Chapitre 10 - Partie 2 : LE SANG SUR LES ÉTOILES

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Cécilia Pavel se recula d'un pas, saisissant la portée de son geste et les conséquences sur une nature atrabilaire. Mais le français était au demeurant dans un état second depuis des jours et le Delhumeau exécrable avait fait place à un homme en proie aux doutes.

— Pardonne-moi, souffla-t-il.

— J'y consens.

Henry Delhumeau arpenta sa chambre ne sachant comment la prendre pour lui faire comprendre l'importance de son silence.

— Cécilia...

— J'ai peur, Henry. Je ne veux pas le revoir, supplia-t-elle.

— Je ne pense pas qu'il se préoccupera de toi, mentit Henry, en la tutoyant à son tour, entretenant une intimité qu'imposait les événements.

Tout ce qui gravitait autour de lui étant une manne inextinguible de tourments à laquelle s'employait Daniel.

— Il est fou.

— Je sais, c'est pourquoi mes parents ne doivent pas savoir. Il ne viendra pas jusqu'ici. Il a manifestement des affaires importantes qu'il a bien pris soin de faire venir jusqu'à Deauville pour nous avoir également sous sa coupe. Mais il restera caché tant que cela sera nécessaire. C'est pourquoi je me dois de le retrouver. Je ne le laisserai pas approcher ma famille, ni de toi.

Appuyant ce dernier mot, Henry prit les mains de Cécilia dans les siennes et intensifia son regard. Elle inspira pour se donner du courage et acquiesça au grand soulagement du français.

— Cet après-midi nous emmenons les enfants au cirque. Viens avec nous.

Cécilia se mordit la lèvre, tenant cette demande pour une intrusion supplémentaire au sein d'une famille qu'elle aimait et craignait à la fois, car réceptacle de profondes douleurs.

— D'accord. Cela me fera du bien de sortir un peu.

Elle lui sourit, insouciante qu'il s'agissait là d'un plan.

Suivant la logique de son frère, Henry songea que Daniel serait probablement de la fête. Il allait certainement chercher à s'attaquer à Ferguson. Et dans le cas contraire, s'il venait à entrapercevoir Cécilia Pavel, alors il ne pourrait résister aux attraits du passé et se rapprocherait d'elle d'une façon ou d'une autre. Dans un cas comme dans l'autre, il ne lui resterait plus qu'à l'attraper et tout ceci prendrait fin. Alors seulement, pourrait-il envisager de reprendre le cours de sa vie interrompue brutalement depuis l'été dernier.

Comme si elle avait deviné les courbes malsaines de ses plans, Cécilia prit congés afin de retourner à ses tâches. Mais elle ne pouvait pas savoir. Henry mit ses impressions sur le compte d'un sentiment bien loin de lui.

Atone, il se déshabilla complément, conscient qu'il portait encore ses vêtements de la veille, sa nuit ayant était plus que courte d'une nouvelle insomnie. Il fit une toilette, se rasa de la meilleur façon qu'il put, un peu d'eau de Cologne pour rafraîchir le tout et il chercha dans sa malle à peine défaite des vêtements de rechange qui combleraient sa mère, toujours l'œil critique sur sa garde robe.

Mais chacun de ses gestes pour se rhabiller étaient mécaniques, dictés par le quotidien. Car son esprit, lui, était obnubilé par ce sentiment croissant et lénifiant. Une petite voix intérieure soufflait à sa conscience. Une petit voix qui se rapprochait de celle d'Alice Appletown et qui lui parlait de culpabilité.

Le français, bien que seul dans sa chambre, pouffa de rire comme il l'aurait fait si ça petite fouine se trouvait justement devant lui le pointant du doigt.

— Je ne suis coupable de rien

— « Bien sûr que si », mima-t-il Alice aussi bien en voix que dans ses postures toutes féminines qu'il s'était amusé à observer.

66 Exeter Street, tome 3 : Les vacances de Monsieur DelhumeauWhere stories live. Discover now