Chapitre 13

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Alertée par le bruit de verre cassé, ma mère a aussitôt accouru, et, en voyant les débris tranchants sur le sol ainsi que mes pieds en chaussettes, elle s'est écriée :

— Léa, ne bouge pas ! Tu pourrais te cou...

Elle s'est arrêtée quand elle s'est aperçue de mes yeux larmoyants et de ma lèvre inférieure tremblante. Au début, elle a sûrement dû croire que je m'étais blessée avec les bouts de verre et que j'avais un peu surréagi, mais elle s'est vite rendue compte qu'il s'agissait d'autre chose quand je me suis mise à murmurer d'une voix chevrotante :

— Matt... C'est Matt... Ça n'a aucun sens... Ce n'est pas une fille... Pourquoi est-ce que...?

— De quoi est-ce que tu parles ? s'étonna ma mère.

— Il a dû découvrir quelque chose d'important pendant la nuit...

— Léa Robins, il me semble que je t'ai posé une question, répéta ma mère sur un ton plus ferme.

En jetant un regard à la télévision où s'affichait le visage de Matt, elle murmura d'une voix horrifiée :

— Oh mon Dieu.

Quant à moi, je n'ai pas attendu que ma mère ne se rende compte de la situation que déjà, j'enjambais les bouts tranchants du verre cassé et courais à toute vitesse me réfugier dans ma chambre. Je manque de m'étaler de tout mon long dans les escaliers, mais parviens finalement à atteindre la porte en la refermant en claquant derrière moi. Je ne peux m'empêcher de remarquer que mon ordinateur ne s'était pas arrêté, et diffusait les images de la chaîne de télévision que ma mère regardait depuis le rez-de-chaussée, répétant en boucle les mêmes choses :

— Matt Kang... première victime masculine... véritable drame... shérif  Paterson... lien avec le meurtre de Daniela Gibson...

Mon téléphone vibra soudainement. Les yeux baignés de larmes, j'ignore la sonnerie en me bouchant les oreilles, gémissant et espérant que tous ces bruits arrêtent de me donner cet atroce mal de crâne. Seulement, mon téléphone vibra une seconde fois. « Sûrement Garance », songeai-je. Connectée comme elle était, elle avait sans doute dû envoyer des messages à tout le monde dans la matinée pour savoir qui avait disparu... Elle n'était sûrement pas encore au courant de la nouvelle, autrement elle serait dans le même état de choc que moi et n'enverrait pas autant de messages.

Mais les vibrations ne s'arrêtaient pas. Trois. Quatre. Cinq. Dix. Au bout d'un moment, je me mets à grogner de rage et prend mon téléphone, prête à appeler Garance pour lui annoncer la nouvelle, dans l'état où j'étais s'il le fallait... Seulement, les messages ne provenaient pas de Garance.

Ils venaient du téléphone de Matt.

Ce n'étaient que des lettres, envoyées une par une, ce qui explique la quantité de messages que j'avais reçus. Je déverrouille mon portable d'une main tremblante et remonte jusqu'au début des messages. En lisant à la verticale, je parviens à déchiffrer ces trois phrases :

« I L  E N  S A V A I T  T R O P .
I L  V O U L A I T  P A R L E R .
M A I S  I L  N E  P A R L E R A  P L U S 
J A M A I S . »

Je manque de lâcher un hurlement de terreur, que je parviens à étouffer en plaquant ma main contre ma bouche, ne pouvant tout de même pas m'empêcher de lâcher un hoquet de stupeur. Le ravisseur de Matt, de Daniela, de toutes les autres filles... Il venait de m'envoyer un message. À moi. Il connaissait mon numéro de téléphone, il l'avait vu sur le téléphone de Matt. Il connaissait aussi ceux de mes amis. À tout moment, il pouvait nous appeler, nous envoyer un message...

DISPARUS ( "The Hunt", TOME 1 ) | EN ACTUELLE RÉÉCRITURE  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant