𝟻 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Bonne lecture !

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Le gymnase était fermé pour les vacances, si bien qu'Akasshi et Bokuto se retrouvèrent dans l'un des jardins pour effectuer un dernier entraînement. Le plus jeune avait tenu à faire une nouvelle tentative, et avait demandé à son Meister s'il acceptait de partir en vacances quelques heures plus tard. À présent, les examens étaient terminés et la plupart des élèves venaient de quitter l'Académie. Le directeur avait effectué son discours, et plus rien ne les retenait, sans même parler du fait que dans une heure, l'école fermerait ses portes.

Akaashi inspirait et expirait doucement, face à Bokuto qui l'observait avec attention. Il avait toujours trouvé le phénomène de transformation incroyable, et à présent voir son propre partenaire essayer ainsi était quelque chose d'incroyable à ses yeux.

Il se rapprocha légèrement quand Keiji ferma les yeux, et lui prit délicatement les mains.

– Pas de stress, affirma t-il. Rien ne presse. Je suis sûr que peu importe ce qui se passera, ça sera parfait.

Akaashi retint difficilement son sourire, et se concentra sur la sensation des paumes brûlantes de Bokuto dans les siennes. Sa présence réconfortante lui apparut alors, même avec ses yeux clos, et il haussa les sourcils.

Il la sentait, au fond de sa poitrine : cette émotion qui menaçait de s'échapper, celle que sa peur et sa honte avaient toujours retenue. Emprisonné, enchaîné, l'arme se débattait de rage et grattait sa cage. À présent, ici, dans ce jardin vide et désert, dans cette école où les trois quarts des élèves avaient disparu, il acceptait de la laisser s'échapper.

Dans son esprit, l'âme de Bokuto, brillante et chaude, se transforma en clé d'or, et il s'en servit pour déverrouiller la porte.

Il ne te lâchera pas.

Il ne te dira rien.

Tu ne le décevras pas.

Et Keiji se laissa submerger et transpercer. Son corps changea, se transforma, fut nimbé d'une lumière qui l'aveugla même derrière ses paupières closes, et la seconde d'après il sentit des mains fermes attraper le manche attaché à sa lame.

Il y eut une seconde de surprise avant que soudain Bokuto ne se mette à sauter sur place.

– Akaashi ! Tu as réussi !

Il fit agilement tourner l'arme dans ses mains, examina la lame noire affûtée, serra ses mains autour du large manche sombre de la claymore, puis déclara d'une voix émue :

– Tu es magnifique....

Et soudain, le lien apparut. Aussi simplement que ça ; une passerelle naquit entre leurs deux esprits, comme une voie directe aux sentiments de l'autre, et ils sursautèrent en même temps. La peur et l'angoisse de Keiji parvinrent vers Bokuto, et sa fierté et sa joie furent transmis à Akaashi qui se replia mentalement sur lui même avec un sourire, le cœur battant à tout rompre.

Akaashi...

Il fit tournoyer l'épée dans le vent, heureux et excité, puis pensa avec toute l'honnêteté dont il était capable :

Nous sommes partenaires ! Tu as réussi !

Les émotions ne cessaient d'aller et venir, puis tout à coup ce ne fut plus que de simples impressions mais également des images, nettes. Keiji écrivant à son bureau, seul dans sa chambre. L'air déçu de sa mère. Les remarques de Futakuchi. Bokuto recevant sa lettre pour l'Académie. Son air concentré lorsqu'il s'entraînait dans son jardin avec des bâtons. Sa rencontre avec Kuroo.

Ils gardèrent le silence, attendant patiemment que ces images s'éteignent, mais une dernière resta imprimé sur la vision du Meister : une marque de rose, extrêmement semblable à celle de son meilleur ami, imprimé sur la hanche de Daishou.

Presque aussitôt, Akaashi reprit sa forme humaine et lui lança un regard paniqué.

– Tu as vu ça ?

Mais Bokuto fut plus rapide car même alors que sa main droite était placée devant sa bouche, le choc s'étalant sur ses traits, il se mit à crier :

– Oh merde c'est Daishou qui – hhhmff !

Keiji posa rapidement sa main sur celle de son partenaire pour le faire taire, et ils échangèrent un regard paniqué :

– Tu ne peux pas lui dire !

– Mais c'est mon meilleur ami !

– Et moi j'ai fait une promesse !

Oh merde, pensèrent-ils au même instant tandis que le lien commençait enfin à se stabiliser. Les alentours étaient toujours aussi calmes, mais ils ne doutaient pas qu'un surveillant n'allait pas tarder à arriver pour leur dire de rentrer chez eux. Le chauffeur d'Akaashi devait d'ailleurs déjà l'attendre.

– S'il te plaît, demanda t-il. Promets moi que tu ne vas rien lui dire.

Il leva vers Bokuto un regard implorant, et même avec toute la bonne volonté du monde, ce dernier déglutit avant de capituler :

– Promis...

Il ne voulait pas cacher des choses à Kuroo, surtout que ce dernier savait très bien lorsqu'il mentait, mais d'un autre coté il ne pouvait pas interférer dans leurs histoires.

Puis soudain, il réalisa :

– Oh merde, c'est Daishou ? Son partenaire est Daishou Suguru ?

Même Keiji laissa échapper une grimace. Il souffla, puis s'assit sur le banc le plus proche pendant que Bokuto continuait :

– Je ne veux pas être là quand il va l'apprendre. En fait je pense que je vais changer de pays. Son arme est Daishou.

Il eut un instant l'idée de se laisser tomber à genoux pour rajouter un coté dramatique lui traversa l'esprit, mais il changea d'avis en avisant le sol plein de boue. Ses jambes le portèrent jusqu'au banc et il s'assit à coté d'Akaashi.

– Tu as réussi. Bravo.

Une rougeur de fierté apparue sur les joues du brun, et il hocha la tête. Il n'eut même pas besoin de lui demander s'il n'avait pas été déçu de son apparence, de cette immense épée à double main, de cette lame noire ; il savait que ce n'était pas le cas. Il le sentait, l'entendait, le comprenait.

Bokuto était heureux.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant