Chapitre 20 : Le moment ou jamais

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Après avoir encaissé la femme, je lui souhaite une bonne fin de journée. J'attends qu'elle sorte du magasin avant de me retourner tout doucement. Flynn suit mon exemple et je me rends compte qu'il est tout aussi surpris que moi.

— Mon strip-teaseur a pris une pizza surgelée finalement, dit-il. Il ne fait même pas attention à sa silhouette de Tornade.

— Et Mildred n'a même pas acheté de yaourt. J'avais donné le meilleur de moi-même avec cette prédiction. Elle me déçoit beaucoup.

On se regarde durant deux ou trois secondes, et le fou rire inévitable finit par arriver.


Vendredi soir, nous dormons tous chez Nora. Cette fois, pas de soirée alcoolisée chez un abruti qui force le coming-out des autres, ni de virée pleine de révélations à la fête foraine. Nous nous installons dans le salon des Duncan, chacun avec notre plaid attitré et notre bol de pop-corn sucré, pour une soirée film. Nora veut mettre une comédie romantique, mais Danny proteste avec véhémence.

— Je préfère encore qu'on me plante une fourchette dans l'œil, dit-il. C'est sûrement un film où il ne se passe rien du tout.

— Tu ne peux pas savoir avant que j'appuie sur lecture, rétorque Nora.

— Je suis sûr que les mecs sont d'accord avec moi.

Danny se tourne vers Flynn et moi, nous posant une question avec ses yeux. Pendant ce temps, Nora nous menace avec ses yeux sans même s'en rendre compte.

— Ça ne me dérange pas, répondons-nous en même temps.

Danny fait comme s'il venait de se prendre une dague en plein cœur. Il s'écroule même sur le tapis pour être sûr d'être compris. Une Nora radieuse éteint toutes les lumières avant de lancer son film sur l'écran plat en face de nous. Danny se plaint encore pendant quelques minutes, à l'aide de grognements. Au bout d'un moment, il semble prêter de plus en plus attention au film. On ne l'entend plus dire quoi que ce soit.

Discrètement, je déplace ma main sous mon plaid pour toucher celle de Flynn. Il continue de fixer la télévision, mais je le vois sourire. Il entrelace nos doigts et ne lâche plus ma main jusqu'à la fin du film. À chaque fois qu'il caresse le dos de ma main, je sens des milliers d'explosions dans le creux de l'estomac. Je dois faire appel à toute ma volonté pour ne pas m'appuyer contre lui.

Nous sommes obligés de nous séparer quand le film se termine. Et ça m'arrache le cœur. Nora appuie sur l'interrupteur et les lumières au-dessus de nos têtes reprennent vie. Maintenant qu'il y a du silence dans le salon, j'entends des sanglots étouffés. D'après leur expression, Flynn et Nora les entendent aussi.

— Danny... dit Flynn, d'un ton hésitant. Tu pleures ?

— C'est juste que... Le film était magnifique. Ava et Jake méritaient vraiment d'être heureux après tout ce qu'ils ont traversé.

Et encore des sanglots. Tout le monde se met à sourire, sans la moindre intention de se moquer. Comme personne n'ose bouger, je descends du canapé pour faire un câlin à Danny.

— Ça va aller, dis-je malgré le fait qu'il m'étouffe en me rendant mon étreinte. Ils ont fini ensemble à la fin.

— Je sais, mais c'était quand même triste.

— D'accord, Danny.

Flynn lui offre simplement une petite tape dans le dos. Bon sang, heureusement qu'il n'est pas aussi maladroit avec moi. Quand Nora propose de manger une glace, Danny sèche vite ses larmes. On dirait qu'il possède un robinet qu'il peut couper à tout moment. C'est assez impressionnant. Je ne pleure pas souvent, mais quand cela arrive, ça peut durer très longtemps.

Oliver et le mythe du Prince CharmantWhere stories live. Discover now