Retour vers le passé 2 : Les...

By Ansa2217

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Suite directe de Retour vers le passé : Croqué par le crocus. Suite à leurs morts dans la fan-fic précédente... More

Chapitre 1 : En attendant l'histoire
Chapitre 2 : Guerre et paix :
Chapitre 3 : Rencontres:
Chapitre 4 : Les apprentis :
Chapitre 5 : En quête des Arendelliens partie 1 :
Chapitre 6 : En quête des Arendelliens : Partie 2 :
Chapitre 7 : De tes rêves à mes rêves :
Chapitre 8 : Amis ou ennemis ?
Chapitre 9 : Je l'aime à mourir :
Chapitre 10 : Entrée en Arendelle :
Chapitre 11 : Le cinquième esprit :
Chapitre 12 : Ne s'aimer que la nuit :
Chapitre 13 : Non je ne regrette rien :
Chapitre 14 : Je veux y croire :
Chapitre 15 : Le coeur a ses raisons que la raison ignore :
Chapitre 16 : Au nom des Piceaerd :
Chapitre 17 : Juste après :
Chapitre 18 : Fière et libre :
Chapitre 19 : La ronde des rennes :
Chapitre 20 : Être à la hauteur :
Chapitre 21 : Je te cherche :
Chapitre 22 : Croquée par le crocus :
Chapitre 23 : Anna pour toutes, toutes pour Anna :
Chapitre 24 : Longtemps :
Chapitre 25 : Comment vivre sans votre lumière ?
Chapitre 26 : Je voudrais un bonhomme de neige :
Chapitre 27 : Je voudrais vous revoir :
Chapitre 28: Le temps des secrets :
Chapitre 29: Le temps des amours:
Chapitre 30: Helveg ou comme demain c'est Pâques : La résurrection :
Chapitre 31 : Les yeux de ma Iduna :
Chapitre 32 : Aimer à perdre la raison :
Chapitre 33 : Si j'osais... :
Chapitre bonus 1 : Dévoile-toi :
Chapitre bonus 2 : La chamane :

Chapitre bonus 3 : Elise :

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By Ansa2217

Je venais de rentrer à la maison. J'avais dû partir tôt ce matin-là pour donner la leçon aux petits Northuldra du village y compris Iduna qui sautillait d'un pied sur l'autre canalisant sa patience comme elle le pouvait du haut de ses quatre ans.

-Maman est-ce que je peux aller jouer avec Béata ? Demanda-t-elle d'une voix fluette alors que nous venions de passer la porte de la maison.

Je la dévisageai, comprenant l'importance de sa requête et ce qu'elle cachait en réalité.

-Tu auras le droit de jouer avec Béata une fois ta leçon de chamanisme terminée mon Ange de l'Air, tu le sais, cela n'a pas changé depuis hier, expliquai-je.

Iduna se referma immédiatement affichant une mine boudeuse. Elle se frotta les mains de contrariété et courut dans les bras d'Elysia qui nous attendait dans la salle à manger avant d'aller faire paître les rennes.

-Ah ! Voilà les deux femmes de ma vie ! S'écria-t-il en resserrant l'étreinte de notre fille...Oh ? Mais quelque chose ne pas va mon petit Ange de l'Air ? Ajouta-t-il en voyant ses yeux bleus de colère.

Iduna pointa alors un doigt dévastateur vers moi et murmura :

-Maman elle n'est pas gentille, elle veut que je fasse encore du travail alors que j'ai déjà bien fait mes leçons ce matin !

Mon mari regarda immédiatement dans ma direction et nous ne pûmes nous empêcher de retenir un fou rire. J'attendis que notre fille ne nous regarde pas pour lui faire signe d'entrer dans le jeu de notre enfant.

-Comment ? Maman te force encore à faire du chamanisme ?! Elle n'est vraiment pas drôle ! Reprit Elysia alors que je fis de plus en plus semblant d'être en colère.

-Tu devras lui apprendre à s'amuser Papa, suggéra-t-elle innocemment.

Mon mari devint rouge alors que j'avais de plus en plus de mal à garder mon sérieux.

-Oui tu as raison mon Ange de l'Air, finit-il par dire, alors quel jeu pourrions-nous montrer à Maman pour qu'elle s'amuse à ton avis ?

Iduna répliqua aussitôt :

-Celui de cache-cache Papa ! Moi j'aime beaucoup ce jeu ! On y joue souvent avec Béata et Courant d'Air !

Elysia hocha la tête d'un air entendu et dit à son tour :

-Parfait ! Faisons donc cela ! Tu vas te cacher et nous allons te chercher chacun de notre côté. Si Maman te trouve, vous faîtes la leçon de chamanisme. Si Papa te trouve, tu pourras directement aller jouer avec Béata, c'est compris ?

Je fis aussitôt les gros yeux à mon amant, non satisfaite de cet accord. A voir la tête d'Iduna, elle non plus n'était pas complètement convaincue. Toutefois, elle finit par répondre :

-Oui Papa c'est d'accord, vous comptez jusqu'à cinq-cents et pas de triche !

-Promis mon Ange de l'Air ! Clamai-je, interdiction pour toi d'utiliser les esprits pour t'aider par contre !

Elle hocha la tête et nous força à fermer les yeux et compter avant de s'enfuir de la hutte. Nous arrêtâmes dès l'instant où elle partit, nous contentant de nous fixer avec amusement.

-Hum...C'est moi ou vous venez de m'empêcher d'effectuer le travail attendu par toute la tribu Northuldra, Monsieur Piceaerd ? Murmurai-je en me postant face à lui.

Elysia fit semblant d'être la victime et répliqua :

-Quoi ? Moi ? Accusé injustement d'avoir voulu sauver la vie de ma fille ?! Je n'oserai jamais provoquer la colère d'Anna Piceaerd ! Toutefois, j'ai ouïe dire qu'il fallait que tu t'amuses...Et si je ne m'abuse, il existe un moyen assez agréable...

Joignant le geste à la parole, mon amant s'avança ,commençant à me défaire le lacet de robe. Je le repoussai gentiment car j'avais autre chose en tête.

-Ça aurait été avec plaisir, dis-je sincèrement, mais le futur rôle de notre fille est plus important pour l'instant...Et puis je suis fatiguée, je ne me sens pas très bien, je crois que je couve quelque chose.

Elysia me regarda aussitôt d'un air boudeur et maugréa :

-Iduna n'a pas l'air si pressée que ça de devenir chamane, et puis tu te lèves tous les jours très tôt depuis la reprise des leçons aux autres membres de la tribu...Dis-le tout de suite si tu veux m'éviter...Peut-être que je ne te plais plus et que tu ne veux plus de moi depuis qu'il y a eu la fausse couche d'Helga...

Contrariée dans un premier temps par ce triste souvenir, je m'approchai de lui et l'embrasser langoureusement tout en rayonnant intérieurement.

-Elysia Piceaerd tu serais un idiot de croire cela, murmurai-je sentant un nouveau vertige.

-Tu n'es pas plus pâle que d'habitude, renchérit-il tout en posant doucement sa main sur mon front, tu n'as pas de fièvre en tous cas, tu devrais plutôt te reposer au lieu de vouloir embêter Iduna puisque tu es si fatiguée. Je vais aller la chercher.

Je voulus lui faire une étreinte mais mon mari se déroba. Il resta très distant mais attendis que je me mette au lit avant d'ajouter :

-Je vais aller chercher Mouna aussi, elle pourra te faire un diagnostic.

Il était sur le point de partir avant que je ne l'appelle :

-Elysia...

Il se tourna aussitôt vers moi et répliqua :

-Quoi ?

-Je t'aime, soufflai-je.

Son visage se détendit m'indiquant qu'il n'était plus fâché. Cela marchait à chaque fois. Il resta silencieux quelques secondes puis reprit :

-Moi aussi je t'aime Anna Piceaerd.

Il s'en alla alors que je me touchai le ventre. Je n'étais qu'une idiote. Comme pour Iduna et Helga je ne savais pas comment annoncer la merveilleuse nouvelle à mon mari. J'avais beaucoup pleuré ma dernière fausse couche. Elysia ne m'avait pas jugé, ne m'avait pas rendu coupable. Nous nous aimions toujours autant. Nous avions fait face à la situation grâce à notre fille. Je caressai à nouveau mon ventre.

-Et maintenant nous allons pouvoir aller de l'avant avec toi ma petite Elsa, chuchotai-je.

Elle n'était pas encore visible dans mon esprit, n'ayant été faite que très récemment. J'entrevoyais juste une étreinte passionnée d'il y a quelques jours de mon mari et moi-même dans notre chalet. Nous étions fin mai. La petite naîtra fin février.

-Mouna ne verra rien. Et je ne pourrai l'annoncer qu'à mon Elysia, me convainquis-je.

J'eus juste le temps d'y penser que mon amant choisit ce moment-là pour revenir avec la guérisseuse.

-Où est Iduna ? Demandai-je surprise.

Mon mari répondit avec un grand sourire :

-Avec sa grand-mère en train d'appliquer une leçon de chamanisme.

Je me renfrognai aussitôt avant de répliquer :

-Oui je sais qu'elle préfère les faire avec elle ! Bon...Ce n'est pas plus mal, le plus important c'est qu'elle apprenne...Et au moins elle n'est pas avec Béata.

-Elles joueront ensemble après, précisa bientôt Mouna qui me rappela sa présence.

Elle m'observa longuement puis me confia :

-Alors il paraît que tu ne vas pas très bien Anna Piceaerd.

Elle prit un tabouret et vint s'assoir à mes côtés, prête à m'examiner.

-Comme je disais à Elysia, juste de la fatigue, rien de bien dramatique, expliquai-je ne souhaitant pas lui dire que j'étais enceinte.

-Permets-moi de vérifier, déclara-t-elle d'une voix professionnelle.

Sans attendre, elle m'ausculta les yeux, les oreilles, la bouche. Puis elle me tata les seins et le ventre. Je me contrôlai pour ne pas grimacer ou faire un geste qui puisse lui faire comprendre que j'attendais un enfant.

-Tu n'as pas de douleurs ? Nulle part ? Insista-t-elle.

-Non...Comme je te l'ai dit...Juste mal à la tête et une très grande fatigue mais rien de bien grave...C'est l'âge qui veut ça, mentis-je.

Mouna rit et rétorqua du tac au tac :

-Qu'est-ce que je devrais dire moi ! Dois-je te rappeler qui t'as mise au monde ?!

Je secouai la tête tandis qu'elle retrouva son sérieux. Elle était agacée, non satisfaite de son pronostic. Elle se tourna ensuite vers Elysia qui attendait toujours patiemment avec inquiétude et quémanda :

-Concocte-lui du lait de renne, ça lui redonnera des forces.

Puis elle m'observa à nouveau et répliqua avec un soupir :

-Je n'ose pas en parler à Amarok et Yélana...Mais je crains que les habitants d'Arendelle nous rapportent des maladies que nous ne pourrions pas traiter.

-Comme les européens avec les amérindiens autrefois ? Questionnai-je surprise.

-Exact, répondit-elle, forte heureusement pour la majorité des Northuldra il n'y aurait pas de problème puisqu'ils ne se côtoient pas. Mais toi Anna, c'est particulier, ton frère est là-bas, et puis tu y es allée avec Yélana.

-Oh je t'en prie Mouna ! C'était pour la naissance d'Iduna, il y a quatre ans maintenant ! Réfutai-je, ton raisonnement est absurde, si nous avions eu une quelconque maladie dévastatrice, elle nous aurait emportés depuis longtemps.

La guérisseuse me lança un regard hautain avant de reprendre :

-Certes...Toutefois...J'ai préféré prendre les devants et...J'ai gardé quelques antidotes qui pourraient vous protéger des maladies d'Arendelle...Oh rien de bien méchant ! ça n'affectera pas ta santé.

Pour confirmer ses dires, elle sortit alors une seringue de sa poche de robe. Un liquide à base de plantes mélangées qui était à présent transparent presque invisible se trouvait à l'intérieur. Je l'observai comme un poison alors qu'il n'y avait aucune raison. Mouna avait toujours été une bonne guérisseuse, comme elle l'avait dit plus tôt, c'est elle qui m'avait sorti du ventre de Maman. Je pouvais lui faire confiance. Et puis il valait mieux qu'Elsa naisse en étant immunisée plutôt qu'elle ne l'attrape à la naissance.

Voyant que je ne réagissais toujours pas, Elysia intervint :

-Prends-le mon amour, c'est un très beau cadeau que te fais Mouna.

La guérisseuse, heureuse d'être encouragée, expliqua tout à fait sûre d'elle :

-Il se prend en deux temps...Je t'en fais une dose aujourd'hui et une autre dans un mois et demi.

-Tu es certaine qu'il n'est pas dangereux ? Insistai-je un peu dubitative.

Mouna loin d'être déstabilisée, expliqua à nouveau :

-Bon, puisque tu tiens tant à le savoir, tous les Northuldra avaient reçu leurs deux doses à ta naissance quand nous avions attaqué les Arendelliens, et il n'y a pas eu de problème...Sauf que ta génération était trop petite pour que je fasse les deux piqûres.

Papa et Maman ne m'en avaient jamais parlé. Je pris quelques minutes de réflexion songeant qu'il y avait eu des naissances sans encombre après cette fameuse bataille sanglante.

-C'est d'accord...Si cela peut te rassurer, je veux bien tes piqûres, dis-je d'une voix déterminée.

La doyenne Nattura poussa un soupir de soulagement alors qu'Elysia vint m'embrasser en me tendant mon lait de renne. Un petit pic s'ensuivit puis la guérisseuse me donna ses dernières recommandations :

-N'oublie pas de bien t'hydrater tous les jours et de boire plus de lait de rennes...Elysia tu vérifieras n'est-ce pas ?

-Bien sûr ! Assura-t-il tout fier.

-Parfait, je n'ai plus qu'à me retirer dans ce cas, à plus tard la famille Piceaerd ! S'écria-t-elle.

-A plus tard, reprirent nos voix en chœur.

Le visage impassible de mon mari retrouva son anxiété sitôt qu'elle quitta la pièce. Il se plaça à côté de moi qui étais toujours bien pâle. Je refoulais une nouvelle nausée et lui rendis un sourire.

-Est-ce que tu vas mieux ma Anna d'amour ? Demanda-t-il en m'enroulant son bras autour de mes épaules.

Je cherchai une bonne façon de lui annoncer la nouvelle. Elysia je suis à nouveau enceinte, pensai-je simplement, oui ! Il fallait que je lui dise comme ça, d'une seule traite.

-Anna ? Répéta-t-il, est-ce que ça va ?

Son visage était toujours inquiet alors qu'il m'interrogeait du regard. Je pris mon courage à deux mains, pensai déjà à ma future petite fille, posai une main ferme et déterminée sur mon ventre et déclarai d'une voix sûre :

-Elysia...

Et puis plus rien...Le reste de la phrase ne voulut plus sortir.

-Qu'y a-t-il mon amour ? Me questionna-t-il étonné.

Allez Anna ! Ne sois pas bête ! Ce n'est pas comme si c'était la première fois ! Me grondai-je. Et pourtant...J'étais toujours bloquée alors que mon mari attendait impatient. Je faillis dire la phrase mais j'eus beau ouvrir la bouche, les mots restèrent bloqués. Je rougis de gêne alors que l'instant sembla durer une éternité.

-Oh ! Lâcha enfin Elysia en continuant de m'observer.

Je suivis ses yeux qui avaient dévié vers mon ventre où se trouvaient toujours mes mains. Un large sourire s'élargit petit à petit sur son visage.

-Ma Anna...Serais-tu en train de me faire comprendre que... Bafouilla-t-il ému.

J'hochai la tête, soulagée. Pour s'assurer que c'était vrai, mon bel amant posa à son tour sa main sur la mienne. Nous vîmes ainsi, l'œuf d'Elsa qui reposait déjà au creux de mon bas-ventre.

-Est-ce que la nouvelle te fait plaisir ? Finis-je par demander d'une toute petite voix.

Les yeux d'Elysia plongèrent dans les miens et il répéta :

-Tu es vraiment en train de me demander si la nouvelle me fait plaisir ?! Quelle question ma Anna ! Bien sûr que je suis l'homme le plus chanceux du monde ! Et c'est grâce à toi ! Ma belle petite femme !

Je sentis une chaleur de bien être m'envahir alors que mon mari se pencha vers ma bouche pour y déposer un baiser empli de chaleur.

-Madame Anna Piceaerd! Vous qui faites battre mon cœur depuis mes deux ans je vous promets d'être aux petits soins pour vous au cours de cette nouvelle grossesse...Murmura-t-il à mon oreille.

-Je serai perdue sans vous, monsieur Elysia Piceaerd ! Repris-je.

Nous nous embrassâmes encore. L'étreinte se prolongea et j'ajoutai soudain avec taquinerie :

-Hum...Il me semble bien que ma fatigue soit passée avec le remède miracle de Mouna.

-Ce qui veut dire ? Lança à nouveau mon mari.

J'accentuai mon déhanché enlevant le coussin du lit pour être pleinement allongée et répétai d'une voix maligne :

-Tu sais très bien ce que ça veut dire Elysia Sappos...A moins que ton devoir d'aller faire paître les rennes t'appelle...

Mon mari excité secoua d'abord la tête en reprenant :

-Je te rappelle que je dois t'apprendre à t'amuser !

Puis il déglutit avant de me couvrir de baisers de la tête aux pieds. Je fermai les yeux pour sentir ses lèvres douces parcourir mon corps. Mes poils se dressaient d'émotions alors que je souhaitais me plaquer nue contre lui. Bientôt ses baisers s'arrêtèrent. Je tiquai, légèrement frustrée et rouvris les yeux. Mon amant était toujours là mais ne tenta plus rien pendant quelques secondes. Je lui lançai alors un regard étonné. Il attendit encore avant que sa main ne vienne se caler sous mon menton.

-Serais-tu coincé ? Demandai-je amusée, à moins que tu aies oublier comment on faisait...

Je n'eus aucune réaction de sa part si ce n'est qu'il se pencha très lentement pour m'embrasser. Je fermai à nouveau les yeux pour ressentir ses lèvres charnières contre les miennes. Elles étaient tendres bien qu'un peu gercées par le changement de température. La danse de nos deux bouches se fit bientôt entendre et mon mari ne tarda pas à trouver la combine pour rejoindre le chemin de ma langue. Comment un organe aussi gluant et mou pouvait-il me procurer un sentiment d'excitation ? J'étais encore en train d'y réfléchir tout en en redemandant à Elysia. Il s'évertua ainsi à explorer ma bouche passant de mon intérieur de joue droite à mon intérieur de joue gauche quand de mon côté je réussis à atteindre son palet non sans que nous nous cognions nos dents au passage. Le baiser dura jusqu'à que nous prenions conscience qu'il fallait reprendre notre souffle.

-Ceci n'est pas un jeu mais une tentative de réanimation, plaisantai-je.

-Tu as quelque chose de mieux à proposer peut-être ? Demanda-t-il en m'observant toujours grisé.

J'hochai la tête ne souhaitant pas laisser échapper l'occasion. Je chuchotai immédiatement dans le creux de son oreille :

-J'ai bien une idée, oui.

Je le forçai aussitôt à prendre ma place alors que je me mise debout.

-Je ne sais...Peut-être pas m'amuser...Mais je sais comment te plaire...Susurrai-je tout en continuant un léger déhanché.

Elysia, surpris par mon initiative n'en perdit pas une miette. Ainsi, il fixa le fil de mes doigts qui caressaient mon corps à travers mes vêtements. Je prenais mon temps pour faire mon parcours entre mes seins, sur mon ventre, mon bas-ventre, mon chakra racine et mes fesses. Faisant monter le désir, je décidais d'enlever mon corset et ma culotte en premier prenant soin de les envoyer sur le lit.

-Anna...Attends...Murmura-t-il bientôt en essayant de se relever.

Je l'arrêtais tout de suite et repris :

-Non...C'est moi qui contrôle pour une fois.

Le sang afflua sur ses joues alors je me redressai fièrement. Je repris mes caresses et me détachai ensuite mes tresses. La masse de cheveux s'accumula le long de mon dos et je les balançai légèrement créant un mouvement qui renvoya mon amant au septième ciel.

-Je sais...Que tu n'attends que ça de les frôler...Murmurai-je.

-Anna...Anna...Viens...Me supplia-t-il.

-Pas encore, chuchotai-je.

Laissant mes cheveux, je me trémoussai à nouveau alors que mes doigts défirent enfin ma robe Northuldra. Je la fis doucement glisser le long de mon corps, rendant progressivement mes épaules nues, puis ma poitrine que je titillai au passage, mon ventre pour finir sa chute à mes pieds.

-Anna...Tu es...Magnifique, déclara aussitôt mon amant d'une voix passionnée.

-Je sais très bien ce que tu essayes de faire Elysia Piceaerd...Répliquai-je, mais tu ne contrôleras rien cette fois.

Je pouvais lire la frustration mélangé à l'excitation dans son regard. Je me cabrai de plus en plus avant d'atteindre le lit. Je m'assis farouchement à ses côtés et le déshabillai fermement. Sa virilité se révéla à moi sans trop de difficultés et je repris les caresses et les mouvements comme il les aimait. Croyant que je ne le voyais pas, mon mari essaya bientôt de m'agripper un mamelon mais je l'esquivai facilement.

-J'ai dit que je contrôlais, monsieur Piceaerd, repris-je d'une voix autoritaire, laisse-moi...Te faire du bien.

-Mais Anna...Et toi ? S'impatienta-t-il.

-J'y trouve mon compte, souris-je.

Je lui replaçai alors la tête contre le lit et repris le mouvement. Puis n'y tenant plus, je décidai d'essayer une position qu'Elysia m'avait toujours refusé par principes. Ma bouche remplaça donc bientôt mes doigts et je fis de mon mieux glissant ma langue avec avidité le long de son être pour qu'il puisse ressentir le bien être que j'éprouvais quand il s'immisçait comme cela dans mon chakra racine.

-Oh...Anna...Bredouilla-t-il en appuyant sa main sur ma tête, oh...Continue...

Ma bouche joua donc à un rythme effréné avec sa virilité pendant de longues minutes...De longues minutes où j'espérais l'avoir satisfait. Je m'arrêtais quand mes mâchoires finirent par avoir mal et me relevai essayant toujours de le défier avec assurance.

-Alors monsieur Piceaerd ? Veux-tu que je m'arrête ? Demandai-je.

En sueurs, Elysia secoua la tête. Il n'osa plus bouger alors que j'avançai à tâtons jusqu'à atteindre son corps. Je ne cherchai pas longtemps la bonne position et m'accouplai enfin à lui. Le son rauque s'échappa de sa bouche en même temps que mon soupir d'aise.

-Anna...Tu...Tu es sûre que nous ne faisons pas de mal à Elsa ? Questionna-t-il soudain.

J'explosai de rire et répondis :

-Tu faisais moins de manière quand j'étais enceinte d'Iduna !

Mon amant obtempéra et notre activité put reprendre. Je le contrôlais jusqu'au bout, maintenant ses bras par-dessus sa tête quand il le fallut, embrassant son front, sa bouche, son cou, son torse alors qu'il s'autorisa enfin à lécher mes seins avec délice.

-Tu me rends fou Anna...Gémit-il, si tu me refais des démonstrations comme celle-là...Je te ferai l'amour toute la journée.

Je ne trouvais rien à redire et jouis pour montrer mon consentement. Je finis par lâcher prise et lui délivrai ses mains pour qu'il s'occupe de mon corps. Je m'enivrais de plus en plus sous son toucher alors que ma sensibilité était proéminente dans mon chakra racine. Son être me grisait, me rendait heureuse. Mon mari frôla bientôt mes cheveux alors que soufflai son nom de façon entrecoupée :

-Ely...Sia...Ely...Sia...Oh mes aïeux...Je t'aime...

-Moi aussi Anna...Anna...An...Na...Murmura-t-il.

Je n'eus pas le temps d'entendre la dernière syllabe de mon prénom que déjà je me sentis partir vers le bien-être passager, poussant un dernier cri. Mon amant m'écarta alors rapidement de lui déversant à son tour sa jouissance. Nous nous regardâmes bientôt en souriant alors que notre respiration se stabilisa.

-J'attends notre prochain jeu avec impatience, déclarai-je quelques secondes plus tard.

Mon mari éclata de rire et nous nous serrâmes l'un contre l'autre toujours drapés des couvertures de rennes. Nous étions sur le point de nous assoupir quand nous sursautâmes à cause de notre Ange de l'Air qui cria soudain :

-Maman ! Papa ! Je suis rentrée avec Mamie Helga !

La porte de la chambre faillit s'ouvrir complètement nous révélant à notre fille quand nous entendîmes encore :

-Non attends Iduna ! Tu sais peut-être que Papa et Maman ne sont pas présentables surtout si tu as dit à Papa qu'il fallait qu'il apprenne à Maman à s'amuser.

-Ah oui ! Tu as raison ! Ils font peut-être des voyages astraux Mamie ! Renchérit la petite.

-Oui...Voilà...Tu as tout compris ma petite chamane, bredouilla-t-elle.

Nous manquâmes d'éclater de rire quand ma mère ajouta :

-Dépêchez-vous de vous rhabiller tous les deux !

Nous ne perdîmes pas de temps et exécutâmes son ordre alors qu'elles attendaient patiemment dans la salle à manger.

-Tu comptes lui dire Anna d'amour ? Pour ton état ? Me demanda alors Elysia.

-Pas encore, répondis-je en me mordant la lèvre, je ne voudrais pas qu'elle m'embête avec les coupoles si jamais cela devait se passer mal pour Elsa.

Mon mari resta soucieux puis lança encore :

-Tu ne penses pas que c'est ton silence qui a provoqué la fausse couche d'Helga.

Je secouai immédiatement la tête même si l'idée inverse m'avait traversé l'esprit. Mon amant se radoucit soulagé. Il m'enlaça la taille et me murmura :

-Nous ferons en sorte que cela ne se passe pas comme la dernière fois, pour notre petite Elsa.

Je souris rayonnante en posant une main ferme sur mon ventre et conclus :

-Oui mon amour, cette fois ce sera différent.

-Bon alors vous vous en sortez ?! Questionna aussitôt Maman en tapant fort contre le battant de la porte, Elysia tu exagères ! Les rennes ont besoin d'être menés aux champs ! Amarok a dû le faire seul !

Nous sortîmes enfin sous son regard conspirateur.

-Nous voilà ! Inutile de grogner ! M'exclamai-je en m'approchant de ma fille, alors mon Ange de l'Air ? Est-ce que ta leçon de chamanisme a été réussie avec Mamie ?

-Je crois Maman...Mamie m'a fait travailler les chakras, expliqua-t-elle.

-C'était bien, intervint-elle, même si cette jeune fille a tendance à se reposer sur ses acquis.

Iduna bouda aussitôt. Puis elle demanda d'une toute petite voix :

-Oh...ça veut dire que je ne peux pas aller jouer avec Béata ?

Je lui caressai tout de suite les cheveux pour la rassurer.

-Mais si, tu peux, dis-je.

-Bien...Quant à moi je vais aider Mouna pour ce matin, ma grande chamane, c'est bien toi qui t'en charges cet après-midi ? Demanda-t-elle.

-Oui Maman ! Avec Laïka ! Confirmai-je.

Elle hocha la tête, satisfaite puis s'en alla. Iduna ne mit pas longtemps à suivre son mouvement pour rejoindre sa meilleure amie. De même pour Elysia qui vaqua à son travail non sans un grand déplaisir. Je retournai me coucher après avoir préparé le repas.

-Je ne referai pas la même erreur que la dernière fois mon bébé, murmurai-je à mon ventre en le caressant, Maman se reposera plus, et tu t'accrocheras...Et tu seras heureuse, tu verras.

Je m'assoupis apaisée. Au fil des semaines, je n'éveillai aucun soupçon. La routine habituelle reprit son cours. J'alternais mes leçons avec les Northuldra et laissai un peu plus la main à Maman pour qu'elle apprenne le chamanisme à Iduna. Ainsi je pouvais me reposer le matin pour être optimal l'après-midi dans mes tournées avec Mouna ou Laïka. De même, comme s'ils avaient senti que j'avais besoin de repos, les esprits furent tranquilles pendant cette période. Trois semaines passèrent ainsi.

Trois semaines où j'attendis avec impatience d'entendre le cœur de ma petite Elsa battre. Mon angoisse s'accentua lorsque nous entrâmes dans la quatrième semaine et qu'il n'y avait toujours rien.

-Arrête de regarder Anna, me grondai-je, tu attends une semaine ! Si dans une semaine il n'y a pas de développement, c'est que c'est un œuf blanc.

Elysia vit ma mine déconfite ce soir-là. Il resta préventif, fut aux petits soins pour moi comme il me l'avait promis. Sa présence ainsi que celle de ma Iduna me forcèrent à penser à autre chose.

Nous étions donc, une semaine plus tard, le soir juste avant nous coucher dans le lit avec Elysia.

-Je t'attendais pour regarder, précisai-je, je suis un peu stressée.

-Je comprends mon amour, reprit-il en me serrant fortement la main.

Je blanchis d'un coup et il me prit dans ses bras.

-Hey Anna...Anna...Du calme...ça va aller, me rassura-t-il, respire...Il n'y a aucune raison que ça ne soit pas bon.

Je pris deux grandes bouffées. Puis je lui souris et répliquai :

-Oui...Tu as raison...Allons-y ensemble.

Elysia hocha la tête. Nous plaquâmes nos mains en même temps et poussâmes un soupir de soulagement en sentant enfin le cœur de notre petite fille battre. Elle était microscopique...A peine trois millimètres mais son cœur résonnait bien à travers nos auras. Mon mari m'embrassa et répéta :

-Tu vois mon amour, il n'y a aucune raison de t'inquiéter.

Nous nous endormîmes confiants, les mains protectrices posées contre notre belle Elsa. A présent que je savais qu'elle grandissait bien, je me touchai moins le ventre. Le premier mois étant passé, je décidai de me consacrer à mon travail avec plus de ferveur tout en n'oubliant pas de me reposer quand je le pouvais. Tout comme pour Maman et Yélana, nous décidâmes d'attendre trois mois avant de l'annoncer à Iduna. Nous avions déjà fait ce choix pour Helga et nous l'avions bien fait finalement. Néanmoins la petite n'était pas bête et nous fûmes surpris à plusieurs reprises lorsqu'elle s'adressa à « Petit Haricot ». Nous ne lui dîmes rien pour autant. Tous les jours, Elysia trouvait le moyen de me taquiner. Ainsi, il se penchait sur mon ventre et me disait « Ça ne se voit pas. Quand est-ce que ça se verra ? ». Je le regardais mi-amusée, mi-désespérée et répondais souvent « Pas avant trois ou quatre mois...Rappelle-toi pour Iduna ». Nous nous perdions alors dans les merveilleux souvenirs de notre première née. Nous repensions aussi aux épreuves que nous avions subi durant cette période et étions heureux de voir l'évolution de notre couple depuis. Ma fausse couche avait été le seul point noir depuis nos retrouvailles. Heureusement, le mauvais sort semblait avoir été conjuré depuis.

Un mois passa donc encore où je subis les contrariétés liées à mon état. Ainsi je fus écœurée par l'odeur du ragoût de rennes et préférai me ruer sur les friandises d'Arendelle que me rapportait Pieter lorsqu'il venait pour les visites du barrage si bien qu'au rythme où j'allais je risquai de devenir énorme avant la fin de la grossesse. Mais ni Elysia ni moi ne nous en préoccupions, trop amoureux. Comme prévu, nous reçûmes la deuxième dose de l'antidote de Mouna pour nous protéger contre d'éventuelles maladies européennes.

-Voilà...Comme ça maintenant, Elsa et toi êtes saines et sauves, plaisanta mon mari.

Je souris, soulagée et conclus :

-Oui tu as raison. J'ai hâte que Pieter vienne d'ailleurs !

Il y eut encore une semaine qui marqua la fin du mois de juin avec toujours la même routine. J'avais tout de même plus de repos car les petits Northuldra étaient plus libres en été. Ce qui n'était pas le cas des adultes. Ainsi, nous continuions les rendez-vous avec Arendelle pour le barrage. Dans mon état, Elysia préféra y aller à ma place.

Nous étions donc le sept juillet en train de finir de prendre notre déjeuner avant que le roi Runeard et ses soldats n'arrivent.

-Il faut toujours que j'aille chercher Pieter ? Demanda mon mari sans grande enthousiasme.

Je lui lançai un regard contrarié, prête à défendre mon frère et rétorquai avec un soupir :

-Oui Maman ne souhaite plus entendre parler de lui et Papa suit comme toujours. De plus, il ne peut pas voir Andréas. Je n'ai pas envie de les voir se battre toute la journée.

Iduna fut immédiatement alertée et commenta :

-Oh ! Je ne sais pas de qui tu parles Maman, mais s'il n'aime pas l'autre lèche-botte d'Andréas, moi je l'aime beaucoup ce monsieur !

Nous éclatâmes de rire et je repris :

-Mais oui mon Ange de l'Air, si tu veux. Papa va aller chercher tonton Pieter et toi tu vas rester avec Maman en attendant d'accord ?

Elle souffla légèrement et déclara :

-Va y avoir que des conversations d'adultes hein Maman ?

-C'est possible, admis-je.

-Je ne peux pas aller jouer avec Béata dans ce cas. Je veux gambader, me dégourdir les jambes ? Questionna-t-elle d'une toute petite voix.

Je ris à nouveau et lui caressai la joue.

-Il faudra bien que tu apprennes un jour à rester des heures assises pour méditer...Mais tu as encore le temps pour ça ma Iduna ! M'exclamai-je.

Elle retrouva le sourire et dit encore :

-Ça veut dire que c'est « OUI » Maman ?

Elysia et moi nous concertâmes du regard et j'acquiesçai. Toute heureuse Iduna se rua dans mes bras et m'embrassa violemment la joue.

-Merci Maman ! Tu es la meilleure des Mamans ! Merci Papa ! Tu es gentil ! Je vous aime ! A tout à l'heure ! Clama-t-elle.

Elle se pencha alors au-dessus de mon ventre, puis passant une main sur ma robe elle ajouta :

-Et à tout à l'heure à toi aussi Petit Haricot.

Elysia et moi nous dévisageâmes attendris comme toujours alors que la petite disparut par l'embrasure de la porte.

-Est-ce que tu crois vraiment qu'elle sent Elsa à chaque fois ? Demandai-je en brisant le silence.

-Je pense, c'est une fille de chamanes après tout, plaisanta mon mari en m'embrassant.

-C'est mignon comme surnom « Petit Haricot », songeai-je amusée.

-Ça lui est venu naturellement depuis le départ en tous cas, dit Elysia.

Il me pressa la main et m'embrassa encore. Puis il rétorqua :

-Bien. Moi aussi je vais devoir vous laisser. Je reviens vite avec Pieter.

Il me lissa bientôt le ventre et l'embrassa avant de lui chuchoter :

-A tout à l'heure Elsa ou Petit Haricot, sois sage avec Maman.

J'haussai les épaules, prête à rire alors qu'il s'échappa enfin. Terminant tranquillement mon assiette, je débarrassai ensuite la table et décidai d'aller m'allonger dans mon lit, profitant du calme avant que les autres ne reviennent.

-On va faire un petit somme mon bébé, ma Elsa jolie, murmurai-je.

Je me détendis ainsi une dizaine de minutes avant de reprendre l'habitude et me touchai le ventre. Je plaquai ainsi mes deux paumes sur le bas-ventre. Je vis bien ma fille qui faisait à peine une quinzaine de millimètres mais je n'entendis plus son cœur.

-Non Anna, tu n'as pas dû bien placer tes mains, me rassurai-je très vite bien que prise d'un doute.

Je respirai un grand coup et recommençai mon exploit chamanique. Mon sang se glaça immédiatement et je crus que mon cœur allait aussi s'arrêter.

-Non Elsa...S'il te plaît, murmurai-je en plaçant mes mains dans tous les sens possibles sur mon ventre.

Une phrase résonna aussitôt en écho dans ma tête...Son cœur s'est arrêté...Son cœur s'est arrêté...

-Je vous en prie...Je vous en prie...Répétai-je me sentant défaillir.

Je retenais mes larmes, trop sonnée par ce qui était en train de se passer. Qu'allai-je faire ? Qu'allai-je dire à Elysia ? Elysia qui devait être heureux en ce moment loin d'imaginer le drame qui était en train de me ronger de l'intérieur.

-Non...Je ne pourrais jamais lui dire...Je n'en aurais pas la force...Par pitié...Murmurai-je terrifiée.

Je pensai alors au jour de notre mariage qui n'avait pas été fait dans les règles Northuldra.

-Si ça se trouve c'est parce que je n'ai pas allumé les coupoles...Par les esprits Yélana et Maman avaient raison, dis-je d'une voix embrouillée.

Non Anna ! Non ! M'énervai-je. Et pourtant...Tout s'entrechoquait dans ma tête. J'avais pourtant respecté à la règle les précautions sur la nourriture et le repos. J'avais souffert en silence quand mon utérus grandissait et que mon bas-ventre me tirait. J'avais bravé les nausées car je me raccrochais à ma fille...

Je respirai de plus en plus fort mais je repoussai encore mes larmes. Je ne voulais pas qu'Elysia revienne avec Pieter. Je ne voulais pas leur dire. Pourquoi est-ce que mon cœur ne s'arrêtait pas à moi aussi ?! Comment allai-je le dire à mon mari ? Comment pouvais-je me permettre de lui gâcher encore une fois sa joie ?! Les sueurs froides me parcourent le corps. Et Pieter...Pieter aussi était au courant car je savais que c'était le seul qui n'irait pas le répéter aux autres...Lui aussi serait sous le choc ! Oui je ne souhaitais pas les voir ! Je voulais m'enfuir ! Partir ! Ne pas être confrontée à mes proches.

-Elsa...Elsa pour...Quoi tu as voulu me...Quit...Ter mon bébé ? Demandai-je soudain touchant encore mon ventre en vain.

Ma poitrine se serra...M'oppressa si fort...Ma respiration s'emballa et les larmes jaillirent enfin. Je m'essuyai la morve d'un revers de la manche autant que je le pouvais. C'est ta faute Anna...Cette petite Elsa n'a pas voulu de ton corps tout comme Helga avant elle...Oui c'est de ta faute, ça ne peut-être que la tienne ! C'est ton corps ! Elle l'a rejetée !

Les pensées firent redoubler mes larmes. Je ne savais plus si elles étaient vraies ou fausses. Je m'essuyais patiemment les joues mais ce simple geste me faisait repartir de plus belle. Et le temps s'écoula lentement.

-Pauvre Petit Haricot...Maman n'a pas su être à la hauteur, pensai-je, pardonne-moi d'avoir eu un corps qui ne te convient pas.

Je tentai de retrouver ma respiration au milieu des spasmes quand j'entendis à l'entrée de la hutte :

-Ma Anna d'amour ! Nous sommes revenus !

Déjà ?! M'alarmai-je, Non...Non...Pas si tôt...Je n'étais pas prête à le dire à haute voix...

-Petite sœur, ton grand frère préféré est là ! S'écria encore Pieter.

Je voulus crier mais rien ne sortit de ma bouche. Je restai dans le lit redoutant l'irréparable. Après avoir fait le tour de la maison, mon frère et mon mari me trouvèrent enfin. J'aurais préféré éviter leur regard mais je les vis bientôt se décomposer alors que leurs yeux affichaient de l'incompréhension. Je me relevai, péniblement, au ralenti et m'assise sur le lit avant qu'Elysia me prenne le visage et demande :

-Anna que se passe-t-il ?

-Le cœur...Le cœur du bébé...Chuchotai-je si bas.

-Pourrais-tu parler plus fort mon amour je n'ai pas compris, répliqua-t-il.

-Je vous attends dehors, intervint Pieter qui avait bien compris que la situation était grave.

Attendant qu'il parte, je respirai à nouveau alors que les larmes me gagnaient déjà et articulai tant bien que mal :

-Le...Cœur...Du...Bé...Bé...S'est...Arrê...Té...

Elysia me dévisagea et je ne lus aucun reproche dans ses yeux. Il prit sur lui. Ne pleura pas. A la place, il m'ouvrit ses bras pour que je m'y réfugie. Les sanglots s'enchainèrent d'eux-mêmes. Pendant cinq minutes...Dix minutes...Une éternité. Mon mari me frotta vigoureusement le dos avec patience et m'embrassa très fort sur la tête à plusieurs reprises.

-Calme-toi mon amour...Calme-toi...Respire, murmura-t-il doucement.

Je m'exécutai bien que cela n'était pas très concluant. Progressivement, je finis par m'essuyer le visage.

-Pieter tu peux venir ! S'écria-t-il ensuite.

Mon frère arriva, penaud dans la chambre. Lui aussi avait les yeux rougis. En le voyant, je tentais de faire bonne figure. Il vint m'embrasser les joues comme il le faisait quand j'étais petite.

-Je suis contente que tu sois là, dis-je d'une voix aigüe.

-Ton grand frère sera toujours là pour toi, murmura-t-il en me regardant avec bienveillance.

Ils s'installèrent chacun à côté de moi puis Elysia reprit :

-Je sais que la question ne va pas te plaire ma Anna d'amour...Mais qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

-Je ne voulais pas en parler à Mouna, objectai-je.

Elysia et Pieter se concertèrent du regard. Je savais que j'étais en minorité.

-Il va bien falloir pourtant. C'est au-dessus de nos capacités médicales, m'expliqua patiemment mon frère.

J'hochai la tête alors que la tête me tourna. J'eus un vertige si violent...Parler d'elle déjà au passé...Pourquoi n'avais-je pas ressenti qu'elle allait mal bon sang ?! Pourquoi n'ai-je pas senti que son cœur s'est arrêté ?! Pourquoi ai-je cru naïvement que cela allait marcher cette fois ?! Il aurait mieux valu une fausse couche comme Helga ! Pourquoi est-ce qu'Ahtohallan m'avait fait une fausse joie ?! Par les esprits ! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Explosai-je intérieurement.

Pieter resta avec moi le temps qu'Elysia se charge de trouver la guérisseuse. Il me raconta les avancées du barrage en essayant d'être le moins troublé possible. Mais je voyais bien que sa lèvre tremblait et qu'il avait bien sur mal à cacher sa peine.

-Tu as le bonjour du roi Runeard comme d'habitude, dit-il.

-Tu ne lui diras rien surtout, murmurai-je en recommençant à pleurer.

Pieter me prit contre lui et secoua la tête en rétorquant :

-Promis petite sœur.

Mouna et Elysia revinrent à ce moment-là. La guérisseuse me lança un regard de compassion et je compris que mon mari lui avait tout raconté. Les garçons s'éloignèrent du lit alors qu'elle m'inspecta.

-Vérifie une dernière fois Anna, me recommanda-t-elle.

J'eus l'espoir quelques secondes. En vain. Il n'y avait toujours qu'un embryon mort.

-Aurais-tu des plantes Mouna ? Demanda Elysia.

-Oui, expliqua-t-elle, mais avec les plantes ça pourrait durer des mois et Anna pourrait attraper une septicémie ou une hémorragie interne.

Elle nous observa et accepta le silence avant de répliquer :

-Non il vaudrait mieux faire une intervention plus conséquente et t'extirper ton embryon.

Je la fusillai immédiatement du regard. Non...Non pas m'arracher mon bébé...Elle n'avait aucun droit de me le sortir de mes entrailles, pensai-je.

-Il va falloir que ça attende de toute façon, repris-je avec aplomb, je dois encore donner un cours aux jeunes Northuldra demain.

-Il en est hors de question Anna ! Explosa soudain Elysia, voyons...Tu n'es pas en état...Ta santé est la priorité. Le reste n'a pas d'importance.

-C'est la meilleure solution, m'assura Mouna, vous êtes jeunes avec ton mari, vous en aurez d'autres...Et puis il y a Iduna.

