Chapitre 8 : Le village de Remire

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La froideur du métal sur ma gorge ne m'inquiète pas. Je suis encore une enfant mais j'y suis déjà habituée. Ce qui m'inquiète c'est surtout la surprise de mon père, qui déconcentré de son combat risque sa vie. Je ne vois pas d'autres issues, le feu monte en moi sans que j'en ai fait appel. C'est toujours ainsi, je ne contrôle pas cette force, c'est elle qui décide quand il faut en faire usage et elle apparaît toujours lorsque ma vie est compromise. Les ennemis sont nombreux autour de nous. Je sens cette magie dans mes entrailles s'arracher en plusieurs parts et chacune se diriger sur l'un des assaillants. La lame tombe au sol en même temps que chacun d'eux. Ils se trémoussent dans une lente agonie. Des charbons ardents dans le ventre, les poumons, roulant dans leur veines, voilà ce qu'ils doivent ressentir. J'en ai la conviction, ils souffrent et c'est encore moi qui ai fait ça. De la bile me remonte dans la gorge j'ai envie de vomir mais je ne laisse rien voir. Je les fixe, si je détourne le regard leur combustion va ralentir et leur mort sera encore plus lente.

Je me redresse en sursaut. Hilda les yeux mi-clos me regarde. Une main sur mon épaule.

- Byleth, arrête de t'agiter. Tu nous empêches de dormir.

Je regarde la jeune fille et comprend que je suis dans une tente avec elle et Marianne. Nous sommes sur le chemin du retour pour Garreg Mach. Je soupire et me rallonge en observant Hilda se blottir contre le dos de Marianne.

Elle aurait beaucoup aimé rester un peu plus au médaillon, mais son frère est tombé malade après notre mission. Il a attrapé froid et nous a poussé à retourner au plus vite à l'académie. Il doit se soigner et faire parvenir son rapport sur l'attaque à son père. L'apparition de Nader l'inquiète et les forces almyroises mises en place sont plus impressionnantes que ce à quoi il était habitué ces derniers temps. Il est tout de même venu aux portes de la forteresse malgré son rhume et sa fièvre nous dire au-revoir.

- Hilda prend soin de toi et étudie sérieusement.

Il lui a prêté main forte pour la faire monter sur son cheval. Avant de se diriger vers moi, déjà en selle.

- Byleth, j'espère que vous m'avez pardonné la témérité dont j'ai fait preuve à votre égard. Je vous écrirai prochainement pour avoir de vos nouvelles et vous faire une proposition digne de vos compétences. J'espère que vous y réfléchirez.

Il s'est tourné pour se moucher avant de faire revenir ses yeux sur moi dans l'attente d'une réponse. Je n'avais pour ma part qu'une envie, partir. J'ai acquiescé sans lui faire part d'un refus clair de ma part de revenir ici. Ça m'avait semblé un peu malhonnête, il me semble, de ne pas lui répondre immédiatement sur mes intentions. Ai-je tort de souhaiter attendre la fin de mes classes ?

La suite du retour s'est terminé sans encombre. Nous sommes arrivés tard dans la nuit à Garreg Mach et avons prévenu la garde de notre arrivée afin de pouvoir regagner les dortoirs. Un garde que je ne reconnais pas nous a raccompagné jusqu'à nos chambres. Ce degré de surveillance est ridicule. Le jeune garde ne semble pas savoir où nous logeons d'ordinaire à la façon dont il attend que nous nous dirigions naturellement vers nos chambres. Je laisse mes camarades prendre de l'avance prétextant devoir refaire les lacets de mes bottes avant de monter vers les chambres de l'étage. J'ai vérifié qu'Hilda et Marianne étaient bien rentrées pour passer l'angle de l'escalier et me diriger vers la chambre de Claude. Je presse la poignée de sa porte, elle est fermée. Un sentiment de stupidité s'empare de moi. Soit ils ne sont pas rentrés de mission, soit il s'enferme pour dormir. Dans un cas comme dans l'autre, je suis bloquée, si je ressors rejoindre les chambre du rez-de-chaussée le garde qui guette les dortoirs me verra et comprendra que j'ai menti en indiquant que je dormais à l'étage. Toquer à sa porte n'est pas très malin, à droite de sa chambre se situe la chambre de Lorenz et à gauche celle de Félix et encore plus loin celle de Dimitri, un trio de garçon que je n'ai pas envie de réveiller.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant