J'ai comme l'impression que le monde s'écroule autour de moi, comme si on m'avait caché ma véritable identité. Je n'arrive pas à y croire...
- Dis quelque chose ma puce, essaye de me secouer mon père.
- Vous, commencé-je avec hésitation. Tu... Tu es ma... Ma... Ma MARRAINE ? L'a questionné-je les yeux larmoyants.
- Oui, pleure-t-elle. Mais avant d'être ta marraine... Je... Je suis surtout, commence-t-elle en marquant un temps de pause. Je suis surtout ta tante par le sang !
Non mais là je... Aidez-moi, sortez-moi de là ! Qu'est-ce qui est en train de m'arriver ? Je suis complètement perdue, tout comme les personnes les personnes présentes dans cette pièce. Pourquoi diable m'a-t-on caché l'existence de ma tante ?
- Quoi ? Lâché-je avec des larmes sur mes joues que j'essuie.
- C'est quoi ce bordel ? S'énerve mon protecteur. Vous n'êtes pas sérieuse Miss Rose ?
- Si, le regarde-t-elle. Ta mère et moi, Danie, nous sommes des jumelles, m'explique-t-elle. De fausses jumelles... Oh, ne pleures pas s'il-te-plaît, s'inquiète-t-elle.
- Leur relation, intervient mon papa chamboulé. Était en tout point pareil que la tienne avec Haizea. Je sais que ça fait beaucoup à encaisser, mais si on te dit toutes ces choses maintenant c'est parce que le danger qui pèse sur toi est imminent.
- Non, non, non, répète-je plusieurs fois en me levant et en pleurant de plus bel. Pourquoi m'avoir fait une telle chose ?
- Danie je t'en prie, continue Rosalia. Je sais que c'est une révélation énorme, mais si on ne t'a rien dit c'est pour que tu puisses mener une vie tranquille, sans pression.
- Et ça ne te gênait pas, à toi, de ne pas pouvoir créer de relation avec moi ? M'effondré-je. J'ai perdu maman et même si papa fait de son mieux, il y a des moments où j'avais besoin d'une présence maternelle ! Et qu'est-ce que j'apprends ? Que toi tu aurais pu être là pour moi, mais que tu m'as regardé m'enfoncer sans rien dire ?
- NON, ARRÊTES, s'approche-t-elle de moi. J'ai toujours fait de mon mieux pour garder un oeil affectif sur toi, tout en gardant mon professionnalisme ! Si tu savais le nombre de fois où j'ai voulu tout t'avouer pour te prendre dans mes bras et te dire que j'étais là pour toi, je te le jure !
- Je, suffoqué-je. J'ai besoin d'être seule, finis-je en partant encourant.
Il faut que je quitte cette pièce. Je sens que je vais vraiment faire des dégâts si je reste ici. Ma tête me fait un mal de chien, les larmes bouillantes qui coulent sur mes joues me brûlent la peau. Je bouscule William dans mon élan qui essaye de me rattraper, mais en vain. J'attrape les clés qui sont dans les mains de ma meilleure amie, puis je cours de plus en plus vite vers la voiture d'Ana. J'entends les cris des filles, de papa ou encore de William qui m'appellent, mais je commence à rouler le plus loin que je peux sans m'arrêter, mais en sachant très bien où je vais. J'ai besoin d'explications sur cette histoire et je ne connais qu'une seule personne qui peut me dire la vérité et à qui je n'ai pas rendu visite depuis très longtemps. Après quelques longues minutes de route avec mon téléphone qui n'arrête pas de sonner, je m'engage dans un petit quartier pavillonnaire que je n'ai pas vu depuis belle lurette. Je me gare dans l'allée de cette maison dans laquelle j'ai passé de merveilleux moments, avant que je n'entre au Sanctuaire. En quelques secondes je remarque la silhouette de cette fabuleuse femme qui m'a beaucoup trop manqué, et qui m'attend près de sa porte. Elle m'a tant appris et tant cajolé étant enfant...
- GRAND-MÈRE, crié-je de bonheur en la voyant, mais toujours en pleurs.
- Ma petite chérie ! Qu'est-ce que je suis contente de te voir, me serre-t-elle contre son buste. Mais, ouh là, que se passe-t-il ? pourquoi ces larmes ?
- J'ai besoin de te parler, Mam'.
- Bien-sûr, entres.
Je m'installe dans son canapé aux motifs fleuri dans sa salle à manger très vintage, pendant que grand-mère me prépare un grand jus pressé comme je les aime. Elle me l'apporte, elle s'assied à mes côtés en repeignant de ses doigts sa courte chevelure blanche et sans savoir pourquoi, elle va me poser une question inattendue.
- Ils t'ont tout dit, n'est-ce pas ?
- Comment le sais-tu ?
- Je savais pertinemment que le jour où tu reviendrais me voir sans me prévenir, ce serait pour avoir plus d'informations au sujet de ta mère, Rosalia ou du mystère qui tourne autour de toi.
- Pourquoi vous m'avez caché que Rosalia était ma marraine ?
- Parce que c'était plus simple que tu ne le saches pas.
- J'ai mal à l'idée de me dire qu'elle aurait pu m'aider, mais qu'elle n'a rien fait.
- N'en veux pas à ta tante, elle a été forcé de se taire malgré la douleur que cela lui procurait, mais le moment est venue pour toi d'en savoir d'avantage sur ta famille.
- Oui, raconte-moi tout s'il-te-plaît, reniflé-je en essuyant mes larmes.
Mam' part chercher une grande boîte fermée par un code, dans laquelle se trouvent tous les albums photos de famille, ainsi que pleins de documents. Elle revient s'asseoir à mes cotés afin qu'elle puisse affiner les dires de mon père, ainsi que de ma tante. Wouah, c'est tellement bizarre d'appeler Miss Rose... Enfin Rosalia... De la sorte. Elle est ma tante et je dois m'y faire. Elle commence par l'enfance des jumelles. Elle me raconte leur complicité, l'amour qu'il y avait entre elles. Elle m'avoue aussi que Rose a été une enfant très difficile et que seule Jade pouvait la maîtriser.
- Tu vois, elles étaient comme Haizea et toi.
- C'est très bizarre de voir toutes ces photos.
- Je suis tellement désolée pour Azy. Je n'ai pas pu venir te voir à la maison de l'ombre, ni assister à la cérémonie, mais j'étais de tout coeur avec toi.
- Merci Mam'. J'essaye de remonter la pente, mais c'est très dur.
- Tu vas t'en sortir, tu es une battante comme ta mère et... Comme ta marraine !
Je ne préfère pas répondre à ce compliment qui me fait encore tout drôle. Dans ma vie, j'ai tellement été blessé, triste, seule quand papa partait au quatre coins du monde, que si j'avais su la nature de mon lien avec Rosalia, tout aurait été plus simple pour moi. Seulement, il a fallu qu'on me fasse des secrets, tout ça pour éviter les problèmes. Je dois avouer que j'ai du mal à avaler la pilule. C'est alors que grand-mère passe à un album contenant des photos d'une autre époque.
- Qui est-ce ? Demandé-je en regardant un portrait en noir et blanc d'un très beau couple.
- Ce sont les concepteurs de notre belle famille, Eldias et Henriette.
- Ils allaient si bien ensemble, pourquoi ne jamais m'avoir parler d'eux ?
- Parce que n'y avait aucun intérêt à t'en parler pour le moment. De plus, leur histoire tragique me fait toujours pleurer, sourit-elle.
Je remarque que les yeux de ma mamie d'amour se remplissent de larmes à grande vitesse. Je prends donc un mouchoir dans la boîte sur la table basse pour lui donner.
- Tu n'es pas obligée de m'en parler, tu sais.
- En réalité si, je suis obligée car tu es en danger ma petite chérie... Il faut que tu en sois consciente et cette histoire, leur histoire, va t'aider à avancer.
Ils me font tous peur avec leurs paroles. Que s'est-il passé dans ma famille pour que tout le monde s'affole pour moi ? Pourquoi suis-je autant en danger ? Que va-t-il m'arriver ?
- Vous me faites tous flipper, Mam'.
- Je sais, tu vas vite comprendre.
C'est alors que ma grand-mère commence par m'expliquer la magnifique histoire d'amour de nos deux ancêtres. Grands soldats de lumière tous les deux, ils avaient une très haute place dans le CGM jusqu'à ce que leur histoire bascule complètement.
- Que s'est-il passé ?
- Notre ancêtre était une femme magnifique et extraordinaire, tout comme toi, me dit-elle en caressant ma joue gauche. Eldias est le gardian qui a tué Madec, le petit frère du plus grand démon que la terre n'est jamais connu, Pluton, m'annonce-t-elle. Madec était à ce moment là à la tête des Enfers, puisque son frère a été vaincu par je ne sais qui.
J'y crois pas ! Mon ancêtre a tué le petit frère du concepteur de la descendante du feu, incroyable ! D'ailleurs, est-ce que Mam est au courant de toute cette histoire ? Je me le demande, quand elle pose un regard perplexe sur ma personne.
- Que se passe-t-il ma puce ?
- Je vais te poser une question et je veux que tu me promette d'être franche.
- Je t'en fais la promesse.
- Est-ce que tu sais d'où je viens ? Enfin je veux dire... Mon don, est-ce que tu connais son origine ?
Je distingue dans les magnifiques yeux verts de ma grand-mère qu'elle n'en a aucune idée et qu'elle ne s'est probablement jamais posée la question.
- Mam' ! Ce démon, Pluton, c'est le concepteur de la première descendante du feu !
L'incompréhension et la terreur se font rapidement voir sur le visage pâle de la vieille dame qui se tient le coeur. Toutes ces coïncidences sont bien trop énormes pour que cela en soit. Je dois en savoir plus, mais je décide d'abord de tout dire à ma grand-mère assez rapidement.
- Ma chérie ! Ce que tu viens de me raconter apporte enfin les réponses aux mystères qui pèsent sur cette famille, s'excite-t-elle. Il y a tant de choses que personne n'a jamais compris et je crois que tu as trouvé les réponses.
- De quoi parles-tu, demandé-je préoccupée.
Ma mamie se lève précipitamment pour aller prendre une autre petit boîte qui est cachée sous une planche de son parquet marron, vernis à la perfection. Elle se replace à côté de moi en me donnant un vieux parchemin, avec un croquis d'Eldias et Henriette.
- Lis ce qu'il y a d'écrit, m'ordonne Mam.
Oh non ! Pas encore cette phrase... Pas elle...
- « Bonitas erit, et tenebræ eam sorte divides. ». Elle veut dire « La bonté et les ténèbres se diviseront », n'est-ce pas ?
- Exactement ! Et cette phrase associée aux pouvoirs des sorcières, c'est une malédiction, m'annonce-t-elle. Seulement, on a jamais su de quoi cela voulait parler. Peux-tu m'en dire un peu plus ? Me sollicite-t-elle.
- Non, je n'en sais pas plus que toi. Tout ce que je peux te dire, c'est que ce n'est pas la première fois que vois cette phrase.
- Il faut que l'on sache ce que ta mère a vu, ce qui l'a faite autant paniquer.
- Tu as vu maman avant qu'elle ne disparaisse ?
- Brièvement, elle m'a juste dit qu'elle partait car elle devait sauver ton avenir.
C'est alors qu'en écoutant ma grand-mère, je glisse mon regard à travers le parchemin sur lequel une chose me turlupine.
- Dis-moi... Henriette, elle a vraiment été recueillie par des soeurs de la pitié comme c'est écrit ici ?
- Oui. À ce que l'on sait, elle est née quelques heures à peine avant la guerre des mondes et elle a été déposé devant une maison de l'ombre par un ou une certaine « T », c'est l'initiale qu'il y avait d'inscrite sur le mot qui l'accompagné.
- « T», réfléchis-je à vite allure. T comme...
- Tu sais quelque chose ?
J'hallucine ! Mon ancêtre Henriette est la fille de Tara, ce qui veut dire que Tara est aussi mon ancêtre ! WOUAH ! Pourtant, nous étions persuadées avec les filles que désormais, les éléments choisissaient par eux-même leurs descendantes et que ce n'était donc pas héréditaire ?
- Je ne comprends plus rien... Ça ne peut pas être une coïncidence et pourtant, je n'arrive pas à assembler toutes ces informations, avoué-je.
- Moi non plus ma chérie.
- Bon. Revenons-en à la dite « malédiction ». De quoi retourne-t-elle ?
- On ne sait pas trop. Les seuls éléments que l'on a, c'est qu'elle a été commandé à des sorcières très puissantes et que cette malédiction toucherait une fille de notre famille.
- Quoi ? M'exclamé-je abasourdie.
- Oui, c'est écrit ici, ajoute-t-elle en me donnant un tas de feuilles reliées avec le même fil qui relie le grimoire des cousines Chaabi. À partir de là, chaque grossesse a été vécu avec une pression énorme par peur que cette malédiction inconnue se réalise. Seulement, rien ne s'est passé. Moi aussi j'ai eu très peur sachant que j'allais avoir des jumelles, mais rien ne s'est produit non plus.
- D'accord, tant mieux non ?
Grand-mère n'a pas le temps de me répondre qu'un phénomène très étrange commence à se produire sous nos yeux ébahis...