Chapitre 17.6

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FAÏZ

James présidait la réunion. Faïz se tenait debout et contemplait le panorama de la ville de New York. Il avait du mal à se concentrer sur le sujet d'aujourd'hui. Et pour cause : c'était l'anniversaire de Georgia. L'idée de rater un anniversaire de plus, l'attristait profondément.

— Après cette crise, nous devons repenser notre politique industrielle, intervint un membre du groupe.

Faïz se retourna vers ses interlocuteurs et, avec un signe de tête, demanda à Andy de continuer. Le jeune homme, désintéressé, détourna ensuite son regard pour observer de nouveau la vue. Il attendait le coup de fil de sa fille, en espérant qu'elle serait heureuse de son cadeau. Peut-être même que Zoé accepterait de lui parler en cette journée spéciale ? Ça faisait tellement longtemps... Il ferma les yeux et se frotta le front, se forçant à revenir à cette réunion qu'il trouvait ennuyante, comme le reste.

— Le protocole s'applique aussi à d'autres micro-organismes, expliqua Andy à ses collaborateurs.

— Répond-il à la norme en vigueur actuelle ? demanda Faïz qui décida de venir enfin s'asseoir à la table.

Andy se redressa et s'éclaircit la voix. La présence soudaine de son boss le rendit tout à coup nerveux. Au moment où il allait répondre, Gladysse surgit dans la salle, visiblement embarrassée d'interrompre cette réunion.

— Monsieur Mattew, euh... je suis désolée. C'est pour vous.

— C'est le téléphone ? s'empressa de demander le jeune homme plein d'espoirs.

— Non, ce n'est pas...

— Je suis un peu occupé, là, s'agaça-t-il. Prenez le message et évitez de me déranger de nouveau !

Il comptait bien avoir une explication avec son assistante quand cet entretien avec le groupe serait fini, afin d'éviter tout autre incident de ce genre à l'avenir. Il était hors de question qu'il tolère un tel comportement.

— Monsieur, insista Gladysse d'une voix tremblante en essayant de faire abstraction du regard noir qui la fusillait sur place. C'est votre fille, elle est là.

Un torrent d'émotions se succéda sur le visage de Faïz. Il se leva brusquement, le souffle coupé, en passant ses deux mains dans ses cheveux. Son cœur sembla prêt à exploser tellement les battements de celui-ci s'accéléraient en intensité.

— Georgia est ici ? Dans le bâtiment ?

— Oui, dans le couloir, monsieur.

— Annulez la réunion, annulez tout ! s'écria le jeune homme qui se précipitait déjà vers la sortie.

Le monde parut s'arrêter quand il la vit dans sa jolie robe bleue, en train de parler aux employés qui paraissaient tous charmés par la petite fille aux longs cheveux bouclés. Faïz arrivait à peine à contenir son émotion. Les lueurs glaciales, présentes dans son regard depuis des mois, disparurent aussitôt. Il observa Georgia un petit moment jusqu'à ce que son pouls ait retrouvé un rythme normal, puis il s'accroupit avant de l'appeler. Quand cette dernière l'aperçut, elle fondit vers lui pour se jeter dans ses bras. La tête plongée dans ses cheveux, Faïz la serra fort contre lui de peur qu'elle lui échappe une nouvelle fois.

— Regarde, j'ai fait un dessin pour toi, chuchota-t-elle à l'oreille de celui-ci. Je t'avais dit que je te dessinerais quand je connaitrais ton secret. Les promesses, c'est important.

Elle lui tendit une feuille où étaient dessinés une maison et trois personnages avec leurs appellations notées au-dessus d'eux : Papa, Maman, Georgia. Il comprit alors que Zoé lui avait tout raconté, comme elle lui avait promis. L'explosion de sentiments dans sa poitrine à cet instant fut presque douloureuse.

— Bonjour, dit une douce voix timide à peine plus forte qu'un murmure qui provenait de derrière.

Il se figea. La femme dont il était éperdument amoureux était là aussi. Le jeune homme, soudain anxieux, se retourna doucement, puis se releva avec sa fille dans les bras, l'air hagard. En une fraction de seconde, il oublia la douleur qui l'habitait déjà depuis un moment. Elle était magnifique dans son débardeur blanc avec ses cheveux relevés qui laissaient apparaitre ses épaules. Faïz avait tellement rêvé de ce moment. Zoé tripotait machinalement ses doigts et se raccrochait à son sourire aussi charmant que rassurant. Une boule lui obstruait la gorge tellement l'émotion était forte pour elle aussi. L'affreux sentiment de trahison qui l'étreignait jusqu'à maintenant avait disparu.

— Tu vois ? Je n'ai pas oublié de revenir, déclara-t-elle mal assurée en enfonçant ses mains dans les poches arrière de son jeans.

Faïz reposa Georgia au sol qui partit de nouveau vers le personnel. Il attira Zoé contre lui et prit son visage entre ses mains pour l'embrasser passionnément.

Après plusieurs secondes d'étreinte, cette dernière écarta son visage du sien et secoua la tête pour reprendre ses esprits.

— Tes parents vont être fous de colère quand ils vont savoir que nous sommes à New York au lieu d'être à Los Angeles pour l'anniversaire.

Le jeune homme, qui n'arrivait plus à se départir de son sourire, hocha la tête.

— Nous n'avons qu'à rentrer demain, à L.A.

Soudain, une ombre d'inquiétude traversa son regard. Il demanda :

— Vous restez bien à Los Angeles ?

— OUI, articula Zoé en attrapant son bien-aimé par le cou afin de le ramener près d'elle.

Un éclat raviva les prunelles sombres de celui-ci et arracha un frisson à la jeune femme. Au moment où il ouvrit la bouche pour lui confier ses plus profonds sentiments, la voix grave d'un homme attira son attention.

— Bonjour.

Faïz retira immédiatement ses mains des hanches de Zoé et tourna la tête vers la personne qui paraissait venir se présenter à lui. Bien qu'il ne l'eût jamais vu auparavant, il reconnut certains traits de son visage : les mêmes que ceux de sa fille. Désarçonné, il se racla la gorge et s'approcha de l'homme à la carrure droite et solide qui inspirait naturellement le respect.

— Monsieur Reyes, je suis ravi de vous rencontrer, balbutia Faïz, intimidé.

Le sourire chaleureux de son interlocuteur fendit son visage en deux. La poignée de main entre les deux hommes finit de combler Zoé qui regardait la scène avec tendresse. Son père, avec un signe de main, l'invita alors à le rejoindre.

— Je suis heureux de vous rencontrer, continua-t-il. Je compte sur vous pour prendre soin de ma fille.

— Georgia et elles sont les deux personnes les plus chères à ma vie. J'espère pouvoir un jour les mériter. Je veillerai sur elles chaque seconde de ma vie.

Le père de Zoé, touché par ses paroles, fixa sa fille et soupira profondément :

— Alors, je vous la confie et vous avez, pour la suite, ma bénédiction si vous envisagez un jour de...

Gênée, je rougis légèrement et détournai le regard vers ma fille toujours en pleine conversation devant un auditoire conquis.

— Je compte bien l'épouser, monsieur Reyes. Je ne veux plus jamais passer un jour sans Zoé.

En entendant ces mots, mon regard vint se planter dans les prunelles sincères de Faïz. La paume de ma main lui caressa délicatement la joue. Cette réponse silencieuse parut lui convenir et tout lui redonner en même temps. Cette fois, il ne me quitterait plus. Désormais, c'était nous deux ou rien. Nous contre le monde. NOUS, tout simplement.


Dark Faïz -T 3Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