— Ça ira, fis-je pour la rassurer.

Elle hocha la tête puis me relâcha, ne laissant que sur mon corps les traces de notre soutien mutuel. Elle dessina un sourire encourageant et s'installa en même temps que moi sur le lit, d'un air las, face à mon matelas qui traînait au sol comme un lit improvisé. La petite tête de Teddy dépassait des couettes, le sourire cousu au fil noir sur son visage me rappelait que le mien s'était volatilisé depuis bien trop longtemps.

Les doigts de Madison se glissèrent entre les miens, mon désir d'être seule s'était aussitôt évanouie. Il fallait que j'apprenne à apprécier la compagnie des autres, surtout dans ces moments-là.

— Paris a bien pris soin de toi ? me demanda-t-elle avec un sourire.

Il n'y avait pas d'arrière-pensées, je voyais dans son regard de l'appréhension mélangée à de l'excitation. Me voir avec quelqu'un d'autre qu'elle la rendait heureuse, parce qu'elle avait sans doute compris que je préférais rester seule auparavant. Après trois ans passés avec les mêmes amies, sans vouloir ni même faire un pas envers les autres, la conclusion n'était pas si difficile à tirer.

Je repensai alors à ce matin, à la tendresse dont Paris avait fait preuve pendant que je lui racontais les souvenirs qui me collaient à la peau comme la soie d'araignée. Il avait su me rassurer comme personne n'avait su le faire, je ne pouvais pas nier qu'il y avait quelque chose dans ma poitrine qui me rendait nerveuse à chaque fois que nos lèvres se touchaient. C'était comme si leur douceur me donnaient le pouvoir de voler, je me sentais légère comme une plume, j'aurais pu être transportée par le vent orageux sans problème.

— Tes joues prennent feu, Dani ! se moqua Madison.

— C'est faux, dis-je en les cachant de mes mains.

— Sans rire, il m'a assuré qu'il prendrait soin de toi.

— Il a été parfait, dis-je en lui souriant.

— Je suis rassurée, me répondit-elle. Chandler a été parfait, lui aussi.

Je tournai la tête vers elle, les sourcils froncés. Madison nous avait déjà dit qu'elle couchait encore avec lui, au départ je n'étais pas pour, elle méritait mieux qu'un garçon qui s'était fait toutes les filles du pensionnat, ou du moins les trois quarts. Cependant, quelque chose me poussait à croire que Chandler n'était pas si mauvais pour elle.

— Tu crois qu'il éprouve quelque chose pour toi ? lui demandai-je.

— Dire qu'il m'aime serait un peu prématuré, mais... je ne sais pas, peut-être ? Enfin, j'espère.

— J'espère aussi, dis-je en jouant avec mes doigts.

Quelqu'un toqua à nouveau à la porte ouverte, je levai la tête vers celui qui se tenait là. Quand on parlait du loup !

— Chandler, s'exclama Madison.

— Salut, lui sourit-il.

— Vous voulez peut-être que je vous laisse ? lançai-je.

Je me levai, pris quelques affaires, puisque je devais me doucher. Mais le blond m'arrêta avant que je ne pus faire quoique ce soit.

— Non, non, c'est toi que je cherchais.

Je lui lançai un regard méfiant, vérifiant en même temps si Madison ne savait rien sur ce qui l'amenait ici, mais elle me fit signe que non. Je m'avançai vers lui, reprenant mon assurance habituelle.

— Qu'est-ce que tu me veux ?

Même si je n'avais presque plus rien contre lui, je ne pouvais pas oublier le fait qu'il voulait me mettre dans son lit, il y avait encore quelques semaines. Et c'était assez pour que je me méfie de lui.

Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant