Seulement, une sonnerie inconnue du quartier dans lequel nous allons devoir apprendre à vivre pour le moment retentit dans nos oreilles, à un volume fracassant. J'ai l'impression que cela fait à peine une seconde que je me suis endormie, alors que nous sommes déjà le matin.
- Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? On est envahit ? Il y a le feu ? Panique la déesse de l'eau en tombant sur le carrelage dur et froid. Outch, mon coccyx, râle-t-elle en faisant une grimace de douleur.
- Rien de cassé, lui demandé-je en la relevant et en rigolant.
- Non, je ne crois pas, se marre-t-elle aussi.
- Pas trop dur le réveil, nous demande Ben accoudé sur le haut du canapé.
- C'est quoi cette alarme ?
- Un réveil ma chère protégée, ça veut dire que les entraînements commencent dans une heure. Allez debout !
- Ramène-moi chez moi Ben ! Je te promets de ne plus faire aucune bêtise.
- Je suis désolé, mais non. Venez prendre votre petit-déjeuner.
La bonne odeur des omelettes faites par Caleb qui est un super cuisinier, remplit mes narines de bonheur. Je m'installe à table tout près d'Ana qui est déjà sur son ordinateur sans y voir mon mentor, quand il pose sa main dans mon dos.
- Bien dormi, me demande-t-il en attrapant une pomme dans la panière à fruit, placée devant moi.
- Pour quelqu'un qui a pioncé dans un canapé, plutôt bien oui. Et toi ?
- Très bien. Je dois rejoindre Astrid pour sa leçon privée, mais on se voit plus tard au cours de renforcement scolaire et s'il-te-plaît, essaye d'arriver à l'heure pour une fois, m'affirme-t-il en se dirigeant vers la porte d'entrée.
Je déteste ma vie, encore une fois. Ce sont les vacances et il faut encore que j'aille à ces fameuses leçons pour faire remonter ma moyenne. J'en ai marre !
- On verra. Amuse-toi bien et évite de te faire pîquer par cette vipère comme avec les boas destructors, ce serait trop bête, rajouté-je en levant la voix.
- Très drôle, répond-il d'une voix éloignée. Quel humour !
Les filles, qui ont toutes les deux la bouche pleine d'omelette rigolent à ma prévention contre la gardiane. Les garçons, quant à eux, sourient fortement, mais on sent dans leurs regards qui se posent sur nos personnes, qu'ils ont envie de dire quelques chose.
- Vous ne l'aimez vraiment pas, Astrid.
- Caleb, commence Ana. Toi non plus tu ne l'aime pas, personne ne l'aime, c'est une vraie peste.
- Certes, mais ça ne vous ressemble pas d'être méchante envers quelqu'un, même votre ennemi.
- Avec tout ce qu'on vit, interviens-je. On ne peut pas dire qu'elle soit notre ennemi. C'est juste qu'on ne peut pas la laisser s'imposer et puis, je te rappelle que c'est elle qui commence à chaque fois.
- Et qu'est-ce qu'elle a commencé au juste, me regarde-t-il bizarrement. Un simple cours privé avec ton cher mentor qui n'appartient qu'à toi peut-être ?
- Quoi, crié-je sur le mentor d'Ana en rougissant. Mais non pas du tout ! Il a le droit de faire ce qu'il a envie, mens-je. C'est juste son côté vipère qui pique sans cesse qui m'énerve.
- Alors pourquoi es-tu jalouse, s'incruste Ben.
Un blanc se fait ressentir dans la cuisine où on déguste notre petit déjeuner. Les yeux de la bande sont tous braqués sur moi et ils attendent ma réponse avec impatiente.
- On a passé l'âge pour ce genre de choses, alors laissez-moi tranquille !
- Ce n'est pas vraiment une réponse, mais bon on l'accepte, termine Ana.
Les deux premières heures de la matinée passent assez vite. Je suis plongée dans mon ordinateur avant d'aller au cours barbant, toujours à la recherche d'informations concernant l'ange obscur que je ne trouve pas. C'est alors qu'Ana rentre en trombe dans la coloc.
- Suspendu, crie-t-elle violemment en claquant la porte. Mon stage est suspendu !
- Pourquoi ?
- Miss Rose a suspendu ma formation pendant une durée indéterminée à cause de ce qui s'est passé hier. Non mais j'hallucine !
- Ne t'énerve pas, tu me dis toujours que ça n'arrange rien, essayé-je de la calmer. Viens, assieds-toi, je te sers en grand verre d'eau.
- C'est horrible, on n'est pas déjà assez punies comme ça ? Lance-t-elle déboussolée.
- Je pense qu'on est allées trop loin et qu'ils veulent nous le faire payer.
- J'ai besoin de ce stage si je veux devenir doyenne à mon tour et si j'ai une suspension de noté dans mon dossier, je ne le serai jamais !
- Je comprends Ana, on va tout faire pour qu'elle soit supprimée, je te le jure !
Je déteste voir ma meilleure amie aussi mal. La place de doyenne, elle en rêve depuis toujours. Elle bosse tellement dur pour y arriver qu'elle ne compte pas ses heures. Miss Rose serait perdue sans Ana et ils n'ont pas le droit de la priver de cette formation. Il faut vraiment que l'on règle cette situation.
Mais pour l'heure, il est temps d'aller en cours et c'est accompagnée de la princesse de la terre qui a attaché ses cheveux en deux tresses collées, que je me dirige vers l'amphithéâtre où William fait classe. Et pour une fois, je ne suis pas en retard.
On s'installe dans ce lieu rempli d'élèves qui doivent rattraper leurs notes, quand je vois qu'Iv est là.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Lui demandé-je.
- Je ne voulais pas que tu sois seule, alors même si je n'ai pas besoin de ces cours de rattrapage, je suis venue !
J'ai vraiment les meilleures amies de toute la terre. On en profite pour lui expliquer l'histoire d'Ana, quand je vois mon mentor qui arrive. Bien évidemment, il n'est pas seul.
- Bien, asseyez-vous, nous demande-t-il. Je vous présente Kara Péng qui va m'assister durant ce cours de rattrapage pour se faire un peu la main avant qu'elle n'est sa propre classe à la prochaine rentrée, commence-t-il en posant discrètement ses yeux sur ma personne.
- Bonjour à tous, commence la magnifique gardiane chinoise. Je suis ravie de pouvoir accompagner votre professeur aujourd'hui et j'espère que nous allons tous pouvoir collaborer comme il se doit, finit-elle en posant sa main sur l'épaule de William.
- Nous sommes ravis de ta présence, lui sourit-il.
Beurk. Elle aussi, elle commence sérieusement à m'agacer. J'en ai déjà assez d'une seule vipère qui veut me piquer Will, on ne va pas en plus me rajouter un dragon sous le nez. Durant tout le cours sur les démons chinois qu'expérimente Kara à la perfection, j'ai bien senti que Will n'était pas hyper réceptif au charme flagrant de la gardiane, ce qui me fait plaisir, je dois l'avouer. La fin de ces trois longues heures sonne enfin, car tout le monde crève de chaud, sauf moi.
- Il y a des jours où j'envie réellement tes dons, m'annonce Ana qui est en sueur.
- Et oui, haussé-je les épaules plusieurs fois d'affilé. La chaleur ne me fait rien, ah ah !
- Purée, j'en pouvais plus de ce cours, ajoute Iv. Elle est un peu barbante cette Kara, je ne l'aime pas.
Et c'est aussi pour ça que j'aime autant ces deux filles. Elles prennent ma défense sans même s'en rendre compte. C'est alors qu'en les suivant pour sortir, mon protecteur m'interpelle pour me parler. On dirait que c'est une habitude chez lui de me faire rester après les cours.
- Qu'as-tu pensé de ce cours ? Me demande-t-il.
- C'était, hésité-je. Intéressant...
- Kara est très douée dans son domaine.
- Si tu le dis, me retourné-je.
- Danie, rigole-t-il. Il ne se passe rien, je te le jure !
Même si je suis agacée, il faut que j'arrête ce comportement possessif, ça ne me ressemble pas du tout. Je regarde l'eurasien dont les yeux fixés dans les miens en disent long sur ce qu'il peut penser, et je le crois.
- Alors ce cours avec Astrid ? C'était comment ?
- Usant comme à chaque fois, je me rends de plus en plus compte de son caractère de peste.
- Mieux vaut tard que jamais, mais dis moi, vous ne couchez plus ensemble, n'est-ce pas ?
- Tu es vraiment en train de me le demander ? Répond-il sèchement.
- On a couché ensemble, chuchoté-je. Donc, je pense avoir le droit de savoir.
- Évidemment que je ne couche plus avec elle !
En réalité, je me doute bien qu'il ne se passe plus rien entre eux, mais au cas où j'ai préféré posé la question, pour être bien sûre.
- Ok.
- D'ailleurs moi aussi j'ai le droit de savoir, alors je te retourne la question.
- Ah non ! Je n'ai jamais couché avec Astrid, je te le jure !
William explose de rire à la phrase qu'il vient d'entendre et le pire, c'est que je vois bien dans son regard de gamin qu'il est en train d'imaginer la scène dans sa tête.
- Arrête ça, lui dis-je. Ne fais pas défiler ces images dans ta tête !
- Tu m'as compris, rétorque-t-il. Est-ce que tu couches avec quelqu'un ?
- Oui.
- Excuse-moi ? Commence-t-il à monter sur ses grands chevaux.
- Avec toi, imbécile.
C'est sur cette dernière parole que notre conversation prend fin, puisque Kara se dirige vers nous.
- Je ne vous dérange pas ?
- Non, on discutait de notre prochaine leçon ensemble, ment William en me regardant.
- Edana, je suis vraiment contente de pouvoir apprendre à te connaître, j'espère que l'on pourra passer du temps ensemble toi et moi, me dit-elle d'un air trop parfait.
- Euh... Oui on verra si mon mentor me donne du temps libre.
- Ce qui n'est pas prévu pour le moment, me sauve-t-il. Tu es consignée, tu le sais.
- Hum, super, râlé-je.
- On a tout notre temps, continue de sourire le dragon.
J'acquiesce difficilement, quand elle m'enlève mon instructeur car elle a besoin de lui pour je ne sais quoi. Je décide de rentrer à la coloc des garçons, quand je reçois un message d'Iv me prévenant qu'elles sont à notre maison pour continuer à prendre quelques affaires. Je les rejoins très vite pour faire de même dans ma chambre qui me manque déjà. Je commence à sortir des choses de mon placard et de ma commode, quand je tombe sur une boîte que papa m'avait donné il y a bien longtemps, mais que je n'ai jamais ouverte.
- Qu'est-ce que c'est ? Me demande Ana qui m'aide dans mon tri.
- C'était à ma mère. Mon père me l'a passé, mais je ne l'ai jamais ouverte.
- Tu l'ouvriras quand tu seras prête.
- Je suis prête.
Accompagnées de mes deux meilleures amies qui se placent à côté de moi afin que l'on ouvre cette boîte fermée par un petit loquet, je prends une grande inspiration et je soulève le couvercle en bois vieilli sur lequel est noté " Jade ". Wouah, ce contenant cache pas mal de trésors. Il y a des bijoux, des photos de moi, mais aussi d'elle et de papa plus jeune. D'ailleurs, elles me font sourire car ils étaient très beaux tous les deux. Papa a toujours été un très bel homme, je comprends que maman est succombé à son charme. Je trouve aussi un tas de papiers tenus par un élastique. Je retire celui-ci pour y laisser apparaître des mots, mais aussi des papiers vieillis et déchirés. Je crois que l'on va enfin avoir des réponses à nos questions.
- Regardez les filles, dis-je en leur passant les bouts de papiers.
- Qu'est-ce-que c'est ? Se questionne Iv.
- Oh merde, s'exclame Ana. Ça parle de toi Danie ! Je crois que ta mère avait trouvé des choses par contre, continue-t-elle en tournant le papier et en l'approchant d'elle. On dirait que c'est une lettre envoyée par quelqu'un, regardes.
Je prends la feuille que me tend mon amie pour effectivement apercevoir cette écriture manuscrite que je connais. Seulement, je ne sais plus du tout d'où elle provient.
- Qu'est-ce qu'il y a de marqué ? Se demande notre déesse de l'eau.
- En gros, cette personne dit qu'elle est désolée, qu'elle ne voulait pas que ce soit... Que ce soit moi qui hérite de... Je ne sais pas, ça a été brûlé, je ne comprends rien, dis-je angoissée.
- Ne t'inquiète pas, on va trouver la réponse, m'assurent mes amies.
On continue la lecture des bouts de papiers, quand nous sommes surprises par l'apparition des garçons et notamment de William, qui est arrivé entre temps. Ils se demandaient pourquoi c'était le silence radio dans cette maison.
- On a presque cru que vous vous étiez échappées, lance Caleb.
- Non, on est concentrées c'est tout, lui répond sa protégée.
On se regarde toutes les trois, quand on se rappelle que l'on a pas expliqués les dernières découvertes aux garçons. Je m'apprêtais à tout dire à William le soir où... Enfin... Où on a été occupés à faire autre chose et comme tout s'est cassé la figure par la suite, on a pas vraiment eu le temps de les tenir au courant de l'avancée des recherches. Alors o s'y attèle dès maintenant.
- C'est un truc de malade, s'étonne Ben. Mais, pourquoi ne pas nous avoir tenu au courant plus tôt ?
