24/12/22
Je feins de rester au lit le temps que Christian se prépare pour partir à l'entraînement. Ils ont fait un match entre eux hier, qui n'a pas convaincu le coach, il leur a apparemment promis qu'ils le payeraient aujourd'hui. Quand il quitte la maison j'attrape mon téléphone.
A : Sophia
Chris vient de partir.
De : Sophia
Kai aussi, je récupère tout ce que j'ai acheté et j'arrive.
On a mis en place tout un menu et un programme pour aujourd'hui. Un repas de Noël à base d'un mélange de tous les pays d'où l'on vient, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis et évidemment l'Angleterre. On a aussi acheté des pyjamas de Noël aux garçons et préparer des chaussettes de Noël avec des petits cadeaux et des friandises à l'intérieur.
Je l'attends dans la cuisine en buvant un café, j'ai cherché la meilleure recette de lait de poule sur internet et je cherche dans les placards le nécessaire pour le préparer. On a fait les courses discrètement et on les a caché dans nos jardins ou garages respectifs pour que les garçons ne tombent pas dessus.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et Sophia me crier qu'elle est là. Elle entre dans la cuisine les bras chargés de courses.
Sophia – Oh mon dieu ! Qu'est-ce que c'est que ça ?
Maxine – La-la dinde.
On dit toutes les deux cela avec dégoût alors qu'on regarde l'énorme dinde posée sur le plan de travail.
Sophia – Mais pourquoi il y a encore la tête ?
Maxine – C'est ce qu'ils m'ont donné au magasin...
Sophia – Tu la couperas toi.
Maxine – Quoi ? Non je ne touche pas à ça !
Sophia – C'est américain la dinde, c'est à toi de le faire !
Maxine – T'as dit qu'en Allemagne aussi vous en mangiez !
Sophia – Je ne toucherais pas à cet animal mort !
Elle pose son doigt dessus juste pour sentir la texture et aussitôt elle est prise de haut-le-cœur.
Maxine – Ok je lui couperais la tête...
On s'attelle en cuisine pour que tout soit prêt au retour des garçons. Les knodels et le chou rouge pour le coté Allemand de Kai et Sophia. Les choux de Bruxelles et les pommes de terre rôties pour le coté Anglais de Mason et Ben. La dinde, à qui j'ai coupé la tête en hurlant, et la purée de patates douces avec sa sauce aux cramberries pour le côté Américain de Christian. Et Noël ne serait pas Noël sans la traditionnelle bûche française.
Sophia – Qu'est-ce que c'est ?
Elle demande en sentant la casserole dans laquelle j'ai fait chauffer du lait.
Maxine – Du lait de poule.
Sophia – J'arrive pas à savoir si ça pue ou si ça donne envie.
Maxine – Je viens de mettre un œuf dans du lait et je vais devoir le boire, je t'assure que ça donne pas envie.
Sophia – Ils sont bizarres ces américains. Tu finis ça je vais préparer la table ?
Maxine – Ça roule !
Je prépare les bols avec les crackers, les plateaux de toasts et tout le reste le temps qu'elle finisse sa tâche.
Sophia – Max ? J'accroche où les chaussettes ?
J'ai pensé aux chaussettes de Noël mais je n'ai pas réfléchis à où les accrocher...
Maxine – Eum... A la rambarde d'escalier ?
Sophia – Trop loin du sapin.
Maxine – Sous la télévision ?
Sophia – Pas de crochet !
Je la rejoins dans le salon.
Maxine – Regardes dans le fond du sac !
Elle fouille au fond du cabas rempli des chaussettes personnalisées avec nos prénoms et en sort les crochets autocollants.
Sophia – Maline !
Maxine – J'envoie un message à Mason, tu l'envoies à Ben ? Sinon ça va être suspect.
Sophia – Je finis ça et c'est bon !
Elle a assuré, la table est bien mise avec une belle nappe rouge, un beau centre de table qu'elle a fait elle-même avec des branches de sapins, quelques bougies. On se croirait dans un film de Noël. Elle a même mis sur la télévision de Christian un faux feu de cheminée.
A : Mason
J'ai préparé à manger pour 15, passe après l'entraînement !
De : Mason
Ça marche, je suis avec Chilly juste... On part du centre là.
Maxine – Sophia ! Mason vient avec Ben c'est bon ! Ils partent du centre d'entraînement. Kai sait qu'il doit venir ici ?
Sophia – Oui oui !
Maxine – Bon on est prêtes ?
Sophia – Attrapes !
Elle me lance la combinaison de pyjama blanche et rouge avec des motifs de Noël et on court dans les escaliers pour aller se préparer. On redescend une fois prête et tout de suite après on entend les voitures se garer dans l'allée du garage.
J'entends Christian demander aux garçons ce qu'ils font là et les garçons qui disent mon prénom tous en chœur. Sophia et moi nous cachons dans la cuisine, derrière l'îlot central.
Christian – Max ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Sophia me fait signe de me taire alors que je me retiens de rire.
Christian – Maxine ?
Je déteste quand il m'appelle comme ça. Quel salaud.
Christian – Qu'est-ce que
Chris ne finit pas sa phrase. Et un petit « wow » époustouflé provient jusqu'à nous.
Mason – C'est trop beau !
Ben – Regardes, on a tous une chaussette !
Je fais signe à Sophia qu'il est temps pour nous de sortir de notre cachette, on se faufile jusqu'au salon pour surprendre les garçons, et en même temps nous hurlons « surprise ».
Les garçons rigolent, Sophia sautent dans les bras de Kai tandis que mon petit ami cherche encore à savoir ce qu'il se passe. Il me questionne du regard, les sourcils légèrement froncés.
Maxine – Vous avez chacun vos pyjamas ! Prenez une douche chaude et changez-vous !
Sophia leur donne et me tend celui de Christian, puis elle disparaît avec les trois autres à l'étage. Je me tourne enfin vers mon américain qui regarde chaque petit détail qu'on a mis en place.
Maxine – Comment tu trouves ?
Christian – Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je t'aurais aidé !
Maxine – On voulait vous faire la surprise avec Sophia... Comme ça on fait tous Noël en famille.
Je dis en me collant à son dos, le menton sur son épaule et les mains sur son torse.
Christian – T'es exceptionnelle.
Maxine – Merci... Viens voir tout ce qu'on a fait et ensuite tu iras mettre ce somptueux pyjama !
Christian – Hors de question que je porte ça !
Maxine – Prêtes toi au jeu... S'il te plaît, pour moi.
Je fais la moue en réclamant un baiser, il sourit timidement avant de m'embrasser quand je le fais reculer jusqu'à la cuisine.
Christian – Putain mais c'est quoi toute cette bouffe ?
Il s'exclame quand on entre dans la cuisine et qu'il voit le plan de travail rempli de tout et n'importe quoi.
Maxine – Au menu ce soir, des traditions françaises, des traditions allemandes, des traditions anglaises... Et des traditions américaines.
Et une nouvelle fois je me colle à lui, à son torse cette fois car j'ai envie qu'il me câline. Il enroule ses bras autour de ma nuque en disant une nouvelle fois que je suis géniale et il m'embrasse.
Christian – Est-ce qu'il y a du lait de poule ?
Il demande un peu en me défiant.
Maxine – Je l'ai fais-moi même, je ne l'ai même pas acheté tout fait.
Christian – Et une tarte aux noix de pécans ?
Maxine – Ainsi qu'une dinde et une purée de patate douce !
Je dis tout cela en hochant la tête et attends qu'il ait fini de rire pour poser mes lèvres sur les siennes. Il me serre contre lui, une main dans mes cheveux en regardant toute la cuisine. Chris me câline un long moment et je sens toute la pression des préparatifs quitter mon corps.
Christian – T'es la meilleure petite-amie du monde, vraiment...
Il murmure ça les lèvres posées sur mon front mais je n'ai pas le temps de répondre, tous nos amis redescendent, vêtus de leur pyjama de Noël. Ils semblent tous fin excités par la soirée qui nous attend.
Sophia – Vas avec Chris, je me charge du reste.
Elle dit cela en tapant sur mes fesses et Chris m'entraîne hors de la cuisine. Je le suis jusque dans la chambre et le regarde se changer, assise sur le lit. Les muscles de son dos, le bombement de ses fesses dans son jogging du club, son bras recouvert de tatouages, quelle jolie vue... Je crois que j'aime tout de lui, je suis fan de lui. Fan, admirative, amoureuse.
Maxine – J'irais n'importe où tant que je suis avec toi.
Il me semble que je dis cela avec un peu trop d'assurance. Quand sa tête apparaît une fois son haut de pyjama enfilé, il semble à la fois inquiet et heureux, un léger sourire et les sourcils froncés.
Christian – Eum... D'accord...
Il dit cela faiblement et baisse son jogging.
Maxine – T'as dit à ton président que tu préférais arrêter le foot que me traîner hors de l'Angleterre. Traînes moi où tu veux, je viendrais avec toi, en Allemagne, en Espagne, peu importe.
Christian – Ce n'est pas exactement ce que je lui ai dit.
Il rigole en enfilant le pantalon qui va avec son haut de pyjama. Puis il avance vers le lit et s'assoit à côté de moi. Il prend une de mes mains dans la sienne puis me force à m'allonger. On regarde le plafond tous les deux.
Christian – Ce que j'ai dit c'est que je voulais rester en Angleterre, vivre ici c'était ton rêve, je ne veux pas que tu y renonces.
Maxine – Ton rêve c'était d'être footballeur de haut niveau, le mien d'être professeur de français... Ton rêve est bien plus important que le mien.
Christian – Ne dis pas ça... Tu t'aies donné les moyens de le réaliser, je ne veux pas que tu l'abandonnes.
Maxine – Mais Christian !
Christian – Arrêtes ! Ce que j'ai dit au président, c'est que je comprenais qu'il me vende ou qu'il me prête ailleurs, mais qu'avec la coupe du monde que j'ai fait je suis en position de force pour demander à rester en premier league !
Maxine – Et le BVB ?
Christian – Quoi le BVB ?
Maxine – C'est ton club de cœur, si tu as envie d'y retourner, dis leur oui. Je viendrais à Dortmund. Je trouverais un boulot là-bas sans problème.
Christian – Ne t'inquiètes pas... On restera ici...
Maxine – Tu as eu des nouvelles ?
Christian – Ce n'est pas officiel encore. Je voulais attendre d'avoir eu le coach au téléphone demain.
Maxine – Demain ? Le matin de Noël ?
Le football ne s'arrête donc jamais ? Ma remarque le fait rire.
Maxine – J'ai le droit de savoir où ?
Christian – En Angleterre, ne t'en fais pas !
Il m'embrasse le front et se redresse, il va sérieusement me laisser avec ce suspens jusqu'à demain ? Ou pire pendant encore une semaine jusqu'à l'ouverture du mercato ?
Christian – Enlèves cette expression contrariée de ton visage, et allons fêter Noël avec notre seconde famille.
Dit-il en me tirant les bras pour me relever du lit. Il m'entraîne jusqu'au rez-de-chaussée et nous retrouvons nos amis.
C'est clairement une des meilleures soirées de ma vie, on est là, dans le salon, assis autour de la table basse à manger des chips et boire du vin et du lait de poule. A parler de tout et de rien, mais surtout pas de foot. A se lancer des blagues et à rire en chœur.
Sophia – Il est l'heure de votre premier cadeau !
Maxine – Déjà ?
Je dis en me relevant du tapis tout aussi vite qu'elle s'est levée du canapé. Et on disparaît dans l'entrée.
Sophia – Tiens.
Elle me tend les pistolets Nerf qu'elle a acheté. Et sort le sac qui contient les 4 qu'elle a acheté pour les garçons. Sauf qu'à eux, elle ne leur a pas déballer et elle a même fait pire, elle les a emballé dans du papier cadeau. Je tiens les deux pistolets déballés dans mon dos et nous retournons dans le salon, les garçons se redressent alors que Sophia leur tend un à un leur cadeau.
Sophia – Vous pouvez déballer mais...
Elle me prend un des pistolets des mains et on met en joue les garçons.
Maxine – Vous devriez vous dépêcher.
Je tire dans l'épaule de Mason et Christian et on quitte le salon en courant. Sophia disparaît par la porte du garage alors que je monte les marches des escaliers deux à deux. Je m'allonge dans la baignoire sans allumer la lumière. Rapidement des bruits de pas dans les escaliers, et les voix pas du tout discrètes de Chris et Mason qui tentent de chuchoter.
Chris – Je fais les portes de droite, toi les portes de gauche.
