Chapitre 22

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J'ai ouvert mon sac de cours sans attendre, ai sorti un stylo et une feuille puis ai commencé à décoder la suite de nombres. Il ne me restait plus que vingt minutes avant la sonnerie qui annoncerait une courte récréation, vingt minutes avant que les toilettes des filles ne soient envahies de curieuses, qui allaient sûrement me demander ce que j'étais en train de faire...

Enfin, au bout de quinze minutes, je suis parvenue à décoder le message entier :

« Inutile de te dire de qui il s'agit, tu l'as sûrement déjà deviné... J'espère que tu trouveras ce message assez vite, car j'ai besoin de toi. Je sais que tu me prends toujours comme une menace, mais je n'aurais jamais pu être d'accord avec toutes ces morts, tu peux me croire. J'ai placé une caméra semi-invisible piochée dans le bureau de Matt dans l'angle droit au fond du plafond des toilettes, que je consulte chaque jour pour vérifier si personne n'a pris ce message à ta place... Normalement, si tu es en train de le lire, ça veut dire que je ne devrais pas tarder à arriver. Comme le déchiffrage prend une quinzaine de minutes et que tu as dû passer quelques instants supplémentaires à tout écrire, je viendrai dans les vingt minutes suivantes ! »

À peine avais-je terminé cette phrase que la poignée se tourna brusquement, sans ouvrir la porte à cause du verrou que j'avais enclenché. Je sursaute, et commence à paniquer : que faire ? C'était sûrement Éric, et la dernière fois que je l'avais vu, je lui avais planté un couteau dans le ventre... Pas sûr qu'il me l'ait pardonné aussi facilement ! Et si tout cela n'était qu'un piège, une illusion destinée à me faire ouvrir la porte pour m'éliminer ?

— C'est occupé ! répliquai-je pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un élève normal.

— Sérieusement ? fit la voix d'Éric derrière la porte. Allez, ouvre ! La police a lancé un avis de recherche pour me retrouver, je te signale, si une seule caméra de journalisme me voit ici, je suis mort !

— Comme si la police était le seul truc qui pouvait inquiéter, remarquai-je. Et Kiara ? Oh, j'avais oublié : tu savais déjà, comme tu savais pour la mort de Matt !

— Kiara ? Qu'est-ce que tu racontes ?

Je hausse un sourcil derrière la porte. N'était-il donc pas au courant de ce que manigançait le ravisseur dans les heures qui suivaient, de chacune de ses cibles ? Ou peut-être avait-il rompu le contact dès qu'on avait commencé à le rechercher par sécurité ?

— Fais pas comme si t'étais pas au courant, pestai-je. C'était décidé depuis le début, hein ?

— Kiara est... elle a... disparu ? Elle va...

Sa phrase ne se termina pas, en tout cas pas de manière audible. Quelques secondes après, j'entendis un court reniflement, un peu comme... des larmes.

— Attends, tu pleures là ?

Je n'eus pas de réponse, alors, sans prendre la peine de me méfier une seconde de plus, je me suis empressée d'ouvrir la porte, pour découvrir un Éric que je n'avais jamais vu : en larmes les épaules voûtées, il avait l'air complètement anéanti. Même en étant un bon acteur, ses larmes ne pouvait pas être entièrement fausses... En voyant que j'avais ouvert la porte, il se retourna brusquement pour cacher son visage, en reculant de quelques pas. Ne sachant pas vraiment quoi dire, je demande :

— Dis, t'étais pas censé être ultra-recherché, ne pouvant pas te tenir dans un couloir plus de quarante secondes d'affilée sans craindre d'être vu ?

DISPARUS ( "The Hunt", TOME 1 ) | EN ACTUELLE RÉÉCRITURE  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant