Partie II/12

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        -Tu... tu veux que je parte ?

        Constantin examinait la sirène tout en tâchant de traduire verbalement sa gestuelle.

        Un croquis en entraînant un autre, ils avaient fini par s'extirper du point d'eau afin de pourchasser toujours plus loin une parcelle de terre neuve à griffonner. Ils se tenaient maintenant sur un sol tapissé de dessins plus époustouflants les uns que les autres, qui étaient venus s'ajouter à celui du trident. Mais quelques petits gribouillis maladroits faisaient tache. Constantin en avait eu honte sur l'instant, mais Thelma avait catégoriquement refusé qu'il efface ses petites œuvres imparfaites qu'elle adorait.

        -Tu veux... que je parte loin ?

        Thelma posa un doigt sur l'esquisse d'une chaloupe.

        -Tu veux que je quitte cette île, c'est ça !

        Constantin jubila à l'idée d'avoir enfin compris. Il rit ouvertement, se déchargeant d'un trop plein de pression. Thelma sourit à son tour, sans pour autant savoir s'il lui était enfin permis de se réjouir. Mais très vite, le jeune homme réalisa une chose qui lui fit perdre son enthousiasme.

        -Oh, exprima-t-il, déçu pour elle. Je ne peux pas quitter cette île. Mon père est en chemin ! Il va venir me chercher !

        Thelma avait bien compris qu'il venait de changer d'avis. Sa motivation partit aussitôt en lambeaux, ce que Constantin n'eut aucun mal à interpréter.

        -Mais c'est adorable de t'inquiéter pour moi. Merci.

        Dans un élan d'affection, il lui saisit la main. Ils se redressèrent brusquement, percutés par une force intérieure.

**********

flash lumineux -

        « -À l'abordage et pas de quartier ! avait hurlé l'affreux Capitaine à la jambe de bois. »

        Le petit Constantin ouvrit de grands yeux surexcités, un sourire en coin. Blotti dans sa couette, il écoutait l'histoire palpitante que son père était en train de lui raconter. L'homme inventait sans le support d'un livre, se prêtant volontiers au jeu des voix et des intonations. À en juger par l'enthousiasme de son garçon, l'objectif était largement atteint. Ses traits étaient doux quoique creusés par le temps. Il avait le visage d'un parent aimant, soucieux de son enfant, mais aussi celui d'un militaire épris de ses obligations.

        « Armés jusqu'aux dents, les hommes d'équipage lancèrent leur grappins et prirent d'assaut le pauvre navire marchand qui, il fallait le reconnaître, n'avait aucune chance face à ces redoutables pirates ! »

        Constantin trépignait en empoignant d'une main sa boussole, portée en médaillon. Il voulait en entendre davantage.

        -Allez mon bonhomme, la suite demain !

        L'homme prénommé Richard se leva du fauteuil capitonné. Il attrapa le chandelier à trois branches puis traversa une luxueuse petite chambre d'enfant, sous le regard révolté du garçon de sept ans.

        -Quoi ?! bondit Constantin en faisant valser sa couverture. Mais père, vous ne pouvez pas arrêter maintenant ! Pas pendant l'abordage !

        -Au lit ! La suite demain.

        -Rien que cinq minutes père ! supplia-t-il, en agrippant le bord de son lit.

        -Ne discute pas Constantin !

Aquatilia ~ Le secret de la perditionWhere stories live. Discover now