09/12/22
Je serre Max dans mes bras dans le hall de l'aéroport.
Christian – Je t'aime tu sais ?
Maxine – Moi aussi...
Elle sourit et se hisse sur la pointe des pieds pour m'embrasser.
Christian – Qui te ramène à Cobham depuis Heathrow ?
Maxine – Kai
Christian – Après Mason c'est Kai ? Tu veux toute l'équipe c'est ça ?
Je demande en l'interrompant. Elle tire mon oreille en fronçant les sourcils, de contrariété cette fois.
Maxine – Si tu m'avais laissé finir j'allais te dire que je rentrais avec Kai car lui et Sophia arrivent en même temps.
Christian – Je plaisantais !
Maxine – J'ai l'air de rire ? Non.
Bon, la jalousie n'est vraisemblablement pas un truc qu'elle trouve mignon. Je laisse mes lèvres contre son front alors qu'elle me serre encore et encore contre elle.
Maxine – Je n'aime définitivement pas être séparée de toi...
Christian – Moi non plus... Je rentre bientôt je te le jure...
Maxine – Quand ?
Christian – Le 20 ? Ça te va ?
Maxine – Dix jours... Ça ira...
Christian – Tu vas bosser au bar ?
Maxine – Et faire des CV pour retrouver un vrai boulot...
Je la rassure une nouvelle fois, en lui assurant que ça passerait vite, surtout si elle est aussi occupée. Elle me fait promettre de me reposer, de prendre du temps pour me remettre de ces dernières semaines et de me recentrer sur mes objectifs en revenant à Londres. Je lui promets ce qu'elle veut tant elle semble triste de partir, ses beaux yeux verts sont remplis de larmes et elle mord nerveusement sa lèvre inférieure. Je commence à reconnaître les signes de stress chez elle, la lèvre, la langue coincée entre les dents, le craquement de doigts, le genou qui se secoue, chacun annonce un degré différent.
Maxine – Pas d'autre fille hein ?
Christian – Jamais.
Finalement peut-être qu'elle est jalouse elle aussi.
Un dernier baiser, un dernier je t'aime et Maxine s'engage dans le couloir la menant à son avion.
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Kelley – On peut parler d'un truc ?
Ma mère demande en s'asseyant à côté de moi sur le canapé. Je tiens Avery, endormie, dans mes bras tout en regardant le match tendu entre le Brésil et la Croatie en quart de finale.
Christian – Bien sûr.
Kelley – Tu-tu es bien sûr de Maxine ? Je veux dire, tu lui fais confiance ?
Christian – Les yeux fermés oui.
Où elle veut en venir ? Qu'est-ce que c'est que cette conversation ?
Kelley – Mais-mais elle ne profite pas de toi hein ?
Christian – Aucun risque non !
Je ris nerveusement en répondant à sa question.
Christian – Maxine ne parle qu'à mes coéquipiers, elle ne veut rien savoir du reste, les marques, les contrats tout ça, elle s'en fout complètement. Et-et elle n'est arrivée que la veille du match, car jusqu'à là elle refusait justement que je lui paye le billet et l'hôtel pour être avec moi. Elle voulait absolument garder son travail, elle a été virée parce qu'elle voulait me rejoindre même, mais jusque-là elle refusait complètement. Je suis arrivé au Qatar en étant fâché contre elle, car justement elle ne voulait pas venir.
Kelley – Comment elle a fait dans ce cas ?
Christian – Mason s'entend très bien avec elle. Il lui a fait entendre raison, j'avais besoin qu'elle soit là, quel que soit l'issu du match. Il lui a payé le billet d'avion pour moi, pour nous. Parce que Mason l'adore, tout le monde d'ailleurs. Kai, Ben, Kepa, Raheem...
Kelley – Mais-mais je ne te parle pas uniquement de la coupe du monde.
Elle tient vraiment bien son rôle de maman aujourd'hui, elle a absolument besoin d'être rassurée quant à mes fréquentations.
Christian – Tu sais comment on fonctionne ? (elle secoue la tête) Aux défis. On prend des paris, des paris de merde, genre si je marque un panier au fond du jardin, celui qui gagne à FIFA, si je tiens plus de 30 secondes la tête sous l'eau. Et celui qui perd paye le resto, le cinéma, la glace, fait à manger peu importe. Maxine ne profite pas de moi, je peux te l'assurer et c'est même une discussion dont elle a horreur, elle n'aime pas qu'on parle de tout l'argent que je peux gagner.
Kelley – Bien...
Pourquoi elle semble si peu convaincue ?
Christian – Tu-tu ne l'aimes pas ?
Je demande timidement, je sais que sa réponse peut potentiellement me faire de la peine. Je n'ai pas envie d'entendre qu'elle n'aime pas la femme que moi j'aime.
Kelley – Au contraire, je l'adore, tout le monde l'adore. On-on a juste un peu peur que justement elle nous déçoive.
Christian – Ca ne sera pas le cas, je te le promets maman.
Kelley – Très bien...
Elle se rapproche de moi sur le canapé pour regarder Avery.
Kelley – Du coup... Mes petits enfants seront à moitié français...
Je rigole en basculant la tête en arrière quand elle chuchote cela.
Christian – Probablement... Mais c'est pas prévu au programme encore, tu peux dormir tranquille.
Ma mère passe ensuite sa main dans mes cheveux, elle caresse mon crâne affectueusement.
Kelley – Elle t'a fait grandir j'ai l'impression, tu as pris en maturité...
Ce n'est pas la première à me le dire... Peut-être que c'est effectivement un des nombreux effets que Max a sur moi.
Christian – Tu sais que sous ses airs d'ange, des fois elle me rentre dedans et je te prie de croire qu'elle n'est pas tendre.
J'essaye de me faire plaindre avec un ton enfantin, mais ça ne fonctionne pas, elle donne raison à Max en riant.
Kelley – Je suis contente que tu sois heureux, ça me rassure, tu es si loin tout le restant de l'année. Rien que le fait de savoir qu'elle veille sur toi me fait l'aimer...
Un sourire se dessine sur mon visage quand elle embrasse ma joue. 24 ans ou non, je reste son petit garçon.
Kelley – Et-et pour le club ? Je t'ai entendu au téléphone avec ton agent l'autre fois... Tu-tu vas changer de club ?
Christian – Je ne suis pas encore décidé... J'ai besoin de temps de jeu.. Je ne peux pas éternellement entrer que quinze minutes par match...
Kelley – Qu'est-ce que Maxine en pense ?
Christian – Elle n'est pas vraiment au courant...
Je lui avoue honteusement que je n'en ai pas encore parler à Maxine, quelques pistes sont dans les tuyaux, mais pour le moment rien qui me conviendrait... qui nous conviendrait plutôt.
Christian – Elle est une des raisons pour lesquelles j'ai envie de rester à Chelsea, même en étant titulaire qu'un match sur cinq...
Kelley – Tu penses qu'elle ne te suivrait pas ?
Christian – En Angleterre, je pense que si, j'espère que oui... Mais mon agent parle d'un retour au Borussia Dortmund... Je ne sais pas si pour celui-ci elle me suivrait.
Kelley – Tu devrais lui en parler tu sais... Si tu es si sûr que ça de votre relation... Parles lui en... Ne la prends pas au dépourvu...
Christian – Je le ferais en rentrant... Il a d'autres pistes discrètes qui pourraient être plus faciles pour nous deux.
Elle me questionne du regard, elle ne veut pas que je garde ce secret pour moi.
Christian – Arsenal s'est clairement déjà positionné... Newcastle aussi... Et-et il paraît que Jürgen Klopp me veut...
Kelley – A Liverpool ?
Elle se redresse en faisant les gros yeux, Jurgen Klopp m'a entraîné au BVB avant mon transfert à Chelsea, elle sait qu'il a confiance en moi et qu'il connaît mes capacités.
Christian – Pour Liverpool oui.
Kelley – Qu'est-ce que tu préférais ?
Christian – Je ne sais pas, parce que depuis 24 ans je dis que peu importe où je vais tant que j'ai du temps de jeu je m'en fiche... Mais depuis quatre mois, c'est un virage à 180... Je veux le beurre et l'argent du beurre. Je voudrais avoir du temps de jeu et retrouver Max après le match, sans que pour autant elle renonce à ses rêves à elle. Alors je me dis que je suis obligé déjà de rester en premier league... Pour ce qui est du club, j'espère qu'elle me suivra.
Kelley – Alors parles avec elle...
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12/12/22
J'appelle Max en facetime comme chaque soir depuis qu'elle est partie, elle n'a pas tellement répondu à mes messages aujourd'hui. Simplement par des oui et des non. Froide et distante.
Maxine : Allô ?
Christian : Je commençais à croire que c'est toi qui avait besoin de concentration aujourd'hui.
Maxine : Un peu oui...
Elle souffle sans aucune discrétion, ce qui me fait froncer les sourcils, qu'est-ce qu'il se passe ?
Maxine : T'as passé une bonne journée ?
Christian : Tranquille et la tienne ?
Maxine : Tranquille aussi... Il neige tellement si tu voyais ça... Je suis restée sur le canapé toute la journée...
Christian : Au moins tu te reposes un peu aussi...
Maxine : Tu sais qu'ils-qu'ils annoncent vraiment beaucoup de neige, ils parlent même de fermer les aéroports. Tu vas peut-être te retrouver coincé je ne sais où.
Christian : Sérieusement ? Merde...
Maxine : Ouais, c'est tellement le bordel que Mason m'a dit qu'ils repartaient déjà, pour être sûr de pouvoir atterrir...
Christian : Tu as eu de ses nouvelles ? J'ai pas osé lui demander comment il prenait la défaite...
Maxine : Vite fait, il ne veut pas trop me parler parce que d'après lui c'est mon « putain de pays » qui l'a éliminé... Et que Théo Hernandez a clairement essayé de le tuer !
Je vois sur mon téléphone qu'elle rigole, enfin, en le disant. Mason la fait marcher, je suis sûr qu'il ne lui en veut pas. Une fois sa petite blague finit je vois son visage se fermer très clairement, qu'est-ce qu'elle a ?
Christian : Tu veux bien me dire comment tu vas ? Sans me mentir s'il te plaît.
Maxine : Ça va, t'en fais pas... On-on en parlera quand tu rentres.
Aussitôt elle essuie la larme qui roule sur sa joue avec la manche de son gilet, de mon gilet du moins, ce qu'elle porte est à moi. Est-ce qu'on est sur un niveau jamais atteint en terme de nervosité ?
Christian : Max...
Maxine : J'ai lu des trucs sur internet c'est tout.
Christian : A quel sujet ?
Et elle fixe son téléphone en réponse, ok donc c'était à propos de moi. Le visage impassible comme si je devais comprendre par moi-même.
Christian : Quoi que tu aies lu qui te mette dans cet état, je peux te jurer que c'est faux. Jamais je ne ferais quoi que ce soit pour te perturber à ce point.
Maxine : Ok donc t'as pas l'intention d'aller jouer en Série A, ni même de retourner à Dortmund ?
La langue coincée entre ses dents, les doigts qui craquent... Stress maximum du coté de Cobham. Je réponds calmement pour ne pas la paniquer encore plus.
Christian : On en parlera quand je rentrerais, d'accord ?
Ses yeux se ferment, elle prend une profonde inspiration.
Maxine : Mauvaise réponse.
Christian : Max...
Maxine : Non pas de Max, pas de je ne sais quoi d'autre. Putain, si t'as l'intention de partir dis le moi clairement que je sois prête, tu veux quoi ? Rentrer un soir d'un match et préparer tes valises sans rien me dire. Putain mais merde, on est ensemble, alors d'accord c'est ta carrière tu fais ce que tu veux et ce qui est le mieux pour toi, mais la moindre des choses ça serait quand même de me tenir au courant. Parce que je ne sais pas ce qui est le pire, le fait que tu ne m'en parles pas, ou le fait que tu ne m'en parles tellement pas que je sois obligée de l'apprendre sur internet.
Je n'ai rien le temps de répondre. Elle perd son calme et passe ses nerfs sur moi à travers son téléphone. Et quand sa tirade accusatrice est terminée, elle me raccroche au nez sans que j'ai le temps de lui dire quoique ce soit.
Je pose mon téléphone sur la table de la terrasse et balance la tête en arrière pour souffler. J'ai merdé complètement sur ce coup-là. Inutile que je la rappelle tant qu'elle n'est pas calmée, ça ne sert à rien. Ce sont les pas de ma mère s'approchant qui me font ouvrir les yeux et me redresser sur ma chaise.
Kelley – Ça va chéri ?
Christian – Tout dépend de ce que t'as entendu...
Kelley – A peu près tout je pense...
Elle affiche un petit sourire désolé et pose sa main sur mon bras.
Kelley – Le nouveau Christian trouvera quoi faire et quoi lui dire pour l'apaiser.
Christian – Les décisions du nouveaux Christian, comme tu dis, risquent de ne pas te plaire maman.
Kelley – Si par-là tu entends : rentrer plus tôt pour la retrouver et réparer ça, si... c'est une décision qui me rendrait très fière... De constater que mon petit garçon laisse enfin son cœur le guider... Depuis toujours tu réfléchis bien trop avec ta tête, et trop par rapport au soccer... Si tu as envie d'écouter ton cœur et de prendre le prochain avion pour dormir avec elle cette nuit, je ne t'en voudrais pas.
Je fixe un point sur la table, la mâchoire contractée, je ne sais pas quoi faire... J'ai peur que ça la vexe un peu si je préfère retourner auprès de Maxine plutôt que de rester avec eux encore un peu. J'ai peur qu'au fond de son cœur de maman elle se dise que je cède au caprice de ma petite-amie.
Kelley – Ça a été des semaines difficiles pour un couple aussi frai que le vôtre... Alors vas-y, vas faire ta valise... Vas arranger les choses avec elle, si tu l'aimes autant que tu le dis... Écoutes ce que ta mère te dit.
Je souris quand elle m'adresse un clin d'œil. Ma mère s'éloigne en me disant qu'elle rassemblait le reste de mes affaires qui traînent dans la maison et qu'on se rejoignait dans le salon une fois ma valise prête.