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[Lesley Gore — You don't own me]

« Ces derniers temps une spirale de souvenirs m'emmenait dans les plus terrifiants recoins des enfers, regorgeant de monstres, de créatures effrayantes

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« Ces derniers temps une spirale de souvenirs m'emmenait dans les plus terrifiants recoins des enfers, regorgeant de monstres, de créatures effrayantes. »

Daniela

Un énorme néant. C'était ce que je ressentais. Comme s'il manquait un part de moi. À force de chercher, une migraine germait dans ma tête. C'était comme si j'avais un instant perdu la mémoire, qu'avais-je fait ce matin ? Les policiers m'avaient interrogé, je le savais bien, mais je ne me rappelais de rien, comme je ne me rappelais pas de la façon dont j'étais arrivée dans la forêt hier soir.

J'étais dans l'ignorance la plus totale, et pourtant j'étais certaine d'avoir répondu à leurs questions, mais je n'arrivais pas à me remémorer mes réponses. J'avais l'impression d'avoir perdu une part de moi-même. Plus les minutes passaient, plus je m'inquiétais. La tête entre les mains, j'essayais, le souffle court, de me rappeler comment j'avais atterri dans cette chambre. C'était comme si je m'étais réveillée d'un profond sommeil vide et sans rêve, et un trou béant s'était installé dans mon cœur.

Je ne comprenais plus grand chose, mes épaules lourdes s'affaissèrent alors que j'expirai tout l'air de mes poumons. Trois coups frappèrent contre la porte, je relevai mollement la tête. Je n'avais pas envie de parler, pas envie de voir quelqu'un, je voulais juste rester seule. J'en avais plus que marre, la situation me rendait folle. J'avais envie de souffler, d'avoir un peu de répit. Je perdais complètement la tête et ça m'angoissait.

Le monde n'était devenu que psychose et démence, ces derniers temps une spirale de souvenirs m'emmenait dans les plus terrifiants recoins des enfers, regorgeant de monstres, de créatures effrayantes. Si ce matin encore je pensais pouvoir supporter tout ça, la réalité venait de reprendre ses droits. Rien ne tournait rond, tant que des filles se faisaient enlever, tant qu'elles disparaissaient une à une, alors ce mauvais rêve persisterait. C'était un cauchemar que je vivais les yeux ouverts.

— Je peux entrer ? me demanda Madison, au seuil de la chambre.

— C'est ta chambre, après tout, répondis-je.

La nuit dernière, les filles du rez-de-chaussée avait déménagé au premier étage. J'avais atterri dans la chambre de Madison. Ce n'était pas pour me déplaire, je n'aurais pu cohabiter avec personne d'autre.

Madi entra et se posta devant moi, elle ouvrit grands ses bras en laissant passer un éclat de tendresse dans ses prunelles. Je m'y réfugiai sans broncher, j'avais dû tellement l'inquiéter.

— J'ai eu si peur, si tu savais, me souffla-t-elle.

— Je suis désolée, m'excusai-je automatiquement.

— Ce n'est pas de ta faute, Dani. Ne t'excuse pas. Mais sache que désormais, je veillerai sur toi. Plus qu'avant, trembla-t-elle.

Je resserrai mon étreinte pour lui faire comprendre que moi aussi, je serais là pour elle. Nous étions ensemble dans cet ouragan qui chamboulait notre pensionnat, et il était hors de question que je lâche sa main malgré le vent tempétueux qui allait encore nous secouer. Nous avions perdu Jessica, il était hors de question que l'une d'entre-nous perde l'autre.

Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant