Chapitre 23

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John et moi nous sommes précipités en direction de la voiture d'Adrien, qui, n'étant pas rentré de son atelier de mécaniciens, n'en avait pas besoin pour l'instant. Aussitôt, mon premier réflexe a été de prévenir mes parents, afin qu'ils aient le temps d'alerter ceux de Garance et de tous venir avant qu'il ne soit trop tard... S'il n'était pas trop tard.

Honnêtement, je n'en revenais pas. Je savais que Garance avait été pas mal chamboulée par la mort de Matt et la disparition de Kiara, et était un peu bizarre ces dernières semaines... Mais de là à avoir des pulsions suicidaires ? Je veux dire, ça avait toujours été une personne rayonnante, optimiste, pleine de bonnes ondes... Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui être passé par la tête ?

Une fois que mes parents furent prévenus, John a appuyé sur la pédale, a fait vrombir le moteur et m'a lancé :

— Bon, c'est une question de vie ou de mort ou pas ?

— Ça en a tout l'air..., bredouillai-je, inquiète.

— Ok, alors accroche-toi !

Et là, il passa de zéro à plus de quatre-vingt kilomètres par heure en quelques secondes. Propulsée vers l'arrière suite à ce changement de vitesse, je me heurte contre l'appuie-tête, monté juste assez haut pour que le coin supérieur à angle droit n'atteigne le milieu de mon crâne... Encore une belle invention des ingénieurs ! Massant la zone endolorie, je me reprends tandis que John dépassait désormais la barre des cent kilomètres par heure, et m'écrie par-dessus le moteur :

— C'est pas légèrement au-dessus de la vitesse autorisée ?

— Si ! confirma-t-il en soupirant. Ton père va me tuer en sachant ça ! Je lui avais promis de rouler doucement...

— Ça fait rien, si c'est pour sauver Garance, il comprendra, affirmai-je en sortant mon téléphone pour appeler mon amie. Allez, Garance, réponds...

Au bout d'une bonne dizaine de sonneries, je suis tombée sur la messagerie, et ai poussé un grognement de rage avant de réessayer... Sans grand succès non plus, d'ailleurs. Je me suis décidée une fois les cinq tentatives ratées de laisser un message, désespérée :

— Garance, si tu reçois ce message, rappelle-moi, je t'en prie ! Tu ne peux pas faire ça, pas maintenant, je... j'ai besoin de toi ! On a tous besoin de toi ! Écoute, tu es la seule amie qu'il me reste, alors, pitié, ne... ne t'en va pas aussi. Rappelle-moi vite !

Sur ce, j'ai raccroché et me suis pris le visage entre les mains. En voyant que je perdais espoir, John a hésité à dire quelque chose ( probablement un truc du genre « t'inquiète pas, je vais te protéger » ), puis s'est ravisé en me demandant simplement :

— Le pont est encore loin ?

— Cinq minutes de route, en gardant cette allure, affirmai-je. Tourne à droite !

Notre avancée a continué durant quelques bonnes minutes, des minutes durant lesquelles nous avons manqué de peu une bonne douzaine d'accidents... John faisait de son mieux pour maîtriser le véhicule, mais il venait à peine d'avoir son permis, ce n'était pas un pilote de voitures de course ! Heureusement pour nous, nous n'avions croisé aucun véhicule de police, autrement ils nous auraient arrêtés sur le champ...

Je n'étais pas revenue dans les environs depuis une bonne année, ce pourquoi ça m'a fait un drôle d'effet en reconnaissant les vieilles bâtisses et les commerces... Je me suis alors souvenue d'un après-midi, au mois de novembre de l'année dernière, lorsque nous venions à peine de forger notre bande d'amis. C'était en automne, et les couleurs chaudes des arbres reflétant sur l'eau du pont donnaient un magnifique spectacle, lieu de rendez-vous préféré de tous les jeunes de la ville...

DISPARUS ( "The Hunt", TOME 1 ) | EN ACTUELLE RÉÉCRITURE  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant