Chapitre 17

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La vie de patron est géniale car on établit tout le programme seul et on s’en va quand on le veut par moment mais parfois, se placer sous un transat sans faire quoique ce soit comme travail, et se prélasser au soleil n’est pas donné à tous. À ses dépens, Kurt doit travailler durant toute cette semaine. Et le défi de son associée n’arrange pas vraiment les choses. Il doit faire les choses telles qu’elle le souhaite, comme le fait d’arriver au bureau après l’arrivée de tous les employés. Et puis quoi encore ? Jamais il n’aurait laissé quelqu’un lui dicter sa conduite.

Cependant, il est vrai que la discussion qu'il a eu la veille avec son associée ne l'a pas du tout laissé indifférent. Normalement, il ne devrait pas s'inquiéter de ce que pensent ses employés à son égard. Molina lui avait bien appris que gérer ce genre de choses ne ferait que lui perdre son temps. Depuis, il ne prêtait plus attention à ce qui l’entourait, il en était presque devenu snob. Ne plus poser de questions sur sa famille à ce cher Simon, le concierge de l’immeuble, ou encore prendre le temps de demander des nouvelles à ses employés les plus vieux, il ne le faisait plus. Kurt avait quelque peu perdu ses bonnes manières.

Les paroles de Stacy s’étaient frayées un chemin jusqu’à son cœur et ça lui faisait mal. Même si les paroles de la blonde étaient parfois exagérées, Kurt savait pertinemment que ses employés n’avaient plus une si bonne estime de lui. La mort de Molina était vraiment devenu un frein dans sa vie. Il avait tout relégué au second plan — hormis son travail bien évidemment—, à cause de son chagrin et de sa tristesse. Mais avec du recul, Stacy avait raison. Il était devenu ce type sans cœur et grincer qu’elle lui avait décrit mais, pour rien au monde il ne lui dirait ça. Ce serait comme si il lui donnait une arme pour l’abattre.

Kurt n’était plus cet homme passionné, spontané et joyeux qu’il avait toujours été. Aujourd’hui, il ressemblait vraiment à un pantin qui agissait selon les ordres de la vie. Il comptait vraiment y remédier. Même s’il devait être sous les ordres d’une blonde légèrement psychopathe, mais très sensible à ce que ressentent les autres. Il devait malheureusement prendre cette femme pour exemple car comme l’avait dit Martha, Stacy était vraiment une lumière au milieu de ses proches.

— Papa, la dame aux cheveux violets, quand est-ce qu'elle viendra nous préparer un bon repas ? Tu sais, la dinde était super bonne.

Emilia, toujours en pyjama harcèle son père depuis qu'elle s'est levé, soit depuis près d'une heure. Apparemment, le repas de la veille a fait son chemin jusqu'au cœur. Et elle ne compte plus s'en passer.

— Emilia, pourquoi tu ne files pas te nettoyer? Après tout, il est déjà 8h46. Moi, je dois m'en aller.

— Ramène moi un peu de dinde s'il te plaît !

Il embrasse ses deux filles, dont Bianca qui discutait avec la dame de ménage. L’ancienne est devenue grand-mère et elle doit s’occuper de sa fille. Il a décidé de se trouver une gouvernante. Madame Maria Estéban, la quarantaine, cheveux sel et poivre, et d’un savoir surprenant sur les enfants était la plus qualifiée pour ce poste. Elle n’est là que depuis trois jours mais ses filles en sont déjà fans.

— Passez une bonne journée mes chéries. Au-revoir madame Maria.

Il court presque jusqu’à sa voiture. C’est normal, il n'a jamais été autant en retard. Heureusement pour lui, à cette heure du matin, les routes sont fluides et il n’y a pas d’embouteillage. Il roule pendant au moins 45 minutes pour arriver à son bureau. Pour être en retard, il l’est vraiment. Dans le hall, la montre affiche 09h47.

— Bonjour monsieur Lans. Vous êtes en retard aujourd’hui ?

Il foudroie la réceptionniste d’un regard tellement glacial qu’elle ne dit plus rien et se remet au boulot. D’un pas très contrôlé, il se dirige droit sur l’ascenseur— il ne faudrait pas qu’il montre que ça l’embête d’être en retard.

Elle m'a donnée son coeurWhere stories live. Discover now