- Avec tout ce qui s'est passé, c'était compliqué pour nous de vous parler.
- Ivria a raison. On avait comme l'impression que nous punir était bien plus important que le reste, du coup on a rien dit, avoué-je.
- On est désolés, s'incruste Caleb. Vous avez dû vous sentir abandonner.
- Un peu, lui affirme sa protégée.
Le gardian la prend dans ses bras pour qu'elle comprenne que ce n'est pas le cas. Ben et Will nous assurent la même chose, quand nous reprenons notre conversation.
- Donc, si je comprends bien, résume mon protecteur. Les cousines ont données naissance à quatre filles qui ont héritées des dons de leur mère perspective, mais elles se sont faites tuer durant la guerre des mondes, du coup, ce sont des soeurs de la pitié qui ont pris les nourrissons en charge et elles ont réalisées ce qu'il y avait de marqué sur le mot pour se débarrasser du côté démoniaque des bébés, finit-il en reprenant sa respiration. Wouah !
- C'est ça ! Et hier, Iv a trouvé un autre bout de parchemin qui parle du Cercle Astral, qu'apparemment il est notre lien, c'est pour ça qu'on y est allées, ajouté-je.
- On ne va pas revenir sur l'attaque, je pense que vous avez été assez punies donc dites-nous, avez-vous ressenti quelque chose, là-bas ?
- Oh que oui Caleb ! Oh que oui, affirme Ana.
- C'est comme si notre force était intouchable, expliqué-je. Comme si notre point de fusion se trouvait sur ce cercle, nos dons se sont tellement développés en une fraction de secondes qu'on a été projetés à plusieurs mètres les une des autres. Incroyable !
- C'était géant, s'exclame la déesse de l'eau. Mais, elles n'ont pas eu envie de recommencer, trop nul.
- Azy était avec nous, ajoute la princesse de la terre.
Les garçons sourient à cette annonce qui ne les étonne pas. Cela n'est pas la première fois que notre petit ange fait ressentir sa présence autour de nous. Après cette longue explication, je retourne finir mes cartons dans ma chambre accompagnée de mon mentor, quand j'ai un besoin compulsif de lui poser une question étrange.
- Tu crois qu'on se trompe, William ?
- De quoi parles-tu ?
- Peut-être que je suis mauvaise... Peut-être que je suis réellement un démon.
- Mais n'importe ! Je t'interdis de penser une telle chose, rappelle-toi de notre leçon au royaume d'Artémia !
- Je sais, mais ce n'est sûrement pas pour rien qu'on m'appelle «l'ange obscur », c'est que je dois bien avoir une partie démoniaque.
- N'y pense pas, me dit-il en prenant mon visage triste dans ses mains. On va continuer les recherches pour en savoir d'avantage, mais je ne veux plus t'entendre dire que tu es mauvaise parce que tu es un personne incroyable !
Je souris à l'eurasien en me rapprochant de lui, car l'envie de l'embrasser sauvagement me prend tout à coup. Je laisse donc mes cartons à terre et j'attrape la nuque du gardian afin de le forcer à poser ses lèvres sur les miennes. C'est à ce moment qu'on entend quelqu'un qui se rapproche. Je le pousse et je repars illico dans mon tri comme si de rien n'était.
- On rentre, nous informe Ben. Les filles ont finies et on a faim !
- J'ai fini aussi, on peut y aller, rétorqué-je gênée.
Je lance un regard coquin à mon mentor, puis je prends deux ou trois cartons ainsi que la boîte de ma mère pour les amener à la voiture de celui-ci. Je sens que quelque chose qui était cachée dans le fond du bocal en bois secret tombe à terre. C'est une enveloppe et elle a le blason du Sanctuaire. Dans l'incompréhension totale, je décide de l'ouvrir pour savoir ce qui se trouve à l'intérieur.
C'est une lettre, encore une fois manuscrite avec la même écriture que sur l'autre et provenant d'une personne, dont l'initiale commence par... par un R ! Je ne comprends pas. Il y est dit que la personne était au courant, mais qu'elle ne voulait pas perdre ma mère, ni moi. J'ai besoin d'explications, quand une illumination me vient à l'esprit.
- Il faut que j'aille au Sanctuaire, dis-je énervée à mon mentor. Tu peux me déposer s'il-te-plaît ?
- Euh, oui bien-sûr, mais qu'est-ce qui se passe ?
- Je dois avoir une conversation avec une certaine personne.
C'est dans un état de nervosité plus que visible que je laisse mon protecteur sur cette parole, pendant qu'il m'emmène à l'école afin que je lui parle...