Chapitre 11 : part 1

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Image source : https://twitter.com/ynartistic/status/1180472161535840256?s=12

Je m'élance avec force et cogne contre un bouclier. Le métal fond cette pauvre assiette d'acier est scié en deux. Je ne m'attarde pas et progresse découpant tout ce qui me frôle et m'entoure le métal comme les chaires. Face à moi une femme, belle, aux longs cheveux vert, dans une tenue de guerrière. Elle m'évite, devinant où je vais me projeter. Mon porteur me lâche et je suis comme expulsée de mon corps, une épée d'os dont la sphère rouge dans le manche luit en rythme avec la douce mélodie.

Ce n'était qu'un rêve, un souvenir ancien. Pourtant j'entends bien ce chant, la mélopée est là elle m'envahit me porte. Je sens une main revenir à la racine de mes cheveux et en descendre tout le long. Le geste est doux, amoureux. J'ouvre les yeux.

Penchée, au-dessus de moi Rhéa chante. Elle ne m'a pas vue ouvrir les yeux et je me dépêche de les refermer. Je ne veux pas qu'elle sache que je suis réveillée. Je ne veux pas lui parler, lui expliquer pourquoi on s'est rendu dans la forêt scellée. Je veux qu'elle me laisse tranquille. Ce n'est pas désagréable mais tellement dérangeant et intrusif. J'aimerais pouvoir lui crier qu'on ne se connait pas, que ce n'est pas ses cheveux. Mais je me tais, nous avons quitté Garreg Mach sans autorisation pour aller nous battre. Je ne sais pas où sont les autres et que font-ils, s'ils ont été renvoyés dans leurs familles. Sa présence m'étouffe tout autant que les questions qui tournent dans ma tête. À cela s'ajoute ce parfum de fleurs qui se mélange à celui des savons et des médicaments de l'infirmerie. C'est donc là que je suis, évidemment.

Immobile, j'attends, les draps rêches de mon lit me grattent. J'entends qu'on rentre dans ma chambre.

- Dame Rhéa ! Excusez-moi, je ne pensais pas vous trouver encore là. Dites-moi que vous vous êtes un peu reposée.

- Manuela, tout va bien. J'ai veillé cette chère enfant.

J'ai envie de déglutir, j'ai soif. Pourquoi est elle aussi présente ?

- Je vais prendre la suite. Laissez-moi inspecter mademoiselle Eisner. Je ne comprends toujours pas ce qui a pu lui arriver.

J'entends Rhéa, rire.

- C'est un miracle, Manuela. Un miracle. N'ayez aucune inquiétude tout ira bien pour elle.

La soignante ne répond pas à l'archevêque. Je sens une main à mon poignet, tâter mon pouls. Je décide d'ouvrir les yeux, je ne suis plus seule avec Rhéa et faire la morte ne m'est plus supportable. Rhéa voit mon regard surpris et cherche à m'apaiser redoublant de caresses qu'elle accompagne de « shhh ».

- C'est fini... Me reconnaissez-vous ?

Je ne sais pas comment réagir, sa question est tellement inattendue. J'acquiesce en me redressant afin de m'écarter de sa main.

- Oui. Dame Rhéa.

Manuela me sourit en finissant de passer inutilement un soin sur ma poitrine

- Bon, vous ne vous êtes pas cognée la tête c'est déjà ça. Je tiens à vous dire mademoiselle que je vous vois un peu trop souvent ici c'est dernier temps. Et si vous nous racontiez ce qu'il s'est passé ?

J'entre ouvre la bouche, je ne sais pas par où commencer, ce qu'ils savent déjà et ce que je peux raconter. On a enfreint plusieurs règles du monastère et pourtant ni Rhéa, ni Manuela ne semblent furieuses. L'archevêque intervient plaçant une main sur mon épaule.

- Vous n'êtes pas obligé de parler. Venez me voir plus tard quand vous vous sentirez prête.

Son ton est mielleux tout autant que ses gestes à mon égard. Elle attrape une mèche de mes cheveux et la fait rouler dans ses doigts. Je ne comprends pas ce que je vois. Ses doigts glissent entre de fin fil vert pâle, tellement pâle qu'ils semblent translucides et reflètent la lumière d'une façon éblouissante. J'attrape une mèche sans ménagement, ça me tire la peau du crâne. Je tente d'attraper mes cheveux mais je n'arrive qu'à saisir ces étranges fibres. Je m'immobilise, paniquée, une poignée dans chaque main que je regarde par intermittence sans comprendre. Manuela s'est redressé elle me dit de ne pas m'inquiéter et qu'elle part me chercher un miroir. Je crois que c'est mes cheveux que je tiens et me demande si, d'autres parti de moi ont changé et je me tâte doucement le visage, bien incapable de deviner un changement au toucher. Rhéa m'observe souriante, elle n'est ni surprise, ni inquiète et ça n'a rien de rassurant.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang