CENSURE ᵗᵏᵏ

Chapitre 31

« Refuser d'aimer c'est déjà aimer dans une autre mesure. »

nda : Attention, les scènes de violences présentent dans ce chapitre peuvent choqués. Le chapitre est également long, alors je vous prie de prendre le temps de le lire. Bonne lecture~

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— Mais non, non j'te dit que je l'ai vu arriver chez elle en pleine nuit y'a deux semaines et repartir tard le lendemain.

— Tu crois qu'il l'a baisé ?

— Non, il l'a juste bordé pour lui raconter des histoires, t'es con ou quoi ? T'as vu Rosé ? Qui resterait à côté d'elle sans la baiser ?

— Mais attend, j'comprends pas...j'croyais qu'il était gay comme un phoque, comme son pote, j'l'ai souvent vu ressortir des chiottes d'un bar avec des mecs.

— Ben faut croire qu'il fait les deux, rappel toi il sortait avec Jisoo à l'époque. Franchement je ne sais pas ce qu'elles lui trouvent toutes à cet enfoiré, t'as vu comment il nous snobe ? Avec cet air suffisant, genre "j'suis le plus beau et le plus intelligent".

— Ouais, il aime prendre des bites dans le cul et les fourrer aussi. Putain, il mériterait une bonne leçon avec une bonne grosse bite dans la bouche pour le calmer.

— Tu m'étonnes, mais moi c'est Jimin que j'me taperai bien. T'as vu son cul, putain, il s'est tapé tout un tas d'hétéros et apparemment il est doué, ça a fait tout le tour du campus.

— Ouais, un bon coup dans le nez et il est prêt à servir de cobaye.

— Putain, si ce que j'ai entendu sur lui est vrai, j'suis prêt à être une tafiole une nuit pour me le taper et lui faire tous ces trucs qu'apparemment il est prêt à accepter ou même à faire. Regarde Jackson, il est carrément passé dans l'autre bord pour se le taper et vu comment il le lâche pas, ça doit vraiment être un pro, ce trou du cul.

— Ouais, comme tu dis un vrai trou du cul, éclatèrent de rire les deux jeunes hommes.

Depuis plus de dix minutes, alors qu'ils se changeaient dans les vestiaires après leur entraînement, Jungkook subissait le discours raciste et homophobes de Hyunjin et Taeyong, en serrant les dents, tant les propos étaient insultants et dégradants. Depuis quinze jours, ils n'arrêtaient pas, passant en revu la totalité du campus. Aujourd'hui, c'était le groupe de Taehyung qui en prenait pour son grade, mais à bien y penser, il ne se passait quasiment pas un jour sans qu'ils parlent d'eux.

Il serrait les dents en les écoutant, pourtant, il n'avait pas bougé, mettant plus de temps qu'à l'habitude pour défaire ses baskets montantes, assis sur le banc. Il n'avait pas envie de s'en mêler, après tout tant pis pour eux s'ils n'étaient pas discrets sur leurs histoires de cul. Et pourtant, cette façon de parler d'eux lui arrachait les tripes.

Il continua tout de même à délasser ses baskets, jetant quelques regards à Namjoon, qui bien qu'il entendait aussi ces paroles n'avait pas levé la tête non plus.

— C'est ça de traîner avec des folles, rappel toi Taemin. Putain j'suis sûr c'était un bon coup celui-là. Si j'avais pu aller jusqu'au bout j'suis sûr je l'aurais fait chialer comme une fille. Putain il était si serré, un truc de malade, dit Taeyong un peu plus bas pour ne pas se faire entendre de ses camarades.

Mais à cette dernière phrase qu'il avait entendue, Jungkook n'en pu plus, s'en était trop, il balança violemment sa dernière chaussure contre le vestiaire, ce qui fit retourner les deux garçons dans sa direction et sursauter Namjoon qui se changeait à côté de lui et qui écoutait toujours tête baissé, les horreurs sortir de leurs bouches.

— Hey, t'as un souci Jeon ? Lui lança Taeyong, le regard provocateur.

— Tu devrais faire attention à ce que tu dis, si tu veux pas que je t'écrase la tête sur le carrelage, soutint Jungkook avec froideur.

— Ah ouais, et qu'est ce qui te gêne dans ce que je dis, la vérité, hein...lui dit Taeyong sur un ton ironique, en prenant à partie Hyunjin.

— De quelle vérité tu parles là, Taeyong ? De celle où t'as violé Taemin, ou de celle où tu m'as laissé porter le chapeau de toute cette merde parce que ton père à payer cher pour ça, s'emporta Jungkook en se levant pour lui faire face.

Namjoon se leva à son tour, sous les regards des garçons du reste de l'équipe, essayant de calmer Jungkook qui, il le sentait, allait exploser d'une minute à l'autre. Il était plutôt nerveux et renfermé depuis quinze jours sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.

Il avait pourtant toujours en tête les mots que son ami lui avait lancé au téléphone ce fameux matin "Nam, j'ai fait une connerie". Il était venu chez lui, et n'était pas revenu sur cette révélation, il n'avait pas osé non plus creuser, estimant que si son ami ne lui en parlait pas, alors il devait respecter son silence. Il l'avait écouté parler de sa famille, de la haine qu'il avait envers son père, de ses doutes et des non-dits qui il le sentait, étaient des secrets bien enterrés dans sa famille, des secrets qui, il en était sûr, le concernait. Mais là encore Namjoon n'avait fait que l'écouter, l'encourageant simplement à faire abstraction de tout ça, pour reprendre sa vie en main. C'était si facile pour lui, lui qui avait une famille si peu conventionnelle. Mais il y avait autre chose qui le travaillait, quelque chose de bien plus profond et ça le bouffait chaque jour qui passait. Il n'était pas si bête, il se doutait bien que cela avait un rapport avec un certain Taehyung, il n'y avait qu'à voir les regards que ces deux là se lançaient les peu de fois où ils s'étaient croisés ces quinze derniers jours. Pourtant, il lui avait semblé que les choses s'étaient apaisées entre eux, tout du moins quelque temps, mais depuis cette soirée de gala, c'était le retour en arrière. Il allait devoir creuser et peut-être même se faire aider de Yoongi, parce qu'avec Jin c'était plus compliqué, tous les deux ne se parlaient presque plus depuis que le violet lui avait avoué l'inavouable...ça, c'était une autre histoire.

Mais là tout de suite, il devait calmer son ami, il devait faire taire sa colère, qui il le savait, allait encore le perdre s'il ne faisait rien.

— Jungkook, laisse tomber, je t'ai déjà dit qu'ils n'en valent pas la peine, essaya de le calmer le grisonnant.

— Lâche-moi Nam, sinon toi aussi tu vas t'en prendre une.

Il n'était plus lui-même, et la colère qu'il avait en lui était tellement grande qu'il n'arrivait même plus à faire la différence entre son ami et ses ennemis. C'était l'un des défauts de Jungkook et ce depuis sa plus tendre enfance.

Toute l'équipe s'était rapprochée d'eux, attendant de savoir comment les choses allaient encore finir, mais Namjoon leur fit un signe de la main pour qu'ils n'interviennent pas. Il était suffisamment respecté pour être écouté et soutenu.

— Taeyong, retire ce que tu viens de dire à propos de Jimin et de Taemin, dépêche-toi.

— Tu rigoles, j'vais même rajouter ton vieux pote là, Kim Taehyung. Franchement et les gars, ces mecs ressemblent pas à des meufs, leur dit-il en les regardant tous, un sourire provocateur aux lèvres. Hein, allez, dîtes-le, vous aussi vous avez eu envie de les baiser non ? J'suis même sûr que certains d'entrevous se sont tapés Jimin ? Allez, lâchez le morceau les gars, on en a tous une putain d'envie...

— Retire tes paroles tout de suite, répéta le brun sur un ton presque trop calme.

— Quoi, monsieur Jeon Jungkook est jaloux, il veut se les garder pour lui c'est ça ? D'ailleurs vu que tu te tapes tout ce qui bouge, j'suis un peu étonné que tu te sois pas taper l'un deux.

— Tu vas trop loin, espèce de connard, retire ce que tu viens de dire.

— T'aimerai avoir sa putain de bouche sur ta queue, hein, dis-le mec...Renchérit Hyunjin.

— Jungkook, laisse tomber, ils font exprès de te provoquer, tombe pas dans leur jeu, viens.

— Nam, dégage, lui dit Jungkook le visage défiguré par la colère. Dégagez tous d'ici, laissez-moi avec eux.

Namjoon ne bougea pas, tout comme les autres garçons, tous choqués par la violence des paroles de Jungkook vis-à-vis de son ami. Ils étaient prêts à intervenir, au moindre geste de Namjoon.

— Jungkook ! Redit Namjoon, en essayant de poser sa main sur son épaule.

— DEGAGE ! Putain de merde je vais te défoncer toi aussi si tu pars pas, hurla Jungkook, tout en faisant face à son ami et en le poussant violement.

— Tu vas trop loin mec...le fixa Namjoon, blessé par son geste et son ton. Et merde, débrouille-toi, vas-y, fou tout en l'air encore une fois pour ces connards.

Il prit ses affaires et avant de sortir jeta un dernier regard à son ami, qui s'était déjà retourné vers les deux autres garçons, l'ignorant complètement. Il en avait marre de ses accès de colère, et bien qu'il avait peur de le laisser seul, conscient que les choses allaient certainement mal tourner, il prit ses affaires et lui tourna le dos. Il en avait trop sur le cœur, pour rester une minute de plus. Tant pis pour lui.

— Vous avez entendu ce que j'ai dit, je suis votre capitaine et je vous demande de dégager d'ici...MAINTENANT ! Hurla-t-il à l'attention des autres garçons, sans même les regarder, gardant ses yeux fixés sur les deux autres.

Sans faire un seul commentaire, les autres garçons prirent à leur tour leurs affaires et quittèrent nonchalamment le vestiaire tour à tour pour laisser les trois jeunes hommes seuls.

— Alors, il se passe quoi maintenant mon capitaine ? Le provoqua Taeyong, en se mettant face à Jungkook, les bras croisés sur le torse.

— Il se passe que j'vais vous faire votre fête, et Jungkook lui décrocha un coup de poing en pleine figure, ce qui l'envoya valser contre les portes du vestiaire derrière lui.

Aussitôt, Hyunjin se jeta sur lui et comme son ami, il n'eut pas le temps d'éviter le coup de tête du brun qui lui fracassa le nez.

— Putain, il m'a explosé le nez l'enfoiré, hurla le plus grand.

Jungkook ne voyait plus rien et il était dans un tel état de nerfs, que sa force s'était décuplée. Il se jeta sur Taeyong pour le relever d'une main, quand Hyunjin lui assena un énorme coup dans le ventre, ce qui lui fit lâcher prise. Mais il se releva aussi sec et frappa à nouveau les garçons un à un. Bien qu'il fût seul contre deux il avait clairement le dessus, aucune goutte d'alcool ou quelconque drogue ne venait brouiller son esprit cette fois-ci. Alors, Taeyong hurla à Hyunjin d'appeler de l'aide.

— Hyunjin, appel les gars, qu'ils viennent nous aider ! Putain, y va pas s'en sortir comme ça.

— Appel qui tu veux, mais j'te jure que tu vas prendre comme jamais, espèce de gros connard, lui répondit Jungkook, alors qu'il le frappait encore, l'envoyant cette fois-ci valser contre les parois des douches.

Le plus grand récupéra son téléphone et pendant que son ami prenait une dérouillée appela à l'aide.

— Ouais, venez vite, il est carrément en pétage de plomb, oui, dans les douches, putain faîtes vite Taeyong se fait défoncer.

Alors que Jungkook s'acharnait sur Taeyong, le frappant sans relâche sous les yeux ahuris de Hyunjin,un groupe de six garçons arriva en trombe quelques minutes plus tard dans les vestiaires et ils se jetèrent sur Jungkook, pour l'arracher au jeune homme en sang et à terre.

— Putain mais t'es un grand malade, calme-toi enfoiré, lui dit l'un d'eux alors que ses autres camarades maintenaient ses bras, pour le bloquer.

— Lâchez-moi ! Leur dit-il comme fou, tentant de se dégager de leur emprise.

— Ça va Taeyong ? Demanda un autre en le relevant. Putain ton nez mec, il te l'a explosé.

Le petit blond s'appuya sur le mur de la douche, s'essuya le visage avec la manche de son pull et posa son regard empli de haine sur Jungkook qui était maintenant maintenu à terre par le groupe de garçons.

— Putain, tu vas payer ce que tu viens de me faire espèce de sale merde.

— Vas-y mais me rate pas, parce que j'te jure que j'vais te faire payer ce que t'as fait à Taemin et à tous les autres.

— Les mecs, maintenez-le bien, j'vais pas y aller de mains mortes, espèce d'enculé.

Jungkook le regarda fixement, ses longues mèches noires et mouillées par la transpiration qui lui retombaient sur les yeux et qui soulignaient toute sa haine, alors qu'il était maintenu par quatre des garçons et qu'il ne pouvait plus bouger.

Taeyong lui assena le premier coup dans le ventre, ce qui le fit baisser la tête, tant la douleur était intense. Puis, l'autre le frappa de toutes ses forces, s'acharnant sur son corps comme s'il frappait sur un punching ball.

Jungkook ne laissa passer aucun son durant son passage à tabac, malgré la douleur et les coups toujours plus fort des garçons, qui y mettaient tout leur cœur. Maintenant il ne tenait debout que grâce au soutien des quatre jeunes hommes qui le bloquaient pour qu'il ne puisse pas se défendre ou s'échapper. Mais il s'en foutait, il était prêt à souffrir, il était prêt lui aussi à endurer la douleur, pour se punir de son inaction lors de cette terrible nuit. Oui, sa douleur n'était rien face à celle que Taemin endurait depuis toutes ces années. S'il n'avait pas été si faible, si minable, il aurait pu éviter ça, Taehyung avait raison, il n'était qu'un lâche.

Le visage en sang, le corps meurtri par les coups, ils le laissèrent s'écrouler à terre telle une poupée de chiffon, au milieu des douches. Puis, Taeyong s'approcha une dernière fois vers lui, s'accroupit et lui releva le menton. Jungkook tenta de le regarder, mais ses yeux gonflés par les coups et le sang qui coulait dans ses yeux l'empêchait de le fixer correctement. Il essayait tant bien que mal de reprendre son souffle, mais le fait même de respirer le faisait souffrir. C'est à ce moment-là qu'il comprit qu'il avait certainement des côtes cassées.

— Alors, tu fais moins le malin maintenant hein ? T'avise plus jamais de me toucher où de m'approcher, sinon tes petits copains passeront un sale quart d'heure et bien pire que ce que tu viens de subir. Sache que personne ne me traite comme ça, même pas toi Jeon.

— Si t-tu...

— Chut, lui dit-il en appuyant sa main sur sa bouche et en approchant son visage si près du sien, qu'il pouvait sentir son souffle chaud et dégoûtant sur lui. Ton Taemin, ton Jimin et ton petit connard hautain de Taehyung, j'vais les baiser mec. Mes potes et moi on va leur donner ce qu'ils veulent et ils vont tellement prendre qu'ils pourront même plus marcher. Tu peux avoir peur pour eux, parce qu' on va les prendre par surprise, au moment où ils s'y attendront le moins et crois-moi, ils vont devoir nous supplier pour qu'on arrête de les baiser. Je vais leur faire mal Jungkook, très mal et tout ça grâce à toi, parce que tu m'as ouvert les yeux mec et que tout ce qui est à toi est à moi.

— Touche-les et j'te tuerai, je...essaya-t-il de dire malgré la douleur, tentant de se dégager de son emprise, sans succès.

— T'arrive même plus à t'exprimer mec, regarde-toi, t'es rien Jungkook, et je vais te détruire. Toi, ta réputation et ton père aura tellement honte de toi, qu'il te reniera, comme ton oncle l'a été. Je sais pas encore comment, mais j'vais pas te louper, crois-moi.

Jungkook tenta de réunir ses dernières forces, pour atteindre le blond, mais il fut aussitôt rattrapé par deux autres garçons, qui lui bloquèrent les bras, permettant à Taeyong de lui mettre un énorme et dernier coup de pied dans le ventre, qui le fit se plier en deux et s'écrouler définitivement à terre.

— Allez les gars, on se barre.

— Et on fait quoi de lui ? Dit l'un deux en pointant du doigt Jungkook.

— Laissez-le crever là, il finira bien par se relever.

— Mais il bouge plus, putain, on va avoir des soucis, merde ça famille est hyper puissante, lança un autre.

— Vous inquiétez pas les mecs, son paternelle va vite le recadrer. J'espère que tu m'entends Jeon...

Il s'accroupit à nouveau à côté de lui, le tirant par sa longue chevelure pour lui relever le visage qui dégoulinait de sang.

— Si tu racontes ça mec, j'te jure que tes potes vont y passer et tout particulièrement ton Jimin, je l'aurai t'inquiète cet espèce d'enculé. Je vais le faire jouir comme une pute, ria t-il. Même Taemin, s'il faut j'irai finir le boulot dans sa putain de chambre à l'hosto et pour finir ton Taehyung, lui je vais le démonter, on va s'y mettre à plusieur et il fera moins le malin. On va tellement lui faire mal qu'il pourra plus baiser personne.

— S-si...tu...tu...les tou-touche...j-je...te...t-tu...

La douleur était trop forte pour qu'il puisse en dire plus et le blond tirait si fort sur ses cheveux qu'il ne sentait même plus son cuir chevelu.

— T'es vraiment pathétique Jeon, si tu te voyais...Mais, sache-le, rien ne m'arrête, même pas toi et ta putain de famille puissante.

Jungkook, le fixa et lui cracha au visage. Taeyong ne broncha pas, mais resserra sa poigne dans ses cheveux et s'approcha de son oreille tout doucement.

— Peut-être même qu'un jour c'est toi que je baiserai, ouais le grand Jeon qui se fait enculer, qui pleure comme une gonzesse parce qu'il se fait défoncer le trou de cul... t'en pense quoi hein ? Dit-il en lui caressant la joue et en le fixant avec dédain. Puis, il relâcha sa prise de sa chevelure et le poussa violemment en arrière avec son pied, le faisant basculer contre le carrelage des douches.

Satisfaits de leur œuvre, ils le laissèrent, à moitié mort, gisant sur le carrelage froid, l'un d'entre eux appuyant sur les boutons des douches pour les faire couler sur lui.

Le silence s'était installé dans les vestiaires, il était seul au monde maintenant. On aurait presque pu croire qu'il était mort si quelques soubresauts ne s'étaient pas emparés de son corps. Lentement, il tenta, malgré tout, de se hisser à terre essayant en vain de se relever malgré la douleur qui l'asseyait, le corps meurtri, le visage en sang, entièrement trempé, alors qu'il avait encore son équipement sur lui.

— PUTAIN, hurla-t-il de haine et de douleur. Merde...PUTAIN !

Tout doucement, au bord de l'évanouissement, il se recroquevilla, s'appuyant contre le mur froid, ramenant ses jambes contre son corps, et éclata en sanglots. C'était plus la haine et la colère qui le faisaient craquer, parce que la douleur même si elle était intense, elle n'était rien comparé à ce qu'il ressentait au plus profond de lui. Tout se mélangeait dans sa tête, les secrets de famille dont il en était sûr il en était la cause, son mariage forcé, Taemin, son viol devant ses yeux impuissants et surtout Taehyung...

C'était ça finalement sa plus grande douleur, parce qu'il avait perdu un ami il y avait déjà quelques années, son âme soeur, sa raison de ne pas tomber face à sa vie si riche mais si pauvre dénuée de sentiments, et maintenant il avait perdu encore plus, bien qu'il tentait en vain de le refuser depuis plus de quinze jours. Enfin, depuis presque toujours en réalité.

— Taehyung...

Il resta dans cette position un long moment, tentant de reprendre ses esprits, tentant de calmer la haine qui l'animait. C'est lui qui l'avait cherché, c'est lui qui les avait provoqués, non ?

Non c'était eux, eux qui se permettaient d'insulter ses amis, de dire des choses monstrueuses, de respirer, alors qu'ils avaient commis l'irréparable et que personne ne les avait jamais inquiété. Pour ça il détestait son père au plus haut point, comment avait-il pu étouffer l'affaire, comment avait-il pu fermer les yeux sur ce qu'ils avaient fait à Taemin? Il allait devoir vivre avec ça toute sa vie ?

Non, il allait devoir faire justice et après ce qu'il leur avait fait, il le savait les autres allaient très certainement se venger et c'était maintenant toute sa crainte.

Avec peine, il retira un à un ses vêtements et le reste de son équipement, poussant des gémissements de douleur. Une fois nu, il leva la main et appuya sur le poussoir, laissant le jet de la douche couler sur son corps meurtrie emportant sous ses yeux presque éteints, le sang qui s'écoulait de ses nombreuses plaies.

Il se releva enfin, marchant difficilement jusqu'à son vestiaire entièrement nu, où il récupéra des vêtements propres, pour les enfiler sans prendre le temps de se sécher. Avec difficultés, il s'approcha du miroir et découvrit avec horreur l'état de son visage, essuyant avec une serviette les dernières traces de sang qui coulaient encore de son arcade sourcilière explosée. Il releva son tee-shirt et passa une de ses mains sur les marques violacées qui parsemaient son corps et qui lui faisaient un mal de chien. Clairement, il était dans un sale état et devait sûrement avoir quelques côtes fêlées.

Mais il devait partir, le plus vite possible, pour s'assurer que Taemin allait bien, que ces monstres n'allaient pas venir lui faire du mal, comme Taeyong l'avait laissé entendre. Le jeune homme n'était plus dans un service de haute surveillance, les progrès qu'il avait fait depuis les visites de Jungkook étaient impressionnants et maintenant il était dans une chambre normale, comme un simple malade.

Il referma son casier, récupéra son sac et longea le long couloir du gymnase, s'accrochant comme il le pouvait au mur, pour se diriger non sans mal et sans douleur, jusqu'à sa moto qui était garée juste devant l'entrée du stade.

*

— Est-ce qu'on peux savoir pourquoi Monsieur Jeon n'est pas en cours aujourd'hui ? Il me semble que vos quinze jours banalisés de sport intensif sont terminés, aurait-il oublier ses autres spécialités ? Demanda la professeure de danse, qui fit valser son regard à chaque opposé de la salle, où d'un côté Jin se tenait avec Jimin, Hoseok et Taehyung et de l'autre Namjoon et le reste de la classe.

— Je dois vous distribuer les noms des duos pour l'examen avec les choix des musiques et des chorégraphies qui vous ont été attribués et il m'a supplié de l'attendre quand je l'ai croisé ce matin, je ne comprends pas...

Namjoon et Jin se regardèrent en chien de fusil, ce qui étonna le reste de la classe car habituellement ils étaient toujours ensemble, presque collés l'un à l'autre.

— Monsieur Kim Namjoon, interpella la professeure, rompant le contact visuel des deux garçons. Vous étiez bien avec lui à l'entraînement, n'est-ce pas ?

— Oui, il avait quelque chose à régler, mais il devrait être là maintenant, je comprends pas, c'est inquiétant.

— Inquiétant vous dîtes, c'est-à-dire ?

Jin regarda Namjoon et fronça les sourcils, perturbé par la réponse de son ami. Il le connaissait par cœur et il avait bien senti de l'inquiétude dans sa voix. Étant en froid avec lui, depuis cette fameuse soirée de charité où, finalement, il avait refusé de venir, il ne s'était pas permis de demander où était Jungkook, quand il l'avait vu seul à la cafétéria, une heure plus tôt. Habituellement, ils venaient tous les deux le rejoindre après l'entraînement, profitant de boire un chocolat chaud ou un café à la cafétéria de l'Université, avant de reprendre les cours de danse qu'ils partageaient ensemble. Mais là, Namjoon était arrivé seul, le visage fermé, se posant sur une chaise, attendant patiemment, le regard dans le vide. Il aurait tellement aimé le rejoindre à ce moment-là, mais cela lui avait été impossible, pas après les mots qu'ils avaient échangés quelques semaines plus tôt.

— Madame Park, je...dit-il en fronçant les yeux, montrant toute son angoisse.

— Oui, Monsieur Kim ?

— Je...je dois partir, excusez-moi, et il prit la porte, sans plus d'explication.

— Monsieur Kim, mais où...?

Trop tard, il avait déjà disparu.

Jin comprit qu'il y avait un problème et sans rien dire de plus, prit la porte à son tour, sans dire un seul mot, sous le regard intrigué du groupe et de leur professeur. Il chercha tout autour de lui et aperçut le grisonnant sur sa gauche courant comme un dératé. Alors sans plus se poser de questions, il se mit à courir à son tour dans sa direction, essayant de le suivre pour ne pas le perdre de vue. Mais il courait bien trop vite pour qu'il puisse le rattraper.

— Nam, attends-moi ! hurla-t-il. Nam, où tu vas, qu'est-ce qui se passe, où est Jungkook ?

Mais le grisonnant ne lui répondit pas, il continua de courir, et entra dans le gymnase, pour se diriger vers les vestiaires, là où il avait laissé son ami une heure plus tôt.

— Jungkook ! Appela t-il, en cherchant de partout.

Il était comme fou, passant à travers les rangées de casiers, ouvrant les portes des douches individuelles, des toilettes, mais rien, il n'y avait pas de trace de son ami.

Jin arriva à son tour devant les vestiaires essoufflé, le visage rougit par le froid et s'agrippa à l'encolure de la porte une main sur sa poitrine pour contrôler son rythme cardiaque. Silencieux, il regarda son ami de toujours faire les cent pas, hurlant le nom de Jungkook.

Il sentit soudain comme un mauvais pressentiment l'assaillir.

— Nam, qu'est-ce qui se passe ? Demanda Jin, en s'avança pour arriver face à lui, le regard paniqué et qui semblait à deux doigts de verser toutes les larmes de son corps.

Mais quelque chose attira l'attention de Jin, le poussant à relever les yeux sur le fond des douches, qui avaient en leur centre une couleur rouge qui faisait penser à des traces de sang. Namjoon, suivi le regard de son ami, se retourna et c'est à ce moment-là que leurs yeux dérivèrent sur une serviette, pleine de sang, qui traînait à terre vers les bancs devant les casiers.

— Nam, c'est quoi ça, pourquoi la serviette de Jungkook et là, pleine de sang, qu'est-ce...

— Merde Jin, j'ai, je...

Le jeune homme récupéra la serviette, paniqué par la vue du sang et s'écroula à terre, sous les yeux ahuris de Jin, qui se précipita vers lui.

— Nam, qu'est-ce qui s'est passé, où est Jungkook ? Tu me fais peur...parle-moi ...Nam, lui dit-il doucement en lui posant une main sur la joue, comme pour le réconforter.

— Jin...j'suis désolé, je...il m'a envoyé chier et je l'ai laissé seul avec eux, putain, je...j'étais à bout...toi qui...enfin, lui, Taeyong, tout ça s'était trop, éclata en sanglots le jeune homme.

— Je comprends rien Nam, qu'est-ce que ça à avoir avec nous ? Où est Jungkook ?

— Je sais pas Jin, il m'a demandé de sortir pour s'occuper de Taeyong et Hyunjin, et là y'a du sang sur sa serviette et j'ai pas de nouvelle, il a pas répondu à mes messages tout à l'heure.

— Mais pourquoi il voulait faire ça, pourquoi tu l'as pas empêché ?

— Mon dieu, si jamais il lui ai arrivé quelque chose, je ne pourrais pas me le pardonner.

— Ça va aller, Jungkook est fort, c'est surement rien, il a dû se faire mal à l'entraînement c'est...

— Non, tu comprends pas, je...je...essayait-il de lui dire en pleurs. Je l'ai laissé Jin, je l'ai abandonné et ils l'ont, ils l'ont...tu...tu...

— Nam, calme-toi, il n'est pas mort, alors calme-toi. Juste rappel toi comment il est venu ce matin ?

— En moto, pourquoi ?

— Vient on va voir si elle est encore là et si c'est le cas on avisera, d'accord ?

Jin posa sa main sur le visage de Namjoon ce qui eut pour effet de l'apaiser.

— Viens...

— Jin, attend, lui dit le grisonnant en posant sa main sur la sienne et en ancrant son regard dans le sien. Tu sais, ce que tu m'as dit...l'autre jour, je...

— Nam, c'est pas le moment de reparler de ça, pour l'instant c'est Jungkook, on verra plus tard.

— Oui mais...

— Nam, c'est Jungkook le plus important d'accord ? Lui dit Jin en se dégageant de son emprise.

— T'as raison, pour l'instant c'est Jungkook. Je vais appeler Yoongi, il l'a peut-être croisé.

— Oui, sûrement.

Il l'aida à se relever et ils se retrouvèrent face à face quelques secondes se regardant sans rien dire, se toisant avec insistance. Mais à cet instant-là quelque chose se passa, qu'ils ne comprirent pas vraiment, mais qui les bouleversa l'un comme l'autre. Quinze jours qu'ils ne se parlaient plus et le monde c'était comme arrêté pour eux, ils se manquaient tellement.

Namjoon releva la main, pour la diriger vers le visage de Jin, mais ce dernier se dégagea, pour s'éloigner de lui. Il finit par se retourner et commença à emprunter le long couloir qui allait les mener jusqu'à la sortie, marcha à grande allure, le visage tendu.

— Jin, attends-moi ! Lui cria Namjoon, en courant pour le rattraper.

*

Après plus de vingt minutes de route au volant de sa moto, qui furent un véritable calvaire pour lui tant il avait l'impression que tout son corps était fracassé, il arriva devant l'hôpital. Il faisait un froid polaire et bien que son blouson de cuir le couvrait suffisamment, quand il retira son casque, ses cheveux encore mouillés lui déclenchèrent des tremblements jusque dans la pointe des pieds.

Malgré la douleur, il marcha le plus vite possible jusqu'à l'ascenseur, passant devant un petit couple de vieilles personnes, qui le regardèrent avec horreur, tant son visage était tuméfié et ensanglanté. Ils n'osèrent pas monter avec lui et Jungkook ne demanda pas son reste, pour appuyer sur le bouton et refermer les portes, il n'avait pas de temps à perdre avec les politesses ce soir.

Alors qu'il montait, il se retourna et jeta un œil dans le reflet du miroir qui se trouvait derrière lui, décrochant un petit rictus en voyant les dégâts. Son arcade sourcilière était légèrement ouverte et il avait des griffures et des bleus sur tout le visage. Ils ne l'avaient vraiment pas raté et pour sûr avec cette tête, il allait faire peur à Taemin.

Il arriva enfin à son étage et commença à traverser le couloir qui menait à la chambre de son ami, quand une jeune infirmière l'interrompit dans son élan.

— Jungkook ? Dit-elle en se postant devant lui, choquée par son état.

— Bonsoir Yerim, lui répondit-il en essayant de l'esquiver.

— Mais, votre visage qu'est-ce qui...

— Tout va bien, je suis tombé à l'entraînement, c'est tout.

— Mais vous saignez, qu'est-ce qui vous est arrivé ?

— Ça va passer, vous inquiétez pas, je viens de vous le dire je suis tombé à l'entraînement, bonne soirée, et il se dégagea, reprenant sa marche vers son objectif.

— Jungkook attendez, le bloqua-t-elle à nouveau. Vous ne pouvez pas aller voir Taemin dans cet état-là, il va paniquer, vous ne voulez pas lui faire peur...suivez-moi.

— Mais...tenta-t-il de se défendre, alors qu'elle lui prenait le poignet pour l'emmener avec elle, vers une petite salle.

Elle l'obligea à s'asseoir, résigné, il l'écouta et calmement elle commença à lui nettoyer ses plaies.

— Vous êtes sûr que c'est une chute, le questionna-t-elle, en lui appliquant un désinfectant qui le fit sursauter, provoquant une douleur dans tout son corps.

— Le football américain est un sport violent, c'est connu, putain...ah, ça fait un mal de chien, se crispa-t-il.

— Avec toutes les plaies que vous avez, c'est un peu normal d'avoir mal, arrêtez de bouger et laissez moi faire.

— Yerim, c'est bon, ça va passer tout seul, c'est rien, j'suis tomber c'est tout.

— Hm...ouais, j'ai des doutes sur la vérité de vos infos, mais bon. Je ne vais pas pouvoir faire des miracles, mais au moins j'aurai pu désinfecter tout ça.

Elle lui appliqua quelques pansements et lui fit quelques points de suture sur l'arcade. Elle voulut regarder son torse, car elle avait remarqué qu'il souffrait, mais il l'en empêcha, arrêtant sa main.

— Mais...laissez-moi regarder votre torse, j'ai l'impression que vous souffrez beaucoup.

— Ça va aller, lui dit-il en la regardant sévèrement.

Il se releva et sans plus de cérémonie, il la remercia pour les soins et repartit en direction de la chambre de Taemin.

Il s'arrêta quelque instant devant sa porte, tendant l'oreille pour écouter un quelconque signe de vie, mais il n'y avait rien. Paniqué à l'idée que peut-être Taeyong et Hyunjin étaient venus se venger, il ouvrit brutalement la porte l'envoyant contre le mur. Il faisait sombre, seule une petite lumière près du lit vide, permettait d'éclairer la pièce. Il chercha tout autour de lui et très vite, son regard s'arrêta vers la fenêtre, où Taemin, vêtu d'un pyjama, était assis sur le rebord, regardant droit devant lui.

Dérangé dans son mutisme par le bruit de la porte qui avait claqué contre le mur, il se retourna et ses yeux s'arrêtèrent sur la silhouette de Jungkook encore dans la pénombre. Très vite, son visage laissa apparaître un magnifique sourire, qui se fana quand ce dernier s'approcha de lui doucement, lui rendant à son tour, mais difficilement son sourire.

— Jungkook, mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? S'étonna Taemin, en se relevant pour se jeter dans ses bras.

Jungkook essaya tant bien que mal de retenir le cri de douleur que lui infligea ce contact, enfonçant ses dents jusqu'au sang sur ses lèvres. Puis, il l'entoura de ses bras, tout en fermant les yeux.