Je respirai un grand coup et déclarai d'une voix tremblante :

-D'accord. Faisons ça. Mais s'il te plaît n'en dis pas un mot à Maman.

-Elle te serait d'un grand réconfort pourtant...Elle, et Yélana aussi je pense, reprit-elle.

-Surtout pas, elles viendraient m'embêter avec les dieux et les coupoles ! M'emportai-je, je t'en prie Mouna...Il ne faut pas qu'elles sachent.

La guérisseuse me regarda longuement avant de donner son consentement.

-Parfait, déclara-t-elle. Dans ce cas, je ne pourrai pas t'opérer dans la Forêt Enchantée. C'est trop risqué.

Elle s'adressa alors à mon grand frère :

-Pieter...Tu es bien avec le roi Runeard en Arendelle ?

-Oui, répondit-il étonné.

-Bien dans ce cas, débrouille-toi pour que nous puissions nous rendre là-bas dans deux jours. Quant à moi je me débrouillerai pour emmener Béata avec moi et Laïka qui est assez grande se chargera d'être la guérisseuse ici le temps de notre absence, expliqua-t-elle.

Il évita mon regard car il venait de briser la promesse quelques minutes plus tôt et renchérit :

-Je vais lui en faire part tout de suite.

-Il faut quatre jours pour aller en Arendelle même si nous partons maintenant, souligna Elysia.

-Nous irons à Arnevik, assura derechef mon frère, mais il nous faut partir dès à présent.

-Laissez-moi le temps d'aller chercher mon matériel et prévenir ma fille ainée, précisa Mouna.

-Je me charge de mener Iduna chez Helga et Olaf et je récupère Béata, déclama à son tour Elysia.

-Je vais...Tâcher...De prépa...Rer quelques affaires, peinai-je à articuler.

Ainsi chacun s'occupa de ce qu'il avait à faire. Je choisis mes vêtements au ralenti tout en continuant de caresser mon ventre pour oublier qu'on allait me retirer mon bébé pour toujours. Une demi-heure plus tard, nous empruntions le chemin du barrage pour quitter la Forêt Enchantée. J'étais toujours silencieuse et sonnée soutenue par Elysia.

-J'ai dit à Iduna qu'elle dormirait chez tes parents pendant quatre dodos, me déclara-t-il en me compressant la main.

-Et Maman n'a pas posé de questions ? Demanda Pieter d'un ton soupçonneux.

-J'ai dit que tu nous avais proposé de visiter Arendelle et que nous voulions faire une autre lune de miel, répondit-il, et visiblement elle y a cru.

Je repensai immédiatement à mon mari et moi-même à Ahtohallan lors de notre nuit de noces. Puis à nos retrouvailles à Arnevik pour l'accouchement d'Iduna...Oui...L'histoire ne serait vraiment pas pareille cette fois. Après avoir bien pleuré, je finis par rester calme tout le reste du trajet.

Il fut rare de me délivrer des mots tellement j'étais perdue dans mes pensées. Le premier jour et la première nuit passèrent et je ne parvins pas à dormir.

Le seul fait de me dire que j'avais encore échoué à donner la vie me rendait malade. Mon état n'alla pas mieux le lendemain. Nous roulâmes jusqu'au midi. Puis nous nous arrêtâmes pour manger. Je n'avais pas très faim. Pourtant je me forçai à avaler quelque chose. Ils attendirent patiemment que j'ai finie pour pouvoir repartir. Nous roulâmes tout le reste de la journée. Je regardai les paysages défiler, l'esprit dans le vague. Anna...C'est ta faute...Il aurait mieux valu que tu ne tombes pas enceinte...Dieu qu'est-ce que ça faisait mal...Une souffrance insoutenable...ils allaient m'enlever mon bébé pour toujours...Couper ce lien si précieux qui s'était établi aussi court soit-il...Oui...L'échec ne pouvait venir que de moi.

Nous nous arrêtâmes en dehors de la ville de la débauche pour la nuit et improvisâmes un campement comme nous savions si bien les faire. L'ambiance était tendue et nous nous couchâmes dans un silence insoutenable. J'étais recroquevillée contre Elysia et je ne voulais plus m'en détacher. Il était déjà en train de ronfler quand j'entendis un raclement de gorge.

-Anna ? Je peux entrer ? Demanda bientôt Pieter.

Je me relevai aussitôt ce qui réveilla mon mari.

-Oui bien sûr. Tu viens me souhaiter la bonne nuit ? Murmurai-je avec ironie.

-Entre autre, reprit-il.

Je vis alors qu'il tenait un paquet dans sa main et je le fixai attendant une explication.

-Qu'est-ce que c'est ? Osai-je enfin demander.

-Eh bien...Je ne sais pas si c'est une bonne idée de te le donner avec ce qui t'es arrivé...Mais c'était un cadeau pour Elsa...Et j'espère que ça t'aidera à avoir du courage pour demain, bredouilla-t-il...Hum...C'est de la part de Runeard et moi-même.

Mon cœur se resserra comme si un géant était en train de le contracter. Je lui pris immédiatement le paquet et commençai à l'ouvrir quand Elysia m'en empêcha.

-Je ne suis pas sûre que ça te fasse du bien, me dit-il en me prenant contre lui.

-Laisse-moi faire, mon amour s'il te plaît, insistai-je.

Il plongea ses beaux yeux bleus dans les miens et finalement se retira. J'ouvris enfin le cadeau et me retrouvai avec une robe en velours bleue ciel surmontée d'une collerette blanche où étaient brodés des crocus d'Arendelle. Mes émotions ne firent qu'un tour en voyant le vêtement : Je retrouvai la compression à la poitrine et pleurai enfin de toutes mes forces laissant à la fois les larmes et la morve couler sans me préoccuper que cela se voit. N'y tenant plus, Pieter finit par m'ouvrir ses bras.

-Je suis là, petite sœur, si tu as besoin je suis là à ta disposition, murmura-t-il prêt à pleurer à son tour.

-Mer...Merci, bredouillai-je.

Je retrouvai enfin mon souffle et m'essuyai les yeux et le nez. Elysia fit un petit signe de remerciement à mon frère. Nous retournâmes ensuite nous coucher. Je ne dormis pas de la nuit trop stressée par l'intervention.

Je ne savais même pas comment je tenais encore debout le lendemain matin. Nous nous levâmes aux aurores et repartîmes toujours dans le plus grand silence. Quand nous traversâmes la ville, il n'y avait pas de bruits. L'odeur du sel remplaçait celle des semences et de l'alcool. Mon mari et mon frère me serrèrent plus fort contre eux ayant sans doute chacun des propres souvenirs de cet endroit. Je me revis enceinte d'Iduna subissant une douleur que je ne subirai pas cette fois. Nous passâmes devant la fontaine et je ne pus m'empêcher de sourire en voyant que Mouna nous arrêta devant une bâtisse en bois pelé où était inscrit en grosses lettres noires « L'ENGEL ». Runeard avait accompli mon souhait.

-Tu n'aurais pas pu trouver un autre endroit, grinça bientôt Elysia à l'adresse de mon frère.

-Runeard et moi avons fait du mieux que nous avons pu ! Se défendit-il, il fallait agir dans l'urgence et je te rappelle gentiment qu'il n'y a pas d'hôpital ici.

-Inutile de vous chamailler, intervint Mouna, le plus important c'est qu'il y ait un lit dans une pièce sombre et de l'eau chaude pour stériliser les ustensiles.

-Il y a, reprirent en même temps mon mari et Pieter.

-Alors c'est parfait ! Conduisez-nous, conclut la matriarche de la troupe.

Pour passer inaperçus nous ne prîmes pas la porte principale de l'auberge. Nous empruntâmes plutôt celle de derrière où Runeard et Pieter m'avaient rapporté le foin quand j'étais dans la douleur d'Iduna. L'état lubrique n'avait pas changé. C'est toujours le même lit avec le matelas troué par les mites, toujours la même odeur de jouissance, toujours le même froid.

-Cela te convient-il Mouna ? Demanda à nouveau mon frère.

La doyenne fit une légère moue mais finit par hocher la tête. Elle déposa rapidement les affaires qu'elle avait apporté et invita Béata à venir auprès d'elle pendant qu'elle prépara une tisane.

-Anna allonge-toi, Elysia aide-là, Pieter cale quelque chose à l'autre porte pour la fermer, ordonna-t-elle ensuite.

Je la regardai mélanger la mixture sans aucun effort. Bien qu'intriguée, je savais que l'objectif de cette boisson n'allait pas me plaire. La guérisseuse finit par donner le bol à Béata en lui glissant quelque chose à l'oreille. Puis la petite fille vint me l'apporter pendant que Mouna partit voir s'ils avaient un anesthésiant plus fort que les feuilles de cocaïne dans les alentours.

-Madame Piceaerd, il faut que vous buviez ça, ça va vous ouvrir votre col de l'utérus et sera plus facile pour nous pour la suite de l'intervention, déclara la jeune enfant.

Je jetais aussitôt un regard à Elysia qui était tout aussi ébranlé que moi. Il resta distant alors que je me remis à pleurer en entendant les explications. Je savais ce que ça voulait dire : C'était la fin imminente de notre lien à ce petit être et moi-même. Voyant que je ne réagissais pas Béata déposa le bol à côté du lit pour tenter de me réconforter :

-Ça va aller Madame Piceaerd, vous êtes une femme forte.

-Je...Je vais tuer mon bébé...Bredouillai-je alors que les larmes coulaient sur mon nez.

-Il est déjà partie, expliqua-t-elle.

-Je...Je vais me faire avorter...être définitivement bannie par les dieux, repris-je de plus belle.

-Mais non mais non, me rassura Béata, votre petite Elsa est déjà partie dans l'Hellheilm...Vous n'êtes pas responsable...Cette intervention est nécessaire si vous ne voulez pas mourir.

Je lançai un regard à Elysia qui m'encouragea à prendre le bol bien que peinant à cacher ses larmes. Je bus donc tout d'une traite tout en ne pouvant m'empêcher de me sentir coupable.

-C'est très bien Madame Piceaerd, reprit la jeune fille, bien maintenant il faut laisser agir pendant une demi-heure. Venez avec moi maintenant monsieur Piceaerd, il faut qu'on trouve votre beau-frère pour qu'il nous aide à récupérer de la chaleur pour l'opération.

Elysia hésita mais finalement suivit Béata. Je demeurais seule pendant ce qui me parut une éternité. Je me caressai le ventre et chantai la berceuse d'une voix déraillée par les pleurs. Puis je fermai les yeux et pensai aux paroles cinglantes qui avaient tourné dans ma tête lors de mon union avec Amarok. D'autres larmes arrivèrent alors que j'avais toujours la robe de ma fille contre mon cœur. Je repensai soudain à ma première entrée dans Ahtohallan. Au dôme des souvenirs qui s'était illuminé alors que j'avais accompli mon acte. Au souvenir de Maman aussi en train de me chanter la berceuse.

Rien ne meurt, pensai-je le cœur meurtri.

Je m'essuyai rapidement les yeux en voyant les autres revenir avec du foin. Comme la première fois. Pieter vint me donner une tape d'encouragement sur l'épaule puis se retira. Mon mari prit le relai en m'étreignant tout en me murmurant des « je t'aime » en discontinu.

-Je ne serais plus jamais Maman, déclarai-je enfin.

Elysia m'embrassa très fort et murmura :

-Il ne faut pas dire ça mon amour, on ne sait jamais...Il reste Anan et Olaf...En tous les cas, nous avons Iduna. Nous sommes déjà parents.

J'hochai la tête alors que Mouna et Béata rentrèrent à nouveau dans la pièce.

-Elysia et Pieter il faut attendre dehors à partir de maintenant. Nous viendrons vous prévenir quand ça sera fini, confia la guérisseuse.

Mon mari se pencha et m'embrassa encore et encore. Il me tendit ensuite la petite robe d'Elsa que je gardai précieusement contre moi. Puis il me pressa la main et partit enfin.

-L'intervention en elle-même ne va pas être si longue Anna... Nous allons t'endormir comme ça tu ne sentiras rien...Aussi surprenant que cela puisse paraître, ils ont les produits anesthésiants ici. Est-ce que tu veux savoir ce que nous allons faire pendant que tu seras endormie ? Demanda-t-elle.

-Oui...Oui s'il te plaît Mouna, répondis-je.

Elle déclara alors d'une voix très détachée :

-Bien. Nous allons attendre que le breuvage t'ouvre complètement le col de l'utérus. Une fois cela fait nous allons t'écarter les petites lèvres à l'aide d'une pince puis nous allons percer la poche amniotique et t'aspirer l'embryon avec une paille de fer et une poire. Il va se briser et il n'en restera plus rien.

Je tournai de l'œil au fur et mesure des explications. Les larmes revinrent d'elles-mêmes en comprenant que c'était le dernier au revoir.

-Courage Anna, ça va bien se passer...C'est bientôt fini, me rassura encore la guérisseuse.

Béata qui était derrière elle vint me caresser les cheveux pendant que sa mère m'allongea. Elle me retroussa ensuite la robe et enleva mes bas. Je fixai sa fille qui ne semblait pas ébranlée du tout par ce qu'elle allait devoir entreprendre.

-Surtout tu ne diras rien à Iduna...Elle ne doit jamais savoir, murmurai-je à la jeune fille.

-Je vous le promets Madame Piceaerd, reprit-elle.

Elle observa aussitôt Mouna qui vint me mettre un chiffon imbibée d'une odeur forte sur le nez. Puis elle fit un petit signe de tête à Béata qui se chargea de me demander à nouveau :

-Madame Piceaerd énumérez-moi les sexes des enfants vus par le pendule de votre Maman.

Un peu confuse à cause de la question, je répliquai immédiatement :

-Euh...Fille...Fille...Fille...Garçon...

Je sombrai dans le néant avant d'avoir nommé Olaf. Je reconnus immédiatement l'Helveg. Ma belle-mère m'y attendait avec un air désolé.

-Viens dans mes bras Anna Piceaerd, Déclara-t-elle.

Je me réfugiai contre son corps plein de tendresse et les larmes coulèrent sur sa poitrine. Elle me caressa vigoureusement le dos et attendit que je me calme.

-Voilà. Ça fait du bien, dit-elle, je n'ose même pas imaginer la peine que vous devez avoir mes pauvres petits, je n'ai jamais perdu d'enfants...Enfin pas ainsi.

Je déglutis violemment. Iduna demanda aussitôt :

-Est-ce que tu voudrais le tenir dans tes bras ?

Je la regardai surprise et répondis :

-Mais...Je croyais que seul les bébés ayant vécus plus de trois mois étaient acceptés dans l'Hellheilm.

-C'est le cas, précisa bientôt ma belle-mère, mais là c'est un cas un peu particulier. Alors est-ce que tu voudrais tenir ta fille Anna Piceaerd ?

-Oui. Bien sûr, chuchotai-je pleine d'espoir.

Ma belle-mère me mena aussitôt vers une immense galerie de souvenirs semblable à celle d'Ahtohallan et m'arrêta devant l'entrée. Puis elle se tourna et ferma les yeux avant d'ouvrir un passage vers un endroit lumineux et apaisant. Un petit corps enveloppé dans des langes blanches atterrit bientôt dans ses bras.

-Tiens Anna. Voici Elsa, déclara-t-elle en me la tendant.

Ma petite fille gigota un peu indiquant qu'elle s'éveillait. Elle écarquilla deux beaux yeux bleus qui me fixèrent intrigués. Je la serrai fort contre moi et lui embrassai le front et les joues tout en laissant couler des larmes à la fois de souffrance et d'apaisement. Puis je la berçai lentement en lui rechantant la berceuse d'Ahtohallan. Elle l'écouta attentivement alors que je ne cessais de la cajoler.

Après plusieurs minutes, Iduna me rappela gentiment à l'ordre :

-Il va falloir la laisser Anna...Tu ne peux pas rester trop longtemps...Tu vas bientôt te réveiller.

J'acquiesçai, retenant péniblement de nouvelles larmes et enfouis ma tête dans le cou de ma fille. Je finis par lui murmurer :

-Ma précieuse petite Elsa, nous avions prévu dans les mois à venir à te présenter à notre grande famille. Dire que tu étais dans mon ventre. Cela aurait dû être une heureuse nouvelle. Mais tout s'est arrêté en apprenant que ton petit cœur a cessé de battre. En quelques secondes Maman s'est pris une claque monumentale et aurait préféré en recevoir une physiquement. Tu n'as pas encore vécu que déjà tu nous as quitté et je ne l'ai même pas ressenti ma chérie. Nous avons été étroitement liées par le ventre et le cœur et j'imaginai déjà les nombreux projets de la vie que nous aurions pu construire ensemble avec ton Papa et ta sœur. Oui mon bébé, Maman est passée du rêve au cauchemar en quelques secondes. Il a fallu prendre une décision et te laisser partir de mon corps. Les deux jours que je viens de subir ont été atroces. Je t'ai pleurée ma puce et te pleurerai encore. Toutefois, maintenant que je t'ai dans mes bras, je sais que tu veilles sur moi tout comme tu veilleras sur ton père, ta sœur et tes frères à venir. Merci ma Elsa pour ce bonheur que nous avons pu partager ensemble même s'il a été court. Merci de m'avoir fait devenir Maman une troisième fois même si tu ne pourras jamais m'appeler ainsi. Merci pour ce bout de chemin ensemble. Tu es la troisième Piceaerd et tu le resteras. Je sais que la douleur ne partira jamais vraiment malgré le temps qui passe. J'ai ta robe offerte par tonton Pieter et tonton Runeard toujours avec moi comme porte-bonheur. Je penserai toujours à toi à certaines périodes, dans certaines paroles, à certains endroits avec certaines personnes. Tu auras toujours une place dans mon cœur au même titre que le reste de la famille.

Oui petite Elsa, Maman t'aime et t'aimera toujours malgré cette séparation physique qui m'a arrachée le cœur mais qui était nécessaire.

Je m'arrêtai quelques instants et lui embrassai sa paume douce et froide alors qu'elle demeurait toujours silencieuse. Je me raclai la gorge et finis :

-Dors mon enfant n'aie plus peur, vole petite âme.

Je lui donnai encore d'immenses bisous sur ses joues potelées sous le regard attendri et larmoyant d'Iduna.

-Tu es prête ? Finit-elle par demander.

-Je ne le serai jamais...Mais ma foi...Oui, murmurai-je.

J'embrassai mon bébé une dernière fois et la soulevai vers l'Hellheilm. Les langes disparurent et furent remplacés par une immense robe blanche lumineuse. De même, une auréole entoura bientôt le dessus de la tête d'Elsa alors que des petites ailes poussèrent dans son dos. Son visage juvénile nous regarda soudain en souriant et elle disparut.

-Iduna que s'est-il passé ? Demandai-je.

-Tu lui as demandé de veiller sur vous. Votre fille est donc devenue un ange, répondit-elle.

-Je ne la reverrai donc jamais ? Questionnai-je attristée.

Ma belle-mère secoua la tête et répliqua :

-Sans doute pas. Mais elle est en paix à présent.

Je fus surprise de l'être un peu aussi. J'enlaçai une dernière fois Iduna qui ne manqua pas de me rappeler qu'il fallait que je m'en aille et me réveillai enfin.

Ma bouche était pâteuse. Ma tête assez lourde. Je fus surprise de ne pas ressentir de douleur dans le bas-ventre.

-C'est bien Anna. Ouvre les yeux. Doucement, préconisa bientôt Mouna, l'intervention s'est très bien passée.

Je mis une demi-heure à émerger complètement. Je n'eus pas vraiment de pensées durant ce laps de temps. J'entendais péniblement les allers-retours de la guérisseuse et sa fille qui me tapotèrent gentiment les joues à plusieurs reprises pour que je reprenne connaissance.

Puis une main plus forte vint enlacer la mienne et je reçus un baiser doux sur la paume.

-Tout va bien ma Anna d'amour. C'est fini, me murmura Elysia.

Je peinais à hocher la tête tellement je me sentais encore endormie. Je lui souris faiblement.

-Je vais bien...Je suis apaisée...Parvins-je à articuler.

Mon mari resta près de moi à me caresser les cheveux pendant que mon frère se chargea de m'apporter de l'eau tout en me prenant la main pour me réconforter aussi.

-Combien de temps va-t-elle rester ainsi Mouna ? Demanda-t-il.

-Oh ! Il faut au moins qu'elle se repose pendant quatre heures, ensuite nous pourrons repartir pour la Forêt Enchantée, répondit-elle.

-Bien, je ne pourrai pas vous raccompagner mais vous me mettrez au courant de son état, reprit-il.

-Je t'entends Pieter, le grondai-je.

-Je sais petite sœur. Ne t'occupe pas de nous. Nous allons te donner à manger et à boire pour que tu reprennes des forces.

Elysia et lui firent donc des allers retours entre la salle de l'auberge où nous l'avions trouvé quatre ans plus tôt et ce qui me servait de chambre de repos. Je m'autorisai à somnoler ayant encore l'impression d'être droguée. Au cours des quatre heures qui suivirent Mouna et Béata veillèrent à ce qu'il n'y ait pas de pertes de sang trop conséquentes. La guérisseuse vérifia même que j'aille bien aux toilettes pour voir si je n'avais pas de brûlures marquant une éventuelle infection. Heureusement, mise à part quelques caillots de sang, ça ne me tirait pas. Le soleil commençait donc à décliner lorsqu'elle s'écria :

-Nous allons pouvoir y aller. Anna tu n'as pas la tête qui tourne, ça va ?

Je regardai mes proches. Le simple fait d'être avec eux et de les voir, me rassurer. J'avais tellement craint de somnoler au cours de l'après-midi et de me réveiller en découvrant qu'ils étaient tous partis sans moi.

-Non je n'ai pas la tête qui tourne, finis-je par chuchoter.

Je plongeai à nouveau mes yeux dans ceux de mon mari et j'ajoutai avec un sourire béat marqué d'un réel soulagement :

-Je suis contente que vous soyez là.

Comme si je craignais d'être abandonnée, je me ruai sur Elysia qui m'accueillit de façon protectrice.

-Oui ça a l'air d'aller effectivement, déclara Mouna en nous regardant attendrie, mettons-nous donc en route.

Je jetais un dernier coup d'œil à la pièce et essayai de ne pas voir les quelques traces de sang qu'il restait sur le matelas. Nous ressortîmes par la petite porte et contournâmes la grande auberge pour repartir de la rue principale. L'animation habituelle était revenue dans cet endroit maudit et l'intervention à laquelle j'avais eu le droit aujourd'hui semblait presque normale en ce lieu. Alors que nous pouvions nous activer, nous ne bougeâmes pas.

J'observai une dernière fois la bâtisse bizarrement soulagée qu'Elsa ne soit plus dans mon ventre. J'avais le sentiment que j'allais pouvoir avancer désormais ô combien cela serait douloureux. J'espérai tout de même que ce serait la dernière fois que je viendrais ici. Je dévisageai les lettres de l'ENGEL qui me narguaient.

-Pieter...Il faudra que tu dises à Runeard qu'il rajoute « DØD » au nom...Désormais cet endroit se nommera l'ENGEL DOD en souvenir d'Iduna et Elsa ! M'exclamai-je d'un coup.

Mon frère choqué dans un premier temps acquiesça et promit qu'il le ferait.

Nous repartîmes comme nous étions venus : Dans le plus grand silence. En rentrant à la maison deux jours plus tard, je ne me souvins de rien...Brièvement Elysia qui me porta dans ses bras jusqu'à la chambre. Les remerciements à Mouna et Béata. Un baiser d'Iduna. Et puis plus rien. Je dormis pendant longtemps.

Quelques jours passèrent. J'étais toujours recroquevillée dans le lit. Les larmes coulaient encore mêlées à une haine incommensurable envers la vie. J'entendis soudain la porte s'entrebâiller et j'étouffais mes sanglots. La voix de la petite résonna alors inquiète :

-Papa...Pourquoi elle ne va pas bien Maman ? Quand est-ce qu'elle ira mieux ?

Elysia répondit du mieux qu'il put d'une voix voilée :

-Elle est triste parce qu'elle a dû dire au revoir à quelqu'un qu'elle aimait beaucoup...Elle retrouvera le sourire avec le temps mon Ange de l'Air. Tu n'y es pour rien en tous cas, lui assura-t-il en l'étreignant fort.

-Oh...Je comprends Papa...Et cette personne est-ce que je la connaissais ? Demanda-t-elle.

La réponse n'arriva pas tout de suite cette fois. Le silence était significatif : Elysia avait du mal à retenir ses larmes. Mon cœur était de plus en plus compressé alors que des images inventées de toutes pièces d'Elsa dans ses langes présentées à sa grande sœur émergèrent dans mon esprit. Des larmes silencieuses glissèrent aussitôt le long de mes joues. Pourquoi à la fin ? Pourquoi cela n'avait-il pas pu se passer comme ma première grossesse ?

-Non Iduna tu ne connaissais pas cette personne, finit par répondre mon mari après une éternité.

-Papa...Est-ce que je peux aller réconforter Maman ? Demanda encore la petite.

Le « NON » émergea en premier dans ma tête. Non je ne voulais pas que ma petite fille ait un poids aussi lourd sur les épaules sans qu'elle en prenne conscience. Mais finalement, je me rendis compte que j'avais besoin d'elle dès l'instant où Elysia me la cala contre mon corps. Elle s'approcha doucement et ses petites mains vinrent enlacer mon cou. Elle m'embrassa ma joue mouillée et se mit à chanter :

-Dors mon enfants, n'aie plus peur...Le passé reste au fond des cœurs.

Contre toute attente, sa phrase me calma. Elle reprit immédiatement :

-Je ne veux pas que tu sois triste Maman. Je ferai tout pour être une gentille petite fille et te rendre heureuse, je te le promets...

Puis elle passa une main sur mon ventre et me regarda perplexe avant d'ajouter :

-Tu sais même s'il n'est plus là, Petit Haricot, il t'aimait j'en suis certaine.

Je l'observai les yeux noyés de larmes et la serrai plus fort. Elle accepta l'étreinte sans rechigner. Oui. Je me raccrocherai à ma fille comme à une bouée de sauvetage. Oui. Je n'oublierai jamais l'échange de ma belle-mère. Oui. Petite Elsa restera toujours dans mon cœur comme Helga avant elle. Ça serait douloureux à jamais. Je culpabiliserai toujours. Mais je n'avais pas le choix. Il fallait bien avancer. Je regardai mon mari et ma fille en songeant que j'étais bien entourée. 

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