Chapitre 11.2

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Le colosse jeta un coup d'œil en direction de Faïz, comme pour s'assurer qu'il avait bien son autorisation pour parler, et continua :

— Avez-vous déjà pensé à boucler toutes les routes ainsi que les aéroports et chaque recoin de cette ville ?

— Nous sommes en train de le faire, confia le directeur adjoint. Maintenant que la population tout entière est confinée, nous pouvons...

— En train ? répéta l'homme à la barbe, agacé. Le Maestro a toujours une longueur d'avance sur nous, car vous n'êtes pas capables de...

— Faites intervenir tous les services de protection pour renforcer la sécurité des lieux en confinement, le coupa Faïz. a raison, vous êtes en retard !

Une tension glacée régna désormais dans la pièce.

— Des policiers sont déjà sur le terrain.

— Ça ne suffira pas ! Il faut mettre en place des unités tactiques. L'armée du Maestro est bien plus nombreuse que vous ne le pensez.

— Barthey, intervint Ray. Vous devez comprendre que vous devez appeler tous les services chargés de la sécurité du pays. Nous sommes en état d'alerte maximale. Nous ne pouvons avancer à l'aveugle. Sinon, c'est une fin sans espoir.

Ray avait prononcé ces derniers mots tout en regardant Asarys avec un désespoir criant. Un frisson me parcourut le dos.

— Mon père n'a plus rien à perdre.

La voix de Masha vint briser ce lourd silence.

— Il a vendu son âme au Diable. Pavel n'a plus rien à vendre, répéta-t-elle.

L'inspecteur se passa une main sur le visage, l'air grave. Lui qui n'était pas du même rang que tous ces généraux et agents fédéraux présents dans cette pièce avait pourtant la plus lourde responsabilité. Il était la liaison entre les Léviathans et le gouvernement, la liaison entre deux mondes complètement différents et, sans lui, aucune entente ne serait possible. Je comprenais mieux maintenant pourquoi il était important pour lui que Martinez soit à ses côtés. Il était la relève. Barthey voulait garder cette liaison entre les deux parties. Malheureusement, avec Faïz, cela risquerait d'être compliqué.

Soudain, les lumières vacillèrent. Mon cerveau m'envoya des signaux d'alerte et mes yeux se mirent à divaguer entre Lexy et Asarys. La panique s'empara de moi au moment où un homme rentra à toute vitesse dans le centre de sécurité pour interpeller Peyton, mais aussi Barthey. Anxieuse, je me levai d'un bond et interceptai Faïz avant qu'il ne parte rejoindre l'inspecteur. Mécontent que je l'empêche d'agir à sa guise, il m'adressa un regard des plus noirs.

— Appelle ta mère ! articulai-je doucement.

Faïz jeta un regard à Barthey au loin sans prendre en compte ce que je lui demandais.

— Faïz ! criai-je pour l'obliger à me regarder. Georgia, appelle ta mère tout de suite.

Ce nom agit immédiatement sur lui. Il exécuta mon ordre et composa sans plus attendre le numéro de la villa. Les secondes me parurent être des heures.

— Merde ! jura Faïz en raccrochant brutalement. Je vais l'appeler directement sur son portable.

Son visage à cet instant exprimait autant la fureur que l'appréhension. Je balayai la pièce des yeux. Mes oreilles se bouchèrent et ma vue commença à se brouiller. Autour de nous, la panique gagnait tout le monde. Barthey hurlait des ordres aux officiers. Le directeur adjoint de la CIA consultait rapidement l'écran d'une tablette qu'on lui avait mis sous les yeux tout en tapotant son crâne, ruisselant de sueur, avec un mouchoir, tandis que Ray et David échangeaient un flot de paroles avec Julio à une rapidité inhabituelle. Absorbée par ce spectacle chaotique, j'entendais à peine l'écho de la voix de Faïz m'appeler. Ses mains attrapèrent mes épaules pour me tourner vers lui et ses yeux pénétrants vrillèrent dans les miens, m'obligeant à revenir à moi.

— Zoé, m'appela-t-il encore une fois.

Ses iris brillaient de chagrin et de colère. Je compris tout de suite qu'il y avait un problème. Georgia n'était pas à Elora. Elle n'était pas avec ses grands-parents. Ma fille avait disparu. À ce moment, l'ouïe me revint, ainsi que tous les autres sons de la pièce. Asarys et Lexy se tenaient près de moi, impuissantes, face à cette situation qui nous échappait. Je me dégageai de Faïz, suffocante, sans arriver à respirer correctement. J'essayai de ravaler mes larmes et d'ignorer cette brûlure déchirante au creux de ma gorge.

— Non, murmurais-je en me reculant. Non.

J'avais l'impression que les ténèbres s'abattaient autour de moi, détruisant tout sur leur passage, jusqu'à emporter celle, qui était depuis le jour de sa naissance, le centre de mon univers.


Dark Faïz -T 3Onde histórias criam vida. Descubra agora