𝟺 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚜𝚒𝚡

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Bonne lecture !

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Kuroo était d'humeur maussade, et il regardait d'un œil morne ses céréales tourner indéfiniment dans son bol, noyées sous le lait. La nuit dernière, il n'avait dormi que quelques heures et s'était réveillé en sursaut sur les coups de deux ou trois heures du matin, complètement trempé de sueur.

À présent, il ne se souvenait même pas du rêve qu'il avait fait.

Soupirant, le rire de Daishou un peu plus loin dans la cafeteria lui fit lever les yeux. Il se trouvait à plusieurs tables de lui, et seul son dos et ses cheveux étaient visibles. Il faisait face à Mika qui semblait lui raconter quelque chose de particulièrement amusant : son vis-à-vis se tordait de rire, et à un moment Kuroo supposa qu'il avait même fini par s'étouffer avec son petit déjeuner.

Il ne lui avait pas reparlé depuis le petit incident du plateau. Ils vivaient pourtant dans des chambres voisines, mais apparemment leurs horaires s'étaient assez décalés pour qu'ils ne se croisent même plus. Ni le matin, ni le soir. Dans un sens, cela aurait du lui faire plaisir : c'est vrai, qui pourrait bien se plaindre d'enfin ne plus voir la sale tête de Daishou ? Certainement pas lui. Mais d'un autre coté, cela lui laissait une impression étrange : ils ne se connaissaient que depuis la première rentrée, et ne s'étaient quasiment plus quittés depuis. Ils passaient leur temps à se chamailler, et cela avait rythmé la vie étudiante de Kuroo depuis le premier jour.

Soudain, le tirant de ses pensées, Bokuto arriva à ses cotés, en même temps qu'Iwaizumi et Oikawa, et posa brusquement son plateau sur la table. Quand Kuroo leva la tête vers lui, il put constater que son ami rayonnait.

Sans attendre, il haussa un sourcil en direction des deux autres et les interrogea du regard. Oikawa secoua discrètement la tête pour lui apprendre qu'il ne savait rien non plus.

– Quelle belle journée, n'est-ce pas ?

Kuroo manqua de s'étouffer avec ses céréales. Dehors, et depuis la vieille au soir, il pleuvait des trombes d'eau et leurs chaussures étaient pleines de boue.

– Bokuto... ?

– Oui ?

Sa voix était bien trop aigu et son sourire bien trop énorme pour que cela ne cache pas quelque chose.

– On peut savoir ce qui t'arrive ? grogna Oikawa en étalant de la confiture sur son pain. Tu connais la règle : le matin on fait la gueule sauf si les cours sont annulés. Ce qui n'est pas le cas.

Ce dernier semblait particulièrement de mauvaise humeur, et Kuroo en vint à prendre en pitié ce pauvre morceau de pain que son ami était en train de martyriser.

– Les cours ne sont pas annulés, certes, mais j'ai une nouvelle encore meilleure !

– Ukai s'est cassé une jambe ? tenta Kuroo.

Iwaizumi lui décrocha un coup de pied dans le mollet, sous la table.

– Encore mieux !

– Bon, vas-y file nous la nouvelle qu'on en finisse, continua Oikawa en plantant ses dents dans son déjeuner.

Bokuto semblait prêt à s'envoler de joie, et Kuroo recommença à avaler ses céréales.

– J'ai trouvé mon partenaire ! annonça t-il fièrement.

Le silence qui s'en suivit fut brusquement interrompu par le bruit que fit la cuillère de Kuroo en retombant dans son bol. Tout son corps s'était figé, et il gardait les yeux fixés sur son plateau tendit qu'Oikawa retrouvait soudainement sa bonne humeur :

– C'est vrai ? Merde je veux un nom, il faut que j'aille en apprendre plus ! C'est qui, un première année ?

Bokuto hocha la tête, les joues rougies par l'excitation. Il avait du attendre toute la nuit pour leur annoncer.

Kuroo, lui, se sentait glacé.

– Akaashi Keiji, affirma t-il. C'est le garçon qui était venu te voir, Iwa. J'ai été le voir après les cours, parce que... j'avais cette impression bizarre. Et on a la même marque !

Soudain, il fronça les sourcils.

– Je crois qu'il est pas très sûr de lui : enfin il a pas l'air de considérer le fait d'être une arme comme...

Voyant qu'il peinait à trouver ses mots, Oikawa avança :

– Il pense que les Meisters sont supérieurs ?

Bokuto hocha la tête.

Soudain, Kuroo ricana.

– Pas de chance, hein ? J'imagine que t'espérais tomber sur autre chose qu'un gosse de riche avec des problèmes de confiance et des idées de merde dans la tête.

Son ami se retourna vers lui, sous le choc, et Kuroo regretta presque aussitôt ses paroles qu'il ne pensait même pas. La honte lui brûla la gorge et la poitrine. Après tout, il ne connaissait pas ce gars, et dire ce genre de chose ne faisait que prouver quel enfoiré il était au fond.

Mais il ne réussissait vraiment pas à contrôler cette jalousie qui le bouffait de l'intérieur, et il sentit de la bile remonter dans sa gorge.

Kuroo éloigna son petit-déjeuner un peu plus loin, puis ouvrit la bouche pour signifier à son meilleur ami qu'il était désolé, quand tout à coup Iwaizumi se racla la gorge, attirant l'attention de Bokuto. Le mouvement de tête que fit ce dernier les amena à regarder derrière eux, et Kuroo se liquéfia sur place.

Debout, son plateau dans les mains, un garçon les regardait d'un air peiné, et personne n'eut besoin de poser un nom sur sa personne au vue de la tête qu'il tirait. Son regard croisa celui de Tetsurou et il ne put rien faire d'autre que le soutenir quelques instants.

– Akaashi... commença Bokuto, mais cela sembla dégeler la scène.

Keiji le regarda une dernière fois, puis ses épaules s'abaissèrent perceptiblement et il tourna les talons, jetant le contenu de son plateau dans la poubelle la plus proche. En une seconde, il avait déjà quitté la grande salle.

Quand Kuroo se retourna vers son meilleur ami, son regard courroucé fut comme un coup de poing et il se leva dans un grand bruit pour suivre son arme à l'extérieur.

Le silence qui suivit fut si lourd qu'il pouvait le sentir peser sur ses épaules.

Il déglutit.

– J'irai... j'irai m'excuser, d'accord ?

Iwaizumi hocha la tête, mais Oikawa ne répondit rien, et mordit une nouvelle fois dans son pain.

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Papermoon || KuroShouNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