Chapitre 16.3

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Ses muscles contractés contre mon corps, je sentais Faïz lutter silencieusement contre lui-même. Je pris son visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder dans les yeux.

— Laisse-les s'en aller. Ne me fais pas ça. Je t'en supplie, ne me trahis pas.

— Nous devons sortir d'ici, grogna-t-il désespéré.

Lexy et Asarys hurlaient mon prénom. Leurs cris me déchiraient le cœur. Je cognai violemment l'arrière de ma tête contre le mur derrière moi à m'en ouvrir le crâne tellement la douleur à l'intérieur de mon corps était insupportable.

— Je veux mourir, clamai-je au milieu de mes sanglots.

Hystérique, je me débattis dans tous les sens. Faïz m'éloigna de la paroi afin d'éviter que je ne me blesse davantage. Ses bras m'emprisonnaient toujours. Les visages de mes amies étaient noyés sous leurs larmes. Elles se tenaient l'une contre l'autre, ne comprenant rien à la situation.

— Laisse-moi leur parler. Je veux leur parler, insistai-je.

— OK, mais je viens avec toi.

Faïz m'emmena près de la grille en prenant soin de me garder près de lui.

— Zoé, bredouilla Asarys, la voix enrouée. Pourquoi sommes-nous bloquées là-dedans ? Dis-leur de nous laisser sortir.

— Je vais tout faire pour...

— C'est votre devoir de rester près du tombeau, me coupa Faïz.

Il plongea ses yeux désemparés dans les miens et continua :

— Gurt et Meriden doivent rester là et partir avec le Maestro.

— Ce ne sont pas Gurt et Meriden ! aboyai-je en le fusillant du regard.

— Elles n'ont aucun passé, Zoé. Elles ont été créées uniquement dans le but de te protéger. As-tu déjà vu un membre de leur famille ? As-tu déjà souhaité avec elles un seul de leur anniversaire ?

— Et alors ? Ça... ça ne veut rien dire ! m'époumonai-je.

— Demande-leur à quoi ressemblent leurs parents ou le nom des écoles où elles ont étudié avant l'université.

Mon regard se posa sur mes amies. La bile dans ma gorge me brûlait.

— Dites-lui ! éclatai-je en agrippant mes doigts au rideau. Dites-lui n'importe quoi. Dites-lui une date.

Lexy se mit à réfléchir. Elle tenait son visage entre ses mains. Le désespoir se lut soudain dans les yeux d'Asarys, comme si elle venait brusquement de comprendre quelque chose.

— Je ne me rappelle plus. Je suis désolée, Zoé, souffla-t-elle. Je ne vois rien avant notre rencontre.

Des larmes coulaient sur ses joues. Elle paraissait s'excuser de la situation, résolue à rester là.

— Tu dois les laisser partir, intervint Faïz.

— Depuis quand ?

Celui-ci ne comprenait pas ma question.

— Depuis quand es-tu au courant ? fulminai-je de rage.

Il se gratta nerveusement le dessus du crâne, mal à l'aise.

— Quelques semaines avant notre départ pour Eros, finit-il par lâcher à demi-mot.

— Qui d'autres était au courant ?

— Ça n'a pas d'importance.

— Ça en a pour moi ! rugis-je furieuse.

— Tout le monde, répondit-il la mâchoire serrée.

Asarys se laissa tomber lourdement sur les genoux. Elle venait de saisir les raisons du changement de comportement de l'homme qu'elle aimait depuis que Faïz était revenu à Los Angeles. Lexy, sonnée par cette révélation, réussit à s'accroupir près d'elle.

— Où est-il ? Où est Ray ?

— Sur l'île de Séfiros, enfermé, mais bien traité. Il sera relâché dès que vous serez parties avec l'âme du Maestro.

Il se tourna vers moi en cherchant désespérément mon regard, mais je n'avais pas la force de le regarder droit dans les yeux.

— Zoé, rappelle-toi cette nuit où tu m'avais appelé à l'aide, un soir, après ton service à la cafétéria sur le campus. Pourquoi, à ton avis, n'as-tu pas été attaquée ? Elles étaient là, tapies dans l'ombre, prêtes à te protéger. Pourquoi William était-il si distant avec elles quand il les a rencontrées ? Pourquoi notre départ sur Eros a-t-il été retardé ? Nous avons dû leur fabriquer des visas, un passé, une vie ! Dans la grotte, sur cette île, qui t'a sauvée de la noyade ?

— C'est moi ! Je me suis sauvée toute seule.

— Souviens-toi. Que s'est-il passé ?

Je fermai les yeux et me pinçai l'arête du nez.

— J'avais perdu connaissance. Je me suis retrouvée avec Kushisake dans une sorte de désert de cendres et... au moment où elle allait m'emporter avec elle, des mains sont venues m'arracher à ce monde pour me ramener à la réalité.

— Ces mains, Zoé. Tu les as vues.

Je secouai la tête, repoussant les souvenirs qui commençaient à m'assiéger. J'étais de nouveau là-bas, en face de Kushisake. Son visage me glaça le sang. Je baissai alors mes yeux et tout me revint à cet instant. Les mains d'Asarys m'enroulaient la taille pour me sauver des ténèbres.

— Sur la grande montagne, se rappela Lexy. Tu t'es évanouie lorsque Ray et toi vous vous êtes fait attaquer.

Asarys hocha la tête et se releva doucement. Je collai mon visage contre le rideau métallique et les filles firent de même.

— Je ne peux pas vous quitter, m'écroulai-je, le cœur brisé.

— Dis à Ray que je l'aime et...

— Non, ne me dis pas au revoir, s'il te plaît !

— Zoé, il faudra pardonner. Ne laisse pas la haine gagner. Nous serons toujours là, près de toi.

— Pense à Georgia, renchérit Lexy, les yeux brillants. Fais en sorte qu'elle ne nous oublie pas et surtout, ne nous range pas dans ta boîte blanche, sur l'étagère. Nous voulons continuer de vivre à travers toi et tes souvenirs.

Je portai une main à ma bouche pour étouffer mes pleurs. C'était comme si une lame chaude me transperçait. Le torrent de larmes que je déversais n'arrivait pas à s'arrêter. Les filles se regardèrent un instant avant de jeter un coup d'œil à Faïz. Ce dernier leva les yeux au-dessus de mon épaule et fit un signe de tête au groupe d'hommes qui attendait à l'entrée.

— Prends soin d'elle, murmura Asarys qui s'éloignait du rideau avec Lexy.

Les bras de Faïz se refermèrent de nouveau sur moi.

— Ne me touche pas ! hurlai-je en tenant la lourde grille du bout des doigts.

Il souleva sans mal mon corps du sol. Je jetai des coups de pied dans le vide en criant de toutes mes forces. Ma rage, mon chagrin et ma colère n'avaient plus aucune limite. Je me débattais avec rage, mais Faïz était bien plus fort que moi. attrapa fermement mes chevilles pour aider son équipier à me sortir de cet endroit.

— Non, LAISSEZ-MOI ! LAISSEZ-MOI !



Dark Faïz -T 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant