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Garde de printemps - Partie 4

Le soleil était presque arrivé sur l'horizon quand Midel arriva. L'ourse lui expliqua la situation, ce qu'elle avait fait pour assurer la survie du petit et ce qu'il restait à faire. Elle regrettait de ne pas avoir pu lui fournir un abri. Le jeune, encore trempé et exposé aux vents du soir, s'était mis à trembler.

Le serpent lui assura qu'il trouverait une solution. Voyant que Jodane était trop inquiète pour rejoindre les siens, il décida de se mettre immédiatement au travail.

La plage était un territoire sous la responsabilité de la Garde depuis toujours et le reptile, consciencieux, l'avait explorée à de nombreuses reprises aux cours des saisons. Il avait fait la connaissance de tous ses habitants, avait visité chacune de leurs demeures et suivis tous les mouvements de population. Compte tenu de la taille du bipède, de ses besoins de mammifère et de son état pitoyable, il n'y aurait pas eu en temps normal de lieu adapté.

Ce printemps n'était pas normal. Les autres n'en avait pas parlé, mais Midel savait que l'arrivée du petit n'était pas la première anomalie de la saison. Bien plus tôt, des pluies torrentielles avaient causé des glissements de terrain à plusieurs endroits de l'île et forcé plusieurs familles à quitter leurs nids.

L'une de ces familles, un groupe de renards dont le terrier s'était partiellement effondré, avait quitté les lieux quelques jours plus tôt. A cause du trou béant qui lui servait désormais d'entrée, aucune autre famille n'avait choisi d'occuper la place. Ce ne serait pas idéal, mais le jeune bipède y tiendrait et y serait à l'abri des vents. Ainsi que de la pluie, si elle venait à tomber.

Le serpent se glissa dans la végétation qui avait poussé devant le terrier, le dissimulant aux yeux de tous, et s'agita dans les herbes les plus sèches. Lorsque les pas bruyants du jeune lui apprirent qu'il avait attiré son attention, il s'éclipsa sans bruit. Arrivé aux côtés de Jodane, il constata avec plaisir que leur protégé avait assez de bon sens pour comprendre seul l'intérêt de sa "découverte". Lorsque l'ourse le quitta, le petit cherchait de quoi garnir confortablement son nouveau nid.

Midel passa le mot à Drion, qui le passa à Hugi qui, avec réticence, fini par le passer à Tiir en même temps qu'un temps de garde pour elle toute seule. Chaque jour les gardiens se relayaient pour enseigner au petit bipède comment survivre sur leur île. Et, pour leur grand plaisir, le petit apprenait vite. Le groupe s'y attachait de plus en plus et commença à le surnommer "Bébé".

Bébé s'était confectionné de quoi couvrir sa peau nue. Bébé avait trouvé comment faire du feu, pêcher sans aide, agrandir son terrier et le rendre plus confortable. Bébé ne se comportait plus vraiment en bébé, mais le surnom resta.

Comme les membres du groupe parlaient de Bébé en rentrant dans leurs foyers, leurs familles se prirent de curiosité pour ce bipède égaré. De plus en plus souvent les tours de garde se faisaient à plusieurs, les proches des gardiens ayant aussi développé une affection étrange pour l'enfant. Parfois, la compagne de l'une, le frère de l'autre faisait une suggestion intéressante et Bébé en bénéficiait. Toujours, les gardiens et leurs proches restaient hors de vue.