Aquatilia ~ Le secret de la perdition

Partie III/6

        La pointe de l'outil s'incrusta net dans la fente entre les deux pierres. Thelma tenait l'instrument des deux mains. Tous ses muscles étaient contractés, même ceux de son visage. Elle gratta ensuite, délogeant de la matière et affaiblissant la structure. La roche céda soudain et se décrocha du reste.

        Des morceaux de la paroi tapissaient déjà le sol. La grille était branlante. La sirène se débarrassa de son ustensile, puis agrippa les rebords de l'obstacle métallique. Elle tira en rythmant ses mouvements avec de vives impulsions. Au prix d'un dernier effort, Thelma arracha la grille du mur. Elle lâcha aussitôt l'acier lourd qui s'affala avec fracas sur les gravas. L'instant d'après, la sirène était partie.

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        Des filets d'algues se déployèrent dans les airs. Des hurlements stridents s'ensuivirent quand les pirates se retrouvèrent englués entre les mailles acides, éveillant une vague de panique à bord.

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        Le Capitaine et le Médecin soulevèrent doucement le Lynx qui venait de poser un avant-bras sur chaque épaule. Tous trois tâchèrent ensuite de se frayer un chemin parmi le chaos qu'était devenue la cabine. Ils enjambèrent une série de débris en prenant soin de se tenir à distance de l'énorme trou qui donnait sur l'extérieur quand soudain, une sirène en jaillit. L'instant d'après, elle expédia son bras, puis propulsa un filet qui s'ouvrit sur le Lynx. Ce dernier tomba immédiatement à la renverse quand la guerrière tira férocement sur le rameau pour attirer sa proie vers elle. Mendoza et le Médecin trébuchèrent, s'affalant par mégarde sur le prisonnier qui gémit de plus belle quand les mailles s'incrustèrent dans la peau de son visage. La sirène tira davantage. Tous trois se sentirent aussitôt basculer en avant. Le Capitaine et le Médecin empoignèrent alors le filet en rassemblant leurs forces, prêts à tout pour retenir le Lynx.

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        Le corps droit de Thelma filait comme une flèche au cœur de la vaste étendue de mer. Chaque battement de nageoire la rapprochait de celui vers qui ses pensées étaient tournées.

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        L'eau de mer qui gouttait des mèches de Constantin se mélangeait maintenant à la sueur de son front. Le jeune homme persévérait, désireux de mettre le corps blessé de son père à l'abri tandis que ses pieds s'enlisaient dans le sable. La mauvaise posture de son dos courbé et sur-sollicité avait occasionné une vive douleur qui le paralysait. Mais il avait un mental d'acier. Constantin était arrivé à mi-parcours et il continuerait quoi qu'il en coûtât.

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        Les prisonniers des mailles valsaient d'un bout à l'autre du navire. Les uns après les autres, ils s'écrasèrent durement sur le tillac avant d'être froidement harponnés. Des nuées de javelots habillaient le ciel, éliminant bon nombre de pirates en plein vol.

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        La guerrière tira plus fort pour amener le filet vers elle. Cette dernière n'était pas armée davantage. Elle avait pour mission de les noyer. Mendoza et le Médecin hurlèrent en s'efforçant de résister.

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        Des cris de pure terreur se mêlaient au climat déchaîné qui régnait à bord. Les vies étaient écourtées à un rythme effréné. Les pirates cherchaient spontanément à fuir mais c'était peine perdue. Les sirènes étaient partout. Elles étaient équipées, disciplinées et paraissaient infatigables. Le seul espoir était la lutte, et l'asiatique l'avait compris. Il se battait sans relâche depuis que cette frénésie avait commencé. Débordant d'énergie, il enchaînait les mouvements comme un vrai maître des arts martiaux. De nombreuses créatures s'étaient déjà évanouies à son contact, d'autres avaient succombé sur le coup.