Chapitre 12 : Petite

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Image Source : https://demi-pixellated.tumblr.com/post/190865404293/jeralt-and-the-child-that-never-cried

Petite je ne parlais pas. Je n'ai pas parlé pendant longtemps, pour la bonne et simple raison que je n'avais rien à dire. Je regardais les choses autours de moi et c'était largement suffisant. Il y avait souvent cet homme grand, très grand, si grand que parfois je me demandais s'il ne dépassait pas les arbres. Je pouvais mettre mes deux pieds sur une de ses chaussures, m'accrocher à sa botte et alors je n'avais plus à marcher. Il se déplaçait avec moi sur son pied. C'était moins fatiguant et plus rapide. Avec lui c'était bien, il y avait toujours la forêt et la tente la nuit. Je dormais avec lui, il lui arrivait de ronfler mais si je mettais ma main sur sa bouche ou sur son nez il s'arrêtait. Je l'ai souvent entendu parler dans son sommeil sans comprendre et il lui arrivait de se retourner sur moi, dans ces moments là il ne fallait pas hésiter à mordre. Le mieux était de dormir sur lui directement, c'était plus sûre. Parfois il y avait un cheval, dans ces moments là j'étais assise dessus avec ou sans lui. Quand j'étais vraiment petite il me mettait dans une large sacoche sur le côté ou il m'arrivait de m'endormir. Jusqu'au jour où il a plu. Je m'en souviens le cheval a glissé et est descendu le long de la falaise. Je suis tombé de la sacoche avant que l'animal ne l'écrase. Je crois que l'homme a cru pendant un moment que j'étais dans la sacoche car il a cherché à soulever le cheval qui ne bougé plus pour la récupérer alors qu'elle était vide. Je l'ai regardé faire, j'avais mal au bras et à la jambe et je n'arrivai pas à me relever. Quand il a vu que je n'étais pas dedans je me rappelle qu'il m'a appelé "Byleth !". Petite il m'arrivait d'oublier que c'était mon prénom. Après cela je m'en suis toujours souvenu. J'ai serré mes doigts dans l'herbe et la terre mouillée, puis j'ai levé la main et ai lancée ce que je tenais. Je crois qu'il a vu que ça bougé et c'est pour cela qu'il est venu vers moi. Le cheval ne s'est jamais relevé, mais après on a eu des chiens. L'homme avait un jeu, il me cachait et les chiens devaient me retrouver. Ils étaient forts. Même dans les arbres ils savaient où aboyer. Il arrivait que nous quittions la forêt et je n'aimais pas ça. Souvent je descendais de son pied et j'arrêtais de marcher. Alors il m'attrapait et me mettait sur son épaule.

En ville il finissait toujours par me laisser à une dame où il y avait souvent d'autres enfants. Mais ils n'étaient pas comme moi. Ils parlaient, criaient et pleuraient. Les dames, parfois, me traitaient bien, j'avais de la nourriture, un lit, au début, souvent elles me parlaient beaucoup et parfois touchaient mes cheveux, après moins. Parfois elles oubliaient de me donner à manger. Je me rappelle qu'une fois, lorsqu'il est revenu, il revenait toujours, il m'a attrapé. J'étais un peu fatigué, je crois que je n'avais pas beaucoup mangé chez la dame, je crois qu'elle m'avait oublié, et je me suis assoupie dans ses mains. Alors il m'a un peu secoué avant de crier sur la dame. J'ai toujours été fasciné par lui quand il crie. Ça n'arrivait presque jamais mais à chaque fois tout le monde autour de lui changeait de comportement. Et puis un jour j'ai vraiment cru mourir et après ça j'ai commencé à faire des rêves désagréables, très désagréables. Il y avait ces deux hommes qui voulaient me tuer ou juste une enfant aux cheveux verts qui me parlais à moitié endormie et souvent énervée. Je ne voulais plus voir ces deux hommes et je voulais aussi qu'elle me laisse tranquille. C'est à ce moment-là que j'ai eu envie de parler, pour lui dire de les chasser, de s'énerver contre eux comme il s'était énervé contre la dame. Une nuit, après m'être réveillée d'un de mes rêves,  j'ai appelé l'homme comme tout le monde l'appelait.

- Jeralt.

Je me rappelle qu'il a ouvert les yeux de surprise. Il ne dort jamais très fort. Il s'est tourné vers moi qui étais assise à genoux près de son visage. Il me regardait, mais comme il ne disait rien j'ai répété son prénom.

- Jeralt.

Il s'est redressé et a mis ses mains autour de mon visage.

- Byleth ! Tu parles ! Qu'est ...

Je ne comprenais pas trop pourquoi il réagissait ainsi. Ça me semblait bizarre. Mais je ne voulais pas dormir, alors je préférais ça. Je l'ai fixé sans répondre et lui aussi s'est tu, un moment.

- Qu'est-ce qu'il y a ma fille ?

- Je ne veux plus dormir.

Fire Emblem Three Houses : Byleth EisnerWhere stories live. Discover now