Chapitre 17 : Playlist

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— Et toi, Oliver ? demande mon père. Quoi de neuf ?

Je réalise que je ne peux pas parler des choses les plus importantes qui me sont arrivées récemment car ma famille ne sait pas que je suis gay. Je me contente alors de parler des cours et de mes amis. J'espère sincèrement que je ne rougis pas lorsque je mentionne Flynn. Comme avec mon frère et ma sœur, mon père me pose tout un tas de questions comme s'il était passionné par ce que je disais. Et il l'est sûrement puisqu'il se souvient toujours des moindres détails.

Pour finir, c'est ma mère qui prend la parole. Elle parle de son travail et des réunions auxquelles elle a assisté dans la semaine. Elle se plaint d'avoir pris du poids récemment, mais mon père la contredit avec autant de ferveur que si elle avait affirmé que le ciel était rouge.

— Tu es parfaite comme ça, dit-il. Arrête tes bêtises.

— Merci, mon chéri, répond ma mère. De toute façon, ça ne pourra jamais être pire que pendant mes grossesses. Tu te souviens ? À six mois, j'étais déjà une baleine.

— Surtout quand tu étais enceinte d'Oliver.

— Incroyable, intervient Sara. Il était déjà chiant à l'époque.

— C'était sûrement à cause de sa grosse tête, enchérit Darren.

Super la famille. Ça tire à balles réelles ici.

— Vous avez fini de rejeter la faute sur un pauvre fœtus sans défense ? dis-je.

— Un fœtus avec une grosse tête, rectifie Darren.

— Tu es sûr de vouloir énerver ton témoin à deux mois du mariage ? Je pourrais faire un petit discours pour raconter à tout le monde la fois où tu as coincé ton machin dans la fermeture de ton jean.

Jenna regarde mon frère avec de grands yeux, visiblement ravie d'entendre une histoire embarrassante qu'elle ne connaissait pas encore. Le reste de ma famille se met à rire, même Darren.

— Je préférais l'époque où tu n'avais pas encore découvert la repartie, me dit-il. C'était beaucoup plus drôle de t'embêter.

— Il faut bien que je fasse usage de ma tête de taille tout à fait raisonnable.

— Je plains la pauvre fille avec qui tu vas sortir. Elle ne pourra gagner aucune dispute avec toi.

Voilà la manière parfaite de me faire taire. Mentionner une petite amie qui n'existera jamais. J'aimerais ne pas être mal à l'aise face à ce genre de commentaire insignifiant, mais je le suis. C'est plus fort que moi. La conversation évolue vers un autre sujet, mais je reste silencieux. Les seules fois où je prends la parole après cela, c'est quand on s'adresse directement à moi.

Lorsqu'il est temps de dire au revoir à mon père, je mets mon embarras de côté. Je lui dis qu'il me manque et que je suis impatient de le voir. Plus que treize jours avant son retour.


Après le dîner, je monte dans ma chambre pour lire un peu. À peine posé dans mon lit, je reçois la notification d'un nouveau texto de Flynn. Je suppose qu'il s'agit simplement de la réponse à mon précédent message, mais je me rends vite compte que je fais erreur. C'est un lien vers une playlist contenant huit morceaux.


Carly Rae Jepsen – I Really Like You

Ed Sheeran – So

Spoon – Do You

Dua Lipa – Want To

Jack Johnson – Go On

SiM – A

Blink-182 – First Date

Sum 41 – With Me


Au bout de quelques seconds, je remarque que les titres forment une phrase. Une fois traduit, cela donne : "Je t'apprécie énormément, alors veux-tu avoir un premier rendez-vous avec moi ?". Un deuxième message arrive juste après.

Je ne garantis pas la qualité des chansons. J'ai fait de mon mieux.


Je n'en reviens pas. Il a fait l'effort de rechercher tous ces morceaux uniquement dans le but de me faire sourire. Je n'avais jamais compris ce que les gens veulent dire quand ils parlent de papillons dans le ventre, mais je crois que je viens d'en faire l'expérience. Je tape ma réponse sans attendre.

Flynn Harrison, tu es vraiment le garçon le plus adorable au monde ! C'est avec grand plaisir que j'accepte un rendez-vous avec toi.

Oliver et le mythe du Prince CharmantWhere stories live. Discover now