Papermoon || KuroShou

𝟾 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚌𝚒𝚗𝚚𝚞𝚊𝚗𝚝𝚎-𝚎𝚝-𝚞𝚗

L'un de ses élèves ne serait pas mort. Le plus doué de sa promotion n'aurait pas disparu dans la nuit. Ses amis ne l'auraient pas bêtement suivi dehors.

Sortant à l'extérieur du bâtiment principal, il serra la photo qui se trouvait dans son poing et fonça en direction du dortoir F. La neige tombait durement et le sol était gelé : plusieurs centimètres seront à attendre pour l'aube.

Le chemin était long en général, plusieurs minutes pour traverser la moitié du campus étaient nécessaires, de son bureau jusqu'aux résidences des élèves, mais cette fois il n'avait pas le temps de marcher tranquillement. Il y avait des vies en jeu.

Il entra dans le dortoir F sans faire un seul bruit, aussi léger et rapide que l'air, puis monta les escaliers jusqu'à l'étage qu'il cherchait. Il avait longuement hésité avant de faire ça, puis s'était de toute façon rendu compte que cela ne changerait rien ; ses élèves étaient déjà impliqués. S'il pouvait obtenir du soutien en attendant, alors il n'y avait pas à hésiter. Les conséquences seraient pour plus tard.

La chambre n'était pas fermée à clé, ainsi il s'y glissa immédiatement. L'un des lits était vide, mais il n'y laissa même pas traîner son regard pour se diriger directement vers le second.

Sa main se posa sur la bouche de Bokuto Kotaro, et il le regarda se réveiller dans un sursaut. Les yeux écarquillés, il l'observa tandis que le directeur posait un doigt sur ses lèvres.

– Il n'y a pas de temps à perdre alors je vais dire ça simplement. Vos amis ont besoin de votre aide. La vôtre, et celle de votre partenaire. Allez le chercher, puis attendez-moi devant la grande porte.

Son regard confus le resta quelques secondes de plus puis, alors que Takeda retirait sa main, sa seule réponse fut :

– D'ac.. d'accord.

Et sans un bruit, le directeur sortit de la chambre comme un courant d'air.

___________________________

Le choc fit trembler Iwaizumi de la tête aux pieds, et il se sentit décoller du sol avant même de penser à reculer. La lame du Soul Eater ne l'avait pas touché, pas plus que ses poings ou n'importe quelle partie de son corps, mais il avait suffi à l'homme d'utiliser un peu de sa force pour l'envoyer valser dans le décor. Sa chute fut assez violente pour lui arracher un cri, mais il réussit tout de même à se relever dans la seconde et à se replacer en position de défense.

Iwa, tout va bien ?

Le regard d'Iwaizumi dévia légèrement et alla se fixer sur la petite fêlure qui assombrissait la lame qu'il tenant dans les mains. Oikawa était fort et puissant, tout le monde le savait et lui encore davantage, mais il le sentait épuisé et mentalement instable. Et c'était ça, le pire.

Il le sentait à travers leur lien ; son meilleur ami ne dormait pas très bien depuis un moment, il pensait actuellement à sa sœur encore endormie dans son lit d'hôpital, mais surtout toute sa tête était envahie de honte et de regret. Il avait peur pour Kuroo et Daishou, mais par-dessus tout il s'en voulait de l'avoir mêlé lui à tout ça.

Comme si ce n'était pas Iwaizumi qui s'était précipité dehors, comme si ce n'était pas lui qui l'avait assez déconcentré pour qu'il se prenne un coup direct, comme s'il ne s'en voulait pas tout autant de n'avoir pas fait plus attention.

Ça va, lui assura-t-il tout en sachant parfaitement qu'ils sentaient tous les deux que ce n'était pas le cas. Il faut qu'on trouve un moyen de l'atteindre vraiment.

Cela faisait trop longtemps qu'ils alternaient les attaques, et à l'exact opposé d'eux, derrière le Soul Eater, ils pouvaient très bien voir que Kuroo était également épuisé. Il transpirait à grosses gouttes même par ce froid, et ses bras tremblaient largement tandis qu'il remontait la large lame de Daishou devant ses yeux.

Pour de nouveaux partenaires, ces deux-là arrivaient extraordinairement bien à s'entendre.

Leur cohésion n'était franchement pas trop mal, et même si parfois Kuroo se laissait largement entraîner par l'immense arme que représentait Daishou (rien que le manche, quand il était droit vers le ciel, dépassait son Meister d'une trentaine de centimètres) ce n'était pas une si mauvaise chose. Il bougeait vite et bien, mais son arme était bien plus attentive et observatrice. Dans un sens, il se complétait plutôt bien, et n'importe lequel de leur professeur aurait été ravi d'être d'accord avec Iwaizumi.

Malheureusement, cela ne suffisait pas.

L'arme du Soul Eater annulait chaque attaque d'Oikawa, faisait fondre sa glace en un battement de cil, et Daishou n'avait pas l'air de posséder quelconque capacité spéciale qui aurait pu leur être utile. C'était une chose rare après tout, mais c'était quelque chose qui ne penchait pas en leur faveur dans la balance, surtout que leur opposant avait une bien meilleure endurance, cela crevait les yeux.

Une meilleure endurance, un meilleur maintien, plus de force que Kuroo et Iwaizumi réunis, mais surtout un calme à toute épreuve qui leur glaçait le sang.

Il déglutit, et leva la lame d'Oikawa devant lui.

Iwa, on va trouver une solution, ok ?

À chaque offensive ratée, c'était ce qu'il disait. Encore et encore, comme s'il voulait absolument se convaincre qu'il ne les avait tout simplement pas directement conduits à la mort. Mais cela faisait presque trente minutes qu'ils attaquaient ensemble ou à tour de rôle avec Kuroo et Daishou, et rien ne marchait.

Ses propres muscles commençaient à vivement protester, mais Iwaizumi n'avait pas le temps de relâcher sa garde. Une minute d'inattention, et il sentait que le Soul Eater n'hésiterait pas à en finir ; même en étant parfaitement calme, il devait bien être conscient que cette situation ne devait pas s'éterniser. S'il ne s'était pas fait prendre jusque là, ce n'était pas simplement car il était rapide et fort, c'était surtout car il ne laissait pas de trace personnelle derrière lui et qu'il ne restait à découvert que très peu de temps.

Tout en inspirant un grand coup, Iwaizumi resserra ses mains sur la garde de son arme.

Essayons encore une fois.

_____________________

🌹