Chapitre 10 - Partie 2 : LE SANG SUR LES ÉTOILES

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— Que se passe-t-il ? demanda Alexandra en prenant un châle de sa valise.

L'heure était matinale, mais malgré la fraîcheur du matin, le soleil augurait une belle journée. De quoi la rentre heureuse, le cœur léger, malgré ce que Ferguson lui avait raconté de l'Inde et qu'elle ignorait. Toutefois, son époux qui paraissait aussi guilleret qu'elle au levé était désormais figé devant sa petite sacoche de cuir où il y mettait ses affaires les plus précieuses.

— Mon arme d'ordonnance, elle a disparu, souffla-t-il.

Son épouse s'approcha et considéra le sac. Son stéthoscope, quelques flacons, des compresses, le nécessaire à tout bon médecin, mais point d'arme.

— Es-tu sûr de l'avoir mis là ?

Des certitudes, Ferguson avait appris à en avoir, la vie militaire ne souffrant d'aucune incertitude. Il trouva sur le visage de son épouse les rides de l'inquiétude qui s'étaient dessinées ces dernières années. Par sa faute sans conteste. Ses enquêtes avec Delhumeau l'ayant mené maintes fois bien au-delà du raisonnable. Il sourit avec maîtrise.

— Oui, je me souviens maintenant, je l'ai confiée à Henry pour qu'il me la nettoie. Je vais la lui réclamer.

— Ah !

Alexandra se rasséréna et Ferguson sortit de sa chambre pour rejoindre celle de Henry.

Seule, Alexandra posa sa main sur son ventre, plus inquiète encore. Elle connaissait assez son mari pour savoir quand il n'allait pas bien ou quand il lui mentait. Aujourd'hui, il cumulait les deux.

Henry Delhumeau froissa avec une certaine frustration le petit billet bleu que Cécilia venait de lui apporter. Constante dans son image de pilier, elle ne sourcilla pas et n'attribua aucune manifestation devant ce geste. Toutefois, elle attendit un petit moment avant de juger que le moment était opportun pour s'exprimer.

— De mauvaises nouvelles ?

— Oui.

— Tes amis ?

Le français acquiesça. La veille, après avoir manqué Eva Evinger et appris la présence de son frère à Deauville, il s'était totalement ouvert auprès de Cécilia des événements récents et à venir. Désormais qu'elle savait que Daniel avait ressuscité d'entre les morts, elle avait mérité quelques explications. L'affaire de la chambre 36, ses liens avec Laurence Appletown actuellement sous la bonne garde des services secrets français, et les récentes tentatives de meurtres sur ses amis. Même les liens ténus qui semblaient se profiler entre Daniel et Doraleen lui avait été avoué. Cécilia était une femme qui avait déjà eu à souffrir de l'esprit tordu de son frère. Avertie, elle ne saurait que mieux s'en défendre s'il venait à reprendre contact avec elle. Ce qui ne manquerait pas d'arriver, il en était convaincu.

En dépit de toute moral, Henry savait s'allier à une proie, véritable tentation pour Daniel. On pouvait juger cette position répréhensible, car après tout et d'une certaine façon, il prenait Cécilia Pavel pour un happa. Mais toutes mesures étaient bonnes tant qu'elles lui permettaient de retrouver son frère et de le mettre hors d'état de nuire.

— Il faut que tu en parle avec vos parents.

— Es tu folle. Tu sais la peine que sa mort a engendré à mes parents. Quelle douleur elle raviverait s'ils venaient à savoir ?

— Et Toi ? Saius-tu quelles furent mes propres douleurs durant toutes ces années ?

— Ils ne s'agit pas de toi.

— Bien sur que si.

— Quelle égoïste tu fais.

La gifle fut molle mais non moins humiliante et Henry la reçut pour ce qu'elle était. L'expression d'une terreur.

66 Exeter Street, tome 3 : Les vacances de Monsieur DelhumeauWhere stories live. Discover now