Chapitre 7 : Les choses se compliquent

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Alerte rouge. Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne suis pas du genre spontané. Je n'étais pas censé dire oui. C'est une catastrophe. Une énorme catastrophe.

Dès que la voiture de Nora apparaît devant chez moi, je sors. Après avoir caressé Banjo une dernière fois, bien sûr. Aucune situation n'est assez désastreuse pour que j'oublie cela. Mon sac à dos à la main, je me glisse dans le siège passager, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet. Nora remet sa frange brune en place à l'aide du rétroviseur intérieur, puis elle met un peu de gloss sur ses lèvres, les yeux plissés par la concentration.

— Désolé de passer te prendre aussi tôt, dit-elle sans me regarder. Il y a quelques détails à régler pour l'album de promo. Et comme je travaille avec des gens incompétents, je ne peux pas leur faire confiance. Mais je ne sais pas pourquoi je m'excuse. Tu adores être en avance en cours.

C'est à ce moment-là qu'elle se tourne vers moi, les sourcils froncés.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demande-t-elle. Ça fait deux minutes et trente secondes que tu es dans ma voiture, et tu n'as pas dit le moindre mot. Ce n'est pas normal. Et tu as l'air pâle. Enfin, plus pâle que d'habitude.

Rien ne sert de tourner autour du pot.

— J'ai accepté un rendez-vous avec un garçon, lâché-je. On s'est rencontré sur une appli de rencontres et on discute depuis plusieurs jours. Il m'a proposé de se voir autour d'un verre et je ne sais pas pourquoi mais... j'ai dit oui.

— Je ne m'attendais pas du tout à ça, répond Nora, bouche bée. Bon, réfléchissons de manière méthodique. Ton activité préférée. Comment s'appelle ce garçon ? Quel âge a-t-il ? Est-ce qu'il te plait ? Et où et quand aura lieu ce rendez-vous ?

— Tristan. 18 ans. Oui, il est... Il est très mignon. Et il voudrait qu'on se voie dans un centre commercial. Samedi après-midi. Il n'habite pas très loin de Longdale.

— Alors tu devrais foncer, Oliver. Je sais que tu aimes bien être prévenu bien à l'avance, mais ça pourrait être bon pour toi. De ne pas réfléchir autant avant de sauter le pas, de te laisser porter par le courant.

Je prends une seconde pour envisager cette possibilité.

— Ouais, d'accord, dis-je. Se laisser porter... Par le courant... Jusqu'à ma mort imminente dans une chute d'eau.

— Tu m'épuises, répond Nora avec un petit rire. Je dis seulement que tu n'es pas obligé de paniquer parce que tu as accepté le rendez-vous. Ce n'est pas la fin du monde. Tu as encore le temps de te préparer.

— Eh bien, j'ai déjà regardé les commentaires en ligne pour tous les bars et les restaurants du centre commercial. J'ai regardé les films qui étaient à l'affiche, si jamais on décide d'aller au cinéma. Et j'ai vérifié le trajet jusque là-bas et les possibilités pour se garer tranquillement. Oh, et bien entendu, j'ai parlé à Tristan sur Snapchat pour être sûr qu'il était bien le garçon des photos.

Nora hoche légèrement la tête, le sourire aux lèvres.

— Ouais, je te reconnais bien là, dit-elle. Surtout, ne change jamais, Oliver. Je risquerais de m'ennuyer, sinon.

— Bon si tu as fini de te moquer de moi, rétorqué-je, j'ai un service à te demander.

— Je suis toujours obligée de me moquer de toi. Je suis ta meilleure amie. C'est mon boulot. Et je t'écoute. Quel service ?

— Il faut qu'on mette au point une stratégie de retrait. Au cas où tout se passerait mal.

— OK, tu peux compter sur moi.

Oliver et le mythe du Prince CharmantWhere stories live. Discover now