de l'autocar.
Maxine – La deuxième meilleure université du pays...
Christian – Nos gosses ont une chance d'être admis dans celle-ci ?
Maxine – Avec un père qui ne savait pas il y a encore une heure que l'Irlande et l'Irlande du Nord n'étaient pas le même pays... Il y a peu de chance.
Je dis en faisant les gros yeux pour le taquiner et ça fonctionne, Chris ferme les yeux alors qu'il se met à rire.
Maxine – On est à Cambridge... J'aurais adoré étudier ici...
Christian – Pourquoi tu ne l'as pas fait ?
Maxine – C'est comme Oxford... Hyper sélecte... Et-et ma mère a toujours pensé que je n'avais pas la tête pour les études... Ça l'a toujours un peu dérangé que je sois meilleure que mes sœurs sur certains points. C'est mon père qui me disait toujours « tu vas y arriver, vas-y fais-le ! »
Christian – Chaque jour j'aime ta mère un peu plus.
Je sais qu'il dit cela ironiquement pour me faire rire, mais ça ne fonctionne pas cette fois. Les décisions de ma mère quant à ma vie, m'ont mené jusqu'ici. Je ne peux plus lui en vouloir de s'être comporté de telle ou telle façon avec moi, je n'aurais pas rencontré Chris si j'avais été une gentille petite fille docile.
Le visage de Chris est le même qu'à Oxford quand nous arrivons devant l'université de Cambridge, cette fois c'est une réplique exacte de Poudlard.
Christian – McKennie aurait adoré ça.
Tu m'étonnes, c'est magnifique, même sous le ciel gris d'Angleterre.
Chris me questionne du regard quand je sors mon portable de la poche de mon sweat-shirt en riant... Mason.
Christian – Qui est-ce ?
Maxine – Notre fils, qui se demande où on est, et pourquoi on est parti sans lui.
Chris prend mon téléphone entre ses doigts et appuie sur l'appareil photo.
Christian – Fais ton plus beau sourire pour ce trou du cul.
Un sourire non. Mais je saisis la mâchoire de Chris entre mes doigts et pose un baiser sur sa joue alors qu'il nous prend en photo. J'attends qu'il finisse d'écrire une réponse à Mason et sourit en voyant son message.
A : Mason ♥︎
Maman et Papa sont en sortie culturelle, on t'emmènera quand tu seras grand ! A demain..
Il a joint notre selfie à cette réponse et tout comme moi attend la réponse de Mason qui ne se fait pas attendre.
De : Mason ♥︎
Sortie culturelle ? Chris ne sait même pas lire.
A demain, je vous aime. ❤️
Christian – Quel enculé.
Maxine – Eh... Ne parles pas comme ça de notre fils !
Je dis en riant avant d'embrasser ses lèvres.
_____
Chris dort profondément, la tête sur mon épaule sur le chemin du retour de Londres. Cette journée l'a épuisé. D'après le podomètre de son iPhone nous avons parcourus vingt-deux kilomètres à travers les rues d'Oxford et de Cambridge aujourd'hui, accumulés à toutes les infos qu'il s'est efforcé de retenir, la fatigue a eu raison de lui au bout de dix minutes de route. Je souris en pensant que c'est généralement comme ça qu'une sortie pédagogique finit avec des enfants, ils sont excités à l'aller et au retour calmes et fatigués d'avoir autant appris en une journée.
Je regarde les photos sur mon téléphone, celles prises au cours de notre journée, un airpod dans l'oreille, le second dans l'oreille de Chris alors qu'il laissait défiler de la musique sur son téléphone. Toutes ces photos des universités et des monuments sont belles. Mais pas aussi belles que celles que j'ai pris de Chris. Sa concentration devant chaque affiche, son style étudiant quand il est de dos avec son sac à dos, son sourire devant le Divinity College quand il se rend compte que c'est un lieu de tournage d'Harry Potter. Sa main dans la mienne. Le selfie envoyé à Mason. Et celui que je viens de prendre, de Chris endormi contre moi, son sourire caché par ses cheveux.
C'est en regardant cette photo que je repense à notre dispute sur la « belle image » à donner de notre couple. Et le fait que je n'ai pas envie qu'on expose notre vie sur les réseaux sociaux... Chris mérite que je fasse plus d'effort. On sera plus fort que tous les détracteurs et les soi-disants journalistes/fans qui se feront un plaisir de critiquer tout ce qu'on pourra faire. Alors j'affiche le selfie que Chris a pris de nous, partager, instagram, story... Je modifie la photo pour qu'elle soit en noir et blanc, et je réfléchis une minute... J'ai envie d'y ajouté une chanson, mais laquelle ? J'ai encore envie que la chanson de Jordan Féliz nous appartienne intimement et l'agent de Chris veut qu'on mette en avant le fait que je sois française. Je pourrais faire rire mes amis en France, à base de Colonel Reyel ou autre chanson kitch mais ça manquerait de sérieux.
Et soudain, l'illumination. Je sais.
Si je peux faire passer un message, et viser quelqu'un en particulier, je peux viser ma mère. Elle comprendra peut-être...
Je cherche le bon moment de la chanson, de ce chanteur français qu'elle adore, identifie Chris sur ma story et la publie. Je ne veux pas voir les milliers de notifications qui vont s'en suivre, alors je verrouille mon portable, le glisse entre mes cuisses et enfuis mon visage dans les cheveux de mon petit-ami qui dort visiblement très profondément.