Ils restèrent ainsi un moment, bien que cette position fût plus que douloureuse pour lui. Mais ce n'était rien se disait-il face à la douleur que devait ressentir Taemin depuis toutes ces années. Alors, avec délicatesse, il écarta légèrement le jeune homme, pour le rassoir sur le bord de la fenêtre et se poser à côté de lui, gardant l'une de ses mains dans la sienne.

— Pourquoi ton visage est si abîmé Jungkook, lui demanda le garçon, tout en le fixant dans les yeux.

— C'est rien, c'est arrivé à l'entraînement, ça va passer, mais toi, comment tu vas ?

— Tu dois avoir si mal, lui dit-il sans répondre à sa question et en passant ses doigts fins sur son visage, pour délicatement les descendre le long de son cou, et arriver jusqu'à son torse.

— C'est rien, redit il en posant sa main sur la sienne comme pour arrêter le chemin qu'elle prenait sur son corps.

— Jungkook...

— Taemin, t'inquiète pas, répond à ma question et dit moi toi comment tu vas ? Insista-t-il, tout en suivant du regard le chemin que les doigts de Taemin continuaient à prendre sur son torse, malgré qu'il ait tenté de l'arrêter timidement, pour ne pas le brusquer.

Taemin était assez tactile avec lui, sans jamais dépasser les limites. Il aimait toucher le visage de Jungkook et descendre ses mains sur son torse, pour ensuite y poser sa tête et rester contre lui pour s'endormir. Très souvent, Jungkook lui caressait les cheveux et lui parlait de choses et d'autres, du futur, de son futur et il l'écoutait, un léger sourire sur les lèvres. Il avait été le seul depuis toutes ces années à pouvoir communiquer avec lui, à le sortir grâce à ses visites régulières du mutisme dans lequel il vivait depuis toutes ces années. Jungkook se sentait coupable et redevable de son état car s'il avait agit cette nuit-là, alors Taemin serait aujourd'hui un jeune homme comme les autres, heureux et innocent. Alors il lui devait bien ça, il lui devait ces contacts, même si quelquefois, ils étaient un peu trop intrusifs, il lui devait tout.

— Je vais toujours bien quand t'es là Jungkook. Merci d'être là, pour moi.

— C'est normal Taemin, on est amis.

— Merci...il releva le visage vers lui, tombant dans ses orbes sombres. Jungkook ?

— Oui ?

— Je t'aime...

—Taem-

Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Taemin avait déposé ses lèvres sur les siennes, les mouvant lentement pour enfin se frayer un passage et cueillir sa langue. Jungkook laissa s'échapper un petit cri de douleur à ce contact qui réouvrit les plaies sur ces lèvres, mais n'osa pas repousser son ami, de peur de lui faire du mal. Pourtant, bien qu'il sache que ce n'était pas bien, qu'il ne devait pas céder à toutes les demandes de Taemin, il continua le mouvement et lui offrit un baiser plein de douceur. Il ne ressentait rien pour lui et à part Taehyung il n'avait jamais embrassé un autre garçon. Ce baiser était bien différent, il ne lui déclenchait pas ces petits papillons dans le bas du ventre comme cela avait été le cas avec le noiraud. Non c'était juste une façon de ne pas le blesser.

Ils restèrent ainsi quelques minutes, puis tout doucement Jungkook le dégagea de ses lèvres, en lui prenant le visage en coupe. Taemin qui avait les yeux fermés les rouvrit et le fixa.

— Taemin, on devrait pas faire ça, je peux pas, tu peux pas.

— Mais Jungkook, est-ce que tu as des sentiments pour moi ?

— Taemin, oui j'en ai, mais c'est de l'amitié, tu comprends ?

— Pourtant tu m'as embrassé toi aussi, non ?

— Oui, j'aurai pas dû, je suis désolé si je t'ai laissé croire que quelque chose de plus pouvait se faire entre nous. Tu sais, les garçons c'est pas...enfin j'suis pas...putain, je fait toujours n'importe quoi, excuses-moi, s'il te plaît.

— Non, c'est moi, je sais que tu n'aimes pas les garçons, j'en avais juste envie de le faire, excuses-moi...

— C'est pas grave, c'est déjà oublié, lui sourit-il pour détendre un peu l'atmosphère, un peu gêné tout de même d'avoir fait ça.

En même temps, qu'aurait-il pu faire de plus ?

Il l'avait pris par surprise et à part le repousser violemment ce qui n'était pas la meilleur chose à faire dans l'état actuel de Taemin, il n'avait pas eu d'autre choix.

— J'avais juste besoin de me rappeler, ce qu'était un baiser, ton baiser, celui que tu m'as offert cette fameuse nuit.

— Taemin, j'ai pas envie...tu sais cette nuit, ce baiser...

— Laisse-moi parler, lui dit-il en posant un doigt sur ses lèvres meurtries. Ce soir-là, ce baiser, je m'en rappelle encore comme si c'était hier. Ce baiser, c'est la seule chose qui m'a fait tenir toutes ces années, j'ai tellement espéré que tu reviennes...

Jungkook baissa les yeux, il ne pouvait plus le regarder en face. Il se rappelait trop de son visage, de sa détresse cette nuit-là, c'était trop dur. Mais Taemin lui releva le menton pour qu'il le regarde à nouveau.

— Jungkook, merci d'être là aujourd'hui, merci de me donner ton amitié. Je t'aime tellement, je t'ai toujours aimé et...

— Taemin, s'il te plaît arrête, ne dis pas des choses comme ça.

— ...et je ne peux pas cacher mes sentiments pour toi, mais je comprends, c'est Lisa que tu aimes, tu m'as dit que tu sortais avec elle, alors je comprends. Vous êtes fait l'un pour l'autre depuis l'enfance, elle est ton âme sœur, c'est comme ça, on choisit pas. Merci de m'avoir offert ce baiser aujourd'hui. Tu es mon médicament Jungkook, tu es mon ami, rien de plus juste mon ami et c'est beaucoup pour moi. Merci encore une fois d'être là, pour moi.

Mon âme sœur...Lisa ? C'est pas Lisa mon âme sœur, pensa-t-il dans sa tête, tout en regardant Taemin.

— Je suis ton ami Taemin, pour toujours...

Ils ne dirent plus un seul mot, Taemin la tête contre le torse de Jungkook, ce dernier le regardant dans le vague. Il s'en voulait d'avoir répondu à ce baiser et d'avoir laisser penser à Taemin que peut-être quelque chose était possible. Il n'était décidément pas doué pour faire passer les messages, il faisait toujours tout sans réfléchir aux conséquences, Taehyung avait encore une fois raison. Il confondait toujours tout.

Une heure plus tard, il sortait de l'hôpital, le corps meurtri par la douleur et le cœur en miettes. Avant de partir, il avait porté Taemin jusqu'à son lit, l'avait bordé et s'était éclipsé en demandant aux infirmières de bien le surveiller. Maintenant, il était devant l'établissement, il pleuvait et il n'avait aucune envie de rentrer chez lui, malgré l'heure tardive.

Il releva la tête et aperçut sur le trottoir d'en face un bar. Il recala sa moto et traversa la route pour y entrer et aller s'asseoir au bar où il commanda un verre de whisky coca.

Les heures tournaient et il accumulait les verres, sous le regard inquiet du barman, qui nettoyait les dernières tables vides, fixant toute son attention sur ce jeune homme qui semblait souffrir.

— Et garçon, lui dit-il en repassant derrière son bar, pour se mettre à sa hauteur.

— Hm...grogna Jungkook, un verre à la main, à moitié affalé sur le comptoir, essayant de relever la tête avec difficulté.

— Je vais fermer le bar, il est minuit et j'ai plus de clients.

— Hm, juste, je vais terminer mon...je vais terminer mon verrrrrrrrrre.

— Laisse tomber petit, lui dit-il, tout en lui retirant le verre des mains, je crois que t'en tiens une bonne là. Demain tu vas sacrément morfler, entre tout l'alcool que t'as bu et ce que t'as pris comme coups, parce que je sais pas ce qui t'ai arrivé mais ceux qui t'ont fait ça, ils t'ont pas ratés. Alors stop, on arrête le massacre.

— Non, je veux...je veux...pourquoi j'ai fait ça, hein ?

— Qu'est-ce que tu veux oublier, pour en arriver à te mettre dans un état pareil petit ? Lui dit le barman, en se positionnant en face de lui.

— J'aime pas les mecs et pourtant, j'ai...putain, j'ai...couché avec Tae et putain, je peux pas faire ça et...depuis, ça me ruine parce que...je...j'ai qu'une envie...j'ai envie...je veux...recommencer...m-mais putain c'est un...un me...mec, tu comprends ça, putain, finit-il par sortir en s'accrochant au col du barman.

— Garçon, tu devrais rentrer chez toi et arrêter de boire pour oublier je sais pas quoi, on fait tous des bêtises dans la vie.

Il retira les mains de Jungkook et posa ses coudes sur le comptoir, la tête sur ses paumes de main.

— Ouais, c'est une grosse erreuuuuuuuur, j'suis pas une...j'ai tiré des tonnes de filles et c'est pas un, un...un mec qui va me ruiner, non, non...

— On commande pas ses sentiments mon p'tit et des fois, c'est dur à avaler ou à admettre, mais ce n'est pas de boire comme tu le fais qui te fera oublier ou prendre des décisions, crois-moi, j'en vois passer tous les jours des gars comme toi.

— Hm...hm...dit-il en relevant le menton dans sa direction. Il n'arrivait pas vraiment à comprendre le sens de son discours, l'alcool avait pris le dessus dans sa tête.

— Oui, crois-moi boire n'est pas une solution, ça non, même si on a une vie de merde comme la mienne.

— Une vie de merde...ah...moi...moi, j'suis blindé en vrai...j'ai...j'ai tout...tout...sauf...le plus important...parce que mon père me déteste...m-ma...mère, quand elle me regarde...j'ai...j'ai l'impression qu'elle vois quelqu'un d'autre...et...et...et...putain, tous le monde me ment...même moi j'me ments alors...

Il récupéra le verre que le barman avait posé un peu plus loin et termina le fond d'alcool qui restait, reposant violemment le cristal sur le comptoir, fier de ce qu'il avait accompli. Puis, il tendit la main et attrapa la cigarette que l'autre avait entre les lèvres, pour tirer une taffe et lui recoller dans la bouche.

— T'as au moins le fric, ça pourrait être pire.

— J'suis piégé, continua le brun, sans se préoccuper de ce que l'homme venait de lui dire, appréciant la fumée de la cigarette qui emplissait ses poumons, c'était si bon. Je baise une fille que j'aime pas...même si tous les mecs rêvent de se la faire...je baise même des tonnes de filles...j-je suis bon à ça mec...j'suis grave doué même.Mon frère est un putain d'homo depuis qu'il est gamin et personne le sais, y va se marier avec une fille super et il lui ment...moi je dois baiser Lisa, parce que si je le fais pas, elle va aller dire à mon connard de père que...que...mon frère est un putain de pédé...et moi...et moi...j'ai baisé mo-mon...celui qui a été mon...quoi ? ...mon...putain j'ai baisé un mec...j'ai baisé avec mon meilleur ami...et c'était...c'était...je l'ai traité comme une merde...putain, je l'ai baisé, je l'ai baisé parce que je l'ai...non...j-je...putain, faut que ça s'arrête...

— Aimer un mec c'est pas si terrible que ça au fond, tu sais petit.

— Mais j'aime pas les mecs, s'insurgea le brun, en frappant du poing sur le comptoir. Il m'a piégé, il m'a...putain...il était si sexy, comment je pouvais résister...je le déteste d'être ce qu'il est...je...mais j'aime pas les garçons, il m'a eu parce que...il ressemble à une fille...ouais c'est ça, il ressemble trop à une fille.

Il secoua la tête pas vraiment certains de ce qu'il venait de dire, puis il récupéra la bouteille qui trônait à côté de lui, pour se resservir un verre qu'il avala cul sec, avant même que le barman ne puisse l'arrêter.

— Non, Tae y ressemble pas à une fille, il a...il a une putain de voix grave, en réalité c'est un putain de mec virile et je l'ai baisé, alors quoi...hein...quoi...j'suis homo...? J'suis un putain d'homo refoulé comme la quasi totalité des mecs de cette putain de famille de...merde.

— Ca veut rien dire, t'es juste peut-être amoureux, mais d'un mec, t'aime aucun autre mec à part lui. Oui, c'est possible.

— Ah...ouais, j'crois que j'ai lu dans un bouquin un truc du genre...c'était un mec qui était hétéro à fond et...et putain...il est tombé amoureux d'un mec et...j'crois qu'il disait qu'il était...c'était quoi son prénom déjà...euh...attend, je...peut-être que moi j'suis pas homo, machin truc, mais Taesexuel...j'crois que c'était un truc du genre...c'est ça j'suis un putain d'hétéro taesexuel, dit-il fièrement.

L'alcool combiné à la douleur avait pris le contrôle de son cerveau et même de ses réflexes. Il commençait à se sentir bien, et sa dernière révélation lui semblait complètement censée. Il était Taesexuel, c'était ça le truc, rien à voir avec le faite d'aimer les hommes.

— J'ai pas tout suivi gamin, mais si j'étais toi j'irai parler avec ce garçon, pour mettre les choses au clair.

— Y faut qu'il arrête de me prendre la tête, de...de me hanter...depuis toujours il me hante...j'en peux plus, combien de filles je vais devoir baiser pour l'oublier hein...hein...? Faut qu'il arrête avec son putain de regard, avec sa putain de sensualité, avec sa voix, avec tout, faut qu'il arrête de me provoquer...Putain, j'vais aller lui dire...faut que j'aille lui dire d'arrêter, faut que j'aille lui dire que maintenant y peux me pardonner parce que je les ai défoncé ces connards...il me manque tellement, faut que j'aille lui dire qu'il ma manqué...

Contre toute attente, il se leva, avant de balancer sur la table une liasse de billets impressionnante pour payer ses verres, disant dans sa barbe ce qui semblait être des injures. Difficilement, il arriva jusqu'à la porte et se retourna légèrement pour essayer de comprendre ce que venait de lui dire le barman.

— Eh, petit, tu m'as laissé trop de fric là, c'est quasiment un salaire, je peux pas accepter.

— J'm'en fou, j'en ai pas besoin...fais-toi plaisir...

— Tu rentre à pied j'espère, parce que t'es pas trop en état de conduire là, petit.

Il ne comprit pas un mot de ce que ce dernier venait de lui dire, alors il leva un bras au ciel et sortit. Il ne regarda même pas la route quand il la traversa, l'esprit bien trop embué par l'alcool, se faisant klaxonner par les véhicules qui l'évitèrent de justesse. Malgré tout, il arriva jusqu'à sa moto, enfila son casque et démarra sur les chapeaux de roue, se faufilant à grande vitesse dans les rues de Séoul, avec une dangerosité dont il n'avait pas conscience.

Quelques minutes plus tard, il s'arrêta devant un petit immeuble qu'il ne connaissait que depuis peu et qu'il avait quitté quinze jours plus tôt comme un voleur. Il ne savait pas vraiment ce qui l'avait poussé à venir ici, mais il profita qu'un petit groupe de jeunes entrent dans l'allée pour se faufiler. Il leur balança un merci, auquel les jeunes gens répondirent bruyamment, eux-mêmes étant bien alcoolisés aussi. Il entra dans l'ascenseur et comme il voyait flou, il s'approcha à quelques centimètres du bouton qui indiquait les étages. Il réfléchit quelques instants, puis se décida finalement à appuyer sur le chiffre six, fier de ce qu'il venait d'accomplir. Il se laissa retomber contre le fond de l'ascenseur et attendit qu'il le monte jusqu'à son étage.

Quand les portes finirent par s'ouvrir, il récupéra son casque et sortit. Il ne savait plus vraiment où il voulait aller. Toutes les portes se ressemblaient et son état ne lui permettait plus de réfléchir. Il fit tout de même quelques pas, manquant de tomber tant il n'arrivait pas à marcher droit. L'alcool s'était emparé de toute sa lucidité et sa tête tournait, ou peut-être que c'était le sol sous ses pieds. Finalement, il s'arrêta et s'appuya contre le mur, histoire de reprendre ses esprits. Il avait un mal de chien dans tout son corps.

— Putain, c'est laquelle cette putain de porte déjà ? Dit-il tout haut.

Il fronça les yeux, essayant de se rappeler sa dernière visite, mais rien, son cerveau était bien trop encombré. Maintenant il avait chaud, trop chaud et son blouson de cuir pesait sur son corps meurtri par les coups qu'il avait reçus plus tôt, mais qui étaient plus supportables à présent grâce à l'anesthésie que l'alcool arrivait à opérer. Il le retira, se retrouvant en tee-shirt et lentement se laissa glisser le long du mur. Il ferma les yeux, chercha dans la poche de son blouson le paquet de cigarette et son briquet, en sortit une du paquet et la main tremblante, tel un drogué, il l'approcha de sa bouche et l'alluma tremblant comme une feuille. Il tira plusieurs bouffées et grimaça.

— Aish...finit-il par grogner, appréciant la drogue s'emparer de ses poumons.

Puis ouvrit à nouveau les yeux, pour regarder tout autour de lui. Le couloir lui semblait immense, sans fin, comment allait-il pouvoir retrouver sa porte ?

Sonner à tous les paliers ?

Mauvaise idée, non ?

Surtout qu'il avait un mal de chien de partout.

— Putain, mais quelle idée d'habiter dans un putain d'immeuble hein, cria-t-il un peu plus fort. Putain, mais c'est quoi cette merde, Taehyung, pourquoi tu veux toujours me compliquer les choses hein ? Pourquoi c'est toujours compliqué avec TOI...bordel de merde Taehyung !

Il ne parlait pas, il criait et bientôt quelques portes s'ouvrirent, pour regarder qui se permettait de faire autant de bruit à minuit passé. Jungkook était beaucoup trop alcoolisé pour se rendre compte du bordel qu'il créait, mais en même temps il en avait marre, il était fatigué et il en était sûr, il n'arriverait jamais à trouver cette fameuse porte. Il eut alors l'idée du siècle, si lui ne le trouvait pas, alors c'est l'autre qui allait le trouver. Il laissa apparaître un petit sourire de satisfaction sur son visage et se mit à hurler son nom.

—TAEHYUNG ! TAEHYUNNNNG !

Il hurla encore et encore, sans s'arrêter. Les portes s'ouvrirent les unes après les autres, laissant échapper des cris de mécontentement, lui demandant de partir, de rentrer chez lui, mais il s'en foutait, ils n'avaient qu'à appeler la police, lui il voulait voir Taehyung. Il voulait lui dire ce qu'il avait fait.

—TAAAAAEHYUNG !

Il se leva difficilement, s'appuyant au mur, au bord de l'évanouissement, tant la douleur dans tout son corps était vive. Il écrasa la fin de sa cigarette contre la paroie, puis s'avança dans le long couloir, laissant son casque et son blouson par terre.

— TAEHYUNG !

Finalement, une porte au fond du couloir s'ouvrit doucement, laissant apparaître un jeune homme en short et en tee-shirt noir, les cheveux ébouriffés. Jungkook fronça les yeux, essayant de savoir si ce garçon était Taehyung. Il ne bougeait pas, il était dans l'encadrure de la porte et le regardait froidement. Alors Jungkook s'avança et s'arrêta à quelques mètres de lui, rasant les murs, tant il était en état d'ébriété.

— Taehyung, dit-il enfin plus calmement, pensent le reconnaître.

Il avait un doute, parce que le garçon qui se trouvait un peu plus loin en face de lui était blond, alors que la dernière fois qu'il avait vu Taehyung, il était brun.

— Qu'est-ce que tu fous là ? Lui répondit-il froidement.

— Taehyung...Taehyung, je...tu...Taehyung...c'est bien toi ? Dit-il en fronçant les yeux, pour mieux fixer son attention embrouillée par les vapeurs d'alcool.

— Dégage Jungkook, et il lui referma la porte au nez.

Jungkook, se figea un instant, puis frappa de toutes ses forces sur la porte pour que Taehyung lui ouvre.

—TAEHYUNG, ouvre-moi, PUTAIN...OUVRE-MOIIIII !

Taehyung était de l'autre côté de la porte, face à Rosé qui le regardait les yeux grands ouverts, surprise par la réaction de celui qu'elle côtoyait un peu plus intimement depuis quinze jours, depuis cette nuit qu'ils avaient passé ensemble et où ils avaient décidé de ne pas s'engager, mais de ne pas se priver non plus de passer du bon temps ensemble. Ils se faisaient du bien mutuellement et l'un comme l'autre étaient consentant.

— Pourquoi tu le laisse pas rentrer, il a pas l'air très bien, lui dit la jeune femme.

— Il est bourré Rosé et c'est pas mon pote.

— Taehyung, tu peux pas le laisser comme ça.

— Pourquoi?

— Parce qu'il est mal, parce que...

— C'est pas moi qui l'ai obligé à se mettre dans un état pareil, et encore une fois Rosé, lui et moi, on a plus rien à se dire.

— Ecoute, il arrête pas de hurler, il va réveiller tout l'immeuble, et les gens vont appeler la police si tu ne fais rien.

—TAEHYUNG ! TAEHYUNG, ouvre-moi, faut que je te dise quelque chose, ouvre-moi ! Hurlait le brun aussi fort qu'il le pouvait de l'autre côté de la porte.

— Je m'en fous, il va bien finir par partir, quand il comprendra que je m'en fou, il partira.

— Il veut te parler, alors écoute-le

— Je te l'ai dit, lui et moi c'est de l'histoire ancienne, une amitié qui s'est terminée y'a bien longtemps.

— Taehyung...

— Rosé, m'oblige pas à faire ça.

— Taehyung, lui dit encore la jeune femme en lui posant une main sur la joue, écoute-le et après tu prendra ta décision. Si il est là, s'il a bu, c'est pas sans raison, alors prends juste quelques minutes pour l'écouter.

Taehyung ferma les yeux, résigné. Que pouvait-il avoir à lui dire, ils s'étaient déjà tout dit il y avait quinze jours de ça, à la soirée de charité. Ils ne s'étaient pas recroisés depuis, à cause de leurs semaines banalisées, lui en histoire de l'art et Jungkook en sport. Cela lui avait permis de prendre du recul et de se rapprocher de Rosé, alors pourquoi était-il là ce soir ?

Pourquoi il s'acharnait à lui faire du mal, à rester dans sa vie.

Il poussa un grand soupir et ouvrit violemment la porte, embarquant Jungkook qui s'écroula au même moment dans ses bras, en grognant de douleur.

— Tae-taehyung, réussit-il tout de même à prononcer.

— Putain, mais qu'est-ce que t'es lourd, lui dit le brun, en le traînant légèrement pour le faire rentrer.

