Ce que femme veut - Part 22 - le mariage de Lara (part finale)

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Ce n'était qu'un smack. Karima me l'a répété quinze fois sur le chemin du retour afin que je comprenne que je n'étais pas devenue une chaudasse divorcée. En sortant de cette fête organisée par leur rédaction, j'étais mal. J'avais comme des hauts-le-cœur, dégoûtée de ma propre attitude, ecoeurée de ma passivité, j'avais de l'aversion pour moi-même, comme j'ai pu en éprouver pour Yanis et sa prof de zumba. Je n'aime pas l'idée de sauter de mec en mec alors que ça ne me ressemble pas.
Ce n'était qu'un smack, OK, mais c'est déjà trop pour moi psychologiquement. Je suis le genre de femmes qui croient vraiment en l'amour et à mes yeux le moindre petit truc charnel me pousse à me poser des questions sur un avenir amoureux.
J'aime beaucoup Erdem mais il est tout ce que je ne veux pas d'un point de vue spirituel. C'est un mec tiède. Occidentalisé à mort. Fumeur. Un fils d'immigrés que Marion Maréchal aimerait bien. Je sais qu'un frère mus ce serait ingérable pour moi, mais un mec qui craint Dieu est-ce vraiment trop demander ? Un gars qui ne mise pas tout sur ce monde mais qui ne tombe pas dans la rigidité et l'imposture, un mec tolérant qui respecte son prochain et essaie d'être meilleur tous les jours ... Un mec qui prend soin de ses poumons et ne compte pas laisser une veuve à 55 ans après un cancer foudroyant fomenté par la nicotine. Un mec bien, c'est ça que la plupart des femmes hétéros du 21ème siècle veulent. J'ai l'impression de demander l'impossible. Tellement que j'en viens à me dire que si j'étais sans attache spirituelle comme Karima, je serai bien mieux dans la vie. Les gens qui ne suivent aucun dogme, aucune coutume, ont la possibilité de créer leur propre histoire comme ils l'entendent. Des fois, croire est une chaine. Je m'emballe. C'est juste que je ne suis qu'une femme. Je ne peux pas lutter continuellement entre mes envies, mes engagements et les biscuits que la vie me tend. En langage féminin : mes hormones veulent d'autres bisous.
Erdem a proposé de venir me chercher dès 11 heures ce matin, pour que j'assiste à la mairie mais j'ai décliné l'offre.
« Je travaille, tu t'en souviens ?
- Ah merde, tu veux que je te commande un Uber, comme ça tu te changes chez mes parents, directement ? Il a proposé d'un ton compatissant.
- Non, tranquille, je passe chez moi et j'attends Karima et le british.
- Karima ne viendra qu'à 19 heures, il a souligné.
- Oui je sais.
- Tu vas pas venir si tard ! Il s'est écrié.
- Ah bon ?
- Ben Inès...
- Tu veux que je vienne à quelle heure ? J'ai demandé timidement alors que je connaissais très bien la réponse.
- Le plus tôt possible. Tu quittes le taf à quelle heure ?
- 12h.
- OK, le pavillon de mes parents est au Vésinet. Ça fait une trotte pour toi ... Déjeune, prépare-toi et à 15h je t'envoie un Uber, OK ?
- ...
- Ça te suffit, trois heures ? Pour un ravalement de façade ?
- Oui, ça devrait aller, j'ai bafouillé, secrètement flattée par son insistance. »

Je me suis arrangée avec deux de mes collègues de Séphora pour partir à 11h30. Je suis rentrée chez moi à toute vitesse avec mon menu filet-o-fish que j'ai englouti en repassant ma robe couleur écrue. Après m'être douchée et épilée les jambes, j'ai appelé Karima pour savoir où elle en était.
« Meuf c'est la loose, elle a débuté en toussant.
- T'as quoi ?
- J'ai une bronchite.
- Hier tu allais bien pourtant ...
- Ben oui, mais j'ai dû l'attraper en sortant du bar ou en allant fumer au cours de la soirée, je ne sais pas, mais j'ai un peu de fièvre, j'ai mal à la gorge et je perds ma voix. La grosse loose, elle a conclu en toussant plus fort.
- T'es passée à la pharmacie, j'ai demandé inquiète.
- Mieux, je reviens de chez le médecin, à l'instant, et j'allais t'appeler. Je ne vais pas pouvoir venir au mariage, j'ai prévenu Erdem, il m'a dit « pas de problème ».
- Ah mince, ok faut que je le prévienne aussi.
- De quoi ? elle s'est exclamée.
- Que je ne viens pas.
- T'as une bronchite ?
- ...
- Inès, il t'a invitée personnellement, tu ne vas pas le planter parce que je suis malade. Va t'amuser, il y aura de la bouffe et plein de musulmans. C'est une fête pour toi. Moi je serai pas restée longtemps dans tous les cas.
- Si t'es pas là, je vais parler à qui ? Erdem sera grave sollicité et je ne connais personne ...
- Tu vas te sociabiliser comme les adultes font. Grandis un peu !
- C'est mort, je suis trop timide, j'y vais pas, j'ai affirmé.
- Tu fais chier. »

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