Chapitre 12 : Second éveil

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Image source : https://twitter.com/jeleefishing/status/1244786894891868163

Je tâte mes blessures, les murs, mon visage, je touche tout ce que je peux toucher et me remets à hurler. J'ai récupéré ma voix, mais rien n'a changé. Mon cercueil redevient silencieux chaque fois que je reprends mon souffle. Je les appelle tous. Les uns après les autres. Claude, Hilda, Marianne, Lorenz, Ignatz, Lysi, Raph, Léonie et plus encore j'appelle aussi Dimitri, Mercedes, Ashe, Cyril, Annette de désespoir j'appelle Sylvain et Félix. Mais surtout Claude et puis un peu mon père, parce que je suis peut-être tout simplement déjà morte. Je tape sur les murs et recommence à essayer de les pousser, gémissant dans un effort qui n'aboutit pas. Je sors l'épée et tape sur la pierre avec, mais bien que soigné je n'ai pas de force ou d'énergie pour ne serait-ce que de marquer les murs de ma prison avec. Je n'ai pas mangé depuis, depuis combien de temps ?... Impossible à dire. Je suis capable d'en contrôler son écoulement mais il met impossible d'en déterminer sa durée. Je sers l'arme contre moi qui réintègre mon organisme, me traversant comme si je n'étais qu'une illusion. Je suis tellement faible que je n'ai presque plus de consistance. Je respire difficilement. Il faut que je me calme, ne pas paniquer, ne plus paniquer. Tout cela n'est qu'un cauchemar, un cauchemar entre-coupé de cauchemars. Je reprends difficilement mon calme.

J'ai peur d'utiliser le temps, si je l'accélère et qu'on ne rouvre mon tombeau que dans un millénaire alors je les aurais vraiment perdu, pour toujours. Il faudrait peut-être trouver une meilleure solution. Je recommence à taper du poing contre les murs et le plafond. Je crie jusqu'à en perdre la voix. Je me résigne à nouveau, respirant lentement et me concentre, je n'ai jamais accéléré le temps, je fais une tentative, mais de combien de temps ? Je n'ai aucun repère et je suis terrorisé à l'idée d'avoir pu remonter le temps au lieu de l'avancer. J'ai l'impression d'être face à une vis sans fin et je ne sais plus dans quel sens la tourner pour la sortir du mur. J'hurle, enfin j'ouvre la bouche et je fais sortir tout l'air de mes poumons sans que plus aucun son n'en sorte, j'ai encore cassé ma voix, ma gorge me brûle. Ce n'est pas eux qui sont morts, c'est moi. Je suis morte et enterrée et c'est ça la mort. C'est le vide, l'obscurité et la solitude. Je frappe à m'en casser les phalanges. La douleur est réelle. De ma main valide je masse mes doigts cassés pour mieux la sentir, pour sentir les éclats d'os rouler et déchirer mes muscles à l'intérieur. Je me replie sur moi-même et attend... Attendre dans cet état... J'ai peur de me rendormir, j'ai peur de mes cauchemars. Je ne vois plus que des massacres et je n'en peux plus de les voir se faire tuer, détruire. Pourtant je le sens, je vais me rendormir. Peut-être que je ne me réveillerais plus. Peut-être reverrais-je mon père et les autres et cette fois ils m'auront pardonné. J'en viens à souhaiter qu'ils soient morts eux aussi. Qu'ils soient morts et qu'ils m'attendent.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant