Chapitre 15.2

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La plaza Santo Domingo était somptueuse avec ses maisons très colorées, de style colonial. J'avais déjà fini ma glace tandis que Faïz prenait tout son temps pour la déguster. Une des œuvres de Fernando Botero, célèbre peintre et sculpteur, trônait au milieu de la place. Cet artiste avait la particularité d'arrondir ses personnages avec des formes hors normes et surtout voluptueuse. La statue, à la taille imposante, d'une femme presque allongée, attirait tous les regards. En admiration devant celle-ci, je ne pus me retenir de poser ma main sur elle.

— C'est juste une merveille, déclarai-je, les yeux écarquillés. Allez, touche-la.

— Je ne vois pas l'intérêt, répondit Faïz, le regard dissimulé derrière ses lunettes de soleil.

— Pourtant, tu as plutôt les mains baladeuses, d'habitude.

Il répliqua avec un rictus naissant au coin des lèvres :

— Est-ce un reproche ?

Je soulevai un sourcil.

— No al contrario. Me gusta cuando me entretienes.

Faïz tira avec son doigt sur le col de son tee-shirt, comme s'il avait soudainement trop chaud, et se pinça les lèvres.

— Même si je n'ai rien compris, je pense que la réponse me convient.

Un sourire étira mes lèvres et je le rejoignis de l'autre côté de la statue. J'entourai mes bras autour de son cou et me hissai sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Ma longue jupe, taille haute, à fleurs, flottait dans l'air.

Nous continuâmes notre expédition dans cette ville, entourée d'une forteresse aux charmes extraordinaires. Carthagène des Indes était une cité magnifique. Ce n'était pas étonnant qu'elle soit classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les façades des maisons colorées aux balcons fleuris de bougainvillier et autres plantes nous transportaient dans un univers décalé où la beauté de chaque place, chaque musée et chaque église avaient sa propre histoire. Carthagène était surnommée aussi la perle des Caraïbes et pour cause : si le paradis existait sur Terre, il porterait évidemment son nom.

C'est sur la plaza de la Trinidad que nous décidâmes de déjeuner, à la terrasse d'un restaurant. Cette longue promenade dans les rues de la ville m'avait épuisée.

— Où as-tu envoyé les filles ? demandai-je à Faïz après que les tapas nous soient servies.

Il releva ses lunettes et je fis de même pour mieux scruter son visage. Je ne m'habituais toujours pas à le voir en tee-shirt et en jeans. Ce style détonnait presque sur lui tellement il était rare de le voir ainsi.

— À cinquante kilomètres de là.

Mon expression stupéfaite l'obligea à poursuivre.

— Si nous avions gardé Asarys et Lexy dans Carthagène, il y aurait eu des dégâts. Elles sont...

J'éclatai de rire.

— Spéciales, je sais ! Quel est leur programme, aujourd'hui ?

— Elles sont au volcan de Lodo El Totumo, sur les îles Rosario. C'est une belle excursion avec, au programme, des bains de boue et la découverte de rivières.

— Seules ? m'inquiétai-je.

— Non, des agents les suivent à distance. Ils font attention à rester le plus discrets possible, comme avec nous.

Je balayai des yeux la place pour tenter de repérer les hommes de Barthey, mais ils se fondaient parfaitement dans le décor, ce qui me soulagea. J'avais besoin de me retrouver avec Faïz. Un jeune serveur nous amena à ce moment nos cocktails, j'en profitai pour lui demander quelques informations en espagnol :

— Excusez-moi. Que nous conseillez-vous de voir absolument à Carthagène ?

Le jeune homme prit le temps de réfléchir quelques secondes avant de me répondre :

— Il y a la plage Blanca qui est à une heure d'ici. La mer des Caraïbes est superbe à voir. Le soleil se reflète sur les eaux cristallines. Non loin de celle-ci se trouve la volière nationale qui est un lieu incontournable de la ville. Ce parc regroupe le plus d'espèces d'oiseaux au monde soit cent quatre-vingt-dix au total.

— Oh, en effet, ça doit être une belle découverte, déclarai-je, curieuse de découvrir cet endroit.

Faïz nous écoutait sans nous comprendre, mais restait en alerte.

— Le soir, continua le serveur. Allez marcher le long des murs de la citadelle. La vue panoramique est exceptionnelle. Vous verrez l'un des plus beaux couchers de soleil au monde. C'est un spectacle que même les habitants de la ville ne peuvent se lasser tout au long de leur vie.

Je hochai la tête et le remerciai avec un sourire. Le jeune homme s'éloigna ensuite de notre table pour nous laisser déjeuner.


Dark Faïz -T 3Where stories live. Discover now