Chapitre 14

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(image source : https://mobile.twitter.com/_carmily/status/1273073309664464897)


Je suis assise au fond d'une chaise dans la tente de conciliabule à les observer. Ils sont presque tous là et discutent vivement des actions à prendre. Je suis encore fascinée par les changements que le temps a opéré sur eux. La lumière du jour qui passe au travers des pans grands ouverts de la tente me permettent de voir en détail le visage de mes anciens camarades.

Je croise régulièrement leurs yeux, eux aussi m'observent, chacun un peu différemment. Il y a beaucoup de curiosité dans leur regard, ils sont inquiets et aussi heureux. Mais ce qu'il y a de plus criant entre eux et moi c'est cette distance qui s'est créée. Il y a cinq ans d'écart. Les émotions générées par les retrouvailles de la veille au soir ont commencé à s'estomper pour laisser place à du vide, à un écart, une faille qui semble créer un mur entre eux et moi.

Ce n'est pas ce semblant de complicité dont ils font preuve à mon égard qui rattrape les choses. Hilda s'est assise sur l'accoudoir de ma chaise pour se rapprocher physiquement de moi. Mais elle se tient trop droite pour que ça paraisse naturel et tout cela donne un goût artificiel à la situation. Elle est mal à l'aise et moi aussi.

J'aimerais me lever, leur dire que réparer le monastère n'est pas une peine nécessaire. Mais après l'agitation de ce matin mes jambes sont fatiguées et je dois admettre être impressionnée par chacun d'eux. Ils dégagent une assurance dans leur façon de parler. Il est certain qu'ils ont maintenant tous énormément de responsabilités et qu'ils embrassent leur nouvelle vie. Même Cyril, il doit avoir mon âge à présent et pourtant il semble bien plus mature que je ne le suis. Je repense à Claude, au garçon qui m'avait emmené passer plusieurs jours près d'un lac, au nez et à la barbe de l'archevêque...

J'aurais aimé ne pas repartir de cet endroit, y être encore avec lui. Mais j'ai voulu rentrer et voilà où j'en suis. Cela fait à peine quelques jours pour moi que j'ai quitté ce petit lac de montagne et ce garçon. J'ai l'impression que plus rien n'est vrai autour de moi, que Claude va réapparaître et que cet homme qui soupire en écoutant Lorenz va lui laisser sa place. J'espère qu'il lui rendra sa voix, ses yeux et qu'enfin Claude récupérera son sourire.

Cinq ans c'est stupidement long. Claude n'est plus là, il n'est plus le garçon insouciant que j'aimais, et je ne peux plus me permettre d'être une enfant non plus. Ils veulent que je devienne archevêque. Cyril veut surtout récupérer Rhéa. Je lui rendrais sa place bien volontiers. Je n'ai aucune envie de devenir chef de l'Église. Mais Il a raison, et tout le monde est d'accord, si l'Église se relève ils pourront réunir l'opposition face à Edelgard et sauver Fodlàn de sa folie meurtrière. J'ai accepté de jouer ce rôle à contre cœur et maintenant il faudrait que je supervise la restauration du monastère.

Pour le moment ils s'en sortent très bien. Le chef de l'Alliance, est écouté par tout le monde à l'exception de Cyril qui pour le moment l'observe les bras croisés et le regard renfrogné.

- Si vous espérez que mes camarades vous aident à rebâtir Garreg Mach donnez-moi accès à vos réserves. Sans cela ne comptez pas sur eux. Vous devriez bien pouvoir faire cela duc Riegan, à moins que vous ayez déjà réussi à ruiner l'Alliance ?!

Hilda glousse en entendant les reproches de l'adolescent. Les yeux verts du chef de l'Alliance passent rapidement sur la jeune femme avant de revenir sur Cyril. Le sourire diplomate qu'il lui adresse dissimule difficilement l'agacement que le commentaire a fait naître en lui. Je suis surprise de voir Lorenz poser une main sur l'épaule du duc avant de s'adresser à Cyril.

- Cyril, nous ne pouvons pas partager aussi simplement nos denrées. Nous n'en avons pas pris suffisamment pour le temps que nous comptons passer ici. On ne s'imaginait pas rester.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz