CE QUE FEMME VEUT - PART 58 - Je n'ai pas lâché

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Tout ça pour ça ?
Fidan ne nous a rien appris de très exceptionnel. Karima et moi le lui avons même dit en pleine face.
- On s'attendait à de vraies révélations. C'est du réchauffé.
Au final, elle n'a fait que souligner le vice de la mère d'Erdem et m'assurer qu'elle ne lâcherait pas le morceau et qu'il fallait que je m'inquiète.
- Elle m'a invité chez elle, j'ai fait en soupirant. Elle a fait du chemin depuis vos petites manigances...
- Tu la connais vraiment pas. Elle cache très bien son jeu cette femme et Lara le sait très bien. C'est la seule personne de cette famille a bien connaître sa mère et regarde où elle est ? Ils ont beau crié sur tous les toits qu'elle a fait une violente chute de tension, on sait tous qu'elle a dû gober des médocs pour en finir. Je me suis « associée » à la mère d'Erdem parce qu'elle m'a assuré qu'il m'aimait toujours, je peux vous dire, qu'elle est déterminée à marier son fils avec la femme qu'elle veut. Moi, elle m'a éliminée quand elle a vu qu'Erdem était radical à mon sujet, mais je mets mes deux mains à couper, qu'elle n'acceptera pas une non Turque.
- OK mais en quoi ça te concerne, a fait Karima en prenant une gorgée de kir pêche. Tu parles beaucoup mais tu ne nous apprends rien.
- Je dis juste qu'à la place de ta meilleure amie je ferai attention à moi, elle a fait en s'adressant à Karima. OK mon rôle dans toute cette histoire n'est pas sain mais je pense qu'en tant que croyante et jeune femme, je ne peux pas laisser une semblable courir à sa perte avec une belle-mère cinglée qui tient la vie de ses gosses entre ses mains.
- Qu'est-ce qu'elle pourrait bien me faire ? J'ai dit en essayant de masquer ma peur naissante.
- Je ne sais pas exactement, mais méfie-toi de tout. Tant qu'un imam et un maire ne vous auront pas certifiés, protège-toi.
- Certifiés ? On est sur Instagram là, a raillé Karima.
- Je suis sérieuse, vraiment, avec le recul, je me dis presque ya rabbi m'a protégé d'une belle-mère tordue !
- Oh, s'est exclamée Karima, tu vas arrêter tes délires d'ex soulagée, t'as couru après la teub d'Erdem durant des mois, t'as fait un pacte avec sa mère et maintenant qu'elle t'a bien recal, ça devient une méchante sorcière et toi Dieu t'a sauvé des griffes d'une traitresse ? On n'est pas dans un soap-opéra turc, faut que tu arrêtes de nous raconter des histoires.
- Je ne mens pas, je vous jure qu'elle est pugnace.
- Ouais c'est ça, je vais fumer.
Agacée, ma meilleure amie s'est élancée vers le trottoir pendant que Fidan, maquillée avec soin, les cheveux remontés dans une queue de cheval, un sac Chanel en bandoulière sur sa robe couleur cian de qualité supérieure a réitéré ses propos :
- Je sais que je n'ai pas la bonne position pour jouer les lanceuses d'alerte, mais si tu veux vraiment t'en sortir avec sa mère c'est soit tu le quittes soit vous fuyez mais que Dieu m'en soit témoin, sa détermination à marier son fils avec la femme de son choix est vraiment puissante et parfois dangereuse. C'est tout ce que j'avais à te dire.
- La prochaine fois contente-toi d'appeler si c'est pour dire des choses aussi banales.

En grande dame, elle a balancé un billet de 50 euros sur la table, alors qu'avec nos trois pauvres verres il y en avait pour 30 euros maximum. Après avoir terminé sa clope, Karima m'a rejointe en me répétant qu'elle était folle et superficielle :
- C'est une forceuse, elle a fait, elle veut Erdem par tous les moyens, elle est même prête à te faire peur. Increvable cette conne!
J'ai donc très vite chassé cette idée de ma tête, celle qui consistait à me dire que Fidan avait peut-être raison et qu'il fallait que je fasse très attention ...

*

Erdem n'a pas apprécié que je lui mente. Il m'a passé un savon, en mode :
« On en est encore là ? A se cacher des délires comme ça ? » il avait évidemment raison mais s'il avait exigé de venir avec moi est-ce Fidan aurait été si loquace même pour nous rabâcher toutes ces choses qu'on sait déjà ? Non. Pour me faire pardonner, je lui ai préparé de bons petits plats toute la semaine et j'ai reconnu ma maladresse. Ça l'a détendu mais il reste le digne fils de sa mère, il a traité Fidan de serpent vénéneux et a pris la défense de sa génitrice :
- Faut arrêter de faire passer ma mère pour un monstre. Elle est relou c'est vrai mais c'est pas Spielberg non plus. C'est une daronne, c'est tout.
L'appel de jeudi soir, lui a même donné raison. Esin, de son prénom, a appelé son fils et a expressément demandé à me parler. Après avoir échangé des banalités sur la chaleur, elle m'a personnellement invité à un diner chez elle le week-end suivant.
- Je fais un kayak yahnisi, Erdem adore ça, il y aura deux, trois autres invités.
Flattée, j'ai accepté.
- Tu vois? Il a fait. Elle s'intéresse à toi, a assuré Erdem en récupérant son iPhone. On est sur la bonne voie.

Pleine de joie et de puissance féminine, j'ai acheté une combinaison couleur saumon pour l'occasion, j'ai bouclé mes cheveux et je me suis maquillée avec finesse. Mon Michael Kors au bras, je me suis validée en me flanquant devant un miroir.
Erdem et moi sommes arrivés en bombe, aux alentours de 20 heures dans leur beau pavillon. A peine le pas de la porte franchie, Esin, ma belle-mère m'a présenté à un vieil oncle d'Erdem et un quadragénaire aux faux airs de Nusret le boucher qui saupoudre les plats de sel. Puis comme sortie de nulle part, elle a introduit dans le salon Derya, une belle brune au sourire chaleureux. Lorsqu'Erdem l'a vue, il s'est figé.
- Derya, qu'est-ce que tu fais là ? il a bégayé en la reluquant.
Ils se sont faits la bise, se sont même enlacés ( west le civid ?) et là Esin tout sourire de préciser :
- Ils ne se sont pas vus depuis dix ans ! C'était sa copine au collège. Tout le quartier croyait qu'ils finiraient ensemble, ils étaient inséparables, mais Derya a déménagé à Berlin avec sa famille, elle est revenue en France il y a six mois seulement, juste avant le confinement. Elle est divorcée maintenant, elle aussi. Je lui ai proposé de se joindre à nous ce soir. Plus on est nombreux, mieux c'est.
J'ai hoché la tête en essayant de garder un sourire de façade.
Erdem ne l'a pas quitté des yeux une seule seconde. Derya, aussi jolie qu'elle a l'air gentille l'a observé avec douceur. En entendant qu'elle était divorcée, Erdem a même écarquillé les yeux comme font de nombreux hommes quand ils entendent une information intéressante pour leur cerveau ou pour leur ... deuxième cerveau.
En voyant sa réaction, ma belle-mère a souri en me jetant un regard plein de défi. Je ne savais plus quoi faire alors j'ai collé une main sur le dos d'Erdem pour lui rappeler ma présence. J'aurais préféré avoir un couteau dans la paume mais mes ongles ont suffi, il s'est vite repris.
Je pensais qu'Esin était capable de m'empoisonner avec son ragout mais pas de déterrer une autre ex, encore plus belle et plus ancienne que Fidan. Je n'ai pas lâché Erdem d'une semelle, il allait à droite j'allais à droite, il parlait à Derya, je parlais à Derya, qui s'il vous plait est médecin, elle aurait pu se contenter d'être juste belle, non ? J'ai souffert mais comme dirait une star des réseaux Ivoirienne battue par plusieurs personnes en bas de son domicile
" j'ai pas lâché, comme un bonhomme ! "
Ma belle-mère ne savait sûrement pas, que j'étais plus du genre à me laisser faire en larmoyant. Derya la berlinoise divorcée, ne va renouer avec personne. Je vais me marier avec cet homme et personne ne va venir entraver notre chemin. Si Sarah Fraisou, divorcée elle aussi, a fait son hlel cette année, je peux le faire aussi. 

Ce que femme veutWhere stories live. Discover now