Chapitre 12 : Début et fin

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Image source : https://twitter.com/itsbabypears/status/1194273835421511680

Je suis allongée sur le ventre sur mon sac de couchage que j'ai étalé à l'écart du campement et je me nettoie les ongles avec ma petite dague. Nous rentrons d'une petite mission, nous sommes allés dégager une voie de passage de marchand où des brigands semaient la terreur. Il n'y a quasiment plus de soldats au monastère et c'est à nous, étudiants, d'aller faire les missions de moindre importance.

J'entends des pas, je suis à même de reconnaître chacun de mes camarades lorsqu'il marche et dans ce cas c'est Claude qui vient vers moi. Je souris, contente de l'entendre arriver.

- Te voilà. Tu te cachais ?

Je fais signe que non et mes cheveux dont la couleur me surprend encore reflètent la lumière de la lune.

- Je suis seulement fatiguée de toute cette agitation.

- Les camps de mercenaires sont plus calmes ?

Le ton de Claude est un peu ironique, mais je fais comme si je ne l'avais pas remarqué. Je regarde en direction du feu autour duquel Léonie s'est redressée et fait en démonstration quelques mouvements d'épéiste. Ignatz a sorti son carnet à dessin et il croque Léonie. Raph vient se précipiter derrière elle et se met à prendre des poses pour mettre en avant sa musculature. Je vois Hilda commenter les dessins d'Ignatz et faire des grimaces à but d'effrayer Léonie, qui font rire Flayn et Lysithéa et fâche Marianne, pendant que Lorenz comme à son habitude tente de rétablir l'ordre et que Félix entretient ses armes en les surveillants, presque amusé.

- Non, c'est un peu différent, mais pas plus calme.

Claude s'assoit en tailleur près de moi et fixe ma dague.

- Tu as déjà tué avec cette arme ?

Je fais tourner le poignard entre mes doigts je ne sais plus depuis combien de temps je l'ai. Mais je tue rarement à la dague. Surtout parce que la lame est trop courte pour tuer en un coup et généralement un ennemi même mortellement blessé peut rester dangereux jusqu'à son dernier souffle.

- Je ne crois pas, dis-je.

- Ça ne te fait rien de tuer, By ?

Je lève mes yeux vers Claude. Il place ses mains derrière sa tête et s'allonge en arrière s'installant dans le creux de mes reins avant d'allonger ses jambes.

- J'ai arrêté d'y réfléchir.

C'est faux. On n'arrête jamais d'y réfléchir. Pendant longtemps je pouvais faire abstraction, ne plus repenser aux morts que je laissais derrière moi, oublier tout simplement, être juste une tueuse sans état d'âme, tuer était tellement facile. Maintenant, c'est différent, tuer n'est pas difficile mais cela m'est devenu désagréable et lorsque je repense aux morts mes mains se mettent à trembler. Je n'arrive tout simplement plus à oublier, pire mes souvenirs remontent doucement, insidieusement, les meilleurs comme les pires. Je range ma dague pour cacher ces tremblements qui apparaissent rien qu'en y pensant.

- Humm, vraiment ?

Il a dû voir que je n'étais pas tout à fait à l'aise. Je soupire et pose ma tête sur mes mains. Je n'aime pas être bloqué comme je le suis, sous lui, ainsi je ne peux pas voir son visage et paradoxalement je n'ai pas non plus envie qu'il parte.

- La première fois c'est difficile, mais après dès la suivante l'acte devient normal. Tu ne trouves pas ?... J'ai l'impression qu'on s'y habitue. Tu te souviens de ta première fois ?

Il a parlé en roulant sur le côté, une de ses mains est sous sa tête tandis qu'il pose la seconde devant son visage au milieu de mon dos. Je sens ses doigts jouer avec les plies de mon haut. Je réfléchis un peu, j'étais très jeune la toute première fois, vraiment très jeune. Impossible de me rappeler de mon âge.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon