Chapitre 11 - Partie 2 : DETECTIVES EN JUPON

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— Sa sacoche ? Celle où le professeur met l'ensemble de son fourre-tout de médecin ?

Doraleen ponctua sa phrase en considérant Alice. Le matin était frais, bien que le soleil éclatait dans un ciel d'un azur pâle. L'air iodé planait dans l'air, tout comme le piaillement des mouettes.

Une main retenant les rubans de son petit chapeau de paille balayé par un vent chahuteur, Doraleen McFear avait bien meilleur mine que ces derniers jours. A croire que la perspective de jouer les détectives lui redonnait vie. Elle avait d'ailleurs troqué le noir de son deuil pour une robe d'un bleu-gris sombre piqueté de dentelle blanche. Un progrès. Pour Alice, en tout cas, le tragique de la situation faisait place à une envie pleine et entière de faire la lumière sur cette affaire et coiffer Henry Delhumeau au poteau. D'ailleurs, ce dernier s'était montré plus que discret au petit-déjeuner. Il était arrivé à table en retard, s'était montré plus qu'évasif sur la veille et ce qu'il comptait faire, prenant grand soin de se satisfaire de sa conversation avec sa jumelle, notant qu'elle qui arborait aujourd'hui une toilette toute féminine. Alice n'avait pas manqué non plus d'apercevoir les regards de connivence qu'il jetait à une Alexandra décidément bien impassible face au sort de son époux. Tout le monde avait d'ailleurs salué sa force de caractère et renouvelé tout leur soutien, quand elle-même ne faisait que percevoir un mystère. Un secret que Henry lui cachait, duquel Alexandra et probablement Cécilia Pavel étaient complices. Si elle voulait le connaître il allait falloir qu'elle le découvre d'elle-même.

Aussi, ce trouvait-elle désormais dans une des grandes artères de Deauville, en compagnie de Doraleen qui se révélait être désormais son unique soutien, lui racontant dans le détail ce dont elle avait été le témoin la veille au soir.

— Vraiment ? finit par conclure Doraleen.

— Oui.

— Voilà qui est curieux. En avez-vous parler à Alexandra ?

Alice leva les yeux au ciel. La candeur de Doraleen la laissait circonspecte parfois. Comment demander une telle chose sans paraitre indiscrète ? Mais Alice dut remettre sa petite pointe d'agacement de côté. Car oui, elle avait réussi à poser la question à Alexandra, notifiant qu'elle avait été réveillée par leur retour et qu'elle s'était inquiétée de la voir avec la trousse médicale de Camille et donc, de la santé de ce dernier.

— C'était finement joué, Alice, approuva Doraleen, grande comédienne devant l'éternel et qui lui apprenait toutes les subtilités de son art.

Oui, s'accorda Alice, d'autant plus qu'elle avait eu toutes les heures de l'aube pour penser et peaufiner son approche, loin d'avoir acquis l'assurance nécessaire à l'improvisation.

— Merci. Elle m'a répondu qu'un client de l'hôtel était malade et que le directeur avait quémandé l'aide de Henry qui, comme vous le savez, est médecin...

— Sans l'être, cita Doraleen, en imitant le ton péremptoire de Henry Delhumeau qui aimait à rappeler ses nombreuses qualités intellectuelles.

— Et que ce dernier avait fait appel à ses qualités d'infirmière, le client étant quelque peu récalcitrant.

— Cela s'explique fort bien... Mais vous n'êtes pas convaincue.

— Non je ne le suis pas, avoua Alice.

— Peut-être devrions-nous interroger Cécilia Pavel, en ce cas ? Si c'est véritablement un client de l'hôtel, elle pourra nous éclairer sur ce point.

— Tout à fait.

— Bien, nous démêlerons ce mystère plus tard.

Alice acquiesça, se demandant à quel moment Doraleen avait pris les rênes de l'affaire.

66 Exeter Street, tome 3 : Les vacances de Monsieur DelhumeauWhere stories live. Discover now