Le château - Partie 1

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"Hey, c'est Leila. Tu vas rire : Je viens d'arriver à Rosporden et pas moyen de trouver le château avec mon GPS. Tu pourrais m'aider ?
— Je peux faire mieux que ça, je t'y amènes moi-même.
— Je ne voudrais pas te déranger...
— Tu ne me déranges pas du tout ! Je suis posée au café de la gare, t'es où ?
— Sur le parking du supermarché, tout près. C'est un hasard ou... ?
— Les GPS déconnent beaucoup dans le coin. Je me suis dit qu'il fallait mieux que je me pose quelque part confortablement au cas où tu ais un problème.
— Et tu es tombée pile sur la bonne ville, j'en ai de la chance !
— Tu dis ça comme si je ne t'avais pas déposée juste ici la dernière fois.
— Ah oui, c'est plus logique.
— Ouais, hein ? Bouge pas, je suis là dans deux minutes."

En entrant dans la voiture rose d'Aurore, Leila sentit toute la tension qu'elle avait ressentit jusqu'ici disparaître. Cela faisait des jours qu'elle n'avait pas été aussi détendue. C'était comme rentrer à la maison. La conduite d'Aurore était toujours aussi confortable et sa conversation toujours aussi passionnante. Leila aurait aimé en savoir plus sur la visite qui les attendait, mais son amie était décidée à ne rien dire à ce sujet avant leur arrivée.

"Si je commence maintenant," dit-elle "Je ne vais pas m'arrêter et je vais te faire tout le texte de la visite guidée !
— C'est vrai que tu y travailles de temps en temps.
— Et j'ai rédigé le texte de la visite, oui madame !
— Vraiment ?
— Oui, enfin avec deux autres étudiantes quoi.
— Ça reste impressionnant.
— Ça montre surtout que le proprio est un gros radin. Les étudiants coûtent moins cher que les professeurs, et les étudiantes encore moins que ça.
— Argh. Tiens, du brouillard. C'est marrant, le soleil brillait tout à l'heure et on ne voit même plus le bas-côté maintenant !
— Oui... Marrant... C'est le mot.
— Y'avait du brouillard aussi la dernière fois, avant la tempête.
— Ah bon ?" Leila nota qu'Aurore était beaucoup moins bavarde, d'un coup.
" J'en ai parlé à une collègue qui m'a dit que les microclimats étaient courants dans le coin.
— Oh. Oui. Les microclimats." La jeune femme retrouva tout son bagou "On en a plein dans les environs, avec les montagnes, et la mer, et tout.
- Tu penses qu'il fera beau au château ?
- Normalement oui, il est a une altitude un peu plus élevée qu'ici.
- Oh, c'est un château fort ?
- Non, il a été... HEY, tu essaies de me faire parler avant qu'on arrive, c'est ça ?" Leila ne put s'empêcher de pouffer "Bien tenté, traîtresse, mais je ne dirais plus rien ! A ton tour de faire la conversation ! Tiens, qu'est-ce qui s'expose dans ta galerie ces derniers temps ?"

Et Leila passa le reste du trajet à expliquer à son amie les atouts d'un peintre slovaque très influencé par Chagall et Kandinsky ("Pour les couleurs, Kandinsky, pas pour le style !") et de son dernier projet, bâtit autour de lieux et personnalités de sa ville.

Avant même qu'elle n'ait pu aborder la série que l'artiste avait consacré aux divers bars dont il était l'habitué, Aurore annonça qu'elles y étaient presque et s'engagea sur un sentier gravillonné.

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