Je m'enfonce un peu plus dans la baignoire, je sais que c'est Chris qui va me trouver. Je reste silencieuse quand la porte de la chambre s'ouvre, le pistolet contre mon buste, le doigt sur la gâchette. Christian pousse ensuite la porte de la salle de bain, il allume la lumière et cinq secondes plus tard, j'ai son pistolet pointé sur moi. Il apparaît doucement, son index sur la bouche. Je hoche doucement la tête et il me tend la main pour me redresser. Sur la pointe des pieds je sors de la baignoire, aidé par mon footballeur. Dans la chambre il me fait signe qu'il va regarder dans le couloir et courir vite jusqu'en bas. Je hoche la tête, l'embrasse et on part en mission. Chris est à fond dans son rôle, il saute sur lui-même de gauche à droite pour vérifier le couloir et me fait des signes pour me dire que la voie est libre. On court dans le couloir et avant de descendre les escaliers, je lance un « aller les bleus ! » juste pour faire enrager Mason. Christian et moi courons dans les escaliers pour atteindre le salon rapidement, mais Kai est dans la cuisine prêt à viser quiconque passera dans l'entrée. Christian effectue une roulade à même le carrelage en riant alors que je me contente de continuer à courir. On enjambe tous les deux le canapé pour nous retrouver derrière. On se positionne à genoux, les pistolets prêts à tirer par-dessus les coussins, personne ne pourra entrer dans le salon sans se prendre une munition en mousse.
Christian – T'es vraiment vraiment vraiment la petite-amie la plus cool du monde !
Il dit un énorme sourire aux lèvres puis saisit l'arrière de ma tête pour m'embrasser. Sophia entre au même moment dans le salon en courant et mon petit ami se met en place, il la mitraille et la touche à plusieurs reprises. Sophia se laisse tomber au sol et fait semblant d'agoniser, elle appelle Kai qui entre discrètement dans le salon, accroupi. Et une nouvelle fois Christian le mitraille, il ne le touche qu'une fois.
Mason – Il reste qui ?
Il demande depuis le couloir en tirant Kai par les pieds pour se dégager le chemin.
Kai – L'américain et la française.
Mason – Je vais me les faire.
Christian et moi riions.
Mason – Sortez bande de lâches !
Je me redresse légèrement pour le regarder, il attend avec un pistolet dans chaque main et sa langue sortie comme un fou furieux. Devant la télévision.
Christian – Prends soin des enfants chérie, il faut que l'un de nous se sacrifie.
Maxine – Quoi ?
Christian se redresse pour tirer sur Mason mais son ami est plus rapide. Je regarde mon petit copain faire semblant de s'effondrer au ralenti alors que Mason continue de le mitrailler. Je profite de la ruse de Chris pour tirer sur l'anglais. Je touche Mason à deux reprise, dans la cuisse ce qui le fait se mettre à genoux par terre, mon deuxième le touche en plein dans le torse. Il se le tient et s'effondre à plat ventre.
Maxine – Une nouvelle fois victoire de la France sur l'Angleterre !
Je dis fièrement, mais je n'ai pas le temps de surenchérir. Je sens un pistolet dans mon dos.
Ben – Ah ouais ? T'en es bien sûre ?
Maxine – Je me rends.
Je lève les mains en l'air et laisse mon pistolet tomber sur le canapé.
Ben – Très bien. Reconnais que les three lions sont meilleurs que tes français et je te laisserais la vie sauve.
Maxine – Alors exécutes moi tout de suite.
Ben – Pour l'Angleterre. Pour le Roi.
Il me tire dans le dos. Je me laisse tomber sur le canapé en riant.
Mason – T'es sûr qu'elle est morte ? Il faut l'achever.
Je le vois se redresser en riant et me viser à plusieurs reprises avec ses balles en mousse. Je me tords de rire sur le canapé alors que même Christian s'y met.
Maxine – A trois sur une femme, vous n'avez pas honte ?
Les garçons s'arrêtent quand leur recharge de munitions est vide.
Christian – Je pense que c'est bon !
Mason – Aller relèves-toi !
Un des deux donne un tape à l'arrière de ma tête. Christian me regarde avec un adorable sourire quand je m'agenouille enfin sur le canapé. Il m'aide à me redresser et à me mettre debout. Notre moment enfantin terminé les garçons regroupent toutes les munitions sur la table basse et se chargent de recharger les pistolets pendant qu'on se retrouve en cuisine avec Sophia.
Sophia – Kai a dit que c'était la meilleure soirée de sa vie !
Maxine – Vraiment ?
Elle hoche la tête rapidement et se concentre sur sa tâche en cuisine. Les garçons nous aident finalement à mettre les plats sur la table. Christian étant apparemment le plus expérimenté à la découpe de la dinde c'est lui qui se charge de découper le monstre qu'on a dû farcir avec Sophia.
Tout le restant de notre soirée se passe sur le même thème que le début : la bonne humeur, le rire, le partage. Christian n'a de cesse de sourire, il caresse par moment ma cuisse au court du repas, il embrasse parfois mon épaule... Quel Noël merveilleux.