Chapitre 12.4

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— Je vais vous sortir de là, rassurai-je Stephen en m'affairant à trouver un moyen de briser ses chaînes.

Le dessous de son menton était en sang. La fourchette était plantée dans sa chair et menaçait de lui transpercer le torse. Un rugissement féroce m'obligea à tourner la tête vers Faïz. Le Maestro s'était jeté sur lui et les coups de poing pleuvaient sur l'homme que j'aimais. Je regardai, épouvantée, ce combat entre les deux protagonistes. Faïz répliquait, mais Pavel semblait devancer ses coups avant même qu'il ne les donne.

— Tu n'y arriveras pas, déclara Martinez, à bout de forces. Le seul moyen de me libérer c'est de les briser.

Je revins sur Stephen en tirant de toutes mes forces sur ses chaînes, mais c'était peine perdue. Je me redressai et partis derrière lui afin de lui retirer ce collier de torture, mais là aussi, c'était impossible. Je relevai la tête au moment où Masha se jetait sur le dos de son père. Elle enfonça ses dents dans son cou, ce qui arracha un hurlement à Pavel. Il attrapa la tête de la jeune femme en la renversant devant lui, à terre. Au moment où il leva son pied pour écraser le crâne de cette dernière, Faïz fonça sur lui, l'entraînant quelques mètres plus loin. Je courus en direction de Masha pour l'aider à se relever. Quand mon regard croisa le sien, je me figeai sur place. Malgré le fait que son visage soit ensanglanté, je vis toute la détresse au fond de ses yeux en proie à une détresse sans nom.

— Il m'aurait tuée sans la moindre hésitation, arriva-t-elle à articuler, sous le choc.

— L'homme que tu as connu n'existe plus. C'est le Maestro !

— Je sais, murmura Masha réalisant qu'elle avait perdu son père.

— Tu ferais mieux de partir, lui suggérai-je.

Elle secoua la tête :

— Non, je refuse de vous laisser seuls avec lui.

— Très bien, va t'occuper de Martinez. Il est à bout de forces. Je ne pense pas qu'il tienne encore très longtemps.

Pavel se tenait au-dessus de Faïz. Il paraissait jouir de ce spectacle, de cette mise à mort avec une lente agonie.

Je saisis un des spots au coin de la pièce et fondis sur ce monstre, trop occupé à torturer Faïz à coups de pied.

— Lâche-le ! rugis-je en lui assénant de toutes mes forces la lampe en plein visage.

Il vacilla d'avant en arrière en essayant tant bien que mal de reprendre son équilibre, mais il finit par trébucher de tout son long sur le sol. Faïz se releva alors, en se tenant d'une main les côtes.

— Ça va ? m'inquiétai-je.

— Prends Masha avec toi et va-t'en ! m'invectiva-t-il, la mâchoire serrée.

— Non ! grognai-je. Libère Stephen et après je m'en irai. Pendant ce temps-là, je m'occupe de Pavel.

— Promets-moi qu'après, tu t'en iras ! répliqua-t-il sèchement.

Je déglutis, l'estomac tordu par l'émotion.

— Oui, je te promets qu'après je m'en irai.

— Ce mec, je l'aurais tué de mes propres mains il y a encore quelques jours et voici que je dois le sauver aujourd'hui. Quelle ironie !

Je fixai les traits de son visage pour emporter cette dernière image avec moi avant de me confronter à Pavel. C'était les mêmes prunelles qui m'avaient brûlée la première fois que je l'avais rencontré. J'aurais voulu lui dire des milliers de choses à cet instant, mais le temps jouait contre nous. Faïz devina mes pensées et attrapa avec force l'arrière de mon cou en plongeant son regard ténébreux dans le mien :

— Ne fais pas ça, Zoé ! Ne me dis pas au revoir maintenant, grogna-t-il entre ses dents, presque hors de lui.

Au moment où j'allais lui répondre, la main du Maestro attrapa ma jambe et me projeta au sol comme une vulgaire marionnette. Je me mis à rouler sur moi-même pour échapper à ce monstre qui s'apprêtait à me rattraper.

— Martinez ! criai-je en direction de Faïz. Libère Martinez !

Il s'exécuta à contrecœur, n'ayant pas d'autre choix que de sauver le collègue de l'inspecteur Barthey.

Pavel me contemplait de haut, tandis que j'étais toujours allongée à terre. Il paraissait réfléchir à la meilleure façon de me réduire en miettes. Je rassemblai mes forces et rampai à quatre pattes afin de gagner du temps, mais il me rejoignit en deux enjambées. Il saisit mon cou et me souleva en l'air. Ses doigts se refermèrent alors sur moi. Mes pieds flottant dans le vide essayaient désespérément de trouver un point d'appui.

— Tu as l'air bien fragile vue d'ici, déclara-t-il avec un accent bravache. Qu'as-tu donc de si spécial ? C'est vrai, après tout, il aurait pu s'amuser à créer quelque chose de bien plus fort.

Celui-ci leva son index en le pointant vers le ciel pour me faire comprendre de qui il parlait. Je manquai de souffle. La main autour de mon cou m'étouffait à mesure des secondes qui passaient. Pavel continua de me fixer avec un sarcasme effrayant.

— Je suis ton contraire, soufflai-je. Tous les antidotes de ce monde coulent dans mes veines.

Pavel relâcha son sourire. Ses orbites se tournèrent vers Faïz. Ses lèvres retroussées par la rage le rendaient encore plus terrifiant. Une vague de nausée me saisit face à ce visage dont l'apparence était celle d'une tête-de-mort, au nez et oreilles mutilés. Soudain, sans que je m'y attende, sa tête vint violemment frapper contre la mienne. Ma vision se troubla et je luttai pour ne pas m'évanouir. La douleur était atroce, d'une intensité sans égal à ce que j'avais connu jusqu'à présent. Sonnée, je portai une main tremblante à mon visage et constatai qu'il était recouvert de sang. Avant que je ne réalise ce qui venait de se passer, mon corps était déjà retombé lourdement sur le bitume.


Dark Faïz -T 3Where stories live. Discover now