Il s'étala par terre, Jungkook dans ses bras, sous le regard de Rosé qui ne savait pas quoi faire. Le silence était revenu et dans l'appartement plus personne n'osait faire un geste, seule la respiration saccadée du brun se laissait entendre. Mais Rosé reprit ses esprits et se précipita vers Taehyung, se mettant à son niveau, pour savoir s'il allait bien.

— Taehyung, ça va ?

— Merde, il est lourd ce con et puis il pu la clope et l'alcool à plein nez c'est desespérent.

Jungkook ne parlait plus, il était accroché au corps de Taehyung, recroquevillé contre lui, à terre, les yeux fermés, la respiration erratique, cherchant tout doucement à se calmer, aux doux battements du cœur de son ami, contre lequel il s'était réfugié.

— Mon Dieu Taehyung, regarde son visage, s'écria Rosé, choqué par ce qu'elle voyait.

Taehyung se dégagea difficilement de l'emprise de Jungkook, penchant sa tête pour le regarder et son cœur s'emballa, plus qu'il ne l'aurait voulu en le voyant. Il avait tellement été en colère, qu'il n'avait pas vu l'état de son visage dans le couloir, quelques minutes plus tôt.

— Merde, mais Jungkook, qu'est-ce que t'as foutu ?

Jungkook, ouvrit lentement les yeux et ce petit geste lui fit tourner la tête. Il avait le cœur au bord des lèvres, tant l'alcool et la douleur le faisait souffrir. Mais en voyant le visage de Taehyung si près de lui et en sentant ses bras le maintenir, il esquissa un petit sourire, qu'il ravisa aussitôt quand il sentit sa plaie s'ouvrir à nouveau. Alors tout doucement, il se rapprocha de son ami, pour qu'il l'entende mieux.

— Tae, ma mère...ma...ma mère, elle va me tuer, si elle me voix comme ça, elle va me tuer...Tae...Tae, s'accrocha-t-il plus fort à lui.

— Jungkook, calme-toi, pourquoi ta mère va te tuer, qu'est-ce que t'as fait, je comprends rien ?

—Tu dois m'aider, faut que tu...tu, ah putain, j'ai mal...faut que tu m'arrange le portait, le fond de teint, de ta mère, tu sais...le fond de teint de ta mère, tu peux m'en mettre Tae, s'te plaît, elle verra que du feu...putain mon père va me tuer s'il me voit comme ça, Tae aide...aide moi.

Taehyung le regarda intensément, il avait le cœur en vrac de le voir dans cet état, il mélangeait tout et cette scène qu'il rejouait comme un bon vieux drama, le renvoya sept ans en arrière. Soudain, le souffle d'une autre personne dans la pièce le ramena à la réalité et il détourna le regard à sa droite, pour tomber dans celui de Rosé, qui le fixait sans rien dire, l'air interrogateur. Mais les mains de Jungkook qui se resserrait sur son tee-shirt, le fit à nouveau tourner la tête pour tomber dans ses orbes sombres et brillantes de larmes.

— Qu'est-ce que t'as foutu Jungkook, regarde-toi, ton visage il est...

— J'les ai défoncé Tae, ils ont insulté Taemin et Jimin et même toi, ces enfoirés, ils vont...ils voulaient...

— De qui tu parles, qui voulait quoi ?

— Tu sais, la promesse, celle qu'on s'était faite, la promesse Tae, ben j'l'ai respecté, putain y ont morflé...renifla-t-il, en grimaçant, alors qu'il essayait de se relever un peu pour être face à lui. Alors, tu me pardonnes maintenant, hein ? Tae, tu me...me pardonnes, dit que tu me pardonne, putain j'suis tellement désolé, je-j....

Et il s'écroula dans les bras de Taehyung, pleurant toutes les larmes de son corps.

Taehyung était comme paralysé, il venait de comprendre ce qu'il s'était passé, il venait de comprendre que Jungkook avait essayé de rendre justice à leur ami, mais il avait apparemment bien morflé lui aussi. Il était pitoyable comme ça à pleurer dans ses bras, lui ne sachant quoi faire, mais il n'avait qu'une envie, l'enlacer tendrement et le serrer pour ne plus jamais le lâcher. A cet instant, ils n'étaient plus que ces deux garçons de treize et quatorze ans, dans sa salle de bain, essayant de camoufler les bleus de Jungkook.

— Taehyung, se reprit-il, t'es fier de moi hein ?

— Je...il releva la tête vers Rosé, qui lui fit un léger sourire, comme si elle l'encourageait à lui répondre. Jungkook, je...Non, il n'y arrivait pas, il ne pouvait pas lui répondre. On va soigner tes plaies, relève toi.

Non, il ne pouvait pas lui pardonner, pas maintenant, pas comme ça et puis il lui en voulait tellement pour cette nuit qu'ils avaient passé ensemble. Il lui en voulait de l'avoir encore une fois rejeté, il lui en voulait d'être aussi lâche de ne pas assumer, de le rejeter à chaque fois. Mais ce n'était pas le moment des confidences, il était bourré, blessé et Rosé était là, ne comprenant rien à la situation.

Taehyung se dégagea du corps de Jungkook et tenta de le relever à son tour en le prenant par l'épaule, mais ce dernier émit un cri de douleur. Voyant la difficulté de Taehyung à le relever sans lui faire mal, Rosé se rapprocha de lui et l'aida à le soulever pour le poser doucement sur le canapé. C'est à ce moment que Jungkook s'aperçu de la présence de la jeune femme.

Recroquevillé sur le sofa, il cligna des yeux pour mieux la voir, lui fit un léger sourire puis se retourna vers Taehyung.

— Taehyung, ça y est tu l'as mis dans ton lit, déjà ? Tu...tu m'as oublié...Tae...

— Jungkook, t'es franchement lourd là, c'est pas parce...

— Laisse-le, lui dit Rosé, un peu gênée tout de même par la réflexion du brun, il n'est pas dans son état normal.

— Rosé, le fait pas souffrir, fait pas comme moi, tu sais, Tae c'est...c'est mon âme sœur, c'est...il est...putain, je...

— STOP ! Cria Taehyung. On arrête tout là, tu dit n'importe quoi, toi et moi on est pas des âmes sœurs, toi et moi on est rien Jungkook et je comprends pas pourquoi tu viens chez moi à cette heure-ci, pour foutre la merde, alors arrête de dire n'importe quoi !

— Taehyung, c'est pas très sympa de lui dire ça, regarde dans quel état il est.

— Rosé, tu sais pas qui il est, c'est...c'est...bordel Jungkook, arrête de me regarder comme ça...

— Tae, arrête de crier, pourquoi tu cries comme ça, je te l'ai dit j'ai honoré ma promesse, j'les ai défoncés, Taemin va aller mieux maintenant.

— Taemin va aller mieux maintenant ? Mais merde Jungkook, c'est trop tard, t'as pas compris ça, c'est TROP TARD !

— Je vais prendre soin de lui, Tae, toi et moi on va prendre soin de lui, hein...bordel, j'ai trop mal.

— Tu devrais appeler une ambulance Tae, il est vraiment pas bien.

— Non non, Tae, mes parents vont me tuer, je vais te laisser, j'vais...

Et dans un dernier élan, il tenta de se lever. Mais la douleur qu'il ressentit le cloua sur place et son corps retomba comme une poupée de chiffon sur le sofa.

— Jungkook, reste tranquille, je vais appeler un médecin, d'accord ?

— Non, je veux pas aller à l'hôpital, Tae, s'il te plaît, fais pas ça...le supplia-t-il en tirant sur le bas de son tee-shirt

— Ok, pas l'hôpital, juste un médecin, calme toi ok ? Finit-il par dire en posant ses yeux sur les mains du brun qui s'accrochait à son tee-shirt.

— Tae...

— Quoi ?

— Tae...t'es...t'es fier de moi hein... ? Tu vas m'aimer maintenant hein...tu vas me...aie...Tae, tu vas m'aimer encore hein...? Il s'accrochait à lui, à moitié conscient de ce qu'il lui disait, le visage figé par la douleur, les yeux ancrés dans celui du noiraud, qui le fixait tout autant.

— Détend toi Jungkook, il faut que tu te reposes, tu sais plus ce que tu dis.

— Tae...Tae, me laisse pas, me laisse plus, je peux pas, je...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, frappé par la douleur, alors qu'il avait essayé de se rapprocher de Taehyung, il retomba sur le canapé, presque inconscient.

Taehyung le déplaça avec une immense douceur sur le canapé, pour l'allonger, puis, il alla chercher une couverture et lui posa dessus.

Épuisé, le cœur en vrac, il s'assis à côté de lui, résigné, et enfouit son visage dans ses mains.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? Lui demanda Rosé, tout en enfilant sa veste.

— Tu vas où ? Dit-il en relevant les yeux sur elle, étonné de la voir se rhabiller.

— J'ai envoyé un message à Jenny, elle passe me chercher, elle est pas loin.

— Mais, Rosé...

— Il a besoin de toi, il a besoin de son ami Taehyung.

— On est plus amis Rosé.

— Alors il a besoin de son âme sœur.

— On n'est plus tout ça Rosé.

— Alors il a besoin de toi, Taehyung. Tout simplement de toi.

— Et moi j'ai besoin de toi, alors ne me laisse pas, s'il te plaît Rosé, ne me laisse pas seul avec lui...

— Je sais, mais ce soir occupe-toi de lui, il en a plus besoin que toi, regarde dans quel état il s'est mis. C'est pour toi qu'il a fait tout ça Taehyung, tu dois l'aider, il a été ton meilleur ami, même si aujourd'hui tu ne veux pas de cette amitié, tu dois l'aider, d'accord ?

Taehyung lui fit un petit signe de tête en signe d'accord, puis se passa les mains sur le visage.

— On se voit vite d'accord, elle s'approcha, lui déposa un baiser sur la joue, récupéra ses souliers et sortit de l'appartement.

Il y avait un silence de mort, dans le salon et Jungkook semblait s'être endormi recroqueviller sur lui-même. Que devait-il faire ? Appeler un médecin ? Il était dans un sale état, il avait peut-être quelque chose de cassé ? Mais qu'est-ce qu'il avait encore foutu ?

La sonnerie d'un téléphone le sortit de sa léthargie et il se pencha sur la table machinalement pour regarder son écran. Cette sonnerie, ce n'était pas la sienne, alors il se pencha au-dessus de Jungkook et récupéra le téléphone qui se trouvait dans la poche de son jean.

— Allô ?

— Qui est à l'appareil ?

— Namjoon, c'est Taehyung.

— Mais, pourquoi tu as le téléphone de Jungkook ? Il est où, ça fait des heures que j'essaye de le joindre, on le cherche partout.

— Il est chez moi.

— Je comprends pas, qu'est-ce qu'il fou chez toi ?

— Figure-toi que je me pose la même question depuis tout à l'heure. Il a foutu un bordel pas possible dans mon immeuble et il est dans un sale état.

— Je viens le chercher, dis-moi où t'habite.

— Je vais sûrement regretter de te dire ça, mais je crois pas qu'il soit en état de bouger, alors je vais le garder cette nuit, là il dort et je vais appeler un médecin.

— T'as raison, merci Taehyung, je sais que ça te coûte d'être avec lui, mais il a pété un plomb quand...quand Taeyong et Hyunjin vous ont insultés, j'aurai jamais dû le laisser seul...

— Ecoute, j'suis naze et je dois encore appeler le médecin, alors c'est pas que mais, j'ai pas franchement envie de faire la causette avec toi maintenant.

— Appel-moi demain, je viendrais le chercher et...

— Et quoi ?

— Merci Taehyung, vraiment merci. Je crois que si il est venu chez toi c'est pas pour rien, vous avez été les meilleurs amis.

— Namjoon, je...

— Attends Taehyung, je...j'ai pas assuré tout à l'heure, alors s'il te plaît, oublie tes rancœurs et occupe toi de lui. Il est vraiment mal en ce moment et je sais pas pourquoi il le dit pas pas mais tu lui manque, ton amitié lui manque depuis si longtemps, alors...

— Nam, je me fou de tout ça, je me fou qu'il soit mal, je vais le remettre sur pied et terminer, lui et moi c'est terminé depuis longtemps maintenant.

— Merci...à demain.

Il raccrocha aussitôt, sans répondre et posa le téléphone de Jungkook sur la petite table, le regardant un instant dormir. Il semblait souffrir, son visage se crispait à chacun de ses mouvements. Alors, lentement, Taehyung glissa l'une de ses mains sur le bas de son tee-shirt et le releva, découvrant l'étendu des dégâts sur son corps. Il avait des hématomes de partout et il pouvait voir les muscles de ses abdos se contracter à chacune de ses respirations.

Comme attiré, il laissa ses longs doigts suivre les petites auréoles bleutées, les glissants jusqu'à la naissance de son boxer d'où dépassait de chaque côté de son bas ventre un tatouage d'ailes déployées. Il avait vaguement aperçu ce tatouage cette fameuse nuit, mais n'avait pas pu en profiter, trop pris par ses émotions. Ce n'était pas le seul tatouage que le jeune homme avait sur le corps, il en avait sur les flancs, sur l'un de ses pectoraux et d'autres sur son bras gauche. A ce contact prolongé, Jungkook ouvrit les yeux, tombant dans ses orbes sombres et brillantes.

— Taehyung, lui dit-il en posant une de ses mains sur la sienne.

— Jungkook, je crois que tu as des côtes fêlées, je vais appeler un médecin, suggéra-t-il en essayant de dégager sa main de la sienne.

—Tae, non, pas...fa-fais pas ça...

Son corps se mit soudainement à trembler et ses lèvres se plissèrent dans un mauvais rictus.

— Jungkook, qu'est-ce qui se passe ? S'inquiéta-t-il.

— Je crois que...que j'ai envie de vomir.

— Bouge pas, je vais chercher un seau.

— NON...non, et il se leva, prenant sur lui pour ne pas hurler, tant la douleur était intense, et se dirigea instinctivement jusqu'à la salle de bain, où il s'écroula au-dessus de la cuvette des toilettes en hurlant de douleurs, vomissant sans répit pendant de longues minutes.

Taehyung se leva à son tour et le rejoignit jusqu'à la salle de bain, où il s'accroupit à côté de lui, relevant sa longue chevelure humide pour éviter qu'il ne s'en mette de partout. Doucement, comme pour le rassurer, mais aussi tout naturellement, il glissa son autre main sur son dos et réalisa quelques petits mouvements circulaires.

Au bout d'un quart d'heure qui leur parut une éternité, c'est épuisé et honteux que Jungkook se tourna vers Taehyung, qui n'avait pas bougé ni dit un seul mot, attendant que le beau brun reprenne un peu ses esprits.

— Pardon...pardon Taehyung, j'suis désolé de te faire encore souffrir, j'suis désolé mais l'autre soir je sais pas, j'aurai pas dû, tu mérites pas ça, je...mais je peux pas...toi et moi, c'est...je peux pas, j'arrive pas...je...

Il n'arrivait plus à parler, il n'arrivait pas à lui dire ce qu'il ressentait tout au fond de lui, mais surtout il n'avait pas les idées claires et Taehyung le regardait sans rien dire, là assis juste à côté de lui.

— Arrête de parler, t'es pas dans ton état normal, et je sais, t'as déjà été très clair, je suis passé à autre chose.

— Tae, cette nuit...toi et moi, je peux pas...

— Arrête, c'est bon.

— Pardon, pardon de t'avoir fait ça, j'ai si mal Tae, et il posa sa tête sur les genoux de Taehyung, refermant les yeux tant la fatigue et la douleur commençait à l'assaillir.

Taehyung resta un moment dans cette position inconfortable, posant ses mains dans la chevelure longue et bouclée de Jungkook, passant ses doigts dans ses mèches pour le rassurer. Il lui faisait souvent ça lorsqu'ils étaient enfants et le brun se laissait emporter par ces douces sensations dans le sommeil, comme à cet instant.

— Tae...

Jungkook dans une dernière tentative, les yeux pleins de larmes releva la tête et tomba dans le regard de Taehyung.

— Hm, dit-il tout en continuant à lui caresser les cheveux, oubliant presque sa rancœur, tant la présence de Jungkook lui faisait du bien, malgré la situation.

— Je...j-je...je crois que je t'...enfin, je crois que...Tae je...

Mais il n'arrivait pas à terminer sa phrase, c'était bien trop dure, il n'avait pas vraiment les idées claires, l'alcool coulait encore dans ses veines.

— Laisse tomber Jungkook, t'as trop bu, tu sais pas ce que tu dis.

— Si, justement, quand j'ai bu c'est plus facile alors...Tae je...je t'ai...mais rien à faire il n'y arrivait pas. Putain...

Ils se regardèrent un long moment, laissant le silence s'installer entre eux. Jungkook semblait vouloir lui dire quelque chose, mais vraisemblablement il n'y arrivait pas et cette situation devenait gênante. Taehyung s'arrêta de lui caresser les cheveux et Jungkook baissa la tête, résigné et confus.

— Bon, viens, lui dit Taehyung, en le soulevant avec la plus grande des délicatesses, provoquant malgré tout des plaintes de ce dernier. Il ne pouvait pas rester indéfiniment comme ça à attendre...mais attendre quoi, au juste ?

Il le porta jusqu'à son lit, où il lui retira ses bottes de moto, son tee-shirt et son pantalon, pour le laisser en caleçon. Ce ne fut pas chose facile car bien que Jungkook n'était pas gros, il était tout en muscles, comparé à lui. Il prit quelques minutes pour inspecter l'étendu des bleus qui recouvraient son corps et alla chercher un onguent qu'il lui appliqua délicatement, ce qui fit contracter les muscles de ce dernier à chacun de ses passages. Mais il était tellement épuisé qu'il n'avait même plus la force de dire quoique ce soit. Ses paupières s'étaient fermées, essayant quelques fois de les ouvrir, en vain. L'application terminée, il lui enfila un tee-shirt propre qu'il était allé chercher dans l'un de ses placards et lui enfila.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres sans même qu'il n'y prête attention en découvrant que ce dernier lui serrait. Jungkook avait vraiment un corps magnifique et tellement musclé, alors que lui...lui il était bien plus chétif que lui, même s'il était aussi musclé. Oui, Jungkook avait un corps sublime et ses nombreux tatouages le mettait encore plus en valeur.

Cette fameuse nuit qu'ils avaient passée ensemble avait été si courte qu'il n'avait pas pu parcourir autant qu'il l'aurait souhaité tous ces beaux tatouages qui très certainement avaient des significations importantes pour lui. Lesquelles, puisqu'il les avait fait pendant ces trois années loin de son pays. Il se laissa emporter par ses songes, imaginant ses mains délicates parcourir son corps, glisser sur ses muscles saillants, pour finalement se laisser abandonner à son tour à son toucher délicat, comme il l'avait fait cette nuit merveilleuse.

Il reprit soudain ses esprits et le tira légèrement au milieu du lit, pour qu'il soit plus à l'aise et le recouvrit avec sa couette. Il appellerait demain le médecin, en attendant il avait besoin de repos, tout comme lui d'ailleurs. Alors, il s'approcha doucement de lui, déposa un doux baiser sur ses lèvres meurtries et après un dernier regard sur lui, il éteignit la lumière et sortit de sa chambre, récupérant un plaide au passage, pour aller se coucher sur le canapé. La nuit allait être longue tant les multitudes de questions embaumaient son esprit. Le réveil allait être difficile, pour l'un comme pour l'autre, d'autant que la dernière fois que Jungkook était venu ici, c'était après qu'ils aient commis l'irréparable.

*

Quand il ouvrit les yeux, il dû les faire cligner plusieurs fois, avant de comprendre où il se trouvait, et encore il n'était pas tout à fait sûr du lieu. Ce qui était certain, c'est qu'il n'était pas dans sa chambre, et qu'il voyait trouble d'un œil. Il essaya de bouger mais une douleur terrible dans le bas du ventre le foudroya sur place et lui arracha un petit cri étouffé. Ça y est, les souvenirs lui revenaient, Il avait cogné Taeyong et Hyunjin et avait pris par la suite une énorme raclée à son tour. Il était allé voir si Taemin se portait bien, où là encore il avait fait n'importe quoi, il l'avait suivi dans son baiser. Il se souvenait du bar, de l'alcool qu'il avait ingurgité, puis plus rien, il ne se rappelait plus rien. Pourquoi et comment il était arrivé là, c'était le trou noir.

Il tenta à nouveau de se lever et réussit malgré la douleur à s'asseoir sur le bord du lit. Doucement, il se passa les mains sur le visage et dégagea ses longs cheveux en arrière, ouvrant les yeux du mieux qu'il pouvait pour regarder tout autour de lui. De légers rayons de soleil tentaient de s'infiltrer à travers les volets, lui permettant de mieux appréhender l'espace dans lequel il était. Il inspira fortement et c'est l'odeur d'un parfum qui lui fit prendre conscience de là où il était. Cette odeur si délicate, si enivrante, c'était...

Cette odeur, il aurait pu la reconnaître entre mille, c'était celle de...non, il n'avait pas fait ça, il n'était pas venu chez Taehyung.

— Putain, souffla-t-il tout tout bas pour lui-même, s'accrochant au bord du lit et baissant la tête presque résignée.

Un mauvais goût dans la bouche le fit tiquer, il avait sûrement dû vomir. Lentement, il releva la tête regardant à nouveau tout autour de lui, pour mieux appréhender l'espace.

Cette pièce, il la reconnaissait maintenant, ce lit, cette fenêtre, oui, tout lui revenait...avait-il refait la même bêtise avec Taehyung cette nuit ? Il avait beau chercher, creuser dans sa mémoire, mais à part un horrible mal de tête, rien, pas un seul souvenir. Peut-être ne voulait-il tout simplement pas se rappeler ? Et où était Taehyung ? Il n'y avait pas âme qui vive, pas un bruit, dans l'appartement.

Il approcha sa montre de son visage et jeta un œil à l'heure et à la date. C'était samedi et il était tout juste treize heures.

Il releva son tee-shirt, étudiant l'étendue des dégâts sur son ventre. Ils ne l'avaient pas raté, les ecchymoses violacées était si étendues et prononcées, qu'elles effaçaient presque les tatouages de son bas ventre et de ses flancs. Il avait un mal de chien et très certainement des côtes fêlées. Il laissa glisser ses mains sur ses blessures, quelqu'un lui avait appliqué une pommade ou quelque chose dans le genre.

Lentement, il se leva, grinçant des dents pour ne pas émettre de son et briser le silence qui était installé dans l'appartement. Il récupéra son jean qui était posé sur la commode et l'enfila, non sans difficulté, pour ensuite s'attaquer à ses bottes. Le tee-shirt qu'il portait ne lui appartenait pas, il le serrait un peu d'ailleurs, mais où était le reste de ses vêtements ? Son blouson, son téléphone ? Mais qu'est-ce qu'il avait encore foutu, bordel ?

Il hésita un instant avant de s'approcher de la porte et au moment où il allait sortir, il sentit la poignée se dérober sous ses mains. Il recula, surpris et fixa la porte, presque paniqué à l'idée d'y voir apparaître une certaine personne. Qui d'autre à part lui, pouvait bien être là de toute façon.

Taehyung ouvrit délicatement la porte et eut un petit mouvement de recul, en voyant Jungkook, juste devant lui. Il ne s'attendait pas à le voir réveiller, il n'avait entendu aucun bruit et il s'était inquiété.

— Ah, t'es réveillé, osa t-il tout de même prononcer, alors que ses orbes étaient tombés dans le regard cabossé du plus jeune.

— Je...oui...je...

— Ils t'ont pas ratés, ton visage est vraiment dans un sale état, lui dit le blond.

— Vraiment...dit-il en relevant la main pour la passer sur son visage.

Il devait vraiment avoir une sale tête, vu le regard avec lequel Taehyung le regardait. Il voyait même trouble d'un œil et parler, lui faisait un mal de chien.

— Je venais voir comment tu allais et si tu voulais que j'appelle un médecin.

— Non, ça va aller, lui répondit le brun, toujours en le fixant.

—Tu veux boire quelque chose ? Dit le blond pour rompre leur contact visuel.

— Taehyung, qu'est-ce que je fais là, qu'est-ce qu'on...

Non, c'était tout, il n'avait que ça à lui dire.

Pas de merci de m'avoir gardé chez toi, de t'être occupé de moi, alors que je t'ai jeté comme une merde quelques jours auparavant.

Non, il s'inquiétait de quelque chose, il s'inquiétait de ce qu'il avait pu faire. Il aurait dû le laisser dehors, il le savait, il allait encore le payer.

Il allait encore le regretter et avoir mal.

— Je t'arrête tout de suite, il ne s'est rien passé entre nous si c'est ce qui t'inquiète, t'as juste gâché ma soirée, en hurlant dans le couloir, t'étais tellement bourré, que j'avais pas d'autre choix que de te récupérer, lui dit-il d'un ton sec.

Il était tellement énervé par la réaction de Jungkook, il avait vu sur son visage la panique et ça lui avait fait mal.

— Excuse-moi, je ne me rappelle de rien et j'avais peur que...

— Peur de quoi Jungkook ? Que je profite de la situation ? Tu me prends pour qui hein. Mais t'inquiète, ton message à été clair l'autre jour, j'ai bien compris que ce qu'il s'est passé l'autre nuit était une erreur et surtout j'ai bien compris que j'étais qu'une simple expérience pour toi, ni plus ni moins. Après tout, ça a toujours fonctionné comme ça entre nous.

— Taehyung, c'est faux, t'es pas une expérience, c'est juste que t'es un garçon et enfin, c'est pas possible un truc pareil, tu comprends pas.

— Pourquoi tu joues toujours avec moi Jungkook ?

— C'est pas un jeu bordel, t'aurai dû tout arrêter cette nuit, t'aurai dû m'arrêter, je pouvais pas faire ça...non mais t'imagine, j'ai couché avec un mec et...

— Pas avec "un" mec Jungkook, avec moi, Taehyung. C'est avec moi que t'as couché. C'est trop facile de me mettre ça sur le dos.

— Mais...et...

— Et quoi Jungkook ?

Il avait parlé plus fort qu'il ne l'aurait voulu.

— Et c'est pas possible, ce qu'on a fait c'est juste pas possible.

— C'est quoi qui n'est pas possible hein, d'avoir coucher avec moi ou d'avoir couché avec un mec ?

— Les deux Taehyung, je me sens tellement...

— Tu te sens tellement quoi...

— Je me sens...je...

— Vas-y, sois honnête pour une fois, tu te sens comment ? Dit-le.

— Putain, mais arrête de me provoquer parce que...putain mais merde Tae, je...je me sens sale tu comprends, tu peux pas imaginer comme j'me sens sale, putain... j'arrête pas d'y penser, ça me hante, depuis quinze jour j'arrête pas de penser à ce qu'on a fait, à cette connerie qu'on a fait cette putain de nuit. Merde, Taehyung, on a grandi ensemble, on a tout partagé, mais on pouvait pas partager ça, parce que ça c'est...c'est...

Taehyung était cloué sur place, les mots que venait d'employer Jungkook venaient de lui transpercer le cœur, c'était sale, il se sentait sale. Et lui alors, comment il devait se sentir en entendant ces mots ?

En ayant été traité comme un moins que rien, en s'offrant à lui, après tout ce qu'il lui avait fait subir.

Jungkook n'en pouvait plus de rester dans cette chambre, lieu d'un souvenir dont il ne voulait plus se rappeler. Alors il passa devant Taehyung qui semblait s'être figé et se faufila jusqu'au milieu du salon où il s'arrêta brusquement quand il entendit le plus vieux l'interpeller.

— Attends...lui dit Taehyung en s'approchant pour se retrouver face à lui, gardant tout de même une distance. Si cette nuit est une erreur, alors pourquoi tu m'as écrit ce mot Jungkook ? Pourquoi tu l'as laissé sur ma table ? Et pourquoi t'es là ?

— Je sais pas, j'avais honte de t'avoir fait ça, je sais pas pourquoi je t'ai écrit ces mots, mais oubli tout, c'était une erreur.

— Pourquoi tu me regarde pas ?

Jungkook avait la tête baissée, il ne voulait pas le regarder, il ne voulait pas se souvenir de cette nuit, non, jamais. Il avait peur, peur de céder à nouveau à ce sentiment qu'il n'arrivait pas à comprendre quand Taehyung était près de lui.

Non, il ne voulait pas.

— Putain, Jungkook, regarde-moi et dit moi dans les yeux que t'as détesté cette nuit. Parce que moi cette nuit, je l'ai adoré. J'ai adoré que tu me touches, j'ai adoré me donner à toi, oui j'ai aimé tout ça, jusqu'à que tu m'appelles hyung, jusqu'à que je sente ton regard sur moi, ce regard Jungkook. A ce moment-là j'ai compris, alors t'inquiète pas ça restera entre toi et moi, je vais pas casser le mythe. Je vais pas détruire ta réputation, je me déteste suffisamment pour avoir encore cédé à tes caprices, pour avoir cru que tu pouvais m'aimer, que...

— Arrête ! Dit-il enfin, se passant les mains sur son visage meurtrie

— Que j'arrête...sinon quoi Jungkook, hein ? Sinon après m'avoir baisé, tu vas me frapper...

— NON ! Hurla-t-il enfin en le dévisageant cette fois-ci. Mais pour qui tu me prends Taehyung, je suis pas un monstre !

— Mais vas-y, te gêne pas, comme ça la boucle est bouclée !

— Arrête, j'te déteste, arrête, répéta-t-il, des sanglots dans la voix.

— Alors pourquoi t'es là ?

— Parce que j'voulais qu'on redevienne amis !

— Ami ? Parce que tu baises tes amis toi ?

— Arrête Taehyung, c'est toi qui m'a provoqué, toi qui m'a cherché cette nuit-là...

— Vraiment ? S'étonna le plus vieux. C'est moi qui te cherche tout le temps Jungkook et pourtant c'est toujours toi qui viens vers moi, toujours toi qui provoque nos rapprochements depuis qu'on est gosses, alors vraiment tu penses encore que c'est moi qui te cherche ? Si ce qu'on a fait cette nuit est si sale, alors pourquoi t'es venu chez moi hier, pourquoi, hein ? Dit le blond, un peu plus fort.

— Je suis pas, enfin... je suis pas...

Tout se mélangeait dans sa tête, la douleur, les sentiments et Taehyung le poussait à bout avec toutes ces questions, avec tous ces reproches. Il avait envie de partir loin d'ici, il avait envie de tout oublier, de l'oublier, de s'oublier.

— T'es pas quoi, Jungkook ?

— Pas comme toi, j'suis pas...

Il le provoquait, clairement oui, il le provoquait avec ses questions et avec ce regard qu'il posait sur lui, ce putain de regard qui lui transperçait le coeur à chaque fois qu'il posait les yeux sur lui.

— Dis-le, vas-y.

— J'suis pas un putain d'homo...putain, non j'suis pas ça !

— "Ça" ?

Son cœur venait presque de s'arrêter, il n'entendait même plus les battements. C'était comme si soudain il était mort de l'intérieur. D'abord Hyung et maintenant ça. Comment avait-il pu penser ne serait-ce qu'une seule seconde que Jungkook puisse le voir autrement qu'une chose qu'il pouvait manipuler à sa guise.

Leurs regards se soutenaient, c'était comme si le temps venait de s'arrêter, l'un choqué par les paroles du premier et l'autre par les mots qu'il avait employés, parce qu'il ne voulait pas dire ça, non, il voulait lui dire tant de choses, mais pas ça...Taehyung sentit ses jambes fléchir et s'accrocha au rebord de son canapé, il ne voulait pas lui montrer à quel point il venait de lui faire mal.

—Taehyung, pardon...p-pardon, dit-il paniqué. Je...non, je...

Qu'est-ce qu'il avait dit.

Alors dans un grand soupir et avec un ton qu'il aurait voulu moins dur, Taehyung s'adressa à Jungkook.

— Vraiment, c'est comme ça que tu me vois...

Son regard sur lui n'avait jamais été aussi dur, il l'avait détruit, en quelques secondes, il l'avait mis plus bas que terre.

— Taehyung, tenta-t-il de s'approcher, mais le plus vieux releva la main et lui fit signe de s'arrêter.

Il ne voulait pas qu'il le touche, plus jamais, non plus jamais.

— Sors de chez moi Jungkook et ne m'adresse plus jamais la parole, tu entends.

— Taehyung, attends, c'est pas ce que je...

— Tais-toi ! Tu viens enfin de mettre un terme à toutes ces années, tu viens enfin de me libérer de toi, tu viens enfin de me faire regretter cette nuit, alors sors de chez moi, Jungkook.

— Attends, je...

— Sors !

Jungkook tenta de capter son regard une dernière fois, mais Taehyung baissa les yeux et l'ignora. Alors il lui passa devant, récupéra son téléphone qui trônait sur la table à côté de son casque et son blouson de cuir. Lentement, il se dirigea jusqu'à la porte d'entrée, comme s'il attendait un mot, une parole de Taehyung, parce que peut-être que s'il l'avait fait alors, peut-être qu'il aurait craqué à nouveau, il était si faible avec lui. Mais ce dernier n'en fit rien, alors, le cœur brisé, il appuya sur la poignée de la porte et sortit, ne laissant résonner dans l'appartement et dans le cœur de Taehyung que le claquement sec de cette dernière.

La boucle était bouclée, ils s'étaient tout dit, plus de retour possible, plus de promesse, plus d'amitié, plus rien...si ce n'est deux étrangers.

Il avait tout détruit, comme toujours, il l'avait détruit, comme il s'était détruit lui-même.

Non Taehyung, je ne me sens pas sale, non tu n'est pas "ça", non je ne regrette pas ce qui c'est passé.

Tu es dans ma tête Taehyung, tu es dans mon cœur, tu es mon oxygène et si tu me rejettes je vais mourir, je vais mourir à petit feu.

Mais c'est impossible, c'est juste impossible ce qui nous arrive, je ne peux pas t'aimer, tu ne peux pas m'aimer...jamais.

Ne me laisse pas partir, retiens-moi...Taehyung ne me déteste pas...

Si, déteste moi,...déteste moi parce que je suis lâche, parce que...

Parce que je ne te mérite pas.